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EAN : 9782812603884
256 pages
Editions du Rouergue (22/08/2012)
3.72/5   51 notes
Résumé :
C'est un lycée de banlieue comme il y en a beaucoup autour de Paris, un lycée "difficile", selon le journal télévisé... Territoire républicain coincé entre la quatre-voies, le terrain de foot et le commissariat. Tous les jours ils sont plusieurs centaines à converger vers son portail trop petit. Milliers de pieds dans des baskets ou de ballerines identiques achetées chez le chinois. Des crêtes, des franges, des cheveux bouclés, crépus ou lissés. Des diamants ou des ... >Voir plus
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Sylvain Pattieu que je découvre avec « Les impatientes » met en scène deux jeunes filles Alima et Bintou aux rêves diamétralement opposés. Élèves dans le même collège, en apparence très différentes, les deux jeunes filles exclues après une bagarre, se retrouvent confrontées au monde du travail.
Roman dans l'air du temps dont l'action se déroule dans des quartiers dits populaires ou l'avenir se dessine la plupart du temps en pointillé, Sylvain Pattieu s'appuie sur un réalité sociale pour dérouler son histoire. Dialogues intérieurs qui donnent la parole tour à tour aux deux héroïnes, Alima et Bintou se découvre peu à peu. Pattieu décrit le milieu scolaire et les boulots précaires avec justesse. S'accrocher à ces rêves malgré un quotidien ou le gris persiste. Certains passages (échanges de SMS) montre aussi le besoin de cette jeunesse de se réapproprier les codes du langage. Même si parfois on sent le trait un peu gros, ce premier roman de Sylvain Pattieu se lit avec plaisir.
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Cela commence dans un collège de banlieue et se terminera dans un grand magasin de meubles, les héroïnes Alima et Bintou n'ont en commun que de vivre dans la cité, d'être noires et de fréquenter le même collège. Pour le reste tout les sépare l'une rêve de faire de longues études et elle en a les capacités, l'autre de se faire les ongles et de rencontrer des garçons d'un soir. Contre leur gré, elles vont se découvrir et leur exécration de l'injustice vont les rapprocher au delà de ce qu'elles imaginaient possible.
Avec son premier roman, Sylvain Pattieu, nous fait plonger tête la première dans l'univers des collèges et lycées en difficultés. A partir d'une violente dispute tout se détruit pour mieux se reconstruire avec au coeur du récit le dépassement des préjugés, la rencontre, la bêtise aussi. Ce roman polyphonique donne la parole à tour de rôle à Alima, Bintou mais aussi à des personnages secondaires (le professeur, le vigile) qui racontent ce qu'ils ressentent et voient sur ces filles. Rien ne parait clocher dans ce récit où tout s'articule parfaitement, les événements deviennent dramatiques ou drôles selon qu'ils sont perçus par l'un ou l'autre de protagoniste. Les pages en texto sont un régal de naturel et fautes d'orthographe. Un excellent roman pour préparer la rentrée.
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Un moment où tout reste possible et où tout est improbable

Paradoxe de l'écriture.

Je ne suis que peu sensible au vocabulaire « dégradé » de ces jeunes lycéen-ne-s, malgré l'inventivité de certains termes. Sylvain Pattieu, en multipliant les mots, comme autant d'angles de vision, construit cependant une densité, une présence, une proximité. Les refus, les abandons, les platitudes, les haines, les bons sentiments, les naïvetés ou les colères sont autant de briques redessinant le paysage dévasté d'une partie de notre société. Un ailleurs, au coeur du présent, là juste à coté, vers lequel, les têtes bien pensantes, ne tournent pas les yeux, feignant d'ignorer la/le même sous les habits de l'autre. Paradoxe de l'écriture, ce vocabulaire, jusqu'à sa caricature dans les texto et autres messages si abrégés, contribue à rendre des couleurs au monde gris, invisiblement blanc pour certain-e-s.

Alima, Bintou et en regard Kevin. Sous l'enchaînement de petits faits, des pesanteurs, des contraintes, des jeunes femmes cèdent quelques fois, se révoltent, sont réprimées, agissent pour desserrer les étaux d'un monde peu ouvert dans l'avenir.

Force de la littérature.

Hors du lycée, Alima, Bintou et cette fois, en regard Aziz, loin des rêves et des espérances. La banalité du travail salarié, des relations quotidiennes, des mesquineries et aussi les refus de ces arbitraires qui pourrissent les heures et les jours. Et la grève, l'action collective.

Je n'apprécie que peu, la littérature dite sociale. Mais comment ne pas priser le regard de l'auteur sur ces doubles Kevin/Aziz, leurs discours et leurs minables actions. Et surtout des deux jeunes femmes, Alima, Bintou, nos voisines, et en quelque sorte nous…

« Elles ont poussé entre les murs, n'importe comment, herbes folles sans tuteurs, et elles se sont frayé un passage, le corps dans l'ombre, la tête tournée vers le soleil. »

Dans un registre, qu'habituellement je ne fréquente pas, un premier roman, le possible et un pas au delà.
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Ce livre m'a beaucoup plu car, tout d'abord on remarque que le narrateur mêle beaucoup d'émotions dans un même livre : l'amour, la joie, la tristesse, la jalousie, la colère, la persévérance, l'espoir. Ce qui fait que l'on peut se plonger dedans, s'identifier à un des nombreux personnages du livre mais également ressentir les différentes émotions en le lisant. Ensuite, j'ai beaucoup aimé ce livre car l'auteur a utilisé une écriture adaptée aux personnages. Quand le narrateur exprime les pensées d'un personnage, il va prendre son langage.
Plus précisément c'est l'histoire de deux jeunes filles très différentes : Alima, la jeune fille très sérieuse, très bonne élève qui ne pense qu'à ses études et veut intégrer science-po. Et Bintou, une jeune fille rebelle, qui fait ce qui lui plaît. Elle possède un fort caractère, elle est honnête et sincère.
Ces deux jeunes filles aussi différentes qu'elles soient vont se faire exclure du lycée à cause d'un malentendu qui va finir violemment et ces deux jeunes filles vont alors faire connaissance. Après cela, elles se lieront d'amitié et ne se quitteront plus. La rédaction de ce livre a une particularité intéressante car le narrateur raconte selon le point de vue de tous les personnages, les évènements qui se passent ou les situations dans lesquelles les personnages sont. Il met donc en avant les différents avis des différents personnages dans des situations compliquées et des actions importantes à réaliser notamment dans le seconde partie du livre.
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C'est un roman social très actuel, quelque chose qui aurait à voir avec les frères Dardenne, mais moins plombé, avec une charge de bienveillance et d'espoir.

Alima, la fille sage, et Bintou, la bombe pleine de rage, deux jeunes noires, sont dans une même terminale de banlieue et bien sûr, malgré la fatalité sociale, on leur prévoit des destins bien différents. Par un de ces épisodes du hasard (mais un hasard tellement dicté par la condamnation anticipée liée au milieu social) qui font envie de rembobiner le film et de repartir tant cela était stupide, elles se retrouvent en quelques semaines des femmes actives, au travail, puis en joyeuse grève. C'est juste quelques mois de la vie de ces jeunes filles aux horizons fermés, mais pas totalement, et pour lesquelles des portes se ferment brutalement, quel dommage, quelles bêtises, mais d'autres ne s'ouvrent-t'elles pas, de ce fait?

C'est une façon d'y croire, que tout reste possible, malgré tout.
Mais sans niaiserie et optimisme béat pour autant, dans une description parallèle de la vie et des sentiments de ces jeunes fille, mais aussi plus générale des milieux où elles évoluent, le lycée par un prof convaincu mais dépressif, la boite par un vigile ex-clandestin, un perdant-gagnant romantique.

Il y a là une belle acuité, une attention réelle à l'individu, un regard clairvoyant , lucide, mais qui ne renonce pas à rêver au possible. C'est assez touchant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C'est un lycée de banlieue comme il y en a beaucoup autour de Paris, un lycée «difficile» selon le journal télévisé, un lycée ZEP comme on a dit à un moment, «Ambition réussite» maintenant, parce que ZEP est devenu stigmatisant et parce qu'il y a moins de moyens ; un lycée qui fait frémir les jeunes profs venus de Paris ou de province et leurs familles au moment des mutations, avec un petit soulagement quand même parce que c'est pas un collège ; un lycée du 93, ce qui produit toujours son petit effet quand on dit son lieu de travail, en général suivi d'un «c'est pas trop dur ?» ou «et ils sont pas trop durs ?» compatissant, ce qui dispense d'entendre les «ah oui c'est bien prof vous vous foulez pas trop, vous avez les vacances» et de répondre «ben vous avez qu'à passer le concours si c'est si bien d'être prof» ; un lycée du 93, un antidote aux réactions antifonctionnaires, somme toute assez injuste parce qu'après tout ça vaut bien un lycée du 94, du 77, de Saint-Dizier ou de Strasbourg, seulement égalé sur l'échelle de Richter du métier qui craint par «prof dans les quartiers nord de Marseille».
Ça a d'abord été un bon lycée tout beau tout neuf moderne, dans les années 1970, construit pour répondre à la fois à la massification scolaire et à la progression de la banlieue au-delà de la petite couronne, quand on croyait encore que la crise allait pas durer, un lycée d'ascension sociale, ceux de la vieille ville, ceux qui s'installent en pavillon, la maison avec jardin, enfin, ou ceux qui arrivent dans une cité avec salle de bains et eau courante. Un lycée post-réforme Haby, plus de classes de pauvres, de classes de riches, en théorie, tout le monde dans le même bateau du collège unique. Puis ça s'est peu à peu dégradé, ceux de la vieille ville ont mis leurs enfants dans le privé ou dans un lycée parisien à option rare, quelques-uns des pavillons ont fait de même et ceux des cités sont restés. Les premiers sont partis, les deux dernières catégories se sont développées avec la ville, mais ce n'est pas le pire lycée. Il a même plutôt bonne réputation sur les forums de profs angoissés par leurs mutations, dans les discussions des routards du remplacement ou des vacataires royalement embauchés année après année par l'Éducation nationale.
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Alex
Ce qui est dur c'est de faire un boulot dévalorisé, à cause du regard des autres, mais moi ce qui me gêne le plus c'est la précarité. Quand je dis précarité, je sais c'est un CDI, mais un temps partiel quand même, trente heures par semaine, et c'est sûr que je crains pas d'être au chômage, mais je compte chaque sou, parce que c'est juste à la fin du mois, je peux pas dépasser, j'ai mon budget habits, mon budget nourriture, mon budget pour les sorties parce qu'on est pas des bêtes quand même. Les vacances c'est une année sur deux, si tout va bien, l'année où j'ai dû changer le canapé, c'est les sous des vacances qui sont partis là-dedans, et les gamins qui grandissent et qui réclament toujours plus, c'est normal, seulement moi mon salaire il augmente pas. Attention, je suis pas malheureuse, ça non, mais pour moi c'est ça aussi la précarité, c'est pas seulement être au chômage ou en CDD, c'est devoir tout compter, tout faire attention, c'est vivre petit alors que pour mes enfants je voudrais du grand.
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Elles ont poussé entre les murs, n’importe comment, herbes folles sans tuteurs, et elles se sont frayé un passage, le corps dans l’ombre, la tête tournée vers le soleil.
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Moi c'est gamins je les aime ... Mes élèves je les prends comme ils sont, avec leurs conneries, leur langage, leur spontanéité.
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Si je suis tombé amoureux, sans rien connaître, au début, de cette fille, c'est peut-être que ma solitude me pèse. C'était physique, et puis j'ai intellectualisé tout ça. J'ai mis des mots, des morceaux d'analyse sur ma situation, mon âge, mes espoirs et mes transferts, j'ai voulu encadrer mon cœur par la raison. J'ai voulu être raisonnable comme quand j'avais peur et que je devais me cacher. Je n'ai pas compris tout de suite ce qui m'arrivait parce que j'avais oublié d'aimer, je n'avais utilisé que des sentiments utiles à ma survie et je retrouvais enfin un peu de superflu.
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Vidéo de Sylvain Pattieu
Qui sont ces silhouettes qui courent ? Et si le canal les menait autre part, à contresens d'un léger courant dirigé par le vent ? Victoria, Koumba, Mennel, Viviane, et Anonymes, sont les joggeuses protéiformes, fières, essoufflées, coriaces, qui traversent le 93, au fil de l'eau, de Pantin jusqu'à Bondy. _________ Vidéo conçue par Marcela Cibin Ugo pour l'exposition réalisée par les étudiant·es du Master de création littéraire de l'Université Paris 8 Saint-Denis-Vincennes, "Deux fois plus fortes - portraits de femmes sportives dans le 93". Elle est présentée à la médiathèque Roger Gouhier de Noisy-le-Sec, dans le cadre du festival Hors limites 2024, avec le soutien du CND (centre national de la danse) et de l'IUF (Institut universitaire de France).
Sous la direction de l'écrivain Sylvain Pattieu et illustrée par Laureline Uzel, cette exposition raconte comment des femmes s'imposent dans ces milieux compétitifs, souvent brigués par les hommes, et parviennent à faire du sport un vecteur d'émancipation.
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