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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1997 à Séoul, un malfrat alcoolique se venge de la plus atroce manière de l'épouse qui l'a rejeté. Vingt cinq ans plus tard à Montréal, une équipe policière enquête sur un réseau pédophile. Parmi elle, le lieutenant Mark Song, d'origine coréenne, Jade, son amie maître-chien, et Jindo, le labrador dressé pour la détection de mémoires électroniques. Lorsqu'un mystérieux tueur vient semer les cadavres sur le parcours de leur enquête, ils n'ont pas encore fait le lien avec la libération à Séoul d'un homme assoiffé de vengeance après plus de deux décennies de captivité, et qui, aussitôt gracié, a sauté dès qu'il a pu dans un avion pour Montréal…


Un roman policier de plus, pensez-vous peut-être, qui plus est, mettant en scène le sempiternel duo de collègues qui ne sont pas encore avoué leur attirance réciproque. Dites-vous bien que vous n'allez pas tarder à oublier vos plus petites réticences et à vous laisser envahir par le plaisir d'une intrigue absolument diabolique, dont les implications vous feront réaliser à quel point votre attachement aux personnages s'est installé au fil des pages. Parmi eux, le chien Jindo, protagoniste à part entière à qui il est donné d'exprimer son point de vue, contribue largement à l'originalité du récit. Il y apporte un indéniable capital sympathie, mais permet également une prise de distance étonnamment réussie qui ne manque pas de sel.


Au final, pris dans un irrésistible crescendo aux côtés de personnages campés avec ce qu'il faut de profondeur et de crédibilité, le lecteur ressort le sourire aux lèvres de ce très plaisant moment de lecture, astucieusement relevé d'un trait d'originalité aussi sympathique qu'amusante.


Merci à Babelio et aux Editions Robert Laffont pour cette fort agréable découverte.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une pause polar, ça fait toujours du bien.
Après quelques lectures un peu dures, elle est arrivée à point nommée.

Un plaisant moment de lecture, pas de tout repos non plus.

Dominique Sylvain nous malmène, nous trouble, nous perd un peu, au début surtout, et nous surprend en donnant la parole à un chien. C'est avec sa truffe qu'il s'exprime lui, d'ailleurs, et selon les odeurs qu'il hume, il est capable de nous donner un aperçu des états dans lesquels se trouvent les protagonistes à un moment donné. J'ai bien aimé ce concept, qui n'est pas commun, et qui apporte un décalage sympathique à la lecture.

Une lecture qui nous emmène de Séoul à Montréal, d'une fuite dans le passé à la sortie anticipée de prison d'un gangster, de l'élaboration d'une vengeance sanglante à une idylle, d'une voix à une autre. La tension monte crescendo, nous happe, et à l'instar de Mark, un des personnages principaux, qui lui est hanté par un passé « replié serré » et un héritage paternel aussi abominable qu'inenvisageable, nous sommes hantés par cette vengeance diaboliquement orchestrée, et même si j'ai trouvé qu'il n'y a eu que peu de surprises dans le scénario, j'ai tout de même apprécié ma lecture.
J'ai noté quelques incohérences temporelles, mais j'ai lu une version non corrigée ; ces petites erreurs ont peut-être été corrigées pour la sortie officielle du livre le 11 mars 2021.
Une lecture qui m'a donné envie de lire davantage de polars, qui ne font plus vraiment partie de mon paysage littéraire depuis quelques années. Et c'est bien dommage !
Grâce à cette lecture, j'ai aussi découvert une nouvelle auteure qui semble composer de "savoureux" polars, alors que demander de mieux ! Un grand merci à Babelio et son Masse Critique privilégiée, à Dominique Sylvain et aux éditions Robert Laffont.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Bonjours chers lecteurs, Pour la 69ème édition de « la Moyenne Librairie », nous sommes à Montréal, Rue saint Denis, dans l'appartement de Melle Assiniwi, en compagnie du héro de Mousson froide, le dernier roman de Dominique Sylvain.

« Bonjour Monsieur Jindo. Alors sans attendre, tout de suite notre première question pour vous : Quel effet ça fait d'être le premier labrador héro d'un roman ?
- Bonjour. Tout d'abord, vous avouerez que « Monsieur » est plutôt inadéquat dans le cas d'un Canis Lupus Familiaris comme moi; appelez-moi donc Jindo, comme tout le monde, c'est mon nom.
- Volontiers Jindo, et à propos, pouvez-vous nous en dire plus sur l'origine de ce nom ? Il vient du coréen n'est-ce pas ?
- Tout à fait. le jindo est une race de chien originaire de Corée, ce pays si lointain où le récit de Dominique prend sa source ( et entre nous, quel prologue!!!). Mais j'avoue que si je suis attiré par ce pays, je ne suis pas fan du patronyme qu'a choisi Greta, la soeur de mon humaine. Franchement les gars, quand on regarde un jindo, on n'est pas très impressionné. J'aurais apprécié un nom un peu plus prestigieux, comme Napoléon, César ou, tiens, pour rester dans le cadre, Kim Jong-Un...
- Euhhh vraiment ?
- Uh Uh Uh !!! Il faut avouer que l'humour canin ne passe pas toujours très bien au premier degré. Veuillez me pardonner.
- Bien entendu. Vous évoquiez Jade, votre propriétaire...
- Tuuut Tuuut ! Attention, je préfère en parler comme mon humaine. Jade Assiwini est mon soleil, c'est un ange au pays des monstres. Mais je n'appartiens pas vraiment à Jade. Disons que nous formons un beau duo de chasseurs d'ogres.
- Tout à fait. Vous appartenez...euh... Vous travaillez tous deux au sein de la police de Montréal, comme le lieutenant Song. Parlez-nous un peu de lui.
- Ohh, Mark est un humain vraiment adorable, il sent très bon et a toujours une petite friandise pour moi. Mais il y a quelque chose de sombre en lui, son passé sans doute, je ne comprends pas toujours bien ce qui se passe dans les consciences des humains. Pour moi, cet homme semble constamment danser au bord du précipice.
- Je vois. Nous avons évoqué la Corée, mais la plus grande partie du récit se déroule au Canada, en hiver... Irons-nous jusqu'à dire que Montréal est un personnage à part entière de cette histoire ? Savez-vous pourquoi l'auteur a choisi ce cadre ?
- Pardonnez moi, mon cher François mais votre question est un peu idiote. Dominique a choisi Montréal parce que je vis à Montréal...Il aurait été plutôt ardu de situer l'intrigue à Los Angeles ou à Johannesburg puisque je n'y ai jamais mis les pattes...
- Euuuh effectivement, vu sous cet angle... Nous arrivons bientôt à la fin de notre entretien. Que pourriez-vous nous dire en quelques mots pour donner aux lecteurs, l'envie de découvrir Mousson froide ?
- Écoutez, il ne m'appartient pas de vanter le talent de Dominique Sylvain, ça fait maintenant longtemps que les amateurs du genre savent qu'elle est une auteure confirmée. Qu'elle change d'éditeur ne change rien à sa capacité à nous surprendre, à nous tenir en haleine en compagnie de personnages profonds et attachants... Surtout un ;-)
- Merci Jindo, une dernière question avant de nous quitter : Aurons-nous le plaisir de vous suivre dans d'autres aventures ?
- Eh bien, vous comprendrez sans doute qu'il est beaucoup trop tôt pour vous répondre. Pour le moment, mon humaine est en contact permanent avec Mark et avec l'auteur dans la perspective d'un éventuel contrat pour prolonger l'aventure. On discute aussi déjà des droits pour l'adaptation au cinéma mais j'ai pour le moment un peu de doutes. Trouveront-ils un cabot avec la classe nécessaire au rôle ?
- Ce sera le mot de la fin. Vous l'aurez compris, nous vous recommandons chaudement Mousson froide, le dernier roman de Dominique Sylvain, paru aux éditions Robert Laffont que nous remercions pour l'envoi de cette épreuve non corrigée, dans le cadre de l'opération Masse critique sur Babelio.
Ici Montréal, à vous les studios ! »
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Séoul 1997 : : Chang-wook assiste à l'assassinat de sa petite soeur par leur père Park Yong-hwan, malfrat sans scrupule, alcoolique et machiavélique.

2022, Chang-wook rebaptisé Mark est devenu un flic ambitieux, doué et obsédé par son travail. Avec Jade, maître-chien flanquée de son labrador, ils enquêtent sur un réseau pédopornographique.

Jade est également la locataire de Min-Youg (Bo-ra), la mère de Mark avec qui elle a fuit vers le Canada pour oublier le drame ...

Et tandis que les premiers coupables de cette sombre affaire tombent, un mystérieux tueur ensanglante l'hiver montréalais.

En désormais une oeuvre constituée d'une vingtaine de romans, Dominique Sylvain a su construire un véritable univers, fait de polars et de romans noirs.

Si on peut s'étonner qu'elle quitte au moins pour un temps la France où l'Asie, deux pays qui lui servent régulièrement de toile de fond pour ses intrigues de roman noir, on est vite rassurés à la lecture des premières pages : Mousson froide , le dernier cru de Dominique Sylvain est une nouvelle réussite totale!

Sa virée canadienne mélange romance et polar avec maestria, dans un roman polyphonique raconté par plusieurs points de vue.

Avec Mousson froide, on la retrouve au sommet de son art, dans un roman haletant, vibrant et résolument humain.

La romancière trouve l'équilibre parfait entre la violence qui émaille le récit où la pédophilie et la pornographie tiennent les rennes, et des instants plus tendres, presque apaisés, portés par la neige qui tombe sur Montréal ou par la voix d'un chien policier qui livre ses confidences forcément un peu décalées.

Efficace, bien construit, aux personnages torturés mais attachants, ce Mousson froide tient sacrément bien la route !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mousson Froide est un thriller au titre très évocateur ; le mot « mousson » rappelle l'Asie et le qualificatif « froide » renvoi plutôt à l'hiver ou à des contrées boréales mais cela colle aussi parfaitement au genre policier.
La couverture est particulièrement réussie ; un frêle rameau givré ne portant encore ni feuilles ni bourgeons voit ses petits fruits rouges vifs tout recouverts de fins cristaux de glace tandis que l'arrière plan de la photo, flouté en raison de la faible profondeur de champ, confère à l'ensemble de la délicatesse ainsi qu'une froide beauté – il s'ait d'un joli dégradé dans une dominante de bleu polaire.
Ce polar polaire débute l'été en 1997 dans la banlieue de Séoul et s'achève l'hiver en 2022 dans les petites rues de Montréal. Ce qui se passe entre-temps est finalement assez peu important au regard des drames qui se jouent et se nouent aux deux extrémités du scénario.
A) En Corée, une petite fille est égorgée sur le chemin de l'école par son propre père sous les yeux de son grand frère. le père, dément et à tendance psychopathe, est incarcéré. La mère et le fils décident de fuir ce démon et de mettre le plus de distance entre eux et lui ; ils émigrent au Canada aidés en cela par un oncle en espérant brouiller les pistes.
B) Vingt-cinq ans plus tard, Mark Chang-Wook - le grand frère - est devenu policier à Montréal et sa brigade enquête sur un vaste réseau pédopornographique. Mais il est en lutte permanente contre ses propres démons ; son lourd passé, l'investissement dans son travail, les sirènes de l'alcool et celles non moins ensorcelantes du célibat.
C) Jade Assiniwi, petite-fille de chef indien, rescapée d'une noyade étant enfant et gardant quelques séquelles psychologiques travaille à la brigade cynophile avec son brave chien Jindo. Ils vont tous les deux jouer un rôle essentiel dans l'enquête.
Le premier intérêt de cette lecture est l'expression en alternance de différents points de vue ce qui forme un habile et joli roman-tresse à plusieurs brins ; Jindo le chien, Jade Assiniwi la policière, Greta Assiniwi sa soeur jumelle, le lieutenant Mark Chang-Wook, Yong-Hwan le père de Mark , Bo-ra la mère de Mark, Diane Morand la journaliste…
Le second intérêt de ce roman est que le véritable héros, le seul personnage qui s'exprime à la première personne, n'est ni un homme, ni une femme, mais un brave labrador jaune. Son métier ; chien policier. Il exerce dans la brigade cynophile du Service de Police de la Ville de Montréal et sa spécialité est le repérage de matériel électronique.
L'idée de ce scénario est certes très originale et plaisante mais la narration manque parfois de délicatesse et de subtilité dans les tournures de phrases et dans la construction du roman mais aussi de vraisemblance - l'idée du vol du chien policier par Yong-Hwan et son utilisation est extravagante. Pourquoi prendre le risque de le restituer ?
J'ai toutefois passé un bon moment emmené par cette intrigue romantique qui mêle les sangs coréen et amérindien et je remercie les éditions Robert Laffont ainsi que Babelio (opération Masse Critique) pour leur confiance et me permettre ainsi de donner mon avis.
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J'ai beau essayer, je n'arrive pas à comprendre pourquoi tant de gens préférent rester chez eux leur nez dans un livre plutôt que de sortir et de respirer les odeurs de la ville.
Je ne comprends pas ... Non ! Que peut-elle regarder comme ça pendant des heures ? Pourtant, par moments, je sens la peur et la colère l'envahir, sa sueur s'intensifie jusqu'à l'exaltation finale et ensuite (et à chaque fois c'est pareil) c'est la douceur du bien être quand enfin, elle dépose cet objet qui fait mon grand malheur. Alors, avec mes petits yeux noisettes et mon air abattu, je lui montre que je suis là, que je l'aime mon humaine même si moi, ce que je veux, c'est me dégourdir les pattes et flairer les effluves de mes congénères !!!
Yathzee (compagnon à 4 pattes)

Bon ok, je suis ridicule ! Mais j'ai essayé d'être originale dans ma critique en utilisant le même procédé que l'autrice !
Ok ok ok je n'ai pas son talent ... J'ai compris ! je vais rester simple : j'ai adoré cette histoire ... le suspens est très bon et les personnages, torturés pour certains, sont très attachants. Une autrice que je continuerai à découvrir c'est certain !
Caroline (humaine à 2 neurones)
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Corée, années 1990. Park Yong Hwan assassine sa fillette sous les yeux de sa famille. 25 ans plus tard au Canada, sa femme Min Young et son fils Mark, devenu flic dans la brigade des crimes sexuels, ont changé d'identité et refait leur vie. Alors que Mark enquête sur une organisation pédophile avec une collègue de la brigade canine, son père est libéré de prison et bien décidé à les retrouver pour les tuer.

J'ai reçu ce livre grâce à une Masse critique Babelio privilégiée et aux éditions Robert Laffont, merci pour cette lecture 🙂

J'ai eu un peu de mal à entrer dedans au début à cause du style que je trouvais assez sec, mais finalement ça se tasse assez rapidement et ça devient très vite haletant. On suit le point de vue de plusieurs personnages et on oscille entre l'enquête sur les pédophiles, le père qui traque sa femme et son fils et les problèmes personnels des protagonistes. Je râlerais bien sur le cliché des flics brisés par leur passé, mais bon, difficile de ne pas être brisé après avoir assisté au meurtre de sa petite soeur.

La réflexion sur les changements advenus en Corée au cours des 25 dernières années était très intéressante, tout comme celle sur la place des immigrés au Canada. Quant aux éléments politiques et la banalisation de la corruption, ils ne dépareilleraient pas dans les dramas que regarde Min Young. La nature et les phénomènes climatiques sont également présents et contribuent à poser l'ambiance. Mais ce qui rend le récit addictif, c'est la sensation d'urgence qu'il dégage. Après quelques chapitres de mise en place, ça devient de plus en plus haletant et difficile à lâcher.

Le seul reproche que je pourrais faire, c'est que la fin, si elle apporte des réponses, est trop ouverte et appelle une suite que je lirai sans aucun doute si elle voit le jour. Je suis ravie d'avoir découvert cette autrice et je vais me pencher sur sa bibliographie.

Très bonne lecture: même si ce n'était pas forcément original dans le propos, je l'ai dévoré, c'était très addictif. Mais surtout ne lisez pas la 4e de couv, elle en dit beaucoup trop!
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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****

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Editions Robert Laffont pour l'envoi de ce roman.

A Montréal, en 2022, il n'y a pas que la neige et le froid qui glacent les corps. Mark, Jade et son chien Jindo, enquêtent sur une série d'enlèvements, séquestrations et violences sur des toutes jeunes filles. Et ce n'est pas le soir, une fois la porte de leur appartement fermée, que ces derniers peuvent s'apaiser. Ils ont tous les deux un passé qui les encombre, qui peuple leur nuit de cauchemars. Que leurs souvenirs les emportent à Séoul ou dans une réserve indienne, ils ternissent leur présent et aveuglent leur avenir...

Voilà bien longtemps que je n'avais pas lu de thrillers. le dernier roman de Dominique Sylvain a su me tenir en haleine du début à la fin...

Ecrit avec finesse, sans effusion d'hémoglobine ou de violence gratuite, l'auteure réussit à nous emporter dans son univers.
L'histoire, les différentes enquêtes, les liens, sont maitrisés. Les personnages sont travaillés, avec une psychologie fine et recherchée.

J'ai tout autant aimé suivre les enquêtes qu'apprendre à découvrir les personnages. On est aussi plongé dans Montréal, où le vent et le froid nous font apprécié la chaleur d'un canapé...

C'est en bref, un très bon roman chorale, où chacun joue son rôle, trouve sa place et nous laisse en spectateur comblé...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Après le meurtre de leur fille et soeur, Min-young et Mark ont quitté la Corée du Sud pour Montréal. Vingt-cinq ans plus tard, le meurtrier réapparaît et vient balayer leur nouvelle vie.
Il s'agit du père de Mark.
Dans ce contexte, Mark enquête sur un réseau pédophile avec l'aide de Jade et de son chien policier entraîné à renifler les composants électroniques.
C'est une enquête d'autant plus difficile que Mark est instable, dévoré par l'alcool, la drogue et les cauchemars. Il trouve son refuge en jouant de la musique dans la pièce insonorisée de la cave de Jade.
Ce roman pourrait être qualifié de polar mais c'est surtout celui de personnages soumis aux tragédies de leur passé et qui tentent malgré tout d'avoir une vie qui ait un sens.
Ces personnages sont très attachants, tout en nuances et sensibilité. L'un d'eux détonne par son insouciance, c'est le chien qui est le narrateur de certains chapitres.
Car la construction du roman est vraiment intéressante. Elle fonctionne un peu comme un roman choral. Lorsque l'autrice adopte le point de vue d'un personnage, elle adapte son style en ce qui concerne le niveau de langage mais aussi en ce qui concerne sa personnalité, ce qui est très subtile.
Seul le chien, prend parfois la parole : c'est savoureux, tendre, joyeux, cela donne un peu d'air au lecteur au sein de l'atmosphère tendue qui règne dans ce roman.
Ce roman est également un bel hommage à la ville de Montréal dont j'ai retrouvé certains quartiers sous la neige, moi qui ne les connais que sous la lumière des couleurs de l'été indien.
Je vous encourage à découvrir ce roman original par sa forme, qui sait ne pas se cantonner à une case éditoriale.
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Mousson froide est le premier roman de Dominique Sylvain que je lis et je dois reconnaître avoir particulièrement accroché à son style aussi plaisant qu'immersif. Je n'ai jamais eu la chance de visiter Montréal, mais j'ai un peu eu la sensation d'avoir troqué le confort de mon canapé pour une brève et riche immersion dans les rues de la plus importante ville du Québec. Mais en dehors du dépaysement, la force de ce roman est la manière dont Dominique Sylvain arrive à décortiquer avec méticulosité et humanité les tourments de ses personnages, nous faisant ressentir pleinement leurs doutes, leurs douleurs, leurs émotions et leurs desseins, parfois très sombres.

J'ai ainsi été horrifiée par Park Yong-hwan, un homme qui n'en porte que le nom. Un peu comme un prélude à ses futures exactions, on le découvre en assassin de chien, avant de le voir fondre sur sa fille devant les yeux choqués et incrédules de son fils. Un infanticide qui nous apparaît presque logique pour cet homme froid, méprisant et méprisable, calculateur, avide et sanguinaire que vingt-cinq ans de peine carcérale n'auront même pas réussi à faire changer. Car si la société coréenne, dans laquelle il ne se reconnaît plus, lui offre la chance de repartir de zéro, notre homme est, quant à lui, bien décidé à traquer et à enfin se débarrasser de sa femme et de son fils… Si la vengeance est un plat qui se mange froid, Park Yong-hwan est bien décidé à leur servir glacé !

Après le meurtre de sa fille, Min-young s'est réfugiée avec son fils à Montréal, lui offrant un nouveau départ et la possibilité de se construire un avenir loin de Séoul et de son monstre de père. Changement d'identité, changement de pays, changement de culture, changement de vie… Mais cela ne suffit nullement à effacer les traumatismes du passé ! Min-young a pris l'habitude de se perdre dans les séries télé, notamment coréennes, autant par nostalgie de son pays que besoin de ne pas penser, et Mark se noie dans son travail de policier et dans la musique, une passion devenue exutoire. Deux stratégies d'évitement très différentes l'une de l'autre mais qui présentent chacune ses failles.

Cela se ressent d'ailleurs pleinement avec Mark que l'on pourrait décrire comme le portrait type du policier obsédé par sa carrière, autodestructeur et torturé. Très doué dans ce qu'il fait, cela ne l'empêche pas de jouer régulièrement avec les limites et d'entretenir des rapports quelque peu malsains avec un tueur en série. Systématiquement sur le fil du rasoir, il m'a parfois fait penser à une bombe humaine prête à exploser… Mais il est vrai qu'avec un père comme le sien, il est difficile d'être serein et optimiste quant à l'avenir.

Dans ce brouillard, Mark pourra heureusement compter sur un duo auquel on s'attache fort vite : Jade et Jindo, son labrador détecteur de mémoires électroniques sur lequel elle veille avec beaucoup d'amour et de respect. Les trois sont amenés à collaborer dans le cadre de leur travail, mais les liens qui les unissent sont bien plus forts et profonds. Jade semble, en effet, la seule à supporter Mark et son côté borderline. Une empathie bienveillante teintée de compréhension qui s'explique probablement par les épreuves personnelles que la jeune femme a également dû traverser… Quant à Jindo, il adore tout simplement cet humain qui inspire la confiance et qui, cerise sur le gâteau, maîtrise à la perfection l'art de la grattouille.

La personnalité torturée de Mark et sa relation avec Jade ne brillent pas forcément pour leur originalité, mais là où l'autrice a su se différencier, c'est dans l'introduction d'un point de vue qui ne manque pas de chien, celui de Jindo ! En plus de suivre Jade, Mark, sa mère et son tueur de père, on suit donc les pensées de ce chien des plus attachants. Dépourvu de toutes ces barrières que l'on tend à se mettre soi-même, il nous apparaît terriblement perspicace quant aux rapports humains, d'autant qu'il peut s'appuyer sur son odorat infaillible pour comprendre ce que les coeurs humains ont parfois peur de s'avouer. Véritable coup de coeur, ce personnage original séduit par sa simplicité, sa fidélité, sa loyauté et son amour à toute épreuve pour son humaine et ses humains préférés. Jindo nous offre également une plongée fascinante dans les arcanes du travail d'une brigade cynophile, côté chien.

Le travail de policier est gratifiant, autant pour les deux que les quatre pattes, mais il se révèle également éprouvant, a fortiori quand il conduit, comme ici, nos enquêteurs à côtoyer la perversion humaine sous ses formes les plus ignobles. Mark, Jade, Jindo et leurs collègues sont ainsi aux prises avec un réseau de pédophilie tout en devant faire face à des cadavres qui semblent s'amonceler. Mais je rassure les âmes sensibles, l'autrice n'entre pas dans les détails sordides, ce qui n'empêche pas de saisir le côté poisseux entourant des pratiques ignobles.

Le roman se lit tout seul, mais force est de reconnaître qu'il devient carrément addictif dans sa dernière ligne droite : les événements s'accélèrent, les doutes viennent compliquer les choses, des secrets sont dévoilés et les personnages poussés dans leurs retranchements. Je dois vous avouer avoir pesté contre certains, eu mal au coeur pour d'autres et croisé les doigts pour que les plans machiavéliques d'un diable à forme humaine soient déjoués avant qu'il ne soit trop tard. La tension monte crescendo et nous laisse dans l'expectative d'une rencontre que l'on espère explosive et définitive… La fin, quant à elle, sied à merveille à une intrigue qui oscille entre ombre et lumière, entre drame et renaissance.

En conclusion, vengeance, corruption, pédophilie, politique d'immigration… forment le coeur d'un roman intense et noir, adouci par l'humanité et les réflexions pleines de pertinence d'un chien parfois bien plus humain que les hommes. Prenant, bien écrit et terriblement immersif, voici un roman choral qui mêle avec efficacité drames personnels, problématiques sociétales et enquêtes policières.

Quand les fantômes du passé se mêlent aux cadavres du présent…
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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