C'est cette figure inversée du retour qui importe avant tout dans le cas de Synge : il écrit à partir du retour comme Joyce à partir de l'exil, mais ce retour est encore une expérience de la solitude et de la différence. Vivant dans les îles d'Aran, il se sait étranger, par sa langue maternelle qui est l'anglais et non le gaélique (qu'il a appris comme une langue étrangère) aussi bien que par ses origines bourgeoises, par son éducation, et par cette religion protestante, dont il a eu tant de peine à se défaire - et le fait d'être un homme sans religion le rend encore étranger aux hommes chez qui il a choisi de vivre.
Vous savez très bien ce que c'est être solitaire, qu'être à traverser des petites villes, leurs lumières allumées des deux côtés de la route à la nuit tombée, ou d'arriver dans des places étrangères avec un chien qui t'aboie là devant, un chien qui t'aboie là dans le dos, ou bien d'être tiré vers des villes où tu entends dans l'ombre de chaque talus des voix qui s'embrassent et parlent d'amour profond, et toi là, tu passes ton chemin, le ventre creux, criant famine au point que le cœur t'en crève. (L'Ombre de la vallée)
Pegeen - Et c'est ça que vous appelez de la distraction, d'être tout seul dans le noir rien qu'avec vous-même ?
(Le Baladin du monde occidental)
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous quel dramaturge, mort à seulement trente-sept ans, est au théâtre irlandais ce que Molière est au théâtre français ?
« le baladin du monde occidental » de John Millington Synge, c'est à lire en poche chez Babel.