Je remercie beaucoup les éditions Lynks pour cet envoi. Cette lecture a été assez longue (853 pages tout de même) avec en plus une mise en page très serrée qui ne m'a pas facilité la tâche, mais j'en suis venue à bout. Pourtant je n'étais vraiment pas convaincue au début, mais le roman s'est grandement amélioré au fur et à mesure et je peux finalement dire que ce fut une lecture agréable.
Mon avis
D'emblée Siwès n'est pas un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Trop surhumaine, se mêlant d'une guerre à laquelle elle ne comprenait rien pour un tigre ? Je ne trouvais aucune émotion, aucune profondeur mais surtout que cela manquait de réalisme. Tout restait en surface, comme s'il nous manquait quelque chose pour comprendre, et le personnage, et l'univers. Mais revenons à nos moutons et reprenons depuis le début.
Nous suivons le personnage de Siwès dans les rêves d'Alicia. Véritable projection astrale de la jeune fille dans un univers fantasmagorique en proie à une guerre aussi magique que bestiale, celle-ci est quasi intouchable dans ce monde. Se liant d'amitié avec un tigre, Tadjal, elle se rapproche sans le vouloir du véritable but de sa présence : être un esprit guerrier, protéger les gens d'Ispare contre l'empire du Lluhan et surtout empêcher la venue du Chaos. Ce qui m'a le plus dérangée au début c'est que l'on ne sache absolument rien -ou presque- sur Siwès alias Alicia. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Pourquoi peut-elle se projeter dans ce monde ? Qu'est-ce qui en fait un personnage unique, charismatique ? Qu'est ce qui peut me rattacher à elle ? C'est la révélation sur son handicap qui change tout. Je ne vous en dirais pas plus mais cette scène où elle refuse de se jeter dans le vide et en hurle la raison à son tigre avant de rejoindre son corps terrestre m'a beaucoup touchée. Enfin, je voyais sa nature humaine. Enfin de l'émotion. Enfin je la comprenais. A partir de là le roman est allé plus rapidement, et j'ai enfin pris goût au pays fabuleux dans lequel souhaitait nous plonger l'autrice.
Il faut dire que pour de la fantasy épique,
Lise Syven n'a pas lésiné sur les moyens. Des créatures fantastiques (dragons ancestraux et leurs pendants maléfiques, tigre fabuleux, chevaux étrangement puissants, rapides et effrayants -les adiales-), des sorciers, de la magie, une guerre aux accents désastreux, la guerrière fantôme quasi indestructible…Les combats sont grands, épiques et les enjeux colossaux. En bref c'est une fresque qui emprunte autant au genre du merveilleux, au fantastique qu'à celui de la fantasy et cela lui donne un je ne sais quoi d'enchanteur… et de parfaitement fantasmé. Tout ceci prend des allures de rêves, où l'on incarnerait un personnage quasi tout puissant capable de renverser le cours des guerre. Ça a quelque chose d'assez jouissif quand on y pense non ?
Pour autant, même si Siwès m'était désormais plus sympathique ce sont finalement les relations entre les personnages, et quelques fabuleux qui m'ont véritablement charmée : relation amicale entre Olianne et Tila, entre Tomas et Siwès ou encore, celle plus familiale entre Baxian et son père. Baxian est d'ailleurs un de mes personnages favoris, parce que je trouve sa personnalité plus complexe, plus fouillée, il faut dire qu'il fallait bien pour qu'il puisse incarner l'espion de l'empire. Mais pas que cela. Tiraillé entre ses différents devoirs il est pour moi celui qui est le plus humain d'entre eux. J'ai aussi beaucoup aimé les adiales et leur connexion avec les humains. Enfin, la relation la plus évidente entre Siwès et Tadjal m'a attendrie, Tadjal me faisant énormément penser à Aslan dans le Monde de Narnia ou à Iorek, l'ours de Lyra dans A la croisée des mondes. Ils ont tous un côté sage mais vengeur, doux mais aussi dangereux.
L'intrigue se poursuit ensuite sur quelque chose d'assez classique mais servi avec assez de rebondissements, de surprises et de déconvenues pour demeurer attrayante pour les amateurs genre. de fait, elle sera sans doute une véritable addiction pour les non-amateurs qui auront un bel exemple de fantasy épique dans ce qu'elle a de plus grandiose et sensationnel. Siwès restant d'ailleurs un personnage complètement badass qui, entourée d'une armée d'adiales, de dragons et d'un tigre capable de se rendre invisible, n'a rien à envier à une célèbre Daenerys Targaryen.
En résumé
Malgré un début hésitant et une intrigue assez convenue, La Guerrière Fantôme relève le défi de la fantasy épique avec brio. de personnages fabuleux en créatures fantastiques,
Lise Syven n'hésite pas à nous renvoyer à nos propres rêves d'enfants, du temps où nous voulions tous être des guerriers silencieux capables de renverser le cours de guerres imaginaires. Pour autant, cette belle brique n'est pas exempte de moments fragiles, fugaces et sombres : traîtrises, sanglots et batailles héroïques sont au rendez-vous.
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