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Chantal Philippe (Traducteur)
EAN : 9782878582369
232 pages
Viviane Hamy (04/10/2006)
3.8/5   68 notes
Résumé :
"Nous restâmes assis en silence, comme de braves frère et sœur, et pour la première fois de ma vie, je pressentis que les morts ne mouraient pas, que ce qui avait un jour été vivant sur cette terre, sous quelque forme que ce soit, était indestructible."

Les morts demeurent : Rue Katalin en donne une magistrale illustration. A Budapest, des années après la disparition de la jeune Henriette, les membres de trois familles vivent sous l'emprise ténue de s... >Voir plus
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Début du XXe siècle. Budapest. Trois familles et des destins entremêlés. Les Biro et les Elekes sont voisins depuis longtemps, ils possèdent des appartements sur la rue Katalin, au bord du Danube. Et dès le début les Held aménagent à côté. Ils ont tous des enfants du même groupe d'âge : le jeune Balint Biro et les soeurs Blanka et Irén Elekes accueillent la nouvelle venue Henriette. Mais cette dernière est de confession juive alors, quand ils approchent l'âge adulte et que la Seconde Guerre mondiale fait les ravages qu'on connaît, vous imaginez la suite… Mais le malheur ne fait pas que frapper les Held. Leurs voisins et amis aussi en sont affectés par la chasse aux juifs. Irén devait se fiancer officiellement avec Balint la journée où les Held sont disparus. Blanka, pourtant l'aîné, fut très secouée par cet événement et, peu de temps après, le jeune homme fut appelé à servir dans l'armée et fut retenu prisonnier en URSS. Bref, aucune vie ne fut épargnée. Ils ont tous essayé de refaire leur vie à leur façon mais n'allèrent que de naufrage en naufrage. Même quand ils se retrouvent, rien n'est pareil.

Rue Katalin, c'est une belle oeuvre que nous livre Magda Szabo. Je dois admettre que, à un moment, je me suis un peu perdu, Henriette faisait de brèves apparitions alors qu'on avait laissé entendre qu'elle était morte ou à tout le moins disparue. Ça m'a surpris et gâché un tout petit peu le plaisir de lire. Mais j'ai continué – persisté ? – et tout s'est éclairci. Et finalement j'ai beaucoup aimé. Cette touche de fantastique est assez peu caractéristique de l'auteure hongroise (quoique je n'ai pas lu toute son oeuvre, encore) mais ça colle à l'histoire. Ce que j'ai aimé, aussi, c'est comment Szabo réussit à mettre bout à bout des petits moments du quotidien, qui pourraient paraître banals, et à associer à d'autres beaucoup plus dramatiques. Ça allège un peu l'histoire tout en lui donnant un aspect encore plus poignant quand les choses tournent au mal. Dans tous les cas, cette progression, qui va de pair avec l'évolution des quatre protagonistes, qui passent d'enfants à adultes – malgré le fait que l'intrigue ne soit pas présentée de façon chronologique – pour terminer dans la vieillesse où, tout ce qui leur reste, ce sont les souvenirs qu'il faut essayer de reconstituer. Finalement, quand la mort approche, que retient-on de toute une vie ? Des moments-clé ? Des émotions ? Des impressions ? Et peut-on s'y fier ? Bref, c'est une lecture émouvante qui m'encourage à lire les autres romans de cette grande écrivaine.
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C'est par la ballade d'Iza que j'avais découvert et apprécié Magda Szabo, pour la qualité de son écriture et de son analyse des personnages. J'ai encore davantage aimé Rue Katalin, pourtant moins linéaire et plus difficile à lire, mais plus prenant car plus détaché du quotidien, et du présent que l'auteure mélange par touches subtiles à l'imaginaire et aux souvenirs du passé. On se perd un peu dans les personnages et les souvenirs, mais la confusion que je n'apprécie d'ordinaire pas, est ici au service de ce veut nous dire l'auteur sur l'inaltérabilité de notre passé, de notre enfance, de nos souvenirs, et du rôle que continuent à y jouer les morts. Un mélange de vécu et de fantastique par lequel il suffit de se laisser porter et que j'ai beaucoup aimé. Un livre dont je garderai le souvenir.
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Szabo Magda (1917-2007) – "Rue Katalin" – Viviane Hamy / Livre de poche, 2006 (ISBN 978-2-253-07023-8)
– traduit du hongrois par Chantal Philippe, titre original en hongrois "Katalin utcà" (cop. 1969)

Ce roman fut publié en 1969, donc probablement largement écrit l'année précédente : pour les gens d'Europe occidentale, l'année 1968 reste celle du mois de mai, moment d'une "révolte" estudiantine se proclamant plus ou moins marxiste ou anarchiste, menant à une "libéralisation" des moeurs dont nous subissons encore aujourd'hui les conséquences.
Pour les gens du "bloc de l'Est" vivant derrière le "rideau de fer" marxiste, ce fut l'année du "Printemps de Prague" mené par Dubcek, écrasé dans le sang par l'URSS et ses alliés du sinistre "pacte de Varsovie", suivi de la mise en place du régime stalinien du non moins sinistre Husak.

La plupart des lectrices et lecteurs d'Europe occidentale (habitués, justement depuis ce mois de "mai" élevé au rang de mythe, à des textes d'un exhibitionnisme outrancier) sont dans l'impossibilité de lire comme il le faudrait la littérature de ces pays-là dans ces années-là, car il convient de lire vraiment "entre les lignes" tant la censure jdanovienne veillait cyniquement à bien faire "respecter la ligne du parti".

C'est pourtant l'une des clés de lecture des romans de Magda Szabo, d'une écriture toute en finesse, en allusions, en suggestions.
Pour ne prendre que cet exemple, rappelons que la Hongrie fut le premier pays sous dictature socialiste à se soulever contre l'occupation soviétique, dès 1956. La répression fut impitoyable, entraînant des milliers de morts (le parti communiste français, alors dominant dans la vie politique, se montra particulièrement abjecte) : dans le présent roman, l'auteur ne peut narrer ces évènements que de façon très allusive pour passer la censure (cf pp. 209-240).
Le lecteur doit avoir conscience de cet impératif pour apprécier les romans de Magda Szabo, faute de quoi il passe à côté de l'essentiel, à savoir la violence inouïe que cette écriture – apparemment doucereuse – tente de restituer sans l'exhiber, bien au contraire, en la dissimulant délibérément. Ayant vécu dans ce qui fut "l'Allemagne démocratique" d'Ulbricht et Honecker, j'ai connu cette immense prudence des gens dans le choix de leurs mots, de leurs phrases : le moindre écart pouvait déboucher sur des conséquences désastreuses, la gentille voisine émargeait peut être à la Stasi...

L'autre clé de lecture magistralement mise en oeuvre ici réside dans la narration, sans la moindre emphase, du destin de trois familles, représentées par les deux générations adultes au moment de la Seconde Guerre Mondiale : le pays vit alors sous la férule du régent Horthy, bientôt "épaulé" puis destitué par l'occupant nazi. L'une de ces trois familles était d'origine juive...
D'un régime fascisant, la Hongrie passa sous la botte soviétique : dans l'autre famille, le général perdit la vie, son fils Balint fut fait prisonnier, il revint brisé par la "rééducation" stalinienne, dont il ne fallait surtout pas faire état. La troisième famille, appartenant au monde de l'enseignement, traverse ces époques sans trop de dommages, sans non plus vraiment comprendre l'ampleur du désastre : l'une des filles croit venger l'autre en mouchardant, pratique très répandue, très encouragée, dans les "démocraties populaires".
L'enfance, la jeunesse vécues en commun dans ces trois maisons mitoyennes de la rue Katalin reste cependant le lien le plus fort entre les personnages, qui traversent le soulèvement de 1956... le récit prend fin avec l'année 1968, et la transformation radicale de la rue Katalin.

Ce roman permet de comprendre les profondes blessures subies par les gens d'Europe de l'Est, populations asservies par les dictatures communistes kafkaïennes.
Pour la suite, les romans de Sofi Oksanen montrent que ces personnes durent encore subir l'effondrement de ces systèmes dictatoriaux, la mise en coupe réglée que fut le passage à la "démocratie", et surtout l'avènement d'un capitalisme débridé mené par les mafieux de l'ancienne nomenklatura communiste. Leur lecture permet aussi de mesurer l'abyssale imbécillité de la plupart des jugements émis aujourd'hui par les journalistes bobos germanopratins conformistes, s'étalant par exemple dans les colonnes du journal "Le Monde" dès qu'il est question de la Hongrie, de la Pologne, et de ces anciens pays qui connurent tous les avantages du "socialisme réellement existant".

Je terminerai en signalant une troisième clé de lecture : née en 1917 (décédée en 2007) Magda Szabo appartenait à un monde aujourd'hui totalement disparu.
Ce monde incluait par exemple la pudeur et le respect de la vie intime, thème principal de son roman "La porte" (cf recension), publié en langue originale hongroise en 1987 – roman que je range dans les grandes oeuvres littéraires du vingtième siècle.
Ce monde connaissait l'ampleur des obstacles à franchir pour qu'un être jeune passe à l'état adulte, en s'affranchissant des faux semblants : c'est là le thème principal de son autre roman intitulé "Abigaël" (cf recension, publié en langue originale hongroise en 1970).
On appelait cela des "valeurs" ou des "vertus", qui ne sont plus aujourd'hui que "de vieilles lunes" qu'il est de bon ton de brocarder, dans une civilisation qui infantilise délibérément ses populations confinées dans un matérialisme hédoniste borné et un exhibitionnisme salace systématique.

Bonne nouvelle : il me reste encore d'autres romans à découvrir de cet auteur...

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Voilà de la vraie belle littérature ! Enthousiasmante et tellement satisfaisante !

Après "La Ballade d'Iza", "La Porte" et "Abigaël", la magie opère toujours ; la lecture de ce livre-là confirme l'émerveillement ressenti face à cette écriture qui sait si bien raconter un certain quotidien, explorer la personnalité profonde des personnages, leur caractère, leur tempérament. Une belle écriture, sereine et pourtant pleine d'émotion !

Il s'agit ici de trois familles, les Biró, les Elekes et les Held, habitant des maisons voisines, et très proches amicalement, presque familialement les unes des autres ; ces habitants de la rue Katalin à Budapest, on le sait dès le début, ont été, un jour obligés de quitter leurs maisons et tout ce dont ils auraient voulu ne jamais se séparer pour des appartements qui, même avec la vue sur le Danube, ne sont pas plus que des "abris". La seconde guerre mondiale a tout bouleversé et beaucoup sont morts...

Extrait : " Un jour, Henriette les avait rejoints, elle ne s'était pas manifestée physiquement mais elle était là, elle les écoutait tristement, car elle savait que sans les morts, leur quête était vaine, ils ne retrouveraient jamais la rue Katalin. Kinga était toute petite et avait vu Henriette ; elle avait essayé d'expliquer qu'il y avait quelqu'un qu'elle ne connaissait pas dans la pièce, mais son grand-père lui avait récité un poème sur les méchantes fillettes et Irén lui avait donné une tape affectueuse sur la main : il ne faut pas mentir, ce n'est pas bien. Puis elle l'avait prise dans ses bras et l'avait emmenée se coucher." (p 25)

Dans les trois maisons communiquant par les jardins, il y avait des enfants : le seul garçon, Bálint, fils du commandant Biró, et trois filles, les deux soeurs Elekes dont le père est directeur d'école et la mère excentrique et originale, et la petite Henriette, fille du dentiste Held et d'origine juive. Les parents et les enfants vivent alors, dans les années trente, une période qui leur laissera une nostalgie dont ils ne pourront jamais se défaire. Pour chaque enfant, le foyer était en fait constitué de trois maisons, et ils passaient d'un jardin à l'autre, jouant ensemble "au cerisier" et se chamaillant joyeusement.

Extrait : " ... et les habitants de la rue Katalin comprirent enfin que de tout ce qui avait constitué leur vie, seuls quelques lieux, quelques moments, quelques épisodes comptaient vraiment, le reste ne servait qu'à combler les vides de leur fragile existence, comme les copeaux dans une caisse préparée pour un long voyage empêchent le contenu de se briser." (p 10)

Les deux filles Elekes, Irén l'aînée, la brune, et Blanka sa blonde cadette, vont à l'école de leur père ; si Irén promet d'être une belle jeune fille sage et travailleuse, Blanka est fantasque et désordonnée comme sa mère, mais comme le dit sa soeur, il est impossible de ne pas l'aimer.
C'est Irén qui doit se marier avec Bálint - elle a toujours vu sa vie ainsi : épouser Bálint et vivre dans la maison des Biró - mais après la guerre, ce n'est plus le même jeune homme ; Bálint est devenu médecin, a été fait prisonnier puis déporté à l'étranger, il ne revient qu'en 1949 et ne se comporte plus en fiancé avec Irén. Il fréquente des prostituées, ne sait plus ce qu'il veut ni de quoi son avenir sera fait. Blanka, outrée par son attitude, va chercher à venger sa soeur...

Il y a une narratrice, Irén ou Henriette après sa mort qui revient souvent voir ceux qu'elle a aimé : une petite touche de fantastique qui apporte un peu de diversion dans un livre absolument magnifique mais assez sombre et nostalgique, parlant de vies difficiles, de destins compliqués dans une Hongrie malmenée par L Histoire.

Une lecture à ne surtout pas manquer !
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Dans un appartement de Budapest, au bord du Danube, vivent M. et Mme Elekes, une de leur fille Irén, leur petite-fille Kinga et le second mari d'Irén, Bálint. Sur la rive opposée, ils peuvent voir le lieu modifié de leur vie d'avant, lorsque leurs voisins et amis étaient encore vivants. Mais malgré les mêmes meubles, les mêmes objets déménagés de leur ancienne maison, rue Katalin, l'appartement ne ressemble en rien au lieu, ni surtout aux souvenirs de leur ancienne vie.
Leurs caractères aussi se sont modifiés, leurs jugements ont été balayés par des évènements survenus dans leurs vies et qui ont irrémédiablement orienté leurs devenirs. Ce sont ces moments et épisodes qui ont marqué à tout jamais ces habitants que nous livre ensuite Maria Szabo.

Dans cet appartement, une absente pourtant encore vivante : Blanka, la soeur cadette d'Irén. Son amour et son admiration pour sa soeur aînée sont poignants et c'est le personnage qui m'a le plus touchée.
Le fantôme d'Henriette, tuée par un soldat, visite souvent ses anciens amis de la rue Katalin. Cette fois, c'est le personnage qui m'a le plus déstabilisée, peut-être que je suis trop rationnelle pour faire cohabiter morts et vivants !

Heureusement que les personnages sont nommés avec leurs liens de parenté avant de commencer la lecture. Je suis retournée plusieurs fois les consulter pour comprendre le début de ce roman qui apparaît un peu confus.
Mais ensuite, la superbe écriture de l'auteure, son analyse émotionnelle des traits de caractères de chaque personnage, nous portent fébrilement vers ces habitants de Budapest.
On assiste alors aux changements opérés par le temps qui passe sur les lieux, sur les vies, sur les souvenirs, sur les sentiments éprouvés.

Ce n'est pas une lecture facile, elle demande de l'attention mais elle recèle beaucoup d'originalité et d'émotions.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Vieillir, cela ne se passe pas comme dans les livres, ce n'est pas plus ce que décrit la science médicale.
Aucune oeuvre littéraire, aucun médecin n'avait préparé les habitants de la rue Katalin à l'éclairage impitoyable que l'âge apporterait dans l'obscure galerie qu'ils avaient parcourue presque inconsciemment pendant les premières décennies de leur vie ; ni à ce qu'il mette de l'ordre dans leurs souvenirs et leurs craintes, modifie leur jugement et leur échelle de valeurs. Ils savaient qu'ils devaient s'attendre à certains changements biologiques, que leur corps avait entrepris un travail de démolition qu'il poursuivrait aussi minutieusement qu'il s'était construit, depuis l'instant de leur conception, en vue du chemin à accomplir. Ils avaient accepté de voir leur physique se transformer, leurs sens s'affaiblir, leurs goûts, leurs habitudes et même leurs besoins s'adapter à ces changements ; de devenir gourmands ou de perdre l'appétit, d'être craintifs, voire susceptibles. Ils s'étaient résignés à avoir du mal à dormir et à digérer, fonctions dont la régularité leur semblait jadis aussi naturelle que la vie même. Mais nul ne leur avait dit que perdre la jeunesse est effrayant, non par ce qu'on y perd, mais par ce que cela nous apporte. Et il ne s'agit pas de sagesse, de sérénité, de lucidité ou de paix, mais de la conscience de ce que tout se décompose.
Ils s'étaient soudain rendu compte que le temps avait désagrégé leur passé, alors que durant leur enfance et leurs années de jeunesse, ils l'avaient considéré comme un ensemble compact et bien cimenté. Tout s'était dissocié, rien ne manquait de ce qui leur était arrivé jusqu'à ce jour, et pourtant ce n'était plus la même chose. L'espace avait été divisé en lieux, le temps en moments, les événements en épisodes et les habitants de la rue Katalin comprirent enfin que de tout ce qui avait constitué leur vie, seuls quelques lieux, quelques moments, quelques épisodes comptaient vraiment, le reste ne servait qu'à combler les vides de leur fragile existence, comme les copeaux dans une caisse préparée pour un long voyage empêchent le contenu de se briser.
Alors ils surent aussi que la différence entre les vivants et les morts n'était que qualitative, qu'elle ne comptait pas beaucoup, ils surent que dans la vie de chacun il n'y a qu'un seul être dont il puisse crier le nom à l'heure de la mort.
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Balint était revenu , en vain s'était il battu seul si longtemps il avait désormais compris que sans nous il ne trouverait jamais ce qu'il voulait trouver seul quand nous étions jeunes : il ne pourrait retrouver la rue Katalin qu'avec nous , car nous avions été témoins de la période de sa vie où tout lui était encore possible.
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Mais peu importe,les sentiments, les réactions sont aussi irréversibles que les faits, on ne peut ni les revivre, ni les changer.
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De ce point de vue, Elekes ne faisait pas exception non plus, lui qui était si profondément persuadé que la base morale de sa profession était inébranlable et que la justice, au prix certes de beaucoup d'épreuves, finirait par triompher, même si ses principes s'étaient effondrés, si la vie quotidienne les avait démentis, même si des hommes d'Etat ne tenaient pas compte des traités qu'ils venaient de signer, si des citoyens perdaient tous leurs droits d'un jour à l'autre, et même si l'on jetait des bombes de phosphore sur des hôpitaux qui n'abritaient que des nourrissons à la voix grêle.
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Après la naissance de Kinga, quand j'étais encore une jeune maman heureuse, isolée quelque temps du monde entier et de tout être vivant, j'ai moi aussi parlé à ma petite fille comme Bálint parlait à Henriette, dans un langage dont les mots se composent de voyelles et de consonnes par pure convention, mais sont si chargés d'émotion qu'ils n'ont pas besoin d'avoir un sens.
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