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Critique de nilebeh


Mais d'où sort cet hurluberlu ? Il s'appelle François Chabeuf, il a trente ans, travaille comme copiste pour un obscur organisme nommé CIRMEP, il est convaincu de la valeur travail, supérieure à tout autre et s'adonne passionnément à la copie de documents. On aurait pu penser que le statut de copiste avait disparu avec Gutenberg et ne concernait que les moines du Moyen – Age, mais non ! Chabeuf copie, remplit des pages et des pages, copie des dossiers le jour puis la nuit quand il pense qu'il sera viré au profit d'un jeune blanc-bec nommé Auguste, qui pourrait lui piquer le CDI qui lui revient de droit, pense-t-il. Car ce qui fait le charme de ce jeune homme, c'est qu'il est sûr de lui, pour tout et en toute circonstance. Que Clémence résiste à son charme ravageur est insupportable, il la drague via des poèmes inénarrables de niaiserie auxquels il ajoute une pulvérisation de son eau-de-toilette pour agir sur son subconscient. Las ! C'est le chef Daniel, parfumé à la même fragrance qui est accusé de harcèlement et viré illico. Objectif manqué ! Qu'Auguste lui fasse de l'ombre est insupportable, d'autant qu'il saura manier le photocopieur fatal qui mettra fin aux fonctions de copiste et ravira ainsi le poste en CDI à pourvoir. Intolérable !
Car François est persuadé de son bon droit et sa mauvaise foi est sans limite : toujours raison, toujours victime, jamais prêt à se laisser faire. En grand mythomane, il croit à ses mensonges et ne trouve rien à redire à ses petits arrangements avec la conscience. Pour charmer Clémence et se l'attacher, il lui fait croire à la mort de ses jumelles, ainsi elle est tout à lui. Car il a aussi un petit côté exclusif, notre François, un rien gigolo, vivant avec délices aux frais de Clémence à qui il assure une compagnie « indispensable », sauf quand il consent à mettre sa précieuse personne au service de dames âgées comme sa propriétaire. Bénéfices sexuel et financier garantis.
Bref, c'est une tête à claques, un parasite, un ivrogne, un écrivain raté (oui, il veut bien offrir au lecteur le privilège de lire ses souvenirs, égrenés par le menu, comme par exemple un dîner en famille un dimanche), un être cynique et manipulateur, sans une once de regret encore moins de remord. Et drôle avec cela !

Ce drôle de roman se découpe en épisodes hilarants, précédés d'aphorismes ou de pensées profondes (« un vieillard qui meurt c'est un compte en banque qui brûle, chaque pot à son couvercle,  un moineau bien entraîné est plus dangereux qu'un serpent », par exemple!) et un petit résumé est proposé régulièrement, tout aussi désopilant que les épisodes.
Au bout d'un moment on se demande s'il n'y aura pas une « révélation », quelque chose comme une caméra cachée où sortiraient tous les acteurs, collègues de bureau, copains de bistro, gardien, femmes séduites pour se rassembler et crier : Surprise ! Nous sommes tous des soignants d'un HP et François Chabeuf est un de nos patients !
Ben non, le copiste fera l'objet d'une suite, une histoire de sparadrap sur les blessures du coeur. J'y vais de ce pas ! Entre deux livres durs, j'ai bien aimé ce sourire de deux ou trois jours !

J'ai particulièrement apprécié la transformation du nom de François Szabowski en François chat-boeuf, cela me permettra d'arrêter d'estropier son nom !
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