AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 35 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis
J'aime le format des nouvelles ; le style minimaliste, l'ambiance épurée, la découverte par le silence.
Un homme fait ses courses.
p.484 "Il détache un sachet en plastique, qu'il n'arrive à ouvrir qu'au bout de plusieurs tentatives..." ( il est vieux. )
"Une palpation, puis il saisit un avocat.
Un seul citron." ( solitude. )

Ici parcourir une galerie de neuf portraits. Des portraits pour marquer le temps, figer le passage dans le temps qui coule inexorablement. Neuf hommes vont s'interroger dans un moment singulier de leur existence, un de ces improbables très rares moments déterministes où il y aura basculement. Des âges différents.

Pas des portraits fantasmés, glorieux de ces héros dégoulinants du sang de leurs malheureuses victimes et portés à l'admiration des générations futures par une abjecte réécriture de l'histoire. Non, l'Europe n'est plus à la conquête mais à la décadence, peuplée d'anti-héros désabusés. Tous au bout de leur réflexion introspective semblent mériter ce "J'ai été con. Point barre. Belle épitaphe..."p.424

J'aime le format des nouvelles et j'aime plus encore quand une histoire mystérieusement s'enroule sur elle-même. Comme une invitation à recommencer autrement la lecture. Ouvrir d'autres portes... et si je m'interrogeais sur cette belle couverture^^ ?

Cet homme dans la réalité, qui ne peut donc que représenter l'auteur ou le lecteur, arrêté devant cet étrange portrait ou un autre homme se reflète de dos dans un miroir. Je crois deviner dans ce tableau les traces d'un chapeau melon. Magritte n'est pas loin. Etrange réflexion, comme si l'homme ne pouvait se regarder en face. Impression de générations qui s'éloignent. Recommencer autrement en voilà une idée surréaliste.

Pas le temps. Le temps est une porte qui claque.

Il paraît qu'un chat a neuf vies. Et si ces neuf tranches de vies, ces neuf portraits de "loosers" cachait le vrai sujet ? Et si ces êtres profondément solitaires qui se cherchent, qui se fuient, portaient une interrogation plus profonde ?
Et si seul le temps qui s'enfuit ?
Le temps qui se perd,
le temps qui ne se rattrape pas,
le temps qui ne s'achète pas.
Et si seul l'éphémère était éternel ?

Et si la réponse était dans l'écriture ? Cette écriture simple, directe, volontairement dépouillée. Et si là était une piste à découvrir...

Merci à Babelio et à Albin Michel de m'avoir offert la possibilité d'approcher David Szalay. Passionnant et profond son roman Ce qu'est l'homme.
Commenter  J’apprécie          4415
C'EST ÇA, LES HOMMES...?

Un roman (qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un, techniquement) qui vous invite à découvrir "Ce qu'est l'homme", et même, si l'on en croit son titre original anglais, TOUT ce qu'est l'homme (All that man is), cela interpelle, intrigue, attire, à n'en point douter, même si le programme vous semble un rien ambitieux. L'effet est encore plus évident lorsqu'on découvre un tel ouvrage à l'occasion d'une Masse Critique spéciale - remercions bien évidemment Babelio ainsi que les éditions Albin Michel pour cette découverte -, que l'ouvrage n'est pas encore sorti au moment où on le reçoit (il ne s'en fallait alors que de quelques paires de jours mais nous avons un peu traîné pour diverses raisons extérieures sans rapport avec ce qui nous intéresse ici), qu'il semble avoir été encensé par William Boyd de l'autre côté du "Channel" (sélectionné par ailleurs pour un des plus célèbres prix littéraires britanniques, le Booker Prize) et que tous les éléments étaient ainsi réunis pour une belle et grande découverte.

Une fois cette mise en bouche passée, que propose donc cette lecture de quelques cinq cent pages ?

En tout premier lieu, ainsi que nous le suggérons en introduction, Ce qu'est l'homme n'est pas exactement un roman mais une suite de portraits se développant comme un échéancier des divers moments de nos existences contemporaines (ou "post-modernes" si l'on veut), de mâles contemporains, ainsi que vous l'aurez compris : les femmes y sont clairement surnuméraires et si elles n'en sont pas moins l'objet des désirs ou, parfois, des manières de déesses tutélaires bien que de chair et d'os, elles n'occupent généralement que l'arrière plan des textes proposés ici. Oscillant entre un format nouvelle et de brefs sous-romans, les neufs pièces présentées dans l'ouvrage correspondent, peu ou prou, à différents âges, du sortir de l'adolescence, tel ce Simon parti faire un tour de l'Europe en compagnie de son camarade Ferdinand - dragueur impénitent - avant l'entrée à Oxford, un "jeune adulte" français ayant tout du "Tanguy", geek et sans avenir, un jeune trentenaire baraqué de Budapest qui cherche encore sa voie, en passant par l'âge adulte "conquérant" du début de la quarantaine (un professeur d'université) et de sa fin, en pleine acmé avec ce journaliste danois, de la cinquantaine triomphante (un anglais se lançant en solo dans les affaires immobilières) à la cinquantaine dégradante (un autre anglais vivant chichement en Croatie de sa petite rente londonienne), jusqu'aux remous de plus en plus vifs de l'âge (un milliardaire soixantenaire récemment ruiné puis un septantenaire toujours en quête d'identité accusant sa fin plus ou moins proche, à huit ou dix ans près).

Certes, tout le monde - du moins, beaucoup d'hommes - pourront se reconnaître ici et là dans ces portraits nous dépeignant un monde profondément triste, anxiogène, emprunt d'un profond ennui, sans but réel si ce n'est la prolongation infinie d'un présent sans cesse répété et parfois insensé. Tel se souviendra avoir ressenti ces moments-là de doute ou de dégoût, tel autre comprendra le chemin pris par tel ou tel. Cependant, il est bien difficile d'y retrouver ce que le titre, hautement prétentieux, se proposait de disséquer.
Prenons d'abord ces personnages dans leur ensemble. Bien que peu partisan des politiques de "quotas", il sautera aux yeux que nous sommes en présence d'homme invariablement blancs, presque tous issus de la classe moyenne (sauf le jeune geek du nord de la France et le hongrois garde du corps), tous hétérosexuels (certes, l'ultime personnage semble s'être interrogé sa vie durant, mais jusqu'à preuve du contraire, il n'est pas homosexuel), ils ont presque tous fait (ou vont faire) des études supérieures, ont leur vie se partageant allègrement entre plusieurs pays (à tout le moins, ils prennent l'avion comme nous pouvons prendre le bus), sont presque totalement internationalisés - "globalisés" -malgré leurs nationalités diverses (anglais surtout mais aussi français, hongrois, danois et russe) et entretiennent presque tous un double rapport étrange - bien que l'auteur ne fasse pas le lien aussi directement - à leurs véhicules (voiture pour l'essentiel, yacht pour l'ex milliardaire) et aux femmes (leur épouse, leur ex ou celles de passage). Ces européens (bien que pas forcément si évidente que cela, c'est la seule espèce de "nationalité" que l'on peut réellement leur attribuer. Et c'est une nationalité "triste", sans originalité, sans facétie, plate, uniforme) blancs plus ou moins phallocrates sont presque tous des matérialistes (à l'exception, sans doute, des deux plus jeunes) sans l'ombre d'une vraie spiritualité (sans même parler de religion), de rêves autres que de réussite sociale et professionnelle, des "CSP+" en puissance pour les uns, ratés pour les autres, mais c'est peu de dire qu'au bout du compte, ces hommes ne représentent qu'une part minime de leur congénères moyens.

Par ailleurs, les rapports qu'entretiennent ces hommes avec les femmes - mais aussi, pour être complet, avec leurs sexuellement semblables - oscillent, par ailleurs, entre épouvantable et parfaitement creux avec des variantes situées entre anecdotique, strictement sexuelle ou presque étrangère, excepté peut-être pour ce jeune homme sortant tout juste de son adolescence romantique. Notons par ailleurs qu'ils partagent tous cette étrange et morne solitude bien que se mouvant au beau milieu de leurs quasi-clones contemporains : on peine à nommer de ce beau nom d'amitié les rapports qu'ils entretiennent avec leurs semblables de même sexe ou de sexe opposé. Quant à la seule idée de famille, elle est totalement inexistante à force d'être annihilée par l'auteur. Les lecteurs pour lesquels amour, amitié, famille (etc) revêtent encore quelque importance apprécieront...

Certes, le trait est un peu forcé dans ces quelques lignes critiques mais il se révèle à peine moins caricatural, une fois bien posées les différents aspects abordés, dans ce volume long, sensiblement répétitif malgré la multiplicité des personnages, et sans être réellement ennuyeux - d'un style agréable, même s'il n'est pour autant d'une intense originalité, l'ensemble se lit sans peine, sans fatigue, sans surprise -, il se révèle assez vite monotone, désespérant, gris, superficiel et... un rien prétentieux, au regard du titre-programme auquel il invite le lecteur. On est loin, très loin, des pénétrants portraits à la Henry James dont David Szalay pourrait sembler être un rejeton très lointain. Tout n'y est pas absolument mauvais, bien sûr. Certaines de ces effigies d'homme pouvant se révéler touchantes : ce jeune Simon du début, en particulier, et qui fait écho à l'ultime portrait de cet homme de soixante-treize ans, qui n'est autre que son propre grand-père, l'auteur bouclant ainsi cette boucle des mâles. De même, la trajectoire de ce milliardaire ruiné, neurasthénique et assommé par la demande de divorce de son épouse est une assez bonne surprise, une fois dépassés les aspects éminemment caricaturaux, quasiment parodiques de ce chapitre.

Subsiste en bout de course un ouvrage pour hipster n'ayant le temps de lire que quelques pages entre deux avions, entre deux rendez-vous d'affaire, pour lecteur pressé et sans doute à la pointe de la "modernitude" qui n'a certes aucune envie d'aller voir dans les détails si le diable s'y est mis mais qui se rassurera à bon compte en contemplant les petites misères fades et dénuées de sens de ses propres contemporains - tous des humains déshumanisés ? - plus ou moins identiques. Une relative déception après un démarrage sous les meilleurs auspices, la première présentation d'homme demeurant, à notre avis, la mieux réussie et la plus profonde.
Commenter  J’apprécie          302
« L'homme… L'homme est laid ! » - à entendre avec la voix de Michel Serrault.
Une réminiscence de la tirade, dans Deux heures moins le quart avant Jésus Christ, de César, joué par Michel Serrault donc.
Mais il ne s'agit pas ici de ce vieux film éculé, c'est bien de "Ce qu'est l'homme" dont je vais parler.

Ce qu'est l'homme ? Pas ce dont il a l'air au premier abord en tout cas.
Voyez, ce livre s'annonce roman mais est plus proche du recueil de nouvelles. C'était un point négatif pour moi car ce n'est pas un genre que j'affectionne. Il s'en sort finalement haut la main, d'où les quatre étoiles.

Les histoires proposées ne m'ont pas toutes intéressé mais l'écriture nous plonge dedans, sûrement parce qu'elle s'attache plus à décrire des ambiances, l'état d'esprit du personnage principal, ou des personnages principaux, que l'avant ou l'après, que l'historique de la situation, que l'histoire en fait. Et c'est adapté car il s'agit de nouvelles justement.

Il y a neuf histoires. On part avec un homme jeune, on arrive avec un homme vieux. J'ai été plus sensible à ma tranche d'âge et aux plus vieux, est-ce un hasard ?

Je me suis interrogée à cette lecture : s'agit-il là de l'homme ou de l'Homme avec un grand H ? Selon la quatrième de couv, David Szalay dissèque la masculinité. Mais je dois être assez testostéronée je dois dire car je me suis sentie en phase avec les personnages – ce qui ne veut pas dire proche, ni même en accord avec eux, on est bien d'accord…

Un livre donc de qualité, selon mon jugement, et qui doit plaire aux femmes comme aux hommes, ou aux hommes comme aux femmes, il me semble.

Je remercie Babelio d'organiser masse critique et les éditions Albin Michel d'y participer.

Lien : https://chargedame.wordpress..
Commenter  J’apprécie          213
Les éditions Albin Michel produisent ce mois-ci "Ce Qu'Est L'Homme", un roman de David Szalay, écrivain anglais âgé de 44 ans, qui réside en Hongrie. Tout cela est bien européen, n'est-il pas ? Bien sûr, il est.

A la manière d'un recueil de nouvelles à thème, Ce Qu'est l'homme nous brosse 9 tranches de vies d'individus parvenus à des âges différents, mettons entre 17 et 73 ans.
Un jeune garçon qui se fait draguer par sa logeuse quadragénaire, un milliardaire ruiné et déprimé qui a envie de se jeter du haut de son yacht, un prof de sport qui joue les bodyguards d'une prostituée dont il est amoureux... Bref, neuf histoires courtes, d'une soixantaine de pages chacune, toutes savoureuses et extravagantes, traversées par des hommes fragiles, égoïstes, anti-héros, même pas à la hauteur de leurs aventures.
Ils ont pour dénominateurs communs d'être des Européens, de voyager en Europe, et de ressentir ce vide insondable qui nous sépare des autres.

Même s'il nous arrive avec les dernières pluies, David Szalay a déjà quelques romans à son actif. Celui-ci est, me semble-t'il, le premier traduit en français, exercice brillamment réalisé par Etienne Gomez. La narration épurée et au présent fait des merveilles, collant parfaitement à la psychologie des personnages. Les neuf nouvelles forment un tout cohérent à dévorer sans modération.

Les éditions Albin Michel ont fait le bon choix en jetant leur dévolu sur cet excellent "roman" d'environ 550 pages qui est sorti le 1er mars 2018. Les quatre étoiles et demi que j'ai placées au dessus du livre vous témoigneront du plaisir que j'ai eu à le lire, car j'avais tout pour y être heureux : des aventures déprimantes, des personnages à la Houellebecq, et une écriture minimaliste qui m'a un peu rappelé David Vann.

Merci aux éditions Albin Michel ainsi qu'à Babelio pour cet excellent livre que j'ai reçu dans le cadre de Masse Critique. On le traduit maintenant un peu partout et il trouvera son public sans difficulté. Belle découverte, bonne adaptation française, et un auteur à suivre.
Commenter  J’apprécie          80
Fut un temps dans ma vie de lectrice où j'exécrais les nouvelles. Il faut dire que certaines m'avaient dégoûtées du genre, trop ennuyantes et mal écrites. Et puis, les années passant, je reprends goût tout doucement à la lecture de ce genre, grâce notamment à des recueils comme Ce qu'est l'homme, surprenant et envoûtant. Ma guérison littéraire est sur le bon chemin !

Ce qu'est l'homme, c'est un recueil de 9 nouvelles, qui place l'homme au centre de chacun des récits. Les neufs protagonistes sont tous différents, vivent tous dans des endroits différents, mais ont un point commun : ils cherchent à donner un sens à leur vie. Chacun a une relation particulière avec une femme : du dédain, de l'amour, du dégoût… des rapports aux femmes différents, qui nous permet d'avoir un kaléidoscope de portraits d'hommes. Car, si les protagonistes ont comme devoir de réfléchir sur le sens de leur vie, nous, lecteur, réfléchissons aussi sur ce qu'est l'homme.

David Szalay nous dresse des portraits d'hommes désoeuvrés, perdus, qui se contentent souvent de survivre, plutôt que de vivre pleinement leur vie. Ces hommes cherchent un sens à donner à leur quotidien, ils errent, solitaires, mélancolique, dans leur existence si vide. En dressant ces portraits de l'homme moderne, l'auteur cherche à nous mettre en face de notre propre vie, à nous faire réfléchir sur la façon dont nous remplissons notre existence. Efficace ! Nous pouvons également percevoir des portraits d'hommes différents, qui regroupent l'ensemble des caractéristiques des hommes : séduisants, provocateurs, intelligents, émouvants, arrogants… une bonne manière de percevoir toutes les facettes que peuvent détenir les hommes de notre siècle.

Le style des nouvelles est sobre, parfois dur ou cru, constamment empli de noirceur, mais percutant. Les personnages nous émeuvent, nous font pitié, parfois nous mettent en colère. Même si l'action n'est que très peu présente, une chose est sûre : les scènes que nous voyons ne peuvent pas nous laisser indifférents. le seul regret que j'aie, c'est que les récits ne soient pas plus longs. Mais je sais bien que cela fait partie du charme des nouvelles, d'être courtes et brèves, seulement de passage, comme l'être humain sur Terre.

Des nouvelles qui font réfléchir sur Ce qu'est l'homme, et sur le sens que nous donnons à notre vie. Des récits percutants et originaux, qui m'ont bien plût.
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          70
David Szalay, écrivain anglais, est né en 1974 à Montréal au Canada. Auteur de quatre romans, Ce qu'est l'homme, son dernier mais le premier traduit chez nous, vient tout juste de paraître.
Voilà un roman original car il sort de l'ordinaire par sa construction. Si j'emploie le terme de « roman » c'est parce que c'est écrit dessus, sinon on pourrait l'assimiler à un recueil de nouvelles. L'écrivain a découpé son ouvrage en neuf parties, neuf textes complètement indépendants les uns des autres, comme dans les rébus, neuf images sensées représenter in fine, une vie d'homme de notre siècle.
Nous avons donc un premier chapitre où le héros est un jeune homme de dix-sept ans, dans le second un autre a vingt ans et ainsi de suite, les deux derniers sont des hommes matures ayant respectivement soixante-cinq et soixante-treize ans. Ils sont tous de milieux différents, étudiant, philologue, journaliste… Tout ce petit monde va et vient à travers l'Europe, Grande-Bretagne, Chypre, Croatie, Danemark, Italie… Chaque homme, donc chaque chapitre, vit sa propre vie. Techniquement, David Szalay emploie toujours la même astuce payante, à savoir un début d'histoire légèrement mystérieux puisque nous ne savons jamais de qui il s'agit et ce qui va lui arriver et ce n'est que par petites touches qu'apparaît le personnage.
Le point commun à tous ces hommes, c'est leur rapport avec la gent féminine : difficulté de vivre sans elle, difficulté de vivre avec elle. Mais c'est aussi, l'âge venant, la gestion de l'approche de la mort, « Ces derniers temps, depuis un an ou deux, s'est imposé à lui le sentiment déprimant qu'il pouvait voir le tracé menant jusqu'à la fin de sa vie. » Et plus globalement, une réflexion sur le destin, « le destin, cette façon de ne comprendre ce qui nous attend que quand il est trop tard pour changer quoi que ce soit. »
L'écriture ne souffre aucune critique, le rythme est enlevé, chaque histoire accroche le lecteur et le bouquin se lit à toute vitesse. Tous les âges de la vie étant passés en revue, chacun selon le sien, se retrouvera un peu dans un ou plusieurs personnages. Un roman extrêmement agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          50
Neuf nouvelles nous racontent un épisode de la vie de neuf hommes, âgés de 17 à 73 ans. Ces nouvelles sont tous très proches les unes des autres, non seulement au niveau du style et des personnages puisque , mais aussi au niveau de ses thématiques, assez masculines de prime abord : on nous parle de bière, de football, de symboles phalliques aussi (voir l'anecdote de la carte de tarot). Après tout, c'est plutôt normal pour un recueil intitulé « Ce qu'est l'homme » de nous parler de trucs masculins.

Mais très vite, on bifurque vers quelque chose d'autre. Une thématique plus profonde se dessine peu à peu : celle de la mélancolie et du désoeuvrement de ces hommes d'aujourd'hui dont l'auteur nous parle qui s'efforcent de trouver un sens à leur vie, alors qu'ils ne sont pas particulièrement ambitieux et que la vie semble plutôt s'imposer à eux. Les personnages ne sont pas particulièrement actifs : ils « se laissent vivre » et voguent au gré des circonstances qui se présentent à eux, quitte à être déçus en chemin. C'est la vie qui s'active autour d'eux et qui donne une ambiance tout particulière aux récits : celle d'un carrousel lancé à une telle vitesse que les décors et couleurs environnantes s'estompent et se confondent. Il y a toutefois du positif dans l'histoire de ces hommes, puisqu'une sorte de catharsis est présente à la fin de chaque nouvelle, chacun se rendant compte que sa vie, finalement, peut être simple et belle s'il accepte les petits bonheurs que celle-ci peut lui apporter.

Lorsque l'on se rend compte de cela, le roman paraît tout de suite moins masculin et plus universel, car l'on comprend alors que deux autres thèmes animent les nouvelles : le fait de se sentir parfois étranger à sa propre vie et, surtout, le passage du temps. Cette dernière thématique semble sous-tendre toute les autres et lier toutes les nouvelles entre elles.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Albin Michel pour ce roman que j'ai dévoré !
Commenter  J’apprécie          40
C'est dans le cadre d'une Masse Critique Babelio que j'ai découvert Ce qu'est l'homme de David Szalay. Je me suis laissée tenter par son résumé et par cette histoire de portrait d'hommes à différents âges de leur vie, malheureusement, je n'ai absolument pas adhéré à ce livre.

Première surprise en ouvrant ce livre, il s'agit de nouvelles. Des nouvelles nous narrant dont l'homme à différents âges et étape de sa vie. Chacune correspondra donc à une tranche d'âge particulière, à certains événements que croisent les hommes dans leur vie et aux relations qu'ils nouent et dénouent au fil du temps. Sujet intéressant, mais sujet auquel il faut vraiment adhérer pour entrer pleinement dans le sujet.

Honnêtement, je n'ai pas été au bout de ce livre, j'ai lu environ la moitié des nouvelles, mais à aucun moment, je n'ai pris du plaisir dans ma lecture préférant donc la stopper. Certes le sujet intéressant, certes découvrir l'homme à travers les étapes de sa vie est une bonne idée, mais, pour moi, j'ai trouvé que les nouvelles proposées dans Ce qu'est l'homme manquaient cruellement de rythme et de vitalité. J'ai eu l'impression que tout était linéaire, même si on découvre différents personnages et pays, il n'y a pas eu cette petite étincelle pour m'embarquer dans ce livre.

En revanche Ce qu'est l'homme peut plutôt concerner l'Homme avec un grand H. Bien qu'ici il s'agit donc de personnages de sexe masculin, les histoires croisées, les événements, peuvent faire écho à tous sans distinction. C'est un livre qui en intéressera plus d'un, qui saura happer bien des lecteurs dans les sujets abordés, dans cette envie de présenter l'homme à différentes étapes de sa vie, mais personnellement, je suis totalement passée à côté et n'étant pas, en plus, amatrice de nouvelles, dès le début, je me plongeais avec un frein dans ma lecture... Dommage.

Il ne vous reste plus qu'à vous faire votre propre idée sur ce livre ! Ce qu'est l'homme de David Szalay est disponible aux Éditions Albin Michel.
Commenter  J’apprécie          30
Sur une année, tour à tour, neuf hommes se dévoilent. Ils ont entre 17 et 73 ans, traversent un moment délicat de leur vie en un lieu éloigné de leur quotidien. Qu'ils soient dans un hôtel bas de gamme à Chypre, sur un yacht luxueux près de Corfou, en Italie ou en Croatie, ils sont seuls face à eux-mêmes et leurs doutes et tentent de trouver un sens à leur existence.

J'ai pu lire « Ce qu'est l'homme », roman écrit par David Szalay, grâce à une opération spéciale « Masse Critique ».
La quatrième de couverture souligne que l'auteur « fait partie des auteurs britanniques les plus prometteurs de sa génération ». On y précise que ce livre a été « finaliste du Man Booker Prize ». Et pour cause. Cette oeuvre est un monument de finesse dans la description de crises existentielles que des hommes contemporains peuvent traverser.
La construction est bien pensée et très précise, déroulant tour à tour neuf portraits d'hommes sur une année. On pourrait y voir des nouvelles, pour autant, en bouclant le neuvième portrait, on se rend compte de la circularité de l'oeuvre et de l'habileté de l'auteur d'un bout à l'autre.
Dès le premier portrait, malgré une sensation d'oppression, de vide et de noirceur que l'on retrouve tout du long, on ne peut lâcher la lecture tant l'histoire est addictive. Et pourtant, il n'y a que peu d'action ; le lecteur est davantage convié à suivre le fil des atermoiements de chaque protagoniste, son vacillement, la brisure intérieure qui l'arrête. Les portraits explorés sont ceux d'anti-héros, tantôt losers, tantôt cyniques et immoraux. Toujours perdus et en quête d'un sens pour retrouver un équilibre.
Fort d'un style sobre, dépouillé, l'auteur parvient à nous faire rire parfois, même si ce dernier reste jaune. Avec une acuité et une justesse vertigineuses, David Szalay décrit le mal-être de l'homme moderne aux différents âges de la vie, la vacuité de son existence, la solitude et la mélancolie tenaces qui l'habitent, sous la surface des événements superflus dont il habille son quotidien.
Quel que soit l'âge, lorsque les crises se font jour, l'habile construction de son ordinaire vacille, laissant entrevoir l'essentiel, l'essence même de l'existence qui soudain questionne.
« Ce qu'est l'homme » est un roman addictif qui se décline en neuf portraits originaux, troublants voire dérangeants et d'une justesse qui fait mouche.
Je tiens à remercier Babelio et les éditions Albin Michel pour cette formidable découverte et ce moment de lecture intense.
Commenter  J’apprécie          30
Surprise que cet ouvrage dont le titre, bien que sans H, semblait annoncer une réflexion romanesque sur l'humain. Il s'agit plutôt ici du mâle, dont différents personnages incarnent les diverses phases, au fil des ans. le genre attribué aussi surprend puisque ce roman est en fait constitué de nouvelles qui tendent toutes vers cet objectif : raconter la vie « d'un » homme, dont les préoccupations, variant avec l'âge, sont présentées comme caractéristiques d'un moment de sa vie.
D'où le voyage initiatique de Simon et Ferdinand, adolescents qui découvrent l'Europe et les troubles du désir sexuel ; l'entrée retardée dans la vie professionnelle (et le désir là encore) de Bernard ; l'hésitation de Gabor, amant proxénète ou encore Kristian, journaliste talentueux aux dents longues et à la déontologie limitée. Rapport à la sexualité, au corps de l'autre, au travail et à la vie de famille, au désir de carrière et la conscience, rapidement, que le temps passe trop vite.
Peur de passer à côté du plaisir, de la vie, peur de ne pas vivre assez, semblent constantes et participent de la nature humaine. Ces tranches de vie, sans réel début et sans fin, donnent à découvrir quelques vies et obligent à chercher un fil conducteur entre ces existences diverses mais qui se succèdent comme si elles n'en formaient qu'une seule. Paradoxe : à l'image du frontispice, ce fil ne suffit pas (bien heureusement) à faire croire que le roman peut faire le tour de ces vies masculines. Ainsi, malgré des enjeux certainement communs et dont Szalay tente de saisir l'essence, l'homme reste insaisissable. le lecteur, invité à se projeter dans le miroir tendu par l'auteur, questionne autant les personnages que sa propre vie.
Les premiers personnages, très jeunes par rapport à moi, et dont les préoccupations sont très éloignées des miennes (ne serait-ce que par la différence de sexe), m'ont tenue à distance au début. J'ai pris davantage plaisir à suivre les parcours des hommes plus mûrs, preuve certainement que ce roman atypique sait précisément capter les questionnements propres à chaque âge de la vie. D'autant que le style s'adapte non seulement à la maturité de ces « mâles » mais à leur catégorie socio-culturelle. La variété des situations et des tons permet d'apprécier cette ballade dans la vie (les vies) des individus.

Merci à Babélio et à Albin Michel pour cette Masse critique !
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (85) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1048 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..