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EAN : 9782910703035
Ass. Maison de la Poesie (29/04/1998)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Traduit par Christophe Jezewski, Isabelle Macor-Filarska
Que lire après Dans le fleuve d'HéracliteVoir plus
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La fin et le commencement


Extrait 2

Il faut refaire les ponts
et les gares.

Les manches vont s'effilocher
à force d'être retroussées.

Quelqu'un, le balai à la main,
se souvient encore comment c'était.
Quelqu'un écoute
acquiesçant de sa tête non arrachée.
Mais déjà à côté d'eux
il y en aura
qui vont s'ennuyer.

Quelqu'un parfois encore
déterrera de dessous un buisson
des arguments rongés par la rouille
et les portera sur un tas d'ordures.

Ceux qui savaient
de quoi il s'agissait ici
doivent céder la place
à ceux qui en savent peu.
Et moins que peu.
Et enfin rien du tout.

Dans l'herbe qui a recouvert
les causes et les effets,
quelqu'un doit se coucher,
un épi entre les dents,
et bâiller aux corneilles
dans les nuages.
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La fin et le commencement


Extrait 1

Après chaque guerre
quelqu'un doit faire le ménage.
L’ordre quel qu'il soit
ne se fera pas tout seul.

Quelqu'un doit repousser les gravats
sur les bords des routes
pour laisser passer
les voitures remplies de cadavres.

Quelqu'un doit s'embourber
dans la fange et la cendre,
les ressorts des canapés,
les échardes de verre,
et les chiffons sanglants.

Quelqu'un doit traîner une poutre
pour soutenir le mur,
quelqu'un doit vitrer la fenêtre
et raccrocher la porte sur ses charnières.

Ce n'est pas photogénique
et demande des années.
Toutes les caméras sont parties déjà
pour une autre guerre.
...
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VIETNAM

Femme, comment t'appelles-tu ? - Je ne sais pas.
Quand es-tu née, d'où viens-tu ? - Je ne sais pas.
Pourquoi t'es-tu creusé un trou dans la terre ? - Je ne sais pas.
Depuis quand te caches-tu ici ? - Je ne sais pas.
Pourquoi m'as-tu mordu l'annulaire ? - Je ne sais pas.
Sais-tu qu'on ne te fera pas de mal ? - Je ne sais pas.
De quel côté es-tu ? - Je ne sais pas.
Maintenant c'est la guerre, tu dois choisir. - Je ne sais pas.
Ton village existe-t-il encore ? - Je ne sais pas.
Ce sont tes enfants ? - Oui.
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je suis trop proche

Je suis trop proche pour qu'il rêve de moi
Je ne le survole pas, je ne le fuis pas
Parmi les racines des arbres. je suis trop proche
Le chant du poisson dans le filet n'est pas ma voix.
Même mon doigt ne fait pas rouler la bague.
je suis trop proche La grande maison brûle
Sans que j'appelle au secours. Trop près
pour que la cloche sonne dans mes cheveux.
Je suis trop près pour qu'il entre comme un invité qui
ouvre les murs sur son passage.
Je ne mourrai plus jamais si légèrement,
si hors du corps, si inconscient,
qu'avant dans son rêve. Je suis trop près,
trop près J'entends le sifflement
et je vois l'échelle scintillante de ce mot,
pétrifié dans l'étreinte. Il dort,
en ce moment, plus à portée de la caissière d'un cirque
ambulant avec un seul lion, vu une fois dans sa vie,
que de moi qui suis à ses côtés.
Maintenant, pour elle, la vallée
de feuilles rouges fermée par une montagne enneigée pousse
dans l'air bleu. Je suis trop près
pour tomber du ciel Mon cri
ne pouvait que le réveiller. Pauvre,
limité à ma propre silhouette,
mais j'ai été bouleau, j'ai été un lézard,
et je suis sorti du temps et des abricots en
changeant les couleurs de ma peau. Et il avait
le don de disparaître à leurs yeux étonnés,
ce qui est la richesse des richesses. Je suis trop proche,
trop proche pour qu'il rêve de moi
Je sors mon bras qui est sous sa tête endormie,
Mon bras endormi, plein d'aiguilles imaginaires.
Au sommet de chacun d'eux, pour votre compte, des
anges déchus se sont assis.

Traduction de Elzbieta Borkiewicz
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CONTRIBUTION À LA STATISTIQUE


Sur cent personnes:

qui en savent plus que tout le monde
– cinquante deux;

qui doutent à chaque pas
– pratiquement tout le reste ;

prêtes à aider,
pour peu que ça ne soit pas trop long
– bien quarante neuf;

toujours bonnes,
parce qu’elles ne savent pas faire autrement
– quatre, allez, peut-être cinq;

enclines à admirer sans envie
– dix-huit;

vivant dans l’effroi continuel
de quelqu’un ou de quelque chose
– soixante-dix sept;

douées pour le bonheur,
– au maximum un peu plus de vingt;

individuellement innocentes,
mais que la foule rend sauvages
– plus de la moitié certainement;

cruelles,
sous la contrainte des circonstances
-mieux vaut ne pas le savoir
même approximativement;

qui sont sages après coup
– pas beaucoup plus
que celles qui le sont avant coup;

qui de la vie prennent seulement des choses
– quarante,
même si je voudrais me tromper;

repliées, souffrantes et sans lumière dans la nuit
– quatre-vingt trois
tôt ou tard;

dignes de compassion
– quatre-vingt neuf;

mortelles
– cent pour cent.
Un nombre jusqu’ici inchangé.



Traduction d’Olivier Favier (relue par Marta Trawinska).
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