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Zofia Turbotyńska tome 2 sur 3
EAN : 9791041410071
384 pages
Points (19/04/2024)
3.71/5   17 notes
Résumé :
À travers le rideau déchiré des apparences, on aperçoit la vue choquante d'un bourbier glauque. "
Cracovie, 1895. Zofia Turbotyńska et sa cuisinière Franciszka ont fort à faire pour organiser les festivités de Pâques, d'autant plus qu'une femme de chambre manque à l'appel – où est passée l'efficace Karolina, qui a remis sa démission avant de disparaître du jour au lendemain ?

Peu de temps après, Zofia apprend que le corps... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Grâce à la dernière opération MG Mauvais genres de Babélio, j'ai eu la chance de découvrir cette auteure polonaise peu connue sous nos cieux. Elle nous propose un roman qui oscille entre polar historique et cosy mystery.

Nous sommes en 1895 à Cracovie au moment des fêtes de Pâques, Zofia Turbotynska est l'épouse d'un professeur d'anatomie vétérinaire, ce qui en fait une notable, statut auquel elle tient. Elle s'occupe de sa maison avec l'aide de sa servante Franziska, participe à des évènements mondains et aux nombreuses activités de sa paroisse. Deux ans auparavant elle a résolu un meurtre et ne va pas tarder à mettre son talent de détective en oeuvre. Sa deuxième bonne, Karolina, une jeune fille de dix-sept ans a brusquement donné sa démission le samedi de Pâques, mais le mardi matin, on retrouve son corps outragé et poignardé dans la Vistule. Franziska révèle que sa collègue avait rencontré un ingénieur qui lui a promis de l'épouser et de l'emmener en Amérique. le commissaire y voit une rivalité entre son fiancé officiel, un ouvrier et le nouveau qui aurait mal tourné, d'ailleurs, un activiste socialiste bien connu a été abattu lors de son arrestation et il le déclare coupable de ce meurtre. Zofia y voit une solution trop facile, sa bonne a retrouvé la carte du fameux ingénieur et l'a même aperçu à plusieurs reprises lors de fêtes l'été suivant. Avec l'aide de Franziska, elle se lance dans une enquête minutieuse qui durera plus d'un an et saura triompher de nombreux obstacles pour faire éclater la vérité.

Le contexte historique est intéressant, on est à la fin de l'empire austro-hongrois dans la bonne société polonaise. Ignacy, le mari de Zofia ne joue aucun rôle dans l'intrigue, sinon de mettre en valeur son épouse par contraste. Il ne se soucie que des controverses scientifiques et politiques de son temps, il est conservateur, grand admirateur de l'empereur, vu comme le gardien de la stabilité sociale. Il ne s'occupe évidemment pas de la vie domestique. C'est un mari aimant et attentionné qui laisse une grande liberté à sa femme. Au début du livre, Zofia partage les vues conservatrices de son mari, mais elle évoluera au fil de son enquête. Elle rencontre des personnages qui remettent en question son point de vue, ce qu'elle saura faire intelligemment. Ainsi elle rencontre un sexologue, science débutante et surtout un journaliste socialiste qui lui ouvrira les yeux sur la réalité de la condition des femmes les plus pauvres. Elle portera désormais un autre regard sur la prostitution et luttera contre la traite humaine.

Le statut et le rôle des femmes est au centre de ce roman, Zofia y est une notable avec toutes les obligations qui en découlent et qu'elle ne remet pas en question. Elle adopte le point de vue de son mari et on l'appelle toujours Madame le professeur, du titre d'Ignacy. Elle est une privilégiée, elle est bienveillante envers ses bonnes et a de bons rapports avec elles, mais la mort de Karolina va lui ouvrir les yeux sur la misère des plus pauvres qui sont souvent contraintes à la prostitution par nécessité. Certaines femmes luttent pour l'émancipation et l'instruction de leurs semblables, ce à quoi Ignacy et Zofia s'opposent. On pensait dans le milieu conservateur que l'instruction rendait les femmes stériles.

Le roman oscille entre polar historique bien documenté de par son contexte et mystery cosy vu que notre enquêtrice est une maîtresse de maison consciencieuse pour qui l'activité de détective est un loisir. Par rapport à ce genre littéraire, cet ouvrage manque de légèreté et d'humour. Les pensées de Zofia lors de ses entretiens avec le sexologue et le journaliste, écrites en italique, sont amusantes, mais la conversation reste très sérieuse. La vérité restera confidentielle au grand dam de Zofia, mais les puissants ne sont pas encore traînés sur la place publique à cette époque, ce qui la contrarie et lui fait voir le pouvoir sous un jour nettement moins favorable. le titre du livre marque la prise de conscience de l'héroïne, qui entrevoit « par un rideau déchiré » la condition des femmes pauvres.

Les deux héroïnes principales sont très attachantes. L'intrigue a de la peine à démarrer, la première moitié du roman est très lente, on se perd dans les détails domestiques et les descriptions des vêtements portés par chaque personnage, on se croit dans un journal féminin. Heureusement la deuxième partie est nettement plus dynamique et aussi plus intéressante quand Zofia commence à enquêter sur le trafic de femmes. Dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé ce livre, un grand merci à Babélio et aux Editions Agullo pour leur confiance.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Service de presse.

A l'origine, il y a le fameux whodunit incarné notamment par la romancière britannique Agatha Christie avec cette prédominance de l'énigme policière s'inscrivant autour d'une succession d'indices permettant à une enquêtrice amateure de découvrir le coupable dont l'identité sera révélée à la toute fin du récit. Issu de ce genre littéraire, le cosy mystery ou cosy crime connaît un essor considérable depuis quelques années avec des intrigues qui se définissent par leur caractère édulcoré, donnant du sens à cet oxymore anglophone, ainsi que par leur légèreté, pour ne pas employer le terme vacuité, que les couvertures au style infantile ne démentiront pas. Dans ce registre, on ne manquera pas de s'intéresser à l'oeuvre de Maryla Szymiczkowa, nom de plume du duo d'auteurs mariés que forme Jacek Dehnel et Piotr Tarczynski ayant désormais élus domicile à Berlin mais qui représenteront tout de même la Pologne lors de leur venue à Lyon à l'occasion du festival international Quais du Polar. C'est avec Madame Mohr A Disparu (Agullo 2023) que l'on fait la connaissance de Zofia Turbotyńska, cette bourgeoise de Cracovie au caractère quelque peu acariâtre, mariée à un professeur d'université, comblant l'ennui d'une vie domestique en se mêlant aux affaires criminelles qui émaillent le ville, ceci au gré d'une série d'énigmes policières prenant pour cadre la société polonaise de la fin du XIXème siècle jusqu'au tournant de la Seconde guerre mondiale. Si à bien des égards, les ouvrages de ces romanciers polonais répondent aux critères du cosy crime, on ne manquera pas de souligner l'aspect historique qui émerge de ces intrigues policières ainsi que l'étude de moeurs au caractère social affirmé comme en témoigne le Rideau Déchiré, second opus de la série qui en compte désormais trois puisque Séance A La Maison Egyptienne va paraître très prochainement.

A Cracovie en 1895, Zofia Turbotyńska doit faire face aux impondérables de la vie domestique avec les préparatifs des fêtes pascales qu'elle doit assumer avec l'unique appui de sa cuisinière Franciszka alors que sa femme de chambre Karolina a disparu du jour au lendemain après avoir remis sa démission. Un véritable scandale. Mais lorsque l'on retrouve le corps sans vie de la jeune domestique au bord de la Vistule, la nouvelle à de quoi bouleverser les membres de la maison Turbotyńska ce d'autant plus qu'au vu des violences commises, il s'agit indéniablement d'un crime. Dotée d'un grand sens de l'observation conjugué à un esprit de déduction sans faille, Zofia va mener l'enquête en s'intéressant davantage à la personnalité de cette jeune femme qu'elle ne connaissait pas si bien que cela. Elle parcourra ainsi le bas-fond de la ville en croisant sur son chemin des malfaiteurs en tout genre, tout en découvrant le monde interlope de la prostitution que les édiles de la cité fréquentent assidument. C'est l'occasion pour elle de lever le voile sur cette province pauvre de la Galicie qui conduit femmes et hommes miséreux vers la ville en quête d'un espoir tout relatif.



L'originalité de la série mettant en scène la détective amateure Zofia Turbotyńska réside dans son caractère érudit, sans être trop ostentatoire, tout en pariant sur l'intelligence du lecteur ce qui n'apparaît pas comme un critère essentiel dans la déclinaison de récits que l'on propose dans le cadre d'un genre littéraire comme le cosy crime. C'est également autour du contexte historique et de la multitude de détails qui en découlent que l'on prend la mesure de la densité de ces intrigues imprégnées de l'atmosphère sophistiquées de l'empire austro-hongrois et de sa complexité politique. Indéniablement, le Rideau Déchiré présente un registre historique un peu moins prégnant pour se concentrer sur le volet social qui régit les différentes castes de la communauté de la ville de Cracovie et plus particulièrement le milieu bourgeois côtoyant la domesticité et plus spécifiquement les femmes de condition modeste devenant la proie d'individus inquiétants naviguant dans les réseaux de la prostitution. Cela permet aux auteurs d'aborder des sujets sensibles comme la conditions des femmes de l'époque et d'observer les mouvements progressistes qui s'amorcent au sein de la société polonaise, notamment avec l'émergence du socialisme qui prend davantage d'essor autour de personnalités historiques telles qu'Ignacy Daszyński que Zofia Turbotyńska va côtoyer à son corps défendant. Ainsi, sans mettre à bas les certitudes conservatrices de cette femme au caractère affirmé, qui cache d'ailleurs ses activités d'enquêtrice à son mari, on observe, sur un registre très nuancé, l'effritement de certaines de ses certitudes notamment en lien avec l'hypocrisie qui régit son entourage et plus particulièrement le milieu policier et judiciaire qu'elle côtoie dans le cadre de ses investigations. Mais en dépit de la gravité des thèmes abordés, le Rideau Déchiré n'est pas dépourvu d'humour avec quelques scènes cocasses à l'instar de cette rencontre avec une prostituée que Zofia Turbotyńska rejoint dans un parc public, accoutrée d'un déguisement vaudevillesque ou de son effarement lorsqu'un médecin évoque son intérêt pour l'instauration d'une éducation sexuelle qu'il définit au sein de ce qu'il dénomme la “sexuologie“. Et puis, il y a cette multitude d'hommages à l'exemple du titre le Rideau Déchiré faisant allusion à l'une des oeuvres du maître du suspense Alfred Hitchcock dont on trouve le nom dans l'énoncé du premier chapitre du récit également ponctué de citations de L'Étrange Cas du Docteur Jekyll Et de Mr Hyde de Robert Louis Stevenson. Avec une intrigue se déroulant, sur plus d'une année, le Rideau Déchiré est aux antipodes des romans trépidents propres à notre époque, pour se décliner sur un rythme prenant tout son temps au gré d'une construction narrative à la fois foisonnante et passionnante.


Maryla Szymiczkowa : le Rideau Déchiré (Rozdarta Zaslona). Editions Agullo 2024, 400 pages. Traduit du polonais par Cécile Bocianowski.

A lire en écoutant : Polonaise No. 5 in F-Sharp Minor, Op 44. Album : Chopin: Polonaise - Rafal Blechacz. 2013 Deutsche Grammophon GmbH, Berlin.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Quelle joie de retourner dans les appartements de l'impertinente Zofia Turbotynska ! Dans la Cracovie de la fin du XIXème siècle, elle est à la fois en parfaite adéquation avec le décor et décalée par rapport à ses concitoyens.

La grande dame polonaise est restée fidèle à elle-même pour notre plus grand bonheur. Dans ce deuxième épisode, c'est un personnage de son entourage qui est la victime. La volonté de Zofia de rechercher et de trouver la vérité devient alors encore plus forte. Elle va faire preuve de persévérance et utiliser toutes ses influences afin de récolter les réponses à ses questions. Comme à son habitude, elle n'hésite pas à court-circuiter les forces de l'ordre en utilisant son talent de persuasion.

Cette série nous ouvre les portes sur le monde bourgeois de l'époque. A travers les échanges entre les protagonistes, l'autrice met en lumière les moeurs et les pensées de cette catégorie sociale. Cet épisode n'est d'ailleurs pas avare de commentaires et d'actes dédaigneux envers les petites gens.

La place de la femme est aussi au coeur des investigations. Malgré une héroïne forte, ce roman dépeint une société patriarcale qui définit strictement les devoirs des femmes. Même l'insolente et caractérielle Zofia ne fait pas bouger les lignes. Elle apporte toujours du piment à l'aventure, grâce à ses répliques, elle est parfois comme un chien dans un jeux de quilles mais elle reste toujours dans les limites de bienséance et des coutumes.

J'ai trouvé cet opus un peu moins divertissant que le précédent. J'y ai retrouvé avec plaisir le tableau sans concession du monde de cette époque mais il m'a manqué une dose supplémentaire d'humour qui était beaucoup plus présente lors de la première enquête. J'ai néanmoins passé un bon moment de lecture et tant que Zofia continue à faire des siennes, je serai là pour profiter du spectacle !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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*Une chronique où comtesses et baronnes se trouvent fort dépourvues devant l'absence de punchlines, s'interrogent sur la traduction du polonais et retrouvent les bonnes vieilles habitudes du bout de table, regrettant presque l'absence de la gentille nonne en victime sacrificielle.*

Ils nous ont changé Zofia. C'est le cri qui a résonné, couvrant toute conversation pendant des heures. Nous qui étions si impatientes de suivre cette vilaine fille cachant bien son jeu dans une nouvelle aventure ne reconnaissions aucun des protagonistes. Ni Zofia, donc, bien plus sombre et conventionnelle, ni son gentil mari qui prend les traits épais du misogyne de base, ni même sa femme de chambre, qui perd le côté Scapin qu'elle pouvait avoir dans le tome précédent.

Comme le souligne @eva_tuvastabimerlesyeux l'enquête est plus dense et mieux menée. Comme le souligne @point.a.laligne on veut croire que le problème vient du changement de traductrice. Cela donne un bon roman policier mais sans la saveur du précédent. Il y a une mise en contexte, un côté historique intéressant (antisémitisme à tous les étages, découverte de la psycho-morphologie et des bas-fonds de Cracovie) mais que cette histoire est glauque. Ce n'est pas pour me déplaire, le poisseux donne un noir plus brillant. Mais ce n'est pas ce que je voulais lire. J'ai retrouvé un peu de la verve de Zofia lors du dernier chapitre. Ce qui me fait espérer... le tome 3 sera peut-être conforme au premier ? Peut-être fera-t-il mouche ? Comtesses et baronne ont pris rendez-vous pour le prochain épisode. En espérant que le thé sera réchauffé à la gnôle et que ça rigolera un peu plus en bout de table.
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Zofia Turbotyńska se lance dans une nouvelle enquête pour trouver l'assassin de sa servante Karolina. Aidée de sa domestique inflexible Franciszka, à la barbe de son mari Ignacy qui n'y voit goutte, Zofia mettra plus d'un an a trouver le coupable.

J'ai aimé les personnages du juge dormeur Rozmarynowicz, le nom de l'enquêteur Lunicorne, l'étudiant sexologue Kurkiewicz.

J'ai eu de la peine pour Léon Brand, le Job des souteneurs cracoviens, dont on apprend en fin d'ouvrage qu'il a réellement existé.

J'ai découvert le costume traditionnelle kontusz, une longue robe sans manche portée par les nobles en Pologne et Lituanie au XVIIe et XVIIIe siècles.

J'ai également appris l'existence de la dynastie royale Jagellon qui régna sur une partie de l'Europe de l'Est ; et me suis rappeler les uhlans (ces cavaliers mercenaires de l'armée de Prusse te de Pologne).

Ignacy m'a fait sourire avec sa manie de coller des coupures de presse dans son album et ses déboires en vélo.

J'ai également appris des synonymes de souteneur : barbiquet ou alphonse, entre autre.

Le godet avec protège moustache m'a surprise.

Enfin, j'ai appris que pour donner plus de goût à la confiture de prunes, il faut rajouter quelques morceaux de noix.

Je m'aperçois qu'avec tout ces détails, je ne vous ai pas parlé de l'intrigue : Zofia va devoir plonger dans le milieu interlope de la traite des femmes.

Encore une fois, j'ai aimé l'humour de la narration et Zofia, féministe qui s'ignore.

J'ai aimé que le crime, au départ qualifié de passionnel, cache en fait une vengeance sordide.

J'ai aimé que la résolution de cette affaire mineure, mais qui tient à coeur à Zofia, mette plus d'un an à être résolu : Zofia ne lâche jamais l'affaire.

Je dois avouer que je n'ai pas trouvé le coupable, tant la machination était sophistiquée.

J'ai aimé que derrière les fastes de l'Empire de François-Joseph il y ai des hommes et des femmes qui survivent comme ils peuvent. Et que le titre du rideau déchiré s'explique.

Enfin, tout au long de ma lecture, je me suis posée la question de la présence du Dr Jekyl et de Mr Hyde (Zofia lit cette histoire dans le journal) : dans l'enquête, qui pouvait bien être l'homme aux deux visages ?

Quelques citations :

le principe de Fredro selon lequel « la famille, soyez-en sûrs, ce sont aussi des humains, bien qu'ils soient parents. » (p.8)

… c'est un affront pour lequel on paye de son sang. – de son sang ? Parfait, dit Zofia en haussant la voix, mais pourquoi du sang d'une jeune fille sans défense, pourquoi ne s'est-il pas jeté sur cet ingénieur, avec son couteau ? C'est un adversaire plus digne. (p.63)

Mais l'idée que le premier freluquet venu, dépourvu d'éducation, puisse donner sa voix dans les élections au même titre que…. je ne sais pas… le comte Tarnowski ?! C'est vraiment contraire au bon sens… (p.99)

Le serf a été libéré de son maître, mais on a poussé la femme dans un servacge encore plus horrible. (p.179)

La saleté et le désordre cachés par la beauté des guirlandes. le masque du simulacre posé sur une réalité hideuse. (p.305)

L'image que je retiendrai :

Celle du lait Pompadour bien mystérieux pour moi dont se tartine Zofia avant de sortir de chez elle.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-r..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Zofia n'était pas une enfant et ne croyait pas naïvement que tous les fonctionnaires de l'Etat étaient justes ou intègres, néanmoins, les dimensions de la corruption qui étaient dévoilées dans le procès étaient choquantes. Elle lisait avec une incrédulité grandissante que des représentants de professions les plus diverses prenaient part à la contrebande de jeunes filles à l'étranger : des médecins auscultant les filles avant que les fahrer ne les emmènent ailleurs, les inspecteurs des douanes qui produisaient les documents nécessaires, les policiers qui fermaient les yeux sur tout le processus... Mais il était à prévoir que les tentacules des criminels atteignissent des niveaux plus élevés encore... Des médecins ? Le docteur Kurkiewicz lui vint en tête : avait-il deux visages, celui du jeune scientifique quelque peu sauvage, d'un docteur Jekyll, et celui du cruel collaborateur des trafiquants, d'un Mr Hyde de Cracovie ? Cela pourrait changer les choses. Quand Lunicorne l'interrogeait, elle avait rejeté comme étant insensée sa suggestion selon laquelle Karolina pouvait avoir un visage amoral caché, et l'autopsie avait confirmé sa virginité. D'un autre côté, l’expérience lui avait appris à ne faire confiance à aucun document, car derrière chaque document se trouve une personne. Kurkiewicz aurait-il pu fausser le rapport d'autopsie ? Et si oui, pourquoi ? Quel avait été son rôle dans tout cela ?

Mme Turbotynska en avait assez de ces hommes qui s'apitoyaient sur leur propre sort, blâmant pour leurs problèmes tout le monde sauf eux-mêmes. On avait l'habitude de dire que les femmes tombaient dans l'hystérie - ce sujet éveillait toujours l'humour des collèges d'Ignacy - alors qu'il semblait à Zofia que c'étaient surtout les hommes qui succombaient à cette maladie, autour d'elle.

Elle ne savait pas si c'était la chaleur étouffante qui régnait dans la bibliothèque ou son énervement, mais elle sentit un poids sur sa poitrine ; la même phrase tirée d'un article surgissait sans cesse dans sa tête : "Le rideau déchiré des apparences laisse entrevoir un sordide bourbier." Quand elle se rendit compte qu'au bout de plusieurs heures à feuilleter les journaux elle avait noirci ses mains, elle se dit que ce n'était pas la la poussière ni l'encre d'imprimerie, mais bien la saleté qui s'était nichée dans la monarchie impériale et royale austro-hongroise.
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Elle ressentit une pointe de culpabilité à vivre sa deuxième vie non seulement hors de son mariage, mais aussi à la place de son mariage. Ce qui aurait dû lui suffire en tant que femme - un bon mari, une maison prospère, une activité de bienfaisance, le soutien spirituel de l'Eglise - était assurément passé au second plan . L'excitation qu'elle ressentait lors des recherches rocambolesques du meurtrier surpassait de loin la joie de prendre posément soin de son foyer ; consulter des revues en bibliothèque la réjouissait beaucoup plus que l'étude des livrets de prières, et la collecte de dons pour la rénovation de la cathédrale ne pouvait rivaliser avec la collecte de pistes et les tentatives de les agencer en une mosaïque qui mettrait au jour le secret de l'assassinat de Karolina. (page 286)
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Si encore ce n'était que sa propre vie, car on peut toujours, dit Brodzki en prenant un ton moqueusement solennel, offrir la sienne sur l'autel de la vertu, comme on dit. Bien que ce soit un acte d'héroïsme que l'on ne puisse exiger de personne. Mais quand il s'agit de la vie d'un enfant qui lentement, jour après jour, s'éteint sous les yeux de sa mère ? Lequel de ces moralistes aura le courage, plutôt que de maudire la "débauche des femmes", de dénoncer la totalité de nos rapports sociaux ?
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