Mon ciel était au beau fixe et je me laissais réchauffer aussi bien par mes sentiments amoureux que par le soleil. Nous étions comme en lune de miel, tout était parfait et je me disais que la vie me faisait cadeau de moments merveilleux. C’était si bon de me sentir aimée!
Le pire, dans tout ça, c’est qu’il y a des personnes qui se souviennent à présent des choses qu’elles ont vues. Je ne sais quoi dire à celles-là. Quand j’ai eu besoin d’elles, elles m’ont ignorée, abandonnée. J’espère que dans leur cœur elles sont conscientes qu’elles ont raté une belle occasion de dire la vérité et d’éviter de se faire complices du crime.
Pour la première fois, je me suis sentie vidée de toute la souffrance de mon enfance. Je me suis sentie enfin libre. Et la petite fille a disparu pour de bon. Cela m’a fait sourire, comme si je lui avais enfin offert la légèreté qu’elle méritait et les ailes dont on l’avait privée.
La route a été longue, mais elle en valait la peine. Nous avons pu nous en rendre compte, l’amour nous unit malgré tout, cet amour fraternel qui nous a encouragés et rendus plus forts. Après plusieurs années de doutes et d’angoisses, notre victoire n’en a que plus de prix.
Nous étions encore tellement hantés par notre enfance massacrée qu’elle nous sautait chaque fois à la figure. Un rien déclenchait des accès de colère et de frustration, des pleurs et des cris. Un venin en nous empoisonnait notre vie. Il fallait qu’il sorte!