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EAN : 9782209059843
Temps actuels (01/01/1996)
4.14/5   11 notes
Résumé :
La mort d'un vieil homme est l'occasion pour le héros du roman de se remémorer les événements survenus dans la petite gare de triage du désert de Kara-Ouzek où il s'est installé à son retour du front et qui sont l'écho des grands ébranlements du monde soviétique.
En conduisant l'homme à sa dernière demeure , les villageois ont la surprise de découvrir dans la steppe un cosmodrome dont ils ne soupçonnait pas l'existence et où règne une grande effervescence.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Décidément, ces temps-ci, je lis de drôles de bouquins. Celui-ci m'a été offert par un ami russe, ex soviètique, connaissant le Kazakhstan et sachant que j'y suis allé moi aussi. Il m'a offert ce qu'il considère comme le chef-d'oeuvre de l'auteur, opinion largement partagée. Le décor planté, que dire de ce livre? D'abord qu'il est long (500 pages) et surtout qu'il m'a paru à la lecture encore plus long (5000 pages?). Peut-être faut-il cette lenteur pour rendre l'ambiance de l'immense steppe kazakhe? Ensuite, il parle de tout et presque de n'importe quoi. Il s'agit d'abord de l'histoire dramatique d'un ancien soldat de l'armée soviètique persécuté par le régime dans les années 50 parce ce qu'il est revenu vivant de captivité. Histoire très touchante. le récit est recoupé par de longues légendes locales remontant à plusieurs siècles et qui ont en commun une cruauté à rendre jaloux Staline en personne. Ce n'est pas tout, ces légendes sont pleines des senteurs de la steppe, de musique, de personnages taillés dans le granit... Enfin, la trame officielle du roman est un incroyable road-movie à dos de chameau (et quelle bête!) ayant pour but de conduire la dépouille du plus ancien des cheminots d'une station perdue en pleine steppe au cimetière traditionnel de ses ancêtres. C'est bien évidemment aussi une histoire de cheminots, d'ouvriers soviètiques vivant dans des conditions misérables. Comme l'auteur adore le détail, il y avait déjà de quoi remplir les 500 pages. Mais ce même auteur a cédé à une mode des années 80 en URSS et a arrondit le tout avec une intrigue hautement (?) philosophico-politico-pacifiste de science-fiction américano-soviètique! Malgré des longueurs steppiques, il y a de nombreux morceaux de bravoure et des sujets rarement traités ailleurs... Je parle ici de la version finale des années 90 augmentée d'un tiers suite au rajout de la légende du volcan blanc du terrible Genghis Khan...
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Après avoir lu plusieurs nouvelles de Tchinguiz Aïtmatov, j'ai passé un plus long moment en sa compagnie avec cette Journée plus longue qu'un siècle. Il s'agit d'un roman assez dense où on retrouve la patte de l'auteur et ses thèmes de prédilection. L'action se déroule dans la steppe kazakhe et se déploie autour des souvenirs de la vie d'un cheminot, ancien combattant de la seconde guerre mondiale, échoué par hasard dans un trou perdu au milieu de nulle part où les trains, envers et contre tout, circulent d'est en ouest.

J'ai été extrêmement, voir excessivement touchée par certains déroulements du récit. Aïtmatov a un talent certain pour transcrire par sa plume le tragique et la douleur de l'existence humaine. Quoique l'action soit décrite principalement du point de vue de son personnage principal, les ressentis des autres personnages, femmes, compagnons et enfants, sont sensibles et décrits avec justesse et intensité. La focalisation se déplace parfois, procédé utilisé régulièrement par l'auteur, vers le point de vue d'un animal qui observe les humains avec curiosité et distance.
Les émotions sont décrites avec beaucoup d'intensité et j'ai dû laisser quelques temps le livre de côté car j'étais bouleversée.

La structure du roman entremêle les temps et les récits sur différents niveaux. Il y a la préoccupation présente du héros, Edigueï, pour lequel il s'agit de célébrer dignement les obsèques du compagnon de toujours, Kazangap. Il y a ses souvenirs les plus intimes qui ressurgissent à l'occasion de ce deuil. Il y a la dimension mythique, légendaire, et mystique de la culture de ces peuples de la steppe, qui nourrit sa vision du monde - et dont il est bien conscient que les jeunes ont perdu le fil. Il y a enfin une étonnante et improbable intrigue de science-fiction géopolitique...

Au final, un magnifique témoignage sur la vie des steppes et les vies ordinaires martyrisées par la machine à broyer de l'histoire, et une méditation sur la modernité et la violence, marquée par son époque (le livre a été publié au début des années 80), qui questionne la responsabilité de l'homme à échelle individuelle et collective. Tchinguiz Aïtmatov est un auteur à redécouvrir!

Enfin, ayant trouvé ce livre dans une boîte à livres (c'est le destin de nombreux auteurs de cette période soviétique apparemment), je partage également la critique notée en fin d'ouvrage par son précédent et probablement premier propriétaire:
- Lu 4ème trimestre 1982
- Bon roman, à construction non monotone
- Fait sentir cette vie de l'URSS asiatique et aussi (mais pas seulement) l'effet sur les gens du fond du pays du stalinisme sur sa fin, puis de la déstalinisation
- On est vraiment plongé dans la vie de ce Kara Ouzbek
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Edigueï se disait encore qu'indépendamment de l'existence ou de la non-existence de Dieu, aussi indigne que soit cette façon de faire l'homme n'y pense le plus souvent que lorsqu'il est dans le malheur. Et c'est sans doute que cela que, comme le dit le proverbe, le mécréant ne songe pas à Dieu tant qu'il n'a pas mal à la tête. Quoi qu'il en soit, il est important que chacun sache les prières.
Et se retournant sur ses jeunes compagnons qui le suivaient sur leurs machines, Edigueï avait eu le cœur sincèrement affligé à l'idée que ce n'était le cas d'aucun d'entre eux ne les connaissait. Comment feraient-ils pour s'enterrer les uns les autres ? Quels mots trouveraient-ils pour embrasser l'existence de l'origine à la mort et accompagner le défunt aux portes du néant ? "Adieu camarade, nous ne t'oublierons pas", ou quelque autre bêtise du même genre ?
Un jour, s'étant trouvé à des obsèques en ville, il avait eu la stupéfaction de constater qu'au cimetière tout se passait comme à une réunion. Des orateurs avaient pris la parole devant le cercueil pour lire des discours rédigés et pour parler tous de la même chose : de la profession du défunt, des fonctions qu'il avait occupées, de l'emploi qui avait été le sien et de la façon dont il s'en était acquitté. Puis il y avait eu de la musique et on avait couvert la tombe de fleurs. Personne n'avait jugé bon de parler de la mort comme le font les prières qui, depuis la nuit des temps, sont l'incarnation des connaissances que les hommes ont accumulées sur la vie et le néant. On aurait dit qu'il n'y avait jamais eu de mort avant celui-ci et que personne n'allait le suivre. Les malheureux, se croyaient immortels ! Et niant I'évidence, ils avaient l'air de déclarer : « Untel est entré dans l'immortalité! »...
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Il faut avoir du courage pour vivre dans cette région de Sara-Ozek. La steppe est immense, et l'homme, lui, est tout petit. Elle est aussi indifférente, ça lui est bien égal que vous alliez bien ou mal et il faut la prendre telle qu'elle est. L'homme, au contraire, n'est pas indifférent à ce qui lui arrive et il se tourmente, en proie à des désirs divers. Il a l'impression qu'ailleurs, parmi d'autres gens, la chance aurait pu lui sourire et qu'il n'est ici que par quelque erreur du destin... Alors, face à la steppe immense et insensible, l'homme se décharge de son être comme les accus de la motocyclette de Chaïrmerden. Chaïrmerden ménage sa motocyclette, il ne s'en sert pas et ne la prête à personne, et son engin reste là, inutile, mais quand on a besoin il ne démarre pas, car sa force mécanique est tarie.
Tel est le destin du cheminot des gares d'évitement de Sara-Ozek: s'il ne s'attache pas à son travail, s'il ne s'enracine pas dans la steppe, il a du mal à résister. Parfois ceux qui regardent par les fenêtres des wagons se prennent la tête entre les mains et s'écrient: "Mon Dieu, comment peut-on vivre ici ? Avec pour seul voisinage la steppe et les chameaux !"
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Telle était la nouvelle qu'avait apprise Edigueï en franchissant le seuil de sa demeure et il en était resté comme pétrifié, écrasé par le chagrin. Jamais il n'aurait imaginé éprouver une peine aussi violente pour ce premier enfant mort si jeune et dont il n'avait même pas eu le temps de s'occuper. Ce dernier fait lui rendait d'ailleurs plus douloureuse encore la perte qu'il venait de subir et il ne pouvait chasser de son esprit le sourire clair et confiant du bébé qui n'avait pas encore une seule dent et dont le souvenir allait longtemps lui serrer le cœur.
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Dans ces contrées, les trains circulaient d'est en ouest et d'ouest en est... Dans ces contrées, de part et d'autre de la voie ferrée couraient d'immenses étendues désertiques : les steppes du Sara-Ozek et les terres jaunes du Pays Continental. Dans ces contrées, on évaluait les distances exclusivement à partir de la voie ferrée, comme à partir du méridien de Greenwich. Les trains, eux, circulaient d'est en ouest et d'ouest en est...
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Encore un mot. Nous vous disons adieu. Par nos hublots, nous voyons la Terre briller dans la mer noire de I'espace telle un diamant radieux. Elle est belle, d'un bleu azur fabuleux, merveilleux et semble fragile comme la tête d'un nouveau-né. D'ici nous avons l'impression que tous les humains sont nos frères et nous n'osons imaginer notre vie sans eux; nous savons pourtant que sur Terre il est loin d'en être ainsi...
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Videos de Tchinguiz Aïtmatov (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tchinguiz Aïtmatov
"Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent, c'est pour toujours, des portes s'ouvrent que l'on ne soupçonnait pas, on entre et on ne reviendra plus en arrière." En guise de fil rouge pour ce nouvel épisode, cette citation de Christian Bobin. Nous avons interrogé quatre personnes. À chacune, nous avons posé la même question: "Quel est le livre qui a changé votre vie ?". Se sont prêtés au jeu, l'autrice Lilia Hassaine, le bibliothécaire brestois Loïc Martin, le lecteur passionné Nicolas le Verge et le libraire de Dialogues Julien Laparade.
Un épisode imaginé en partenariat avec le réseau des médiathèques de Brest, dans le cadre de la Nuit de la Lecture 2022.
Bibliographie :
- La Pitié dangereuse, de Stefan Zweig (éd. Grasset) https://www.librairiedialogues.fr/livre/52433-la-pitie-dangereuse-roman-stefan-zweig-grasset
- La Taupe, de John le Carré (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/13541117-la-trilogie-de-karla-la-taupe-roman-john-le-carre-points
- Deux ans de vacances, de Jules Verne (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/732645-deux-ans-de-vacances-eux-ans-de-vacances-jules-verne-le-livre-de-poche
- l'été, d'Albert Camus (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/454969-l-ete-albert-camus-folio
- le Destin miraculeux d'Edgar Mint, de Brady Udall (éd. 10-18) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1849842-le-destin-miraculeux-d-edgar-mint-brady-udall-10-18
- La Petite lumière, d'Antonio Moresco (éd. Verdier) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18885936-la-petite-lumiere-antonio-moresco-verdier
- Djamilia, de Tchinghiz Aïtmatov (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18640-djamilia-tchinghiz-aitmatov-folio
- La Bibliothéque des écrivains, de Stéphanie Khayat (éd. Flammarion) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19792504-la-bibliotheque-des-ecrivains-le-livre-qui-a-c--stephanie-khayat-flammarion
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