_"La vie et la Mort sont liées, vie et mort n'existent que l'une par l'autre, vie et mort font partie du Grand Tout. Sa mort a servi ta vie, elle a sauvé deux vies. Dans le plateau de la balance d'Astahrot elle pèsera le poids de l'immortalité."
"La Mort, faut pas en avoir peur, la Mort peut être une complice."
"_T'as des problèmes avec les insulaires ?
_Insulaires ?
_Ceux qui habitent une île.
_Ouais, en attendant, je croyais bien tenir le fil d'Ariane.
_Ariane ?
_Celle qui a filé à son jules une pelote de laine pour retrouver la sortie du labyrinthe.
_Qu'est-ce que t'es lettré, pour un Américain !
Je lève les yeux au ciel. J'avais oublié que les Français, même les meilleurs, pensent avoir inventé la culture."
Elle n’a jamais voulu l’envoyer dans un établissement spécialisé, un de ces horribles endroits où les enfants sont mélangés aux vieillards baveux et édentés, aux agités écumants, aux vicieux, à tous ces rebuts de la société.
Ce n’est pas faute que son mari ait insisté, mais elle n’a rien voulu savoir. C’était son fils.
Alors, quand il a achevé son père…
- Comment ça se fait que vous parlez le français aussi bien ? s’étonne mon compagnon.
- Mon père était roumain, et dans la classe aisée, à Bucarest, avant la guerre, ils le parlaient presque tous. Il me l’a appris.
- C’est drôlement avantageux.
- D’autant que ma mère, polono-russe d’origine, n’a pas voulu être en reste et m’a appris le russe et le polonais.
Martial se marre.
- Moi, mon père, il m’a appris à attraper les truites à main nues, et ma mère à me décalotter pour me laver.
On reste à parler un bon moment de nous et de ceux qu'on aime ou qu'on a aimés.
Des visages rôdent dans ma mémoire.
Autour de nous les gens se croisent sans se voir.
Les tables se vident et se remplissent d'ombres incertaines.
Les enfants s'amusent avec férocité comme s'ils pressentaient que ce temps d'innocence leur était compté.
Leurs parents traînent leurs valises remplies de vies déçues.
On joue tous à faire semblant.