Nous sommes en 1575 à Venise.
Le Conseil des Pregadi cloître les juifs dans un ghetto. Ce quartier, au nord de Venise, confine les Levantins, les Séfarades et les Ashkénazes à l'écart, derrière des murs. Deux portes se ferment, s'ouvrent au rythme du jour et de la nuit. Rome les craint. La communauté juive est puissante.
Parmi eux, Rachel da Modena, une jeune fille insoumise, indomptée, rétive, rêve de liberté. Fille de
Asher, un banquier très respecté, elle est promise à Joseph et a pour amie Sofia Gritti, descendante du célèbre doge Gritti. Avec sa protectrice, elle goûte les joies de la vie et de l'esprit lors de quelques après-midi volés au ghetto ; fugues de quelques instants pour un plaisir innocent. Rachel ne veut pas vivre recluse, elle souhaite s'affranchir du joug des traditions.
Le roman commence au petit matin. Une boulangère découvre dans le canal le corps d'un petit garçon. le crime est atroce, l'enfant est vidé de son sang.
Cette monstruosité ne peut être perpétrée que par un juif ! Arrive alors Bernardino da Mantova, un franciscain et prédicateur. « Il était long et maigre, enveloppé d'une robe de bure sombre sans couleur définie ». Chargé de l'enquête, il brûle d'accuser ce peuple diabolique.
Tandis que Rachel, elle, n'aspire qu'à défendre et disculper les siens.
Les pages se tournent, l'histoire progresse, de vilenies, de complots, de désespoirs, nous nous dirigeons vers le fléau. La peste.
.
J'ai beaucoup aimé ce livre. L'écriture est belle, les personnages complexes, certains dignes, libres, et honnêtes d'autres odieux, sanguinaires et inhumains. Nous vivons cette époque et nous nous en délectons. Cependant, sans vouloir éreinter le roman, je joindrai une critique à mes appréciations. On ne peut pas dire que cela soit un vrai polar. L'intrigue est faible, il me semble que l'auteure l'oublie et la sabote. le drame est horrible, surtout lorsqu'il est au pluriel, il aurait donc mérité plus de mystère, de profondeur et un dénouement surprenant et non convenu.
Une phrase…
Lors d'un passage du livre assez rude,
Asher, le père de Rachel demande à Reb, un personnage du livre : » Reb, Reb, demandez donc à Dieu pourquoi il détourne si souvent sa face de nous. »