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Bernard Comment (Traducteur)
EAN : 9782070125883
181 pages
Gallimard (15/05/2009)
3.71/5   46 notes
Résumé :
"Pense aux bouteilles en plastique, celles d'eau minérale, la bouteille a un sens tant qu'elle est pleine d'eau, mais quand tu l'as bue tu peux la ratatiner sur elle-même et puis tu la jettes, voilà ce qui m'est arrivé, le temps s'est pour moi ratatiné, un peu aussi les vertèbres, si je puis le dire comme ça..."
En neuf récits, Antonio Tabucchi sonde la mémoire de ses personnages confrontés au travail du temps. Celui qui ressurgit soudain dans les plis du pré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Déjà j'aime cette couverture absurde et céleste comme un tableau de Magritte et puis ce beau titre tout aussi étrange : le temps vieillit vite.
Tous les personnages de ce recueil de nouvelles sont en décalage avec leur époque, notre époque, impitoyable et futile. Ce sont des personnes solitaires, vieillissantes ou malades, qui s'échappent de leur réalité amère pour voyager dans leur mémoire où s'entrelacent le temps vécu, intime, secret, évoqué avec pudeur et puis le temps historique, dramatique, tragique de l' Europe de l'Est. Tabucchi ne juge personne mais cherche à comprendre la mélancolie des gens. Son écriture est très fluide, très agréable à lire, malgré la complexité des différents niveaux temporels.

1. le cercle ***: Une quadragénaire tourmentée s'échappe du cercle familial où son grand oncle s'est lancé dans un discours à la mémoire de son frère défunt. Elle se souvient de ces années de mariage...jusqu'à la vision vertigineuse d'un autre cercle tracé sur le sable par un troupeau de chevaux sauvages qui tourbillonne autour d'elle. Cette nouvelle est la plus abstraite du recueil, la plus triste aussi.

2. Ploc plof, ploc plof *****: ces onomatopées sont les bruits d'une perfusion. Un neveu (qui ressemble beaucoup à l'auteur et qui a une sciatique carabinée) se rend à l'hôpital au chevet de sa tante bien-aimée qui l'a élevé. Elle lui parle de sa petite enfance et de souvenirs enfouis dont elle a seule la clef. Dans le lit d'à côté une emm... qui ne peut se passer de la télé berlusconienne les ramène brutalement à la modernité. La nouvelle est formidable, je suis passée du rire aux larmes.

3. Nuages *****. Un ancien officier italien qui reste à l'ombre toute la journée est apostrophé par une fillette bavarde sur une plage croate. Un dialogue « super » et « singulier » s'ensuit. L'homme finit par enseigner à la petite la néphélomancie  ou « art de deviner le futur en observant les nuages ».

4. Les morts à table**** : Un vieux Berlinois nostalgique récite ces vers d'Aragon : « "C'était un temps déraisonnable / On avait mis les morts à table… » Ce fin lettré était chargé de filatures au temps où il travaillait pour la Stasi. Après la chute du mur, ils ont tous filé à l'ouest, les archives ont été ouvertes. Lui est resté à Berlin, désoeuvré, sans « Objectif » à filer. Alors, il erre jusqu'à la tombe de celui qu'il filait pour lui confier un secret, il épie les gens, au hasard ou part à la recherche de l' ombre d'une femme aimée autrefois...

5. Entre généraux ***** : Laszlo était officier pendant l'invasion soviétique de Budapest en 1956. Il a défendu sa patrie, ce qui lui a valu la dégradation, la prison, l'exil aux Etats-Unis où il se morfond. En 2008, il contacte Dimitri son vieil ennemi le général soviétique…

6. Yo me enamoré del aire : ***les notes de cette chanson évoquent chez un homme qui se promène dans une ville andalouse , un souvenir intime longtemps endormi, la jeune femme qui chante est occupée à faire sécher du linge sur une terrasse d'un immeuble de la ville, l'homme pense alors aux voiles et aux vents de la vie : le suave zéphyr, le vent chaud de la jeunesse,... « La vie est faite d'air, un souffle et c'est parti,... et puis un jour la respiration cesse et le souffle s'arrête »

7. Festival ****Il était avocat de l'État à l'époque de la dictature communiste en Pologne, il défendait les personnes que l'Etat voulait condamner. Il ne pouvait agir qu'à la marge, au centimètre. Mais un jour, un procès est filmé par un jeune cinéaste qui réalise un documentaire...(c'est l'histoire vraie du réalisateur Krzysztof Kieślowski et du futur scénariste Krzysztof Piesiewicz, que je ne connaissais pas, que Tabucchi raconte).

8. Bucarest n'a pas du tout changé. ****Un juif roumain exilé à Tel Aviv vit toujours la-bas sous la dictature des époux Ceausescu. Il en parle à son petit-fils. le temps passé se refuse à mourir ou à céder la place au temps moderne. A travers la fenêtre, il voit toujours Bucarest.

9. Contretemps :*** Un voyageur s'éloigne de sa destination en Crête pour suivre, entre rêve et réalité, la route qu'une histoire inscrite dans sa mémoire a déjà tracée, comme s'il recherchait une impression de déjà vu qui perdure.

Un livre à lire et à relire.
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« Le temps vieillit vite » (Il Tempo Invecchia In Fretta) est un recueil de neuf nouvelles écrit par l'italien Antonio Tabucchi en 2009. Édité en avril 2012 chez Gallimard dans la collection Folio, rédigé dans les dernières années de la vie de l'auteur (décédé en 2012), cet ouvrage de 196 pages met en scène des « histoires qui ont existé dans la réalité » et toutes ces histoires tournent autour de la question du rapport au temps de la condition humaine.

Loin des essais ennuyeux ou des analyses philosophiques réservées aux initiés, cet ouvrage conduit le lecteur à pénétrer dans l'intimité de neuf personnages. Ceux-ci exposent ou laissent apparaitre à leur manière une petite tranche de leur vie : ainsi, une épouse sans enfants se demande quel est son destin ; un ex-officier en vacances se demande de quoi sera fait son avenir ; une vieille dame hospitalisée se demande si la Faucheuse va lui rendre visite ; un vieillard évoque avec son fils le passé et l'avenir ; un général en retraite se demande s'il était utile d'envahir la Hongrie ; un ex-agent secret qui a trahi son épouse pour se jeter dans les bras de son amante se demande quel est le sens de sa vie.

Il n'y a pas de voyeurisme dans tout ça, mais plutôt une réflexion sur le temps, lequel fait intimement partie de notre condition, une réflexion sur le temps et sur la conscience que nous en avons. Car en chacun de nous se mêlent et se démêlent à un rythme incontrôlé nos souvenirs et nos tentatives de recomposer notre paysage mémoriel, quitte à y incorporer un peu de nos rêves, le tout sur fonds d'incapacité à maitriser le passé et l'avenir, à partager avec autrui nos propres souvenirs et nos interrogations quant à l'avenir. Incapacité à partager car le problème ne réside pas tant dans la difficulté à communiquer avec l'autre, que dans l'impossibilité de trouver chez autrui les mêmes repères, les mêmes clés de lecture, les mêmes expériences, avec le rythme, l'intensité et l'intimité qui nous sont propres, car tout simplement chacun d'entre nous est unique. L'ouvrage est également l'occasion pour Tabucchi de poser au passage la question de la réalité du temps : droite ou cercle, fugace ou perpétuel ? Qui le sait ? Au fil des pages, le lecteur mesure la fragilité de la condition humaine, fragilité individuelle (naissance, vieillesse, amnésie, folie, mort) et collective (dégradation et disparition des constructions humaines, artistiques ou politiques).

Une sorte de révolte contre les dégâts du temps ? Bâti comme une mosaïque d'instants volés, miroir de la vie des autres, le livre contient probablement des fragments de notre passé et de notre avenir, à tous. Les histoires sont courtes, pour autant pas bâclées, et vraies. Sur un ton détaché, avec la distance qui sied à l'entomologiste disséquant un insecte, avec beaucoup d'humanité et de compassion pour ses semblables, un zeste d'humour et de la poésie, Antonio Tabucchi nous livre en fait son ressenti sur la vie et sur le rapport de l'homme au temps. Sans marteler faits, opinions et jugements de valeur, orchestrant magnifiquement les doutes et les fragilités de vies tirées au hasard, il met son écriture à notre service, et, en douceur, il nous fait découvrir le fil rouge de l'ouvrage : le temps est une succession d'instantanés reliés par le fil de notre conscience, et nous ne sommes pas comme le chat de Schrödinger assis au fond d'une boite en train d'attendre une mort certaine car pour l'être humain le temps de la physique n'est pas le seul temps qui existe, et en tous cas il n'est pas le temps véritable.

Philologue, professeur, traducteur de Pessoa, usant d'une maitrise totale des mots et du raisonnement, Tabucchi nous livre, avec recul et expérience, une réflexion profonde sur le sens de la vie. Il n'en faisait pas mystère, lui qui avait une forte attirance pour le rapport entre temps et modernité. Avec ces nouvelles, il tente d'apprivoiser la vieillesse (la sienne) et la mort. Était-il en quête d'une certaine immortalité ? Peut-être. Imposant le temps comme un hyper-personnage, dominant tous les autres, usant de récits volontairement brefs, Tabucchi gagne un défi contre lui-même, lui qui n'a jamais réussi à écrire de romans. La vie est certes illogique et incompréhensible, mais avec ce livre qui cherche à comprendre, avec ce long monologue intérieur où pas un mot n'est de trop, Tabucchi nous livre un chef d'oeuvre. Oui, bien sûr, certains diront qu'il enfonce des portes ouvertes, qu'il nous promène dans un labyrinthe, sans fin, que ces nouvelles ne sont qu'une régression funèbre auto-référentielle. Que dire, si ce n'est que ce sont des esprits chagrins, des jaloux et des sans-coeur. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé, et je mets cinq étoiles, tout en déconseillant toutefois le livre aux dépressifs.
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N°489– Janvier 2011.
Le temps vieillit vite – Antonio Tabucchi- Gallimard.
Traduit de l'italien par Bernard Comment.

« En allait-il donc ainsi ? le temps était-il de l'air qu'elle avait laissé sortir par un petit trou minuscule dont elle ne s'était pas rendu compte ? Mais où était le trou ? Elle ne réunissait pas à le voir.». le ton est donné des les premières pages et l'auteur s'interroge sur ce qui fait si intimement partie de la condition humaine, le temps et surtout la conscience qu'en a l'homme.

A travers neuf récits, Tabucchi illustre son propos à l'occasion de tranches de vie de personnages aussi différents qu'un ex-agent secret jadis chargé de la surveillance et qui, désormais désoeuvré, déambule dans Berlin en pensant à la femme qu'il a aimée mais qui l'a trahi ou que celui d'une vielle femme qui, à l'hôpital, tente de faire revivre ses souvenirs pour son jeune neveu. Chacun de leur discours révèle une expérience différente. C'est une variation sur un thème du temps qui passe inexorablement et qui ne laisse dans notre souvenir que des bribes qu'on retrouve à l'occasion d'un exercice de mémoire. Il nous permet de mesurer son action autant que l'impact qu'il laisse sur nous-mêmes, sans que nous y puissions rien. Ce thème philosophique qui sera toujours une obsession majeure pour l'humanité est à la fois, pour soi, un aveu d'impuissance car il coule malgré nous et nous ne pouvons le retenir, en même temps qu'une impossibilité de partager la vie des autres ainsi résumée dans leurs souvenirs. On écoute l'histoire d'autrui, mais, si passionnante soit-elle, elle nous est étrangère. C'est un peu comme si, l'impact du temps étant le même pour chacun d'entre nous, nous en avions une perception différente. Nous avons beau être tous contemporains, nous vivons les mêmes choses différemment, avec un autre rythme, avec une autre intensité, une autre intimité. Il y aurait donc, face au temps « officiel » autant de manières de le vivre que d'individus.

C'est aussi un questionnement pour les philosophes. le temps est-il un cercle et un éternel recommencement ? A-t-il une trajectoire rectiligne et disparaît-il après son passage ? S'écoule-t-il comme un fleuve dont il aurait la consistance physique ou a-t-il la subtile nature du rêve, de l'air ? Les traces qu'il laisse en nous sont-elles fiables et notre mémoire fidèle? Quelle est la valeur du souvenir face aux incertitudes et aux doutes que l'action du temps sème derrière lui ? le temps guérit-il vraiment les blessures de la vie par l'oubli ou, au contraire entretient-il les douleurs, les deuils par l'action répétée de l'exercice du souvenir. Peut-on faire obstacle à son action destructrice en gravant la pierre ou en écrivant des mots sur un support de papier ? Quelles sont les formes que le temps peut prendre, laisse-t-il la place à la nostalgie ? L'amnésie n'est-elle pas la réponse à nos compromissions, à nos contradictions, à nos trahisons ordinaires, à nos renoncements qui sont aussi la marque de la condition humaine ?

C'est une méditation sur les différentes formes que prend le temps, sur la vieillesse, sur la vie qui aurait pu être belle mais qui a pris un autre chemin à cause de soi et parfois malgré soi. Elle reste « la plus belle chose du monde », comme le dit cette petite fille meurtrie par la maladie. C'est une réflexion sur l'enfance disparue dans le dialogue un peu surréaliste entre cette petite fille qui tient des propos d'adulte et ce vieil homme qui veut deviner l'avenir dans la forme des nuages. C'est une forme de folie qu'il oppose à cette fuite inexorable du temps (« C'est un cirrus, un très beau cirrus enfant qui bientôt sera englouti par le ciel »). Elle parle aussi, en filigrane de la mort à venir, de la trace que chacun d'entre nous laisse après son passage, de la fragilité de la vie.(« L'air, pensa-t-il, la vie est faite d'air, un souffle et c'est parti, du reste nous non plus ne sommes rien d'autre qu'un souffle, une respiration, puis, un jour, la respiration cesse et la machine s'arrête. »)

Chaque nouvelle est une fable où la vie trouve son justificatif, s'il en fallait un. Mais c'est aussi l'évidence qu'elle ne pèse rien au regard de la collectivité, des régimes politiques totalitaires, de la pensée unique. le passé ne laisse qu'une empreinte ténue qui s'efface aussi sûrement qu'un dessin qu'on trace sur le sable face à la marée montante. La mémoire individuelle elle-même est malléable «  ils prétendent t'astiquer la mémoire comme un miroir, voilà le but, la faire fonctionner non pas comme elle veut elle mais comme ils le veulent eux, qu'elle n'obéisse plus à elle-même, à sa nature... et eux, les grands docteurs, ils veulent la trigonométriser. »

Je choisis de voir dans ce livre plein de poésie l'expression d'une révolte à la fois contre l'intolérance, la cruauté des hommes et contre notre condition humaine. Comment imaginer que l'auteur qui a passionnément aimé l'oeuvre de Fernando Pessoa et s'est si violemment opposé à Berlusconi [ce livre est paru en France avant de l'être en Italie pour la raison que Tabucchi s'est opposé politiquement au pouvoir dans son pays !] puisse ne serait-ce qu'admettre le moindre obstacle à la liberté et à la vie ? On pourra peut-être objecter que c'est un combat perdu d'avance mais ce sont ces luttes qui font la grandeur de ceux qui les mènent, surtout s'ils le font avec talent !



©Hervé GAUTIER – Janvier 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Recueil de neuf nouvelles, qui, à part la première qui m'a laissée un tout petit peu sur ma faim, sont toutes autant de clins-d'yeux à des événements historiques ou purs moments poétiques. L'auteur s'attache à nous rappeler quelques méfaits de diverses dictatures par des histoires individuelles, tout en douceur.

Et pourtant je ne suis absolument pas fanatique du genre, préférant de loin un roman plus étoffé, mais il n'y a pas à dire ce sont ici de petits moments ciselés.

J'ai beaucoup aimé.

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9 nouvelles mélancoliques où rodent souvent la vieillesse , la maladie , la mort . Ecrites par Tabucchi dans les dernières année de sa vie , elles me semblent porter plus sur la mémoire que sur le temps : images de pays perdus ancrées dans la mémoire d'exilés , dictatures et persécutions enkystées dans les replis du souvenir , culpabilités anciennes rongeant l'âme comme des métastases . Un chanson d'amour, la voix d'une fillette curieuse , la forme d'un nuage ,une odeur de gâteau viennent parfois éveiller dans l'esprit obscurci une lumineuse et fugace image de bonheur
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
page 50 [...] Il leva avec précaution le mince rayon de lumière vers la paroi, comme un détective qui enquête pour trouver des traces dans le néant, évita l'espace de la malade, surtout son corps, en faisant courir lentement le point lumineux sur le lit, partant du haut. Il cataloguait. Un : la poche de plastique pleine de cette matière laiteuse, avec un petit conduit qui descendait sous le drap : la nourriture. Deux : à sa droite une sorte de drainage qui aboutissait à un récipient à côté du lit. Trois : l'appareil à oxygène qui bouillait dans l'eau avant d'arriver dans le nez mais qui ne faisait aucun bruit, dont le tuyau s'était détaché quand elle avait retiré le respirateur. Quatre : une petite bouteille blanche suspendue la tête en bas avec un petit tuyau très fin qui faisait un coude où les gouttes se cognaient l'une après l'autre pour descendre vers le bras à un rythme immuable : la morphine. A ce rythme, sans variation tout le jour et toute la nuit, les médecins administraient la paix artificielle à un corps que la douleur aurait sans cela secoué violemment comme une tempête. Il aurait voulu détourner le regard, mais n'en fut pas capable, comme si le rythme monotone de la chute provoquait en lui un état de fascination, d'hypnotisme. Il pressa le petit bouton et éteignit la lumière. Et alors il les entendit, les gouttes. Elles commencèrent avec un bruit sourd et souterrain, comme si elles venaient du sol ou de la paroi : ploc plof, ploc plof ...[...].
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Et cette histoire-là, qu’il s’était racontée de si nombreuses fois qu’elle lui semblait un livre déjà écrit et qui était très facile à dire dans la parole mentale avec laquelle il se la racontait, était en revanche très difficile à écrire avec les lettres de l’alphabet auxquelles lui aussi avait recours quand la pensée doit se faire concrète. C’était comme s’il lui manquait le principe de réalité pour écrire son histoire, et c’était pour cela, pour vivre la réalité effective de ce qui était réel en lui mais qui ne réussissait pas vraiment à être réel, qu’il avait choisi ce lieu.
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En allait-il donc ainsi, le temps était-il de l’air qu’elle avait laissé sortir par un petit trou minuscule dont elle ne s’était pas rendu compte ? Mais où était le trou ?, elle ne réussissait pas à le voir.
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Pense aux bouteilles en plastique, celles d'eau minérale, la bouteille a un sens tant qu'elle est pleine d'eau, mais quand tu l'as bue tu peux la ratatiner sur elle-même et puis tu la jettes, voilà ce qui m'est arrivé, le temps s'est pour moi ratatiné, un peu aussi les vertèbres, si je puis le dire comme ça...
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Comme la nuit peut être présente. Elle s’impose de sa seule présence, faite seulement d’elle-même, elle est absolue, chaque espace lui appartient, de la même présence que le fantôme dont tu sais qu’il est là en face de toi mais qui est partout, y compris dans ton dos, et si tu te réfugies dans un petit coin de lumière tu deviens prisonnier de celui-ci, parce que autour, comme une mer qui circonvient ton petit phare, il y a l’infranchissable présence de la nuit.
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