Le temps vieillit vite

9 nouvelles mélancoliques où rodent souvent la vieillesse , la maladie , la mort . Ecrites par Tabucchi dans les dernières année de sa vie , elles me semblent porter plus sur la mémoire que sur le temps : images de pays perdus ancrées dans la mémoire d'exilés , dictatures et persécutions enkystées dans les replis du souvenir , culpabilités anciennes rongeant l'âme comme des métastases . Un chanson d'amour, la voix d'une fillette curieuse , la forme d'un nuage ,une odeur de gâteau viennent parfois éveiller dans l'esprit obscurci une lumineuse et fugace image de bonheur

Un recueil de neuf petites nouvelles autour du temps (qui passe, pas celui qu'il fait!). Une promenade sentimentale à travers l'Europe, au fil des rêveries de l'auteur. Une écriture allusive, toute en finesse, qui demande toutefois pas mal d'efforts de la part du lecteur : à se laisser bercer par la petite musique de Tabucchi on perd vite le fil de la narration...

Les neuf nouvelles qui composent ce recueil ont en commun l'évocation des grands bouleversements de l'Histoire du 20e siècle, comme la 2e guerre mondiale, par les souvenirs des personnages dispersés en Europe et en Israël. Chaque personnage a un rapport différent à ses souvenirs et c'est cela qui constitue la diversité et l'unité de ces nouvelles, de même que le motif du temps qui fait machine arrière, se projette dans l'avenir, se déploie ou se resserre. L'auteur semble avoir saisi un instant dans la vie de ces personnages pour y condenser l'essentiel de leur vécu et nous le transmettre.
J'ai trouvé toutes ces nouvelles belles et recelant chacune une émotion qu'elles ont su susciter en moi, mais le coeur a toujours ses préférences, avec ou sans raison, et voici les miennes: "Festival" est celle qui m'a le plus émue et "Nuages" le plus fait sourire.

J'étais passée à côté lors de sa parution – il a fallu la mort de Tabucchi, pour que de nombreuses citations me donne envie de lire ces neuf nouvelles ou plutôt histoires (on croit entendre la voix du diseur à travers pourtant la perfection de la forme), je dirais enfin.
Nous fait voir, sentir, les lieux, la réalité où il plonge brièvement ses personnages. Un ton détaché, la distance nécessaire pour faire vivre, l'humour, et puis, quelle que soit l'histoire, s'y tisse la conscience politique de la réalité du monde, sans appuyer, juste tissée.

A lire absolument ! (auteur pas facile, dont on parle beaucoup puisqu'il vient de disparaitre).
« Le temps vieillit vite », 9 récits pour évoquer la mémoire confrontée au temps qui passe, raconte des histoires ambiguës qui ont lieu après l'holocauste ou dans les pays de l'Est… mais en même temps écriture remarquable et poétique.