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Critique de mh17


Pereira prétend est un grand livre publié en 1994. L'action se déroule à Lisbonne "enveloppée d'un suaire de chaleur" en aout 1938. Il raconte le lent réveil de la conscience d'un homme, petit journaliste consciencieux sans importance, responsable de la page culturelle du Lisboa, un quotidien catholique prétendument apolitique. La plupart des phrases débutent par l'anaphore « Pereira prétend » comme si le narrateur mettait en doute le témoignage de son personnage.
Le Doutor Pereira est un quinquagénaire veuf depuis peu. Il vit seul dans un appartement modeste de la rue de la Saudade. Chaque jour il fait la conversation au portrait de son épouse, mange deux omelettes persillées et boit de nombreuses citronnades aux terrasses de café. Il a de l'embonpoint et des problèmes cardiaques qui l'essoufflent. le Doutor Pereira est un catholique sincère hanté par la mort et la résurrection de la chair dans une ville qui pue la mort. Il est lucide sur la situation politique, la censure de la presse portugaise, la complaisance de son patron à l'égard du régime de Salazar et de tous ses amis qui saluent comme s'ils tenaient un javelot. C'est un garçon de café qui donne au journaliste de vraies nouvelles de la guerre d'Espagne mais aussi des exactions sur les Juifs de son quartier. Pereira préfère se réfugier dans la littérature, traduire et publier de la littérature française du XIXème siècle. Un jour pourtant, il est attiré par la thèse d'un jeune homme portant sur la mort. Il l'engage comme stagiaire au journal. Monteiro Rossi devra écrire des nécrologies anticipées ou des biographies d'illustres écrivains. Mais il s'avère très vite que les nécrologies élogieuses ou fielleuses sont totalement impubliables. Elles seraient censurées. Pourtant Pereira les prend, les place soigneusement dans un dossier et paye le jeune homme de sa poche…

Le roman traite de l'engagement et parle beaucoup de littérature mais ce n'est pas un traité philosophique ni un roman à idées désincarné qui rendraient la lecture pesante. Bien au contraire. La lecture est très plaisante tant le personnage de Pereira est attachant, émouvant, inoubliable. Ce n'est pas un héros ou un grand écrivain engagé mais un homme ordinaire à bout de souffle qui renaît peu à peu au contact de la jeunesse et de la beauté. le jeune Monteiro Rossi et surtout Marta sa belle amie aux cheveux de cuivre influencent le quinquagénaire et bouleversent sa vie rangée. Les jeunes mettent leur vie en jeu s'engagent dans la guerre d'Espagne. Lui pourrait être le fils qu'il n'a pas eu et elle est si belle, si passionnée avec sa belle chevelure cuivrée. Nous sommes dans la tête de Pereira, nous suivons ses interrogations, son auto-analyse, nous rencontrons son ancien camarade d'étude à Coimbra, une juive allemande exilée, nous le suivons dans les ruelles et les cafés de Lisbonne, en train, en cure thermale jusqu'à la fin à la fois dramatique et jubilatoire.
Je suis certaine de lire d'autres ouvrages d'Antonio Tabucchi.
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