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EAN : 9791026287520
Librinova (15/07/2021)
4.33/5   3 notes
Résumé :
1927. Sur fond historique de l’entre-deux-guerres, un couple, tourné vers l’avenir, s’installe sur les rives d’un bassin d’Arcachon en plein essor balnéaire.
Lui est architecte. Sur le bateau qui le conduit à Arcachon, hanté par les souvenirs, il rencontre le sosie de sa première femme morte pendant la Grande Guerre. Il se lance en quête de son amour perdu. D’autre part, pour réaliser son rêve de constructions avant-gardistes, il intègre le syndicat d’initiat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Décoiffant par la puissance de l'intrigue et de ses ramifications. Edifiant par la qualité narrative de l'auteure qui, outre son récit mené d'une plume alerte teintée d'iode et d'humour, transmet au lecteur sa passion et ses connaissances du terroir et de ses hommes. « Au creux de l'anse » de Florence Tachoires, découvert sur Simplement Pro, est un roman historique dont les racines plongent dans le sol instable des Landes. Bordeaux, Cap Ferret, Bassin d'Arcachon. Situé en1928, il se décline en quatre saisons au gré de la nature et des passions humaines. Mer indomptée mais féconde, terres dérobées aux dunes, forêts de pins à l'âcre sève. Pêcheurs, ostréiculteurs, bûcherons, résiniers, pays et payses de Lège et de Claouey sont les protagonistes de cette histoire. Certains sont éprouvés par une guerre dont ils portent à jamais les blessures. Pour d'autres, celles-ci sont de diverses et perverses natures : secrets inavouables, ambitions dévorantes, vengeances différées. Ces personnages hauts en couleur avancent masqués, dissimulant sous une apparence sereine, joviale, leurs égarements, leurs machinations, parfois leurs crimes et leurs identités. Monsieur Té sort du lot, qui déambule, les pieds effleurant à peine le sol, la tête dans les étoiles. Pour cause : il est étranger et architecte. Créatif, très créatif. Il est comme ça, Monsieur Té : il calcule, élabore sans cesse des projets de construction, jusqu'au jour où le brouillard autour de son esprit disparait devant une vision bouleversante qui le projette à terre. Tel un chien dans un jeu de quilles, le voilà bousculé, précipité parmi ses concitoyens, son intégrité grignotée par des complots qui le dépassent, et l'obligent à prendre sa part dans leurs basses oeuvres. Dans le charmant village de Claouey, les rumeurs vont bon train, tout se sait mais rien ne se dit. On règle ses affaires entre soi. A l'instar de l'auteure, on ne lâche rien. Elle est comme ça, Florence Tachoires : exigeante, précise, talentueuse et sobre, elle donne à rêver de cette région qu'elle connait bien, avec son histoire dans l'Histoire, ses anecdotes. Conteuse experte, embarquant le lecteur dès les premières lignes, la romancière traduit la manière dont le destin aidé de quelques escogriffes bien triés sur le volet se joue des hommes, les révèle, les manipule comme des pantins, les broie parfois. Thriller, comédie humaine, l'intrigue partie d'un fait divers se démultiplie en quantité de drames personnels jusqu'à laisser le lecteur pantelant. Aussi vivifiant que l'air marin, ce souffle épique doublé d'authenticité vertueuse et d'un suspense minutieusement distillé, séduira nombre de lecteurs.
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Si vous avez envie de dépaysement, je vous conseille vivement Au creux de l'anse. le roman vous transporte à l'époque de l'entre-deux-guerre dans la région d'Arcachon. Vous y entendrez le clapotis des vagues lorsque la navette traverse la baie. Vous y verrez le décor architectural de l'époque. Vous y respirerez la vie quotidienne avec ses moments de bonheur, ses petits et grands défis, ses secrets et mystères. Vous serez le témoin silencieux du remue-méninges de nombreux personnages, tous connectés les uns aux autres d'une certaine façon. En un mot, vous serez tout à fait en vacances de votre quotidien de 2021.

Tel une artiste-peintre impressionniste, Florence Tachoires s'applique à vous suggérer les décors, des métiers et réalités oubliées ainsi que la psychologie et les relations régissant tout un petit monde. Voltigeant d'un personnage à l'autre, un tableau se révèle petit à petit. Tableau ayant toutefois quelques zones d'ombres : des points d'interrogations surgissant ça et là vous tiendront en haleine. Ils m'ont parfois donné l'envie d'avancer dans l'histoire et donc de sauter certaines descriptions, je l'avoue. J'avais hâte de découvrir tous les tenants et aboutissants de la trame. Mais je me suis vite rendue compte qu'en me précipitant, je passais à côté de la véritable richesse de ce roman.

Installez-vous donc confortablement, débranchez tous les appareils qui pourraient vous rappeler au moment présent, et laissez-vous emporter dans les années 1920 pour un périple Au creux de l'Anse.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
— Alors le captal ordonna un procès vite expédié puis le bourreau trancha la tête de Jehan. Le seigneur au cœur toujours rempli de colère mit en pièces le corps du géant pour le réduire à néant.
Gaston ne connaissait pas la signification de « mettre en pièces », il pensait que Jehan le géant s’était lui aussi transformé en un tas d’or, comme la chèvre.
— A-t-il retrouvé sa princesse ? s’inquiéta Gaston.
— Ce n’était pas une princesse. Tu ne sais donc pas faire la différence avec
une promise !
— Pardon, s’excusa Gaston.
— Bref, on ne retrouva jamais la promise malgré les indications de Jehan.
Mais elle a mis au monde ses jumeaux aux cheveux de paille comme le géant. On dit qu’elle erre en pauvre hère en chemise blanche dans la brume hivernale.
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Il avait raté le bateau de six heures parce que leurs trajectoires devaient se croiser. Toutes les conditions étaient réunies. Si la rencontre n’avait pas eu lieu, est-ce qu’on aurait parlé de hasard ? Est-ce le hasard si les choses ne se réalisent pas ? Il était comme ça l’architecte, d’une logique implacable. Pas toujours, c’est vrai, mais la contradiction habite chacun de nous. En tout cas, M. Té en faisait cette interprétation et il s’y connaissait en interprétation depuis la mort de sa première femme Georgette qui le visitait la nuit, qui le frôlait, le touchait et même lui saisissait le sexe. Dans ses rêves, elle lui souriait, elle lui parlait, elle lui faisait l’amour. Accablé, au matin, il pleurait. Il pleurait la perte de son premier amour.
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Mobilisant le peu de force qu’il lui restait, le mutilé avait murmuré avant de s’évanouir « Raviolle, c’est moi ». Personne ne l’appelait plus Raviolle depuis qu’il avait enfilé le brassard numéro 6. Il était devenu une fonction
« brancardier » avec un objectif : sauver des vies. On l’appelait brancardier
numéro 6, parce qu’il était le sixième sur la liste. Même lorsque le brancardier numéro 5 était tombé sous les balles, il avait conservé son numéro 6 ce qui l’avait rassuré, le compte à rebours ne s’était pas enclenché. Il suffit de peu pour que renaisse l’espoir. L’espoir de sortir de l’enfer.
Plus ? Aperçu du livre sur
https://www.librinova.com/auteur/florence-tachoires
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Au creux de l’anse, la mer avait refoulé sur le sable, le corps du père au ventre gonflé comme une baudruche, les orbites nettoyées par les crabes et la tête coiffée de varech. Noyé. Un malheureux accident, soupiraient les vieux. Enfin débarrassés, marmonnaient les parqueurs. Les femmes soulagées se taisaient. La mère dans l’obscurité de la masure broyait son chagrin. Elle s’adressait au singulier à ses indissociables jumeaux. T’es où siamois ? criait-elle. Les reproches valaient pour les deux. Peu à peu, ils s’étaient fondés l’un dans l’autre aux yeux du monde. Par tous les temps, leur bateau voguait sur le bassin en quête d’une nouvelle proie pour assurer leur survie.
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Donc, de son nez épaté et bosselé Ory se contentait de renifler les
breuvages vermillon ou ocre pour y déceler leurs notes d’agrumes, de chocolat, de pipi de chat, de cuir ou de sous-bois. Ensuite, il déclarait que l’expression en bouche serait riche et complexe ou pauvre et plate. Ses descriptions exerçaient une grande fascination sur les clients. Impitoyable, il tuait un vin en quelques mots et gagnait la haine de son producteur ou sa reconnaissance sans bornes. Ory avait du pouvoir et il entendait l’exercer aussi dans la vie de tous les jours.
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