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EAN : 9782283031353
256 pages
Buchet-Chastel (23/08/2018)
3.22/5   41 notes
Résumé :
New Jersey, 1946. Alors que le monde sort tout juste des horreurs de la guerre, travailler dans l’industrie florissante de Trenton est une des clés de l’émancipation pour les classes populaires de la côte est des États-Unis. Le rêve américain fonctionne à plein, et le mystérieux Abe Kunstler, nouveau venu à l’usine, semble déterminé à en tirer parti. Travailleur obstiné, bon camarade, buveur émérite, Abe est l’archétype du col bleu : sauf qu’Abe est un mirage, un im... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Un imposteur. Abe Kunstler n'est qu'un imposteur. Ca a commencé en 1946, juste après la deuxième guerre mondiale. A Trenton, dans le New Jersey, l'industrie est en plein essor. Les femmes qui travaillaient à l'usine pendant que les hommes étaient au front leur cèdent la place et reviennent derrière leurs fourneaux. Mais certains vétérans sont traumatisés par la boucherie vécue sur le Vieux Continent et ne sont plus bons à grand-chose. Abe n'a pas fait la guerre (et pour cause), même s'il prétend le contraire et affirme avoir été "mutilé". Il a endossé l'identité et le passé d'un de ces malheureux troufions déchus dans l'alcool et la violence. Prêt à tout pour cacher son terrible secret, Abe rêve du rêve américain : travail et confort matériel, mais surtout : famille, qui lui permettra de consolider sa nouvelle identité. Embauché à l'usine, il est rude à la tâche, fait profil bas mais s'intègre et va boire avec ses potes après le boulot. Il fréquente aussi les soirées dansantes, où il jette son dévolu sur Inez. Ce n'est pas vraiment de l'amour (et pour cause), mais la jeune femme servira parfaitement et à son insu, les plans sordides et délirants de Abe. Pendant des années, celui-ci réussira à mystifier son entourage avec le mirage de sa vie de famille. Mais, devenu alcoolique impénitent et toujours aussi violent, paranoïaque et pouilleux, il vacille et voit son secret échapper à son contrôle.

Ce roman est terriblement malsain et dérangeant. Un personnage obsessionnel dévoré d'ambition qui poursuit son objectif en recourant à des manoeuvres de dissimulation invraisemblables, cela aurait pu être intéressant, captivant, passionnant. Mais le gros problème, c'est justement ça : l'invraisemblance. Qu'Abe Kunstler soit un imposteur et un grand malade, pas de doute, mais qu'il soit parvenu à cacher un tel secret pendant plus de 20 ans, qu'il ait su manipuler Inez à ce point et pendant aussi longtemps, qu'il s'enfonce dans le mensonge jusqu'à l'absurde ? Désolée, ça ne passe pas, c'est trop peu crédible en plus d'être glauque. Quant au style, il n'arrange rien : la prose est boursouflée et parfois nébuleuse, en particulier dans les passages introspectifs censés nous éclairer sur les motivations de Abe. Lesquels passages un brin ésotériques ne sont pas cohérents avec le personnage, col bleu ivrogne et pratiquement inculte.
Bref il y avait des thèmes à exploiter davantage, comme les modifications des rôles des femmes et des hommes pendant et après la guerre, l'identité, la condition ouvrière..., mais j'en ressors avec l'impression désagréable que l'auteur s'est laissé aller à se regarder écrire plutôt que de se soucier de donner du plaisir à son lecteur.

En partenariat avec les éditions Buchet-Chastel via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Trenton, USA, dans les années 60. Une ville industrielle, abritant son lot de travailleurs à la chaîne . Et parmi ceux-ci, un groupe de gars particuliers, d'autant plus remarquables que la plume de l'auteur en dresse des portraits ambigus. J'y reviendra.
L'ambiguïté est au coeur du récit qui s'ouvre avec le portrait d'Abe Kunstler, prêt à tout et même au pire pour sauvegarder le secret de son passé et de son présent. Des indices sont très vite proposés à la sagacité du lecteur, et l'on pressent dès les premières pages ce qui sera révélé puis occulté. On ne comprend pas tout de suite le but des faits et gestes d'Abe et son attitude bizarre envers Inez, jusqu'à la scène impensable qui met en lumière son obstination diabolique à faire taire à jamais les ragots qui le concernent.
L'histoire est donc originale. Elle est cependant engluée dans un style alambiqué, complexe, qui nécessite lecture attentive et même relecture, pour parfois renoncer à comprendre ce qui se dit en espérant que le propos ne sera pas capital pour suivre le déroulement de l'intrigue.

« Ce moment -là avait été pour lui une renaissance et donc une naissance, un don et il allait rendre la pareille à l'homme qui était reposait en lui, car il était la tombe même d'où l'homme allait pouvoir se relever, les bandages aux bords bleus épinglés autour de sa poitrine en guise de linceul entrouvert. »

Et je ne crois pas que cela concerne la traduction, qui a dû être délicate, car les commentaires concernant la VO , témoignent aussi de la difficulté de lecture et d'interprétation.
Cet artifice relègue au second plan les réflexions sur la guerre, sur les dégâts psychologiques irréversibles conséquents à l'atrocité des combats obscurs. Et sur la vie quotidienne de la population ouvrière, évoquée, partagée entre le travail à l'usine et les soirées au dancing, mais au second plan derrière le portrait d'Abe.

Lecture exigeante donc, plus que nécessaire, l'abus de la métaphore et de la comparaison alourdit une intrigue qui pourrait se suffire à elle même sans se faire remarquer par ce style lourd et sophistiqué jusqu'à la confusion, et qui masque le sordide derrière des phrases ampoulées et un discours abscons.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Tadzio Koelb est un journaliste américain.qui publie notamment dans The New York Times . Dans Made in Trenton , son premier roman il nous immerge dans un récit dans lequel il est beaucoup question d'identité, d'incarnation, et de ce que veut dire être un homme ou une femme.

Le personnage principal Abe Kunstler, d'abord présenté comme un homme, est en fait une femme travaillant dur et mentant constamment pour cacher sa véritable identité, dans l'après-Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis. Pris par son délire d'être un homme à part entière, Abe va voir sa santé mentale en souffrir.

Portrait cruel plus que doux amer d'une Amérique qui tente de retrouver la lumière après l'obscurité, Made in Trenton nous immerge dans la violence d'un monde d'hommes, dans une société et à une époque où la femme n'est rien d'autre qu'un objet et à celle des hommes revenus de la guerre avec des dégâts physiques ou mentaux.

Un premier roman, fort, pour une lecture puissante et dérangeante. Une belle découverte, de celles qui vous font longuement réfléchir.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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MADE IN TRENTON de Tadzio Koelb
Traduit par Marguerite Capelle

Éditions BUCHET●CHASTEL


********** C O U P d'E C O E U R **********

WAOUH ! Quel livre ! Je termine ma lecture complètement groggy. Les romans qui m'ont mis une telle claque ne sont pas si nombreux et dans le désordre je citerai : "Le nom de la rose" d'Umberto Eco, "Zone" et "Boussole" de Matthias Enard, "Confiteor" de Jaume Cabré, "Némésis" de Philip Roth, "Le maître et Marguerite" de Mikhaïl Boulgakov, "La vie, mode d'emploi" de Georges Pérec, "Zazie dans le métro" de Raymond Queneau, "Les villes invisibles" et "Si une nuit d'hiver un voyageur" d'Italo Calvino, "Le désert des tartares" de Dino Buzzati, "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust, ...

Je pense que vous l'aurez compris, MADE IN TRENTON est un roman ambitieux, exigeant et, selon moi, avec un côté très oulipien. Un livre où le lecteur ne peux pas rester dans un rôle passif sous peine de se perdre.

Mention spéciale à Marguerite Capelle pour son magnifique travail de traduction.
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Une lecture difficile au propre comme au figuré.

Sur le fond, cette histoire de femme qui se réinvente dans un monde d'hommes, au lendemain de la guerre des années 40 est abrupte, violente, et interroge sur l'identité et le sexe.
Elle touche aussi du doigt une société où la femme est négligée, en particulier aux retours des vétérans qui reprennent naturellement leur place de leader dans la vie économique, obligeant les femmes à redevenir des épouses et mères.
Le parcours de Abe, fait de stratégie de dissimulation, promène le lecteur dans un quotidien d'ouvriers entre l'usine, les beuveries dans les bars, jusque dans la recherche du sordide pour construire son rêve de famille américaine.

Concernant la forme, le style est alambiqué, souvent difficile à suivre, en particulier dans les parties de l'introspection de Abe, qui dévoile peu à peu les faits et sa capacité à assumer ce qu'il a été et ce qu'il est devenu. C'est sans doute ce qui m'a le plus dérangé. La première partie du roman est assez narrative, mais la suite frôle l'absurde et j'ai vraiment décroché.

Un roman complexe, pour le moins!
Et un raté complet pour mon plaisir de lectrice.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après ses études, il avait travaillé dans un bureau pendant une courte période qui avait quand même duré bien trop longtemps, et il voyait cela, en toute franchise, comme une sorte de mort. Mieux encore peut-être, il aurait fallu appeler cela une sorte de meurtre qui était en même temps, d'une certaine manière, un suicide : des gens qui s'entretuaient et se tuaient eux-mêmes pour être celui qui resterait le plust ard et accomplirait la plus grande part d'une tâche qui n'avait d'importance pour aucun d'entre eux à la base, ou du moins qui n'en avait jamais eu à ses yeux à lui.
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Elle ne ressentit jamais rien de sembable au désespoir larmoyant de sa mère.Ellepensait alors que c'était parce que déjà alors elle était laide et le savait, et que la laideur l'avait protégée de la douleur, pu plutot que c'était en soi une si grande douleur que toutes les autres semblaient moindre en comparaison."
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Il y avait aussi eu ces ados du coin, qui se moquaient de sa voix haut perchée et le traitaient de mignon, et qui un jour dans la rue lui jetèrent des cailloux dans le dos alors qu’il s’éloignait, jusqu’au moment où il finit par faire volte-face. Pour une raison qu’il aurait été incapable de nommer ou de comprendre mais qu’il savait pourtant être juste, il ramassa alors une pleine poignée de terre meuble du bas-côté et se la jeta lui-même au visage, et puis une autre, sans cesser de hurler, un long cri étranglé et inarticulé, jusqu’à ce que les garçons terrorisés et choqués le traitent de dingue et s’enfuient le laissant terrifié et la gorge à vif, mais sachant désormais quel son produisait sa nouvelle voix.
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Ils n'arrêtent pas de dire que l'armée et la guerre, ça fait de vous un homme, mais à aucun moment je n'ai été un homme là-bas, si par homme on veut dire humain. J'aurais éventré n'importe lequel d'entre vous pour sauver ma propre peau, voilà la vérité.
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« Ce moment -là avait été pour lui une renaissance et donc une naissance, un don et il allait rendre la pareille à l'homme qui était reposait en lui, car il était la tombe même d'où l'homme allait pouvoir se relever, les bandages aux bords bleus épinglés autour de sa poitrine en guise de linceul entrouvert. »
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