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EAN : 9782842059255
612 pages
1001 Nuits (17/11/2005)
3.59/5   17 notes
Résumé :

Qu'y a-t-il de commun entre les romans à énigmes de Dan Brown, thrillers ésotérico-religieux devenus best-sellers internationaux, et la masse des pamphlets d'extrême droite dénonçant des complots organisés par des puissances occultes ou semi-occultes visant à installer un " gouvernement mondial " ? Quelles croyances et quelles passions partagent les amateurs de la série télévisée X-Files, le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Thrillers ésotériques, séries, films, mais aussi présents dans les discours politiques, les complots ont décidément la cote ! de quoi surprendre au premier abord, car les « preuves » de tels complots sont souvent des documents d'une naïveté confondante : « Bonjour, nous sommes juifs/franc-maçons/illuminati/extra-terrestres et terriblement maléfiques. Notre but est de vous réduire en esclavage, donc merci de ne pas vous remettre à croire en Dieu/retrouver une sexualité traditionnelle/planter des tiges de bambou dans votre jardin, sinon le plan qu'on prépare depuis 3000 ans tombe à l'eau lol. »

Dans cet essai, l'auteur tente de comprendre pourquoi les complots trouvent un écho aussi facile dans notre esprit. On peut citer plusieurs raisons. Tout d'abord, l'argument de la simplicité : tout le malheur du monde (situation politique, économique, abandon de mes traditions préférées, catastrophes naturelles) peut être expliqué par une seule cause, l'agissement d'un groupe secret dans l'ombre. Simplicité d'action également : puisque ces groupes misent sur le secret, il suffit de s'informer, et d'informer ses proches, pour déjouer leurs plans (et régler ainsi tous les problèmes de la planète).

Deuxième argument, la « revanche du Diable ». Notre esprit a absorbé depuis longtemps l'idée qu'il existe des entités maléfiques, qui font le mal car c'est dans leur nature et qu'il est vain d'espérer autre chose de leur part. le rationalisme a peu à peu écarté le diable, les démons et les sorciers des discours des grandes religions, mais les concepts restent ancrés en nous. Les théories du complot viennent réactiver cet imaginaire endormi et s'assurent ainsi de notre adhésion immédiate.

La fabrication de ces légendes est intéressante à plus d'un titre : elles font feu de tout bois et se bâtissent comme les rumeurs, quelle que soit la fiabilité de l'histoire, il en restera toujours quelque chose. Les récits de science-fiction, les supercheries avouées s'incorporent de la même manière : si l'auteur a choisi une fiction c'est pour se protéger et ne pas trop attirer l'attention, si le faussaire avoue la contrefaçon c'est pour sauver sa peau ou une énième manipulation destinée au grand public. Même les ennemis d'hier (juifs et nazis, franc-maçons et Vatican) finissent par devenir selon les besoins du moment des branches de la même organisation.

L'auteur tisse également un lien entre cet univers et l'extrême droite, dont les théories puisent systématiquement dans l'imaginaire ésotérico-complotiste (l'inverse n'étant pas nécessairement vrai). Cette partie est assez frustrante car si l'affirmation est lancée, on reste quand même sur sa faim quant aux arguments et études qui viennent la soutenir.

L'essai paraît solide et est soutenu par une quantité impressionnante de références. La lecture est fastidieuse par moment car l'auteur cite de nombreux passages de documents ésotériques qui ont tous la même rhétorique. Ils me paraissent néanmoins indispensables pour comprendre comment cette logique s'articule et comment ces théories se récupèrent toutes les unes les autres. le constat final est également mesuré et ne tombe pas dans le sensationnalisme : s'il est possible de tomber dans la paranoïa à force de lectures complotistes et d'en arriver à des actes extrêmes pour « se défendre », la plupart des amateurs de cet univers jouent simplement à se faire peur.
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L' auteur explore intelligemment l' histoire des théories du complot depuis le 18è siècle et leur influence dans le monde actuel.Ce genre de théories non étayées pullule sur le Net et parfois en librairie.Il montre comment Dumas père et Eugène Sue ont popularisé ce type de théories dans le roman du 19è siècle.Dommage qu' il s' intéresse peu à l' influence de la théologie sur certaines de ces théories complotistes.Cet aspect de la culture moderne est plutôt inquiétant car il ne fait pas avancer la rationalité et l' analyse des faits.Il montre que les Illuminati sont essentiellement un mythe du 20è siècle car ils ont eu peu d' influence au siècle des Lumières.
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Un peu répétitif car exhaustif, il dresse un portrait édifiant des écrits et thèses conspirationnistes autour des illuminés :
Comment expliquer un monde sécularisé et complexe par une seule cause ?
La réponse conspirationniste : juif franc-maçons mondial voir extra terrestre !

L'auteur se focalise cependant beaucoup trop sur l'antisémitisme
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Ok
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
L'affaiblissement des « religions » séculières ayant survécu à la Seconde Guerre mondiale (progressisme, communisme, etc.) s'ajoutant aux effets de la sécularisation (comme perte d'influence des grandes religions institutionnelles), produit un appel du vide qui favorise la réception de l'offre de sens ésotéro-complotiste. La contexte semble globalement favorable au renforcement, voire à l'accélération du processus : plus le monde devient complexe, plus son opacité s'accroît, et plus augmente la demande d'idées simples, supposées éclairantes. Plus les élites dirigeantes paraissent lointaines, étranges et étrangères à « ceux d'en bas », et plus ces derniers les perçoivent négativement comme n'étant « pas de chez nous », ni « comme nous ». « Nous » fassent aux « autres » : la relation conflictuelle s'impose comme l'évidence même. Les élites deviennent « les autres », auxquels on attribue une « autre » nature et qu'on perçoit comme foncièrement hostile. Pourquoi ne pas supposer que les élites conspirent « contre nous » ? Rien n'est à la fois plus simple et plus « illuminatoire » que l'idée d'un grand complot expliquant la marche de l'Histoire et les malheurs de l'humanité.
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Par son caractère anxiogène, [le soupçon] pousse les suspicieux à cherche une réponse globale et définitive, qui mette un terme au questionnement. L'une des réponse possibles, et satisfaisantes pour beaucoup, est que ces malheurs sont dus à des complots, voire à un grand complot. Tout s'explique enfin, et les esprits s'apaisent, devant la certitude offerte par l'évidence du complot. Mais ils peuvent aussi s'exalter : croire au complot, c'est en même temps croire qu'on peut y mettre fin en le révélant, en dévoilant le plan caché des conspirateurs et en démasquant ces derniers. Ce qui revient à pouvoir se défendre contre la menace, voire à éliminer les sources de la menace. Le recours à l'idée de complot permet donc, à ceux qui la professent comme un dogme, de connaître « la cause de nos maux », tout en leur donnant l'assurance de pouvoir agir sur et contre la cause diabolique – il suffit d'identifier et de nommer publiquement les responsables et les coupables. À l'idéologie du complot on reconnaîtra une fonction cognitive (elle fournit le « savoir » sur les responsables du mal) et une fonction pratique ou pragmatique (elle donne les moyens d'effacer magiquement la cause des malheurs du monde). En outre, le dogme du complot efface l'imprévisibilité de l'Histoire : il fournit à bon compte le sentiment de pouvoir maîtriser le présent, prévoir l'avenir et déjouer les pièges du futur, sur la base d'une connaissance supposée des causes profondes de la marche du monde. Illusion suprême, mais sentiment réel : celui qu'une maîtrise intellectuelle de la suite des événements.
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[C]et ensemble de croyances délirantes et de fictions séduisantes permet à nos contemporains de penser le monde indéchiffrable et menaçant dans lequel ils sont littéralement « jetés », sans boussole, et de plus en plus souvent sans traditions sur lesquelles s'appuyer ni mémoire collective à laquelle se ressourcer. Le goût du merveilleux et la crainte des démons n'ont pas disparu du psychisme humain, même si les grandes religions instituées, soumises au processus moderne de rationalisation et d'intellectualisation, ne leur offrent plus une structure d'accueil et des modes de ritualisation leur donnant un sens sociétal.
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Un esprit fermé ou rigide est incapable d'évaluer une information comme vrai ou fausse en se fondant sur les qualités intrinsèques de cette information. Il ne juge qu'en la rapportant à sa source. Il ne s'intéresse pas à ce qui est dit, au contenu du message, mais à celui qui le dit : qui parle ?
Page 406
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Déchiffrer, décoder, décrypter : c'est l'une des voies qui chez les Modernes, joue le rôle de l'initiation (accès au sacré) et parait conduire au savoir qui sauve.
Page 274
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Vidéo de Pierre-André Taguieff
François Busnel reçoit Patrice Gueniffey sur le plateau de la Grande Librairie. L'auteur, historien, spécialiste de la Révolution française, publie «Napoléon et De Gaulle». À ses côtés, Annick Duraffour évoque «Céline, la race, le Juif», ouvrage coécrit avec Pierre-André Taguieff, également sur le plateau, autour de la figure controverse du célèbre écrivain, auteur du «Voyage au bout de la nuit». Christophe Boltanski publie «La cache», texte autobiographique qui recense souvenirs d'enfance et anecdotes familiales. Dans «Vie de ma voisine», Geneviève Brisac rend hommage à Eugénie Plocki, fille d'un couple de juifs polonais, tués pendant la Seconde Guerre mondiale.
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