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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Les mondes post-apocalyptiques nous sont devenus familiers par les films. de l'action, des survivants qui traversent de terribles épreuves, peu de place pour la réflexion, normal… c'est du cinéma. En ouvrant ce livre, publié en autoédition sous le pseudonyme de Luca Tahtieazym, je n'espérais pas seulement découvrir une dystopie avec paysages de toundra, tempêtes de neige, glaciers qui s'avancent ou villes fossilisées par le givre, j'attendais plus encore du romancier : de la sensibilité, de l'introspection, que son imagination me montre ce qui arrive à des êtres ayant vu s'écrouler tout ce qui faisait leur raison d'être et qui doivent accepter une existence dévaluée, réduite à la lutte pour la survie.
On apprend pour commencer que la neige a recouvert les terres émergées et qu'elle ne cesse de tomber. Un univers blanc, presque plat, à perte de vue. Pour les paysages, on repassera ; inutile de renâcler, on a embarqué et c'est l'auteur qui conduit le traineau. Que croise-t-on dans ce monde à part la faim ou le froid ? Eh bien, des humains et des loups qui s'entre-dévorent, à quoi s'ajoutent quelques lapins et autres rongeurs qui jouent les utilités. J'ai tenté de m'intéresser aux caractères des personnages, mais force est de constater que leur psychologie n'est guère plus épaisse qu'une pellicule de glace. Une pensée importante qui anime le personnage principal, c'est la loi de Murphy, "le pire finit toujours par arriver". Quand les protagonistes regrettent le passé, c'est surtout le confort matériel qui est mentionné. Et à l'instant où un loup menace d'attaquer, est-il opportun d'évoquer la pensée de Nietzsche ? Cela étant, une fois admis qu'il s'agit d'un roman d'aventures, les considérations psychologiques deviennent secondaires, et même si je reste sur ma faim, je peux survivre.
Les événements s'enchaînent : fuite des rescapés vers le sud, tentative de viol, meurtres, batailles et autres carnages, émaillés de scènes de cannibalisme. J'aurais mauvaise grâce à m'en plaindre. Pénurie de ressources + loi du plus fort = tout le monde s'étripe joyeusement, c'est la recette du post-apocalyptique, âmes sensibles s'abstenir. Oserais-je tout de même une petite protestation auprès de l'auteur ? Ce cycle perpétuel d'intimidation, domination, soumission, vengeance, ça n'est pas un peu répétitif ? D'autant qu'entre les scènes d'action viennent s'intercaler des dialogues où les personnages s'interrogent lourdement sur les causes divines ou thermiques du dérèglement climatique, ce qui peut se résumer ainsi : "Ben, on sait pas". Une réponse aussi brève n'est pas vraiment satisfaisante, j'en conviens, mais imaginez la version longue... Risquerais-je une seconde remarque ? Je n'ai pu faire autrement que de relever nombre d'incohérences dans le récit. Juste un exemple : les êtres humains se nourrissent en piégeant les lapins ; or, la terre est recouverte par des centaines de mètres de neige, diable ! pas de chaîne alimentaire, mais que les lapins mangent-ils donc ? L'auteur lui-même pose la question à plusieurs reprises, mais le procédé est un peu facile. A chaque invraisemblance, le lecteur dérape, c'est comme patiner sur une rivière gelée dont la surface serait parsemée de branches et débris divers pris dans la glace, forcément on bute régulièrement.
J'aurais encore une critique à propos du style qui me paraît pour le moins hétéroclite. J'en tremble d'avance car j'entends déjà l'exclamation agacée de l'auteur, "Mais c'est un thriller, vous n'espériez pas du Chateaubriand tout de même !". Non, non, pas quand même, je m'en voudrais d'une telle exigence, j'aurais seulement préféré que le style se fasse un peu oublier. Je comprends que n'ayant bénéficié d'aucune révision éditoriale, l'écriture puisse contenir quelques incorrections*, mais pourquoi charrier d'autres moraines sous forme de ces métaphores hasardeuses** qui sont légion ou de ces termes rares et précieux*** qui détonnent dans le texte, sans parler de ces "j'eusse été", "j'eusse pu" ou "j'eusse voulu" qui reviennent si fréquemment. On a l'impression chaque fois de recevoir dans la figure une boule de neige pleine de gravier, je vous assure, c'est violent.
Des gens qui se perdent dans une nuit hivernale, une lecture pesante comme une longue marche dans une neige épaisse, soudain je me demande quel serait le plus horrible, périr de froid ou d'ennui à travers les bourrasques d'un blizzard littéraire trop vite rédigé ? Mais je m'égare... Je m'étais juré de ne jamais écrire de critique négative, et voilà, c'est raté. Je m'empresse de préciser que sur les onze commentaires de ce roman déjà présents sur Babelio, tous sont favorables et même enthousiastes pour la plupart. Je suis le douzième, ouf, j'ai évité la place de Juda. Je sens bien que je dois faire un effort, aussi finirai-je sur une note positive en soulignant le fort potentiel de cette fiction barbare. Il est hors de doute qu'elle fournirait un scénario d'excellente facture à une mauvaise série B dont les péripéties surgelées raviraient les connaisseurs.

*Léthargie anesthésiante, volonté inexpugnable, une fournaise attisait la surface, des explications avaient été arguées. **La nuit tombait à coups de rayons noirs et le froid qui l'accompagnait invariablement déposerait sur les muscles ses caresses paralysantes d'ici peu de temps. Les flocons de neige voltigeaient. Ils étaient emportés avec une telle frénésie qu'ils devenaient aussi puissants que des projectiles catapultés par un lance-pierre. ***Alacrité, inane, tædium vitæ, etc.
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