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EAN : 9782021421835
272 pages
Seuil (07/03/2019)
3.46/5   50 notes
Résumé :


Dans la France d'après les attentats de 2015, Mounir, parisien homosexuel de 40 ans d'origine marocaine, vit dans une situation précaire. Il vient d'emménager dans un appartement rue de Turenne. Madame Marty, une vieille dame de 80 ans, survit difficilement au-dessus de chez lui dans un minuscule studio.

L'amitié entre ces deux exclus de la République s'intensifie jusqu'au jour où elle vire au cauchemar. Les affrontements et les déchir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Tout commence par une banale histoire de nuisances sonores occasionnées par sa voisine du dessus, une vieille dame de 80ans, recluse dans son studio de 14m2. Dans un premier temps, il essaye de s'entendre avec Mme Marty sa bruyante voisine. Il lui explique les conséquences néfastes que ce bruit à sur sa santé. Madame Marty tout en s'excusant et en promettant de faire attention, lui fait comprendre que ce sont les bruits de la vie, de sa vie qu'il entend et qu'elle ne peut s'empêcher de vivre.

Malheureusement, au fil du temps, ces bruits récurrents finissent par faire perdre patience et la raison à Mounir. Il en vient à proférer des propos d'une grande violence envers Madame Marty qui prend peur et fait intervenir la police. Les relations avec les autres habitants de l'immeuble ne sont guère meilleures. Ceux-ci souhaitant le voir expulser car fauteur de troubles, et faisant tache dans cet immeuble bourgeois ou il est le seul Marocain. Il leur répond par message écrit ,d'une grande ambiguité, affiché dans le hall d'entrée.

L'auteur situe cette histoire dans l'année 2015, après l'attentat de Charlie Hebdo. le climat de défiance engendré a durement été ressenti par Mounir, en tant que musulman. Les hurlements adressés à Mme Marty, n'ont pour lui aucune valeur de menaces, ce sont simplement les mots d'une personne excédée par le manque de sommeil, et moyen d'expression ordinaire utilisé dans son pays d 'origine. Ils ne portent pas à conséquence.

A l‘arrivée de la police, après une perquistion et un interrogatoire en règle, ou il est considéré comme un éventuel terroriste, une éventuelle menace pour la sûreté de l'Etat, il est relâché faute de preuves. Cette expérience lui fait prendre conscience que malgré ses études supérieures, son doctorat, son aisance financière, il reste pour la majorité de la population autochtone, l'étranger, celui qu'on peut humilier, mépriser, soupçonner, qui doit sans arrêt s'excuser pour tout et rien, qui ne peut se rebeller sous peine d'offusquer et/ou de passer pour mal éduqué. Lui l'émigré, qui ne peut et n'a le droit de ne rien dire. surtout s'il vient d'un pays considéré comme inférieur économiquement. le dernier à compter à côté d'une native du pays dans lequel il a émigré.

Alors pour se retouver, il part en banlieue, La Défense, puis Nanterre et, la Cité Picasso, là ou il est susceptible de rencontrer des émigrés, des gens comme lui, qui ont une vie, un franc parler, des sentiments qu'ils peuvent exprimer naturellement, sans risque d'être jugés. Des personnes qu'il a lui-même regardé sans les voir.

Lors de ses pérégrinations il rencontre Antoine, Policier, Marié, 3 enfants, qui n'assume pas son homosexualité, avec qui il aura une liaison sur 3 mois avant que celui- ci ne retourne à son épouse. Fiction ou réalité ? l'auteur nous laisse libre de l'imaginer.

J'ai beaucoup aimé ce livre. Il souligne les frustrations et le sans-gêne pour ceux qui en sont victimes, et d'incompréhension, voire le je m'enfoutisme par ceux qui en sont la cause, et finissent par dégénérer en violences verbales et/ou physiques et se terminer par une haine réciproque.

II reflète bien, également, l'ambiance, le climat de suspicion envers les personnes émigrées, mais pas seulement musulmanes, certaines situations reflètent les conditions de vie et d'acceptation de celles-ci par les étrangers et souvent imposées et/ou sous entendues par les autochtones.
Lien : http://chezvolodia.canalblog..
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Mounir, d'origine marocaine, vit en France depuis de nombreuses années. Avec un doctorat en littérature française du XVIIIe siècle à la Sorbonne, il reste toutefois toujours inférieur dans cet immeuble de la rue de Turenne. Surtout depuis les attentats de 2015.

« Les gens en France n'étaient plus les mêmes. »
Depuis quelques mois, il ne dort plus. Devait-il s'installer dans ce quartier de Paris? Comment supporter les bruits de ses voisines? Même Madame Marty, sa vieille voisine du dessus qui le voyait comme un fils, devient insupportable. Sans réussir à lui faire comprendre qu'il ne supporte plus sa violence sonore, il finit par l'insulter. Des insultes qui le conduisent en garde à vue et dans un acharnement policier à vouloir voir en lui un terroriste.

En cet inspecteur qui l'interroge, Mounir voit un ancien amant, Antoine. Sa première grande rencontre avec un français après les expériences sexuelles, consenties ou subies, dans son village marocain de Salé.

Au travers des histoires d'amour, de famille qui ont construit Mounir, La vie lente est surtout le récit d'une rencontre, d'une amitié entre une vieille femme isolée et un immigré rejeté, accusé.

Mounir a quitté le Maroc pour échapper à la pauvreté. il n'a aucune nostalgie des gens de son pays, peut-être seulement de ses sensations, de la capacité d'aimer, de se mettre en danger.

A quatre-vingt ans, Simone, française, vielle et pauvre est abandonnée dans ce si petit appartement avec toilettes sur le palier. n'est-elle pas, elle aussi, une exclue?

Simone sait que la France peut avoir le coeur dur. Elle se souvient de l'humiliation faite à sa soeur lors de la libération à la fin de la seconde guerre mondiale.

» Sans Manon, il y a juste l'attente vaine. Des promesses qui ne se réalisent pas. le temps et l'espace qui se déforment. La vie lente. Interminable. qui ne signifie plus rien. »

Autour des thèmes de l'homosexualité, de l'exil, de la différence, de l'abandon, Mounir nous plonge dans l'apitoiement sur soi. La lecture se veut donc assez lourde et lancinante. Mais finalement avec le recul, en reprenant mes notes, je me rends compte que tant d'histoires ( celles de Mounir, de Simone, de Majdouline, la cousine de Mounir, même du jeune Turenne ou des portraits de Fayoum) , de thèmes sont abordés. Au-delà des tourments de cet homme désarmé, épuisé, il faut donc savoir reconstruire l'ossature du texte et saisir le regard sur une France où certains se trouvent réduits à leur identité, leurs actes sans chercher à comprendre la richesse de leur vie.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Après une violente dispute pour une simple histoire de bruit, un homme se retrouve interrogé par la police. Il a été dénoncé par sa voisine. L'intrigue se situe en 2016 juste après les attentats.
Mais que peut-il bien y avoir de commun entre ces deux habitants de la rue de Turenne ?
Lui, Mounir, la quarantaine anxieuse, Marocain, homosexuel sans amour, devenu si parisien …
Elle, Simone, 80ans, jamais vraiment seule dans son petit studio hanté par le spectre de sa soeur Manon…

C'est une lecture bouleversante qui dessine le portrait d'un homme hypersensible au bord du gouffre dans une France où reste ancré un racisme profond, mais aussi d'un homme qui se laisse emporter par des fulgurances artistiques comme ce portrait-momie du Fayoum ou L'île aux mimosas, chanson de Barbara, entonnée par la patronne de la boulangerie de la clé du Paradis.

Ce court roman m'a fait rentrer dans l'univers riche d'un romancier audacieux que je vais me hâter de découvrir un peu plus !
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Comme avec les portraits du Fayoum dans le livre, il se passe quelque chose avec Abdellah Taïa lorsque je lis ses livres. Une fascination difficile à expliquer. C'est un peu modianesque. On retrouve les mêmes histoires, les mêmes désillusions.
Ce n'est pas un livre particulièrement gai mais l'écriture y est belle, poétique. C'est un livre intimiste qui donne l'impression de partager un moment privilégié avec l'auteur.
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J'ai acheté ce livre à l'Institut du monde Arabe à Paris, lors de l'exposition "Habibi, les révolutions de l'amour".
Nous suivons non seulement l'histoire de Mounir, mais aussi de Manon, d'Antoine, de Madjouline, de Simone.
L'histoire ce lit facilement, bien qu'elle aborde des sujets durs. Les personnages ont toutes leurs histoires, toutes intéressantes, même s'il est parfois compliqué de s'y retrouvé.
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critiques presse (1)
LeMonde
01 avril 2019
L’écrivain marocain, installé en France depuis vingt ans, revient avec un nouveau roman, La Vie lente, qui interroge le repli sur soi.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Il a fallu que j’arrive à ce point précis de ma vie, à cet âge, pour que je me tourne vers eux, que je reconnaisse leur humanité, leur histoire, et que, avec une curiosité bienveillante et une humilité sincère, j’aille à côté d’eux réapprendre la vie. Les voir dans les ghettos de la France. Les aimer. De près. De loin. Les enregistrer en moi. Leur donner je ne sais quoi de moi. Construire un pont entre nous.
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𝐉𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐦𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫, 𝐒𝐢𝐦𝐨𝐧𝐞. 𝐌𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫 𝐥à, 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐮𝐩 𝐝𝐞𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐮𝐢.
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J’étais en apparence si libre à Paris, si maître de moi, si réfléchi, si cultivé, si indépendant. Mais malgré moi une nostalgie du monde d’avant m’habitait désormais jour et nuit. Pas une nostalgie des gens du Maroc et de leur dictature stérile, la famille et tout ça, non, non. Plutôt une nostalgie des sensations fortes, violentes, trop violentes que je ressentais en traversant ce monde. Le monde. Ici, à Paris, on ne me regardait pas, personne ne jouait avec moi, ne faisait attention à moi. Je pouvais passer des jours et des jours sans parler à personne. Que moi à moi. Dans trop de moi.
 
J’étais moi. Et c’est tout.
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J'étais moi. Et c'est tout. Après avoir tout détruit pour être soi-disant enfin libre, je me rendais compte que je ne construisais plus rien avec les autres, avec le monde. J'avançais. Oui. J'évoluais. Oui. Mais dans la déconnexion, la solitude. Une autre forme de solitude.

page 67
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Je ne supportais plus cette nouvelle voix dans ma tête. Elle était là tout le temps et elle me disait que j’étais nul, que la France, à vouloir me cultiver, me civiliser, m’avait castré. Mais est-ce que tu te vois un peu, pauvre chose, pauvre et imbécile Mounir ? Regarde. Regarde bien dans le miroir. C’est qui ? Toi ? Non. Non, ce n’est plus toi. Tu n’es plus digne de ce très beau prénom. Mounir. Tu devrais t’appeler Philippe ou Baptiste. Ou alors, tiens, pourquoi pas, Fabien. Cela t’irait mieux. Ce n’est pas possible.
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