AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791092457322
144 pages
NADA Editions (24/10/2019)
4.23/5   15 notes
Résumé :
Veracruz, vers 1900. Un groupe d’anarchistes italiens fuyant la misère et la répression débarque au Mexique pour y cultiver la terre. Parmi eux, un prestidigitateur, une prostituée, un imprimeur philosophe, une poétesse, un boxeur et même un curé. Mais la commune agricole dont ils rêvaient n’a rien du paradis escompté et la rapacité des grands propriétaires terriens va les conduire à prendre les armes aux côtés des communautés indiennes de la région.

... >Voir plus
Que lire après Revenir à NaplesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Fuyant une conjuration contre les anarchistes, Lucio Doria s'enfuit de Naples, « une ville pleine de couleurs et de parfums », pour le Mexique, en compagnie d'un groupe hétéroclite avec qui il va fonder une commune agricole. Quatre-vingts ans plus tard, il fait le voyage inverse pour retrouver les « fantômes » de ses compagnons disparus et raconter les événements tels qu'il se les rappelle, tels qu'il les invente, tels qu'il les reconstruit.
Pour eux, le XXe siècle a commencé sur le navire qui les conduit à Veracruz, en provenance de la Havane. Ils débarquent dans le Mexique de Porfirio Diaz : « Une dictature, ce n'est pas seulement une structure de pouvoir verticale construite sur la peur, l'armée et la répression, les curés, les apparences, le contrôle de l'information, le mensonge et l'habitude, la fausse promesse d'un progrès dont personne ne sera soi-disant exclus ; c'est aussi tout un réseau de passe-droits, de complicités, de copinages, de fraudes et d'accommodements qui huilent la machine de haut en bas de la pyramide. La dictature c'est de la merde. »
Rapidement, ils comprennent que le gouverneur Teodor Dehesa leur a concédé la propriété des Magnolias dans le but de déclencher un conflit avec les Indiens, qui servirait de prétexte pour dépouiller ceux-ci de leurs terres. « Les titres de propriété, c'est bon pour se torcher le cul avec », a expliqué au sorcier celui qui se fait appeler le curé Marco, déclaration de Genève de la Première Internationale à l'appui. Mémé Grimaldi, elle, défend une égalité des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, mais dans la différence. Elle se prononce aussi pour une répartition égalitaire du travail et aussi pour prendre partie aux côtés des Indiens, car « celui qui est témoin d'une injustice sans agir n'est qu'une canaille, un stronzo et un puzzolente ».

Ignorant tout de l'agriculture, il s'emploient à confectionner un alambic pour distiller de l'alcool de noix et de nance, une variété de prune locale, et volent dans les églises pour acheter des armes… avec la bénédiction de don Marco. Tous offrent souvent leur nudité au soleil, pour bronzer.
Mais comme l'avait écrit le journal dirigé par les frères Flores Magon, « de toutes les plaies qui frappaient l'État de Veracruz, la fièvre jaune, la variole, Dehesa était la pire. » L'expérience tourne court. Lucio reste le seul dernier survivant de la communauté au Mexique. Il sera pharmacien, instituteur, imprimeur clandestin, journaliste, commentateur de baseball, vendeur de fruits, croisera Che Guevara dans la file des cubains qui embarquaient sur le Granma et Pancho Vila à El Paso, recevra deux balles en Espagne, engagé dans le bataillon Garibaldi.
Régulièrement un « choeur antique », composé de deux ou trois commères napolitaines occupées à étendre du linge à leurs fenêtres, ponctue le récit de leurs commentaires. « Pour elles, les grands propriétaires sont des casses-couilles partout dans le monde, la chose étant de notoriété publique bien que la télévision n'en parle pas. »
Et quand Lucio revient à Naples, à quatre-vingt-treize ans, sa langue maternelle, le dialecte napolitain, lui revient spontanément. Cette ville lui rend le sourire : « Les gens ont cassé les feux de signalisation et proclamé l'anarchie de la circulation. Et ça marche. » Hanté par le souvenir de ses amis, il cherchera en vain leurs traces, poussé comme beaucoup par le « besoin de remplir ce misérable cimetière que sont devenues nos vies, de le peupler d'archanges flamboyants et de héros à la mesure d'autres temps ». « Notre époque a perdu le goût de l'héroïsme, le sens tragique de cette vie qui n'est rien de plus qu'une farce romantique aux conséquences inévitables. Disparus, ces hommes et ces femmes qui vivaient avec l'exigence que rien, rien du tout, pas un cheveu, ne sépare leurs paroles et leurs actes ; ces êtres humains qui ont traduit en actes chacun de leurs mots. »


Sébastien Rutés, le traducteur, fin connaisseur de l'oeuvre de Paco Ignacio Taibo II, dans une postface brillante, recense les figures anarchistes dans les romans de celui-ci, ce « panthéon de gauche » qu'il s'est employé à bâtir. Il analyse les thématiques régulièrement évoquées de l'échec politique de 1968, de la légitimité de la violence révolutionnaire, du choix de l'action individuelle ou de l'action collective, de la fraternité.

Remarquable travail d'édition, notamment par l'apport d'illustrations, culs-de-lampe discrets, gravures en pleine page, magnifiques et marquantes.
Paco Ignacio Taibo II nous emporte dans une nouvelle épopée virevoltante, avec sa virtuosité coutumière, se confronte à ses vieux démons, dans une langue toujours aussi luxuriante.


Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          230
"Une dictature, ce n'est pas seulement une structure de pouvoir verticale construite sur la peur, l'armée et la répression, les curés, les apparences, le contrôle de l'information, le mensonge et l'habitude, la fausse promesse d'un progrès dont personne ne sera soi-disant exclu; c'est aussi tout un réseau de passe-droits, de complicités, de copinages, de fraudes et d'accommodements qui huilent la machine de haut en bas de la pyramide. La dictature, c'est de la merde."

Bonheur de lecture, pépite et tutti quanti !
« Revenir à Naples » est un savoureux mélange d'humour, d'histoire, de drame et d'engagement politique dans le contexte historique du Mexique du début du XXeme siècle.

Alors que le pays est dirigé par Porfirio Díaz, le gouvernement, par l'intermédiaire des consulats, invite des européens à venir coloniser et cultiver des terres appartenant aux autochtones.
C'est dans ce contexte que débarque à Veracruz un groupe d'anarchistes napolitains qui voient là l'opportunité de fuir la faim et les prisons italiennes. Malheureusement l'agriculture n'est pas vraiment leur domaine. Parmi eux il y a un curé, une prostituée, un équilibriste, un philosophe et même un chasseur de lapins!
Viscéralement allergiques à toute forme d'injustice et d'autorité, cette petite communauté n'a pas fini de faire parler d'elle au grand dam du gouverneur et Lucio, le plus jeune du groupe, va commettre un péché qui le forcera 80 ans plus tard à retourner dans sa Naples natale.

Un court roman, composé de 68 chapitres aussi brefs que incisifs. A travers l'histoire du retour au pays de Lucio, l'auteur se moque des puissants, souligne la corruption et affiche sa sympathie envers les idéalistes et ceux qui se révoltent. C'est totalement réjouissant mais attention la farce pourrait bien se transformer en drame…

Traduit par Sébastien Rutés

Une très belle édition agrémentée de gravures et d'illustrations qui me donne furieusement envie de découvrir le reste du catalogue des éditions Nada
Commenter  J’apprécie          80
Une petite communauté d'anarchistes napolitains s'établit au Mexique et tente de donner vie à ses idéaux dans le cadre d'une commune agricole. Ils se heurteront vite à la répression du dictateur en place qui avait pour objectif de les instrumentaliser contre les Indiens.
C'est cette histoire que raconte le vétéran Lucio Doria de retour à Naples.
C'est une succession de courts chapitres, focalisés sur un événement ou un personnage, c'est raconté avec humour et la sympathie militante de l'auteur est évidente.
Commenter  J’apprécie          100
La couverture et le résumé m'ont intrigué, mon libraire me l'a chaudement recommandé.. et je ne l'ai pas regretté.
Un groupe d'anarchistes italiens fuyant leur pays viennent tenter l'aventure au Mexique dans la région de Veracruz en 1900.
Les chapitres, courts alternent entre l'histoire de ces anarchistes et de Lucio alors adolescent, de Lucio à quatre vingt treize ans de retour à Naples à la recherche du pardon, les aventures du comte Cheli, conseiller du très corrompu gouverneur du Veracruz au service du président dictateur Diaz et enfin les commentaires de deux napolitaines.
L'histoire est prenante, impossible de le lâcher avant de connaître la fin. la traduction est de très bonne qualité. Un bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          20
j'ai été attiré par la couverture de ce roman, (ce qui n'est pas conseillé habituellement) et par la 4ème de couverture, je l'ai donc acheté.
Au début j'ai douté et puis au fil des pages j'ai été happé par la manière de raconter de l'auteur. Certains chapitres ne font qu'une page, et le livre s'égrène comme un collier de perles. Au fil des perles ont suit l'histoire de Lucio Doria, anarchiste italien du début du vingtième siècle, qui va d'espoir en désillusion et revient à la fin de sa vie à Naples. une très belle découverte que cet auteur.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
FocusLeVif
24 février 2021
Revenir à Naples marque le retour de Paco Ignacio Taibo II, attendu depuis dix ans. Le plus grand auteur mexicain de sa génération y poursuit son grand oeuvre: bâtir un panthéon de la gauche latino et, accessoirement, de grands romans.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
À chaque fois, Ferraiulo revenait avec nous, sur Bakou et Kropo, un large sourire aux lèvres tout le long du chemin. Paolo Salgari, que Béatrice et moi avons coincé un jour dans un coin pour l'interroger, a fini par décider, après avoir fumé une cigarette et nous avoir fait tourner en bourrique, que nous étions en âge d'apprendre que Ferraiulo passait les heures de classe dans un bordel appelé le « Juste au coin », où il était très apprécié et connu sous le surnom de « Rêve des ânes » à cause de la taille hors du commun de son burin. Après ça, pendant des semaines, Béatrice et moi n'avons pu nous empêcher de l'observer attentivement en échangeant de petits rires, et j'en ai gardé la malheureuse habitude, aujourd'hui encore, de me regarder la quéquette quand je pisse, en me sentant minable.
Commenter  J’apprécie          60
Notre époque a perdu le goût de l’héroïsme, le sens tragique de cette vie qui n’est rien de plus qu’une farce romantique aux conséquences inévitables. Disparus, ces hommes et ces femmes qui vivaient avec l’exigence que rien, rien du tout, pas un cheveu, ne sépare leurs paroles et leurs actes ; ces êtres humains qui ont traduit en actes chacun de leurs mots.
Commenter  J’apprécie          100
Teodoro Dehesa, gouverneur de Veracruz par la grâce de Porfirio Diaz et de Dieu, dans cet ordre-là, avait une mauvaise habitude, une habitude honteuse qui le mettait à nu et le trahissait, un désagréable tic nerveux: il se grattait le cul quand il n'était pas sûr de lui. Tic désastreux pour un gouverneur, mais surtout terrible et infamant pour un joueur, qui traduisait en langage corporel une mauvaise main aux cartes ou un jeu médiocre aux dominos.
Commenter  J’apprécie          30
Une dictature, ce n’est pas seulement une structure de pouvoir verticale construite sur la peur, l’armée et la répression, les curés, les apparences, le contrôle de l’information, le mensonge et l’habitude, la fausse promesse d’un progrès dont personne ne sera soi-disant exclus ; c’est aussi tout un réseau de passe-droits, de complicités, de copinages, de fraudes et d’accommodements qui huilent la machine de haut en bas de la pyramide. La dictature c’est de la merde.
Commenter  J’apprécie          20
Une dictature, ce n'est pas seulement une structure de pouvoir verticale construite sur la peur, l'armée et la répression, les curés, les apparences, le contrôle de l'information, le mensonge et l'habitude, la fausse promesse d'un progrès dont personne ne sera soi-disant exclu ; c'est aussi tout un réseau de passe-droits, de complicités, de copinages, de fraudes et d’accommodements qui huilent la machine de haut en bas de la pyramide. La dictature, c'est de la merde.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Paco Ignacio Taibo II (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paco Ignacio Taibo II
Paco Ignacio Taïbo II raconte ses origines, sa vie familiale ainsi que ce qui l'a mené au Mexique.
autres livres classés : mexiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..