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EAN : 9782377560349
180 pages
L'Ogre (05/09/2019)
3.36/5   22 notes
Résumé :
« Comprends‑moi bien, pourtant. Je ne dis pas que ton histoire n’est pas la vraie. Je dis seulement qu’elle n’est pas assez forte face à la leur. Et tu as déjà compris, puisque tu la tais, tu sais déjà, sans doute, qu’il vaut mieux, toujours, dans une famille où règnent des histoires divergentes, et dans le monde tel qu’il va, être du côté des histoires les plus fortes. »

Au cœur de l’été, une fille étrangère vient troubler le quotidien morne d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Des ellipses en délire, des métaphores enfilées, des rêveries revisitées, des flashbacks furtifs, des allégories à gogo et surtout, beaucoup de confusion dans cette tentative de dystopie dont la poésie m'a échappée. Une ébauche de Brazil, une parodie de 1984. J'ai horreur de ces récits abscons qui font passer les lecteurs pour des cons. Il n'est pas donné à tout le monde d'être exigeant avec la langue tout en restant accessible à ceux dont le bagage intellectuel est des plus modeste. N'est pas Victor Hugo qui veut. Plus d'une fois, je me suis arrêtée en pensant : « mais tu es débile, ma pauvre fille ou il manquait une phrase ? ». Non, je n‘ai pas été convaincue par cette incursion de l'auteure dans le domaine de la prose. J'ai eu souvent l'impression de lire la mauvaise traduction d'un roman hongrois ou le brouillon d'un premier roman avec des problèmes de syntaxe et des ponctuations aléatoires. Je vous résume quand même l'histoire, enfin j'essaye. Dans une société asservie par le travail, une voix s'élève pour suggérer la possibilité d'une vie différente. Personne ne réagit, alors l'asphalte engloutit les gens qui vont prendre leur train (pas de CGT apparemment…) pour aller bosser. Et puis à la fin, bim, bam, boum, tout se résorbe, le brouillard se dissipe et chacun s'auto-suffit en cultivant ses légumes. Grand final sur la plage et sous le soleil, comprenne qui pourra, livre terminé, hourra ! J'ai oublié de préciser que les protagonistes de ce roman (qui a reçu le prix de la Fondation La Poste) habitent près d'une voie ferrée. J'attends avec impatience l'attribution du prix SNCF à un roman utopique dont les héros crècheraient près d'un bureau de poste.
Bilan : 🔪
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Les échappées de Lucie Taïeb ou quand le titre te souffle que certaines choses vont justement t'échapper durant ta lecture. Ce roman est vraiment spécial et déroutant, je l'ai lu dans le cadre du challenge #varionsleseditions et j'en ressors malheureusement avec un avis mitigé.

Les échappées, ce sont les brèches par lesquelles les personnages de ce roman vont fuir l'oppression que la société et leur entourage, exercent sur eux. Nous avons d'une part une mère et son fils qui peinant à se remettre d'un drame se lancent dans un road-trip et d'autre part, une jeune femme et une vieillarde en cavale qui cherchent à gagner le sud vers un hypothétique lieu de liberté où l'on revient aux valeurs de la terre. A cela s'ajoute un jeune homme tiraillé entre l'espoir et le renoncement. Sans époque ni lieu déterminés, ce récit nous dépeint un monde en plein chaos, où les gens sont littéralement avalés par le bitume et où seule luit une étoile à travers les ondes radiophoniques, Stern.

Voici un roman ovni doublé d'une lecture exigeante. Ce court roman est d'une densité folle, en le terminant j'ai eu l'impression de n'avoir saisi qu'une infime partie du message qu'il contient. Cela m'a laissée sur un sentiment de frustration, "ai-je bien compris le propos de ce roman ?" C'est assez déconcertant de refermer un livre avec ce genre de sentiments, surtout quand, de façon très contradictoire je l'admets, on a été complètement embarqué dans l'intrigue par l'écriture de l'auteure. le style de Lucie Taïeb est fracassant, elle entretient la confusion tout au long du roman tout en entraînant le lecteur dans de folles échappées. L'écriture est puissante, poétique et dynamique, c'est le véritable point fort de ce roman.

Les échappées offre un regard critique sur les travers de notre société. Même si j'ai trouvé ce texte plutôt original et intéressant, certains aspects sont malheureusement restés trop brumeux à mon goût.
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Ce que je retiendrai de ce livre: beaucoup de poésie et une langue qui est belle. Des moments où la sensation affleure. Mais malheureusement une trame tellement sophistiquée et des personnages sans noms si abstraits qu'ils en deviennent inaccessibles au commun des mortels. Pourquoi on saute des pages sans chapitre avec des demi-pages blanches qui ne donnent pas un rythme compréhensible? Qui est Stern? Qui est mort, qui est vivant? On se pose trop de questions sans réponses et sans enthousiasme. C'est une histoire sur quoi en fait?
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Dans une ville monstrueuse, où l'obsession pour la valeur travail est martelée du matin au soir sur des hauts-parleurs et des écrans, une seule voix discordante se fait encore entendre. Une femme mystérieuse, Stern, diffuse chaque soir sur de petits transistors clandestins des messages aussi poétiques que subversifs. Ailleurs, dans une campagne qui échappe peut-être encore à la logique cynique et destructrice de la ville, un autre drame se joue : le jeune Oskar tente d'y retenir le souvenir fugitif de Corinne, une jeune fille qui s'est noyée sous ses yeux.
Ces deux récits alternés, qui se font écho sans tout à fait se croiser, composent un roman dont la poésie glacée fascine autant qu'elle déroute. Les héroïnes de Lucie Taïeb, présences à demi fantomatiques, habitent un univers instable et chargé de violence, et y font face en restant sans cesse en mouvement. Insaisissables, fuyantes, elles déploient ainsi dans leurs échappées des trésors de résistance et entraînent dans leur sillage tout un monde terne et immobile. Roman abstrait et éthéré, Les Échappées dessine à travers elles un subtil art de la lutte, entre Mécanismes de survie en milieu hostile d'Olivia Rosenthal et les Furtifs d'Alain Damasio.
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Récit de l'étrangeté et de l'effarement comme autant d'échappées à un monde - si proche du notre - où menace et efficacité règnent. Dans une suite de fragments et de saisons, dans les variations d'un même discours, avec une prose si apte à saisir instants et hantises, Lucie Taïeb signe un roman magnétique, enthousiasmant. Les échappées où l'accès au réel comme seule alternative.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
Actualitte
07 novembre 2019
Poétique sans accent lyrique, le roman de Lucie Taïeb donne voix à la sensibilité au travers d’une langue qui se déploie dans une certaine clarté, mais qui parfois, aussi, dérape et jure.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Cartes battues et redistribuées.
Si elle fut mère, elle ne l’est plus – ou l’oublie – et ce garçon allongé sur la banquette arrière, son corps plié, son visage maigre, ses coudes rougis, quelque chose en lui, non vers l’extérieur mais à l’intérieur, au plus profond, du plus profond de lui, quelque chose de repoussant le rend impossible à aimer.
On l’abandonnerait sur le bord de la route si c’était une bête et qu’on avait le droit, mais on n’a pas le droit, il est dans la voiture, dort, depuis combien de temps, tandis qu’elle conduit, songeant : comment m’appellera-t-il s’il se réveille, comment lui dire de m’appeler ? Puisque mère n’est plus le mot – la liberté inouïe, défaire les mots, ou les liens, ou croire que cela est possible, quand chacun sait – , il ne m’appellera pas.
Elle conduit à grande lenteur sur les petites routes bordées d’arbres, et jamais, contrairement aux ruisseaux, les petites routes n’en rencontrent de plus grandes.
Il est possible de traverser le pays, le continent, de petite route en petite route, comme si c’était une fuite, une échappée, elle n’a rien d’autre qu’un grand sac, rempli de billets naturellement, une ressource qui ne tarit pas, elle conduit comme une obstination et probablement en rond, ce qui expliquerait qu’aucune route plus grande ne soit jamais rejointe, toujours tout droit mais finalement en rond, et reste à seulement quelques kilomètres de la maison près des rails.
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Lui, l’homme gris, cadre appliqué du service de vigilance, section de détection des suspects potentiels, le sait mieux que nul autre, d’un savoir qui l’irrite et l’inquiète, auquel il n’accède que par accident ou par erreur : une fille en jupe courte, drôles de tresses orange et blond, une fille l’a arrêté à la sortie du métro, elle lui a attrapé le bras et lui, il a failli lui en coller une, la maîtriser, la maintenir à terre, il sait le faire, chacun sait le faire, mais quelque chose dans la tête de cette fille l’a retenu d’agir, elle lui a dit pardon, elle lui a touché l’épaule, lui a souri, en rentrant chez lui il retrouve dans la poche de sa veste ce tout petit objet, il sait déjà de quoi il s’agit, il en a entendu parler, car Stern la négatrice, complice irresponsable de ceux qui nous menacent, est désormais le souci premier du service de vigilance. On parle chaque jour de ces petits récepteurs, on leur consacre des réunions entières, on craint que cette voix ne dispense des messages subliminaux, n’exerce une forme d’hypnose qui nous rendrait moins attentifs au danger et nous manipulerait. Certains redoutent même que ces petites radios ne soient, en réalité, des armes en sommeil destinées à une attaque inédite, qu’on ne peut pas encore soupçonner, qui nous frappera de la manière la plus surprenante, qui nous prendra au dépourvu, comme un cauchemar. Il est recommandé de s’en débarrasser, de déposer au poste de police le plus proche tout récepteur que l’on aurait eu en sa possession, en expliquant par le menu par quel hasard on le possède.
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Dans des hauts-parleurs, par tous les organes possibles de communication, l’annonce quotidienne se répète : nous ne sommes pas à l’abri, la frappe est imminente, seuls les insensés ou les subversifs en doutent. Cela va venir, cela se prépare, cela est déjà là, mais nous ne le voyons pas encore. Souvenez-vous des fois anciennes, des attaques imparables qui ont fauché des innocents, lorsque encore un sourire de joie éclairait leur visage. Cela va revenir, inédit et terrible. Cependant, ce n’est pas une flaque de sang, ce ne sont pas des cris, ni une panique, des hommes armés surgissant d’un cauchemar, un gaz mortel, ni même une balle fichée dans la chair dans l’organe vital dans l’œil le foie le cœur.
À vrai dire, on ne sait pas ce que c’est. On ne sait pas ce qui viendra, ni même si l’on verra le jour où la menace annoncée se réalisera. Il est dit, néanmoins, que l’heure est proche où l’ennemi, qui veille, trouvera la faille et entrera.
Malheur à ceux qui doutent, malheur à ceux qui ne craignent pas. Depuis longtemps plus personne ne demande qui est l’ennemi. On sait seulement qu’il faut se soumettre et l’on se soumet.
Quel que soit le visage que prendra la menace, déjà elle les accable et leur monde a changé, et la peur a infiltré leur corps comme une gale qui, chaque nuit, les torture et les tient éveillés.
Quel que soit son visage, elle a déjà un nom : Stern. C’est contre elle qu’il faut lutter.
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Une femme s’appelle Stern, étoile, mazel, estrella, stella, *.
Ce qu’elle dit, dans la petite radio, n’a rien d’extraordinaire. Elle dit d’oublier la peur. Elle dit que nous n’avons pas d’ennemis. Que nous ne sommes pas menacés. Les ennemis de l’intérieur, les ennemis de l’extérieur, dit-elle, c’est une rhétorique. Bien avant que la menace ne rôde, des gens sont morts, des hommes armés, cagoulés, ont tué des innocents, ont allumé des feux, à l’intérieur de nos frontières, à l’extérieur. Elle dit depuis toujours qu’ils ne sont pas nos ennemis. Elle dit aussi qu’elle ne connaît pas la politique, qu’il n’est pas question ici de politique, qu’il n’est pas question de services secrets, qu’il n’est question de rien de ce dont il est question d’habitude. Des hommes et des femmes sont morts au cours des décennies, dit-elle. Le sol fut éclaboussé du sang des innocents. Nous savons qu’ils sont innocents. Comment se fait-il que les assassins ne le sachent pas ? Elle dit que le mot assassin ne lui fait pas peur, que la haine est un sujet dont on peut parler, mais que ces mots-là, ennemi, menace, ne servent à rien.
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On porte en soi la mort comme un fruit qui mûrit, paraît-il, mais on ne veut pas, pour autant, qu’elle parvienne à maturité. On préfère qu’elle ne grandisse pas, alors on ne bouge pas, de peur d’accélérer le processus. Mais il y a, dans cette immobilité, quelque chose qui ronge, véritablement : un épuisement prématuré des forces, un déclin impassible, une image qui vous fascine et vous empêche de fuir, comme la bête piégée par l’éclat des phares, stoppée net au milieu de la voie, et que le véhicule n’évitera pas.
Ainsi, une menace rôde, on se terre, et avec la croyance folle de devenir invisible, on ferme les yeux.
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