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Critique de Tachan


Appréciant pas mal les mangas de Tsutomu Takahashi en ce moment et venant de découvrir avec bonheur le manga culte Ashita no Joe sur la boxe, j'étais curieuse de voir ce que pourrait donner la réunion des deux. Si je suis séduite par l'univers graphique de l'auteur, je dois reconnaître cependant qu'il manque le souffle et la complexité dramatique de Joe, qui ici sont remplacés par quelque chose de bien plus superficiel pour accrocher un public d'amateurs peut-être en manque de sensations fortes. C'est donc divertissant mais ça n'a pas la profondeur de son aîné mais je n'ai pas pour autant boudé mon plaisir.

Tsutomu Takahashi, je l'ai d'abord découvert en France avec ses titres Bakuon Rettou et Blue Heaven puis plus récemment quand il est revenu ces dernières années avec NeuN, Sidooh et Soul Keeper tout récemment. J'ai de suite adoré son trait très sombre et torturé qui donne l'impression que la Terre est l'Enfer de Dante et que les flammes du feu de l'Enfer lèche chaque partie de notre quotidien. C'est un trait qui colle à merveille avec ses titres où l'on sent la révolte souffler et c'est encore le cas ici.

Black Box reprend pas mal d'éléments phares de la série culte Ashita no Joe. On retrouve un héros en butte à la société pour lequel la boxe va être un moyen de s'émanciper voire de crier haut et fort sa colère. On retrouve un coach prêt à tout pour son poulain, un poulain qui suit un plan pour atteindre son but, et l'auteur va même jusqu'à singer certaines scènes phare comme lorsqu'il court au bord du fleuve au-dessus d'un pont rappelant celui en-dessous duquel s'entraîne Joe. Les références sont flagrantes mais elles s'arrêtent là.

Contrairement à son aîné, Ryoga Ishida est en apparence bien plus sombre. Pour bien coller au style de l'auteur, que je trouve pour ma part volontiers provocateur mais du coup un peu superficiel quand on creuse et juste dans le "c'est cool d'être dark", le héros traîne un lourd passé familial. Son père est en prison pour meurtre et son frère vient également d'être arrêté pour avoir tué quelqu'un. Alors forcément quand la presse apprend que le troisième rejeton de cette famille veut devenir pro dans la boxe, ça titille leur intérêt mais ça fait aussi craindre le pire. Avec la même dynamique de chien-chat, que son aîné Joe entretient avec une certaine fille de bonne famille qui va l'entraîner dans le milieu de la boxe, nous allons suivre les débuts du parcours du Ryoga à travers les yeux d'une jeune journaliste qui va suivre sa carrière et l'afficher dans son magazine.

Les premières étapes de la vie d'un boxeur sont respectées. On le voit s'entraîner, passer le concours de cat.C pour devenir pro, chercher un partenaire d'entraînement et se livrer à son premier match en tant que pro. Tout est validé et respecté. le dessin de Takahashi comme promis fait des merveilles, même si j'aurais à dire sur certaines poses qui m'ont semblé plus venir de ses recherches sur le combat de sabres de Sidooh que des postures qu'on peut véritablement trouver chez des boxeurs... Mais l'intensité est là, on ressent toute la force des coups des boxeurs et toute la rage du héros.

Ce qui fait l'originalité du titre pour le moment, c'est plus le lien qu'on cherche à faire entre le passé familial de Ryoga et sa passion pour la boxe. On s'interroge sur ce que son père et son frère ont vraiment fait, sur leurs motivations et sur ce qu'en pense celui encore libre. On se demande d'où lui vient sa passion et jusqu'où elle va le conduire. On tremble un peu de ce que cette passion journalistique pourrait causer comme dommages. Bref, on est beaucoup dans la projection car le tome présent est surtout une introduction un peu lisse et prévisible.

Bien que je n'ai pas boudé mon plaisir en lisant ce premier tome de Black Box, je dois aussi reconnaître avoir trouvé en lui une pâle copie d'Ashita no Joe. L'auteur fait énormément d'emprunts ou de clin d'oeil, c'est selon, à l'oeuvre fondatrice de ce sport en manga. Manque de chance, c'est plutôt à ses dépends car on sent pour l'instant combien Black Box est lisse et consensuelle en comparaison. Tsutomu Takahashi fait du Tsutomu Takahashi mais dans le milieu de la boxe avec un héros plein de rage qui n'est pas sans rappeler l'un des frères de Sidooh dont on retrouve d'ailleurs clairement le style graphique. Donc bien que fort divertissant, il serait souhaitable que la série prenne son envol par la suite et se détache de ses aînés bien trop présents.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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