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Critique de 5Arabella


Ecrit à la première personne, c'est le récit de Kashiba, un anarchiste, plus ou moins reconverti en truand. L'action se déroule entre 1922-1937, dans une période très trouble. Agitation de gauche, violemment réprimée, agitation militaire de droite, moins violemment réprimée, enfin jusqu'à un certain moment, guerre en Chine, occupation de la Corée, le cocktail est explosif. Notre personnage tente de trouver sa route, dans un monde de plus en plus violent, noir, glauque, dans lequel la loi du plus fort devient de plus en plus la règle. Ses velléités idéalistes sont vite balayées par une fascination de la violence, et de toute façon aucune issue vraiment satisfaisantes ne s'offre à lui à aucun moment.

Quelle claque que ce livre. Noir, sombre, désespéré, mais en même temps l'écriture met à distance, un humour certes glacé mais présent à chaque instant, en fait presque par moment une sorte de bande dessinée surréaliste. Il ne passe rien à ses compatriotes Takami, leur racisme, nationalisme, mépris des autres et d'eux-mêmes, le culte des puissants, de l'argent, leur aveuglement. Mais il ne se passe pas non plus grand-chose à lui-même, si on veut voir dans Kashiba un personnage inspiré sa personne : gauchiste, poète, il y a quelques ressemblances. Takami a un lien de parenté avec Kafu, et Haut le coeur commence par le monde de la prostitution et des geishas, il est intéressant d'observer à quel point c'est vraiment très différent des livres de son illustre parent : d'un réalisme cru, mais jamais gratuit.

Il faut avoir le coeur solidement accroché pour lire ce roman, et être prêt à voir les aspects parmi les moins reluisants de la nature humaine, mais si on accroche à cet univers désespéré on est saisi par une sorte de poésie de la noirceur et du vide. Et l'écriture est à la hauteur du projet de Takami, décalée, déjantée, mais en même temps tellement juste pour cette histoire là, et complètement maîtrisée.

Une expérience intense, mais à réserver à ceux dont le solide estomac supporte les nourritures (ou boissons) vraiment costauds.
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