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Monstress tome 1 sur 7
EAN : 9782756086804
208 pages
Delcourt (18/01/2017)
3.81/5   138 notes
Résumé :
Maika est une jeune adolescente qui partage un lien psychique avec un monstre aux pouvoirs incommensurables. Et ce lien va profondément les affecter tous les deux. Il va placer Maika au centre d'une guerre terrible entre les Humains et des forces issues d'un autre monde Avec "Monstress", Marjorie Liu, romancière à succès, et Sana Takeda ont créé une nouvelle série dont Entertainement Weekly est allé jusqu'à dire qu'il s'agissait de "la meilleure de l'année".
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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Avec ce premier tome de "Monstress", les éditions Delcourt nous offre un beau livre-objet de 200 pages qui regroupe les numéros 1 à 6 de la série du même nom publié par Image Comics. Ce qui frappe de prime abord ce sont les beaux graphismes de Sana Takeda qui mélangent à la perfection esprit manga et esprit comics, avec un univers arcanepunk qui fait la part belle à l'esthétique Art Déco !

Nous sommes dans un univers qui a été ravagé par la guerre entre la Fédération humaine et les royaumes non-humains où vivent les Anciens (des hommes-bêtes à tête d'animaux comme les dieux égyptiens), les Enfants d'Ubasti (des chats intelligents guerriers, poètes et magiciens) et les Arcaniques (les sang-mêlé Humains / Anciens : suspension d'incrédulité, car je me demandé durant toute ma lecture comment il pouvait y avoir autant de métisses dans un monde à ce point marqué par le racisme…). Une muraille sépare désormais la Fédération et les royaumes non-humains, et les deux camps se regardent en chien de faïence depuis la catastrophe de Constantine où ont péri 146000 âmes dans des circonstances encore troubles… Pour les humains les non-humains ont forcément usé d'une bombe incroyablement puissante, pour les non-humains les humains ont forcément usé d'une magie interdite, et ceux qui ont les réponses se gardent bien de divulguer aux uns et aux autres… Et la frontière est une poudrière, car les nonnes sorcières Cumaea ont besoin du sang, de la chair et des os des arcaniques pour alimenter leur magie et donc conserver le pouvoir (nous sommes donc face à une version grimdark des magiocraties féminines et féministes dont la première fut le Bene Gesserit de "Dune"), ce qui provoque les représailles arcaniques pour récupérer ou venger les leurs quittes à recourir aux actes de terrorismes les plus extrêmes…
Racisme, terrorisme, totalitarisme, esclavagisme, camps de concentration, camps d'extermination, expériences inhumaines, crimes contre l'humanité, armes de destruction massives… Les thématiques sont donc très WWII et les crimes des Cumaea sont moins proches de ceux de l'Inquisition que de ceux des savants fous du Docteur Mengele ou de la tristement célèbre Unité 731 du boucher Shirô Ishii… Ah ça, ce n'est pas une série à mettre entre toutes les mains : mutilations, tortures, meurtres, anthropophagie… Mais d'un autre côté on sent aussi très bien l'héritage bit-lit puisqu'on retrouve des trucs girly avec des belles gosses et des beaux gosses en veux-tu en voilà, et des trucs LGBT avec les désormais inévitables amours lesbiennes et tutti quanti…

On est plongé immédiatement dans l'action : nous suivons Maika Demi-Loup, une arcanique manchotte en quête de vengeance plus humaine que non-humaine qui a choisi elle-même l'esclavage pour infiltrer les Cumaea, récupérer un artefact magique et retrouver celles et ceux qu'elle juge responsable de la mort de sa mère... Bref, c'est une héroïne badass voire kickass ! On a une phase évasion où elle récupère Kippa une fille renarde très kawaï (remember "Inu-Yasha" de Rumiko Takahashi), une phase cavale où elle récupère Ren Momorian le nekomancien (remember "Inu-Yasha" de Rumiko Takahashi) et une phase baston où font face les commandos Cumaea et les résistants arcaniques…
Mais on apprend assez rapidement que les uns comme les autres veulent s'emparer de la puissance du dieu-démon qui habite l'héroïne, 50% Miyazaki 50% Lovecraft, et qui survit en vampirisant ceux qui s'approche de Maika, alliés comme ennemis, en attendant que les astres soit propices pour sortir de sa prison de chair et dévorer le monde…

Je vous raconte tout cela parce j'ai réussi à reconstituer le puzzle au fil des épisodes, car le gros point noir de cette série séduisante c'est la narration qui complique inutilement les choses : j'ai cru au début que cela venait de moi, mais j'ai jeté un coup d'oeil sur le net anglophone et tout le monde s'accorde pour dire que c'est confus !
Malgré des flashbacks nous racontant ce qui s'est passé quelques semaines, quelques mois ou quelques années plus tôt, impossible de savoir comment la mère de l'héroïne est morte, pourquoi elle veut la venger, comment elle a perdu son bras gauche, quel est ce mystérieux artefact qu'elle veut à tout prix récupérer, comment elle s'est retrouvé hôte d'un dieu-démon et comment elle gère le truc… (et j'imagine qu'on ne nous dit rien sur la catastrophe de Constantine parce que cela amènerait trop vite les réponses aux mystères lostiens ^^)… Deux pages au début, comme dans la plupart des BD européennes, et c'était réglé. Pareil pour l'univers : tu mets la carte au début avec quelques phylactères pour expliquer le background, puis la double page sur les différences races (au lieu d'attendre la fin du chapitre 5 pour le faire !). Car les interventions en appendices de maître tam-tam sont loin de tout expliquer, et pire encore aucune information n'arrive au bon moment : certains arrivent trop tard, d'autres trop tôt, on en dit trop, ou pas assez et l'univers n'est même pas exposé qu'on développe intrigues, complots et mystères lostiens entre des camps qui ne sont même pas identifiés !


Je suis sévère certes, mais Marjorie Liu n'en est pas à son coup d'essai : c'est une professionnelle reconnue, estimée, de nombreuses fois primées (y compris l'Eisner Award du meilleur scénario pour "Monstress"), et en plus elle enseigne les techniques d'écritures de la bande dessinée au MIT ! Je sais bien que cette prestigieuse université est plus sciences que lettres, mais cela n'excuse pas autant de maladresses de narration… Mais je ne boude pas mon plaisir pour autant, car cet hybride entre "Fullmetal Alchemist" et "Witchblade" semble nous amener vers des enjeux apocalyptiques autour des barrières entre les mondes et du retour des Grands Anciens… Je serai donc du tome 2 qui sort en juin prochain juste avant les vacances estivales ! ^^


PS1: certains ont catégorisé cette série « roman graphique », mais au test du canard ladite série reste catégorisée « comics »
PS2: j'ai lu des prescripteurs d'opinion écrivent des trucs dans ce genre là : « Cette entrée en matière est un coup de maître. Elle apporte un souffle de fraîcheur à un genre parfois sclérosé, plombé par le poids des références et l'héritage de ses oeuvres fondatrices. » Euh mec, t'as déjà lu un manga ou un comic dans ta vie ? Parce que c'est beau d'écrire que ce c'est bien parce que ce n'est pas tolkienien, mais si tu n'as que Tolkien comme référence fantasy t'es bidon de chez bidon pour un prescripteur d'opinion… Tout qu'on voit dans cette série, je l'ai déjà vu des dizaines de fois en manga et en comics : ici c'est juste le mélange des éléments mangas et des éléments comics qui est frais, mais rien que pour lui elle vaut le détour !
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Comics découvert en furetant pour ne pas changer. Il m'a intrigué à cause de sa superbe couverture et du nom de sa scénariste, que je connais grâce à une trilogie commencée il y a quelques années maintenant. Et comme dit Presence, il s'agit d'un superbe comics obtenu à un prix dérisoire, d'autant plus que le mien est d'occasion.

L'histoire est complexe mais très intéressante et servie par de superbes graphismes où nous découvrons différentes créatures fantastiques, mi-humaine mi-animale. On y suit Maika Demi-Loup dans sa quête de vérités, elle reconstitue son passé tout en essayant de comprendre ce qu'elle est devenue. Différents peuples se mélangent sur fond de guerre latente et de désaccord universel. J'ai adoré le petit personnage de Kippa, elle a une bouille si innocente dans ce monde de brute. Certains personnages montrent des doubles visages qui vont révéler beaucoup de surprises pour la suite, je pense. L'histoire est également complexe à cause des nombreux personnages présents mais certaines interactions restent encore inconnues. le tome 2 sera donc lu dès réception et j'attendrais avec impatience la sortie du tome 3, celle-ci étant prévue pour la version anglaise en juillet 2018.

Comme vous l'aurez compris, une excellente découverte a été au rendez-vous avec ce comics, trouvé hors de Babelio pour une fois malgré les très bonnes critiques qui s'y trouvent déjà. Comme quoi, le hasard fait bien les choses même si sa couverture ne m'était pas totalement inconnue, mais je ne sais même plus où je l'avais vu. Si vous êtes amateurs de comics fantastiques complexes et servis par de superbes graphismes très détaillés, je vous conseille très fortement de découvrir ce comics. Pour ma part, outre les graphismes et l'histoire de Maika, j'ai très apprécié la mythologie mise en place par l'auteur. J'espère que l'histoire sera toujours aussi intéressante dans la suite des tomes.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2015/2016, écrits par Marjorie Liu, dessinés, encrés et mis en couleurs par Sana Takeda, avec un lettrage de Russ Wooton. le premier épisode comprend 66 pages, et chacun des 5 suivants en compte 28, soit un total de 206 pages de bandes dessinées pour un prix dérisoire.

Maika Haflwolf appartient à la race des Arcanic, des sangs mêlés, moitié humain, moitié Ancien. Elle se trouve entièrement nue dans une maison bourgeoise, en train d'être vendue aux enchères par Ilsa. Sophia Fekete entre dans la pièce où se tiennent les enchères et exige que Maika et 3 autres prisonniers lui soient remis à titre gracieux, en tant que représentante des Cumaea. Ilsa s'exécute pour le plus grand mécontentement des autres acheteurs présents. Elle assure elle-même le transfert des esclaves vers la demeure de Sophia Fekete, cette dernière ayant déjà regagné ses pénates et étant en grande discussion avec Atena. Lorsque Maika arrive, elle fait soulever sa tunique pour montrer son tatouage sur son corps, une sorte d'oeil à demi fermé. Maika est enfermée dans une cellule avec d'autres détenus dans d'autres cellules, dont Kippa une jeune demoiselle avec une queue de renard.

Maika Halfwolf se souvient du lendemain de la bataille de Constantine et de sa discussion avec Tuya, puis avec maître Ren (un chat avec 2 queues). Bientôt des gardes font irruption pour emmener le plus jeune garçon, afin qu'il soit mutilé pour que ses membres servent à fabriquer la liqueur de Lilium qui assure l'immortalité à ceux qui en consomment. C'est le moment que choisit le pouvoir de Maika Halfwolf pour se manifester. Suivie par Kippa, elle va se rendre dans le laboratoire de Sophia Fekete, puis progresser jusqu'aux appartements d'Yvette Lo Lim. Après un affrontement avec les gardes, elle s'échappe de la cité Zamora, et prend la fuite dans les contrées sauvages, à bord d'une charrette conduite par Emilia, une femme portant son nouveau-né sur le ventre. Maître Ren et Kippa sont également du voyage.

Marjorie Liu est une écrivaine connue pour ses romans comme ceux de la série Démoniaque ou de la série L'agence Dirk & Steele. Elle a également écrit des comics pour Marvel, comme X-23, Dakken, X-Men (le mariage de Northstar avec Kyle Jinadu, c'est elle) et des histoires complètes comme l'excellent Veuve Noire, Tome 2 : (Le nom de la rose). Mais ce qui attire en premier le lecteur, c'est le magnifique dessin de couverture. Il voit une magnifique jeune femme avec un manteau au motif complexe et élégant, se tenant devant une ornementation métallique finement ouvragée, avec un arrière-plan à demi masqué très intriguant. En feuilletant rapidement ce recueil, il a la surprise de constater que les pages intérieures présentent le niveau de détail et de finition, fait exceptionnel pour un comics industriel.

En tant qu'artiste complète, Sana Takeda habille ses dessins par les couleurs avec une fusion totale des traits encrés. Cette complémentarité est telle que page après page le lecteur observe des surfaces présentant des volumes grâce aux couleurs, des cases avec un jeu de luminosité complexe grâce aux couleurs, des formes délicatement sculptées par les couleurs. le résultat est effectivement magnifique de page en page, avec des ambiances d'une grande cohérence pour chaque scène et des formes tangibles, avec du relief (sans exagération). Il n'y a que s'il y prête attention que le lecteur prend conscience de toutes les informations qui sont portées par les couleurs. L'artiste dessine de manière très traditionnelle en détourant les formes par un trait qui est encré pour être net à la reprographie.

De temps à autre, le lecteur se rend compte que les traits encrés ne portent pas énormément d'informations, que ce soit un arrière-plan un peu vide, ou un visage très simple. Cela ne se produit pas souvent, mais quand ça arrive c'est déstabilisant. À ces occasions, il prend conscience que les visages conçus par l'artiste présentent un petit air manga, avec des mentons pointus, et parfois des yeux un plus grands que nature. Cette influence japonaise n'a rien d'un simple recopiage par manque d'inspiration. Elle est en phase avec le récit qui a recours à des éléments de culture japonaise, à commencer par les chats à plusieurs queues (par exemple maître Ren en a 2).

Une fois que le lecteur s'est accoutumé à ces particularités graphiques, il s'immerge dans un monde visuel riche et personnel. Les personnages ont tous une apparence distincte, avec des tenues vestimentaires adaptées à leur position sociale. Maika Halfwolf ressemble à une adolescente longiligne, au caractère peu commode. Sana Takeda réussit à rendre sa nudité normale, sans titillation, transcrivant son humiliation, sans susciter une forme d'excitation. Les dessins montrent une personne à l'apparence discrètement étrange, ce qui évoque bien qu'elle fait partie de la race des Arcanic. Les prêtresses Cumaea ont le maintien qui attestent qu'elles savent qu'elles appartiennent à une classe sociale dominante. le lecteur peut voir le plaisir sadique qu'éprouve la geôlière à faire montre de son impunité à maltraiter les prisonniers. Kippa (une jeune fille de petite taille avec une queue de renard) est mignonne à croquer, avec ses yeux souvent implorants, et sa manière de tenir sa queue dans ses bras, devant elle, comme une forme de protection.

L'artiste utilise les couleurs et l'infographie pour réaliser un rappel discret de l'environnement en fond de case sans avoir à en dessiner les détails. À nouveau, son approche graphique relève d'une maîtrise de la conception des cases pour se concentrer sur la narration, sans les surcharger. Dans chaque séquence, elle représente les décors et leur donne une consistance remarquable. le lecteur peut contempler à loisir la riche décoration du salon dans lequel Maika Halfwolf est mise aux enchères. Il peut observer l'architecture de la ville alors que la roulotte progresse vers la maison de Sophia Fekete. Il a l'impression de sentir le vent qui balaye les hautes herbes d'une plaine ou Maika se tient à cheval avec Tuya. Il voit l'architecture de la pièce monumentale où se trouvent les cellules. Il essaye de déchiffrer avec Maika les inscriptions sur un mur de pierre. Il est fort impressionné par les édifices où vit la Reine des Loups. Il regarde la forêt alors que la charrette d'Emilia progresse. En tant qu'artiste complète, Sana Takeda montre un monde présentant une grande cohérence graphique, consistant et riche. Elle représente un monde d'Heroic Fantasy palpable dont le lecteur peut ressentir l'histoire et la réalité.

Le lecteur comprend vite pourquoi ce premier tome se devait d'être aussi épais. Marjorie Liu s'est embarquée dans la création d'un monde très développé et il lui faut du temps pour exposer la situation géopolitique, les règles de la magie, les personnages, leur histoire personnelle, et leurs alliances. Elle doit présenter les différentes races évoluant dans ce monde et les liens qui les unissent, tout en dépassant les stéréotypes sur les Grands Anciens en provenance des écrits d'Howard Phillips Lovecraft, ou encore les chats dotés de conscience. Pour ce faire, elle a ajouté une page de présentation réalisée par un maître chat, en fin des épisodes 2 à 6, ce qui lui permet de revenir sur l'histoire de ce monde, et de lier les différents détails évoqués par les personnages. le récit montre également que l'histoire se joue sur plusieurs générations, et que les conflits trouvent leur origine dans le passé.

D'un côté, le lecteur prend plaisir à découvrir ce nouveau monde, à prendre contact avec ces personnages, à voir les affrontements. de l'autre côté, le sens du rythme de la scénariste manque encore un peu de maturité, et certains passages donnent l'impression de perdre tout l'allant acquis dans les pages précédentes, pour devoir à nouveau vaincre l'inertie inhérente à une fresque d'une telle ampleur. le monde créé par Marjorie Liu et Sana Takeda ne manque pas d'originalité, avec une intégration discrète de mythes d'origine japonaise, sans donner l'impression d'ersatz ou de plagier, ou même de recycler le travail d'autres créateurs. Elle sait développer la personnalité de Maika Halfwolf. Les thèmes principaux sont donc la poursuite d'une source de pouvoir pour conserver la place de caste dirigeante, la vengeance, mais aussi la singularité. de par sa naissance et son histoire personnelle, Maika Halfwolf est un individu envisagé comme un moyen, comme une réprouvée et comme une indésirable. Sa ferme résolution en fait une personne bien décidée à se tailler une place dans la société, à se faire respecter et même craindre, à devenir elle-même une personne de pouvoir. Il est possible de mettre cette volonté en parallèle avec le fait que son corps abrite, contre sa volonté, une entité malveillante qu'elle ne contrôle pas. Il est donc possible de considérer le cheminement de cette protagoniste comme une forme de lutte pour intégrer la société et d'une lutte contre ses propres démons intérieurs.

Ce premier tome est plus épais que l'ordinaire pour que les 2 créatrices puissent raconter une part significative de leur récit de grande ampleur. Les dessins de Sana Takeda séduisent rapidement le lecteur par leur originalité, leur personnalité et leur sophistication. L'histoire de Marjorie Liu s'avère intéressante et prenante, malgré un découpage pas toujours assez fluide.
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Je suis un peu triste de ne pas avoir accroché à ce 1er tome de « Monstress ». Triste parce que la B.D a des qualités mais quand je dis que je n'ai pas accroché, c'est une façon aimable de dire que je n'ai pas aimé du tout.

Comme je le disais, « Monstress » a pourtant des qualités. D'abord, visuellement c'est plutôt beau. le style de Sana Takeda tient à la fois du comics et du manga et le mélange est harmonieux et réussi. Ensuite, il est indéniable que Marjorie Liu, la scénariste, a de l'imagination. L'univers qu'elle créé est riche et original.
Pourtant, malgré ces qualités, je n'ai pas aimé « Monstress ». Si l'univers créé et l'histoire sont potentiellement intéressants, je n'ai pas trouvé l'intrigue très bien menée. J'y ai vu un côté brouillon et confus qui m'a empêchée de m'immerger dans le récit. Ensuite, j'ai trouvé l'ensemble assez bavard et manquant de dynamisme narratif, le comble pour une histoire avec tant de péripéties. Tout ça fait que je me suis beaucoup ennuyée au cours de ma lecture. Et pour tout dire, j'ai lu le dernier tiers en diagonale. de plus, si je ne suis pas hostile à la dark fantasy, ici je n'y ai pas adhéré. J'ai trouvé que le côté sombre était appuyé de façon artificielle, j'ai eu l'impression que l'auteure cherchait à en rajouter sans que ça ne se justifie. Je n'ai pas aimé non plus les interludes où une sorte de chat conférencier vient apporter des informations sur l'univers du récit. Il y a là un côté quasi humoristique qui vient désamorcer les effets du récit et m'ont fait encore plus sortir de l'histoire.

Je n'ai pas aimé du tout ce 1er tome et je vais donc m'arrêter là avec cette série. Mais, comme je l'ai dit, « Monstress » a des qualités, je vous invite donc à vous faire votre propre avis.

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Cette série me fait de l'oeil depuis sa sortie en France à cause de ses couvertures juste sublimes ! Sauf que j'ai autrefois voulu lire quelques comics et j'ai été souvent très déçue par les dessins à l'intérieur et le découpage que je trouvais trop rapide de l'intrigue, du coup je n'ai pas osé m'y frotter malgré mon envie. Mais, merci le confinement, le tome 1 était disponible gratuitement sur Izneo et les deux suivants à tout petit prix (moins de 2€), alors je me suis lancée !

Monstress est tout ce que j'attendais et même plus encore. Tout d'abord c'est une histoire de fantasy comme je les aime, pleine de mystères avec un système de magie qui me séduit, un monde avec des clans qui s'affrontent et une héroïne charismatique avec son sombre passé, ses blessures, etc. Classique, certes, mais bien écrit et mis en scène, et surtout porté par des dessins à tomber.

Parlons de ceux-ci, souvent dans les comics l'intérieur n'est pas à la hauteur de la couverture graphiquement parlant. Ici, c'est l'exception qui confirme ma règle (parce que je ne m'y connais pas assez pour dire que c'est une généralité), l'intérieur est sublime, on en prend plein les mirettes. Je ne compte pas les fois où je me suis arrêtée sur les pages, lisant le texte d'abord avant de revenir sur les dessins, case par case. Les dessins enchantent, ils transportent vraiment dans un autre monde. Ils sont fins, détaillés et très colorés. La colorisation est top au passage alors que c'est souvent un point noir pour moi dans les comics, ainsi elle pleine de nuances et j'aime le choix de la forte présence de ce nuancier se rapprochant des icônes orthodoxes dans une esthétique plutôt steampunk et arcanepunk (monde imaginaire où la magie et la science coexistent), d'inspiration asiatique. C'est une ambiance qui me parle. Il y a également beaucoup de variétés dans le trait, ce qui permet de bien mettre en valeur la pluralité des personnages rencontrés et des univers qui se croisent. Je suis particulièrement fan des animaux à corps humains. Les décors ne sont pas en restent, parfaitement travaillés, on en sent la chaleur des étoffes et le froid des métaux. Vous l'aurez compris, j'adore.

Du côté de l'histoire, on sent que les autrices ont planché sur un univers complexe. L'héroïne, Maika a été réduite en esclavage et intéresse ses tortionnaires, les Cumaea, car elle est une demi-loup avec des pouvoirs inconnus. Dans ce monde en guerre avec d'un côté les Humains (divisés encore en différentes entités...), et de l'autre les Arcaniques, dotés de caractéristiques magiques, Maika ressemble à une humaine normale. Il lui manque juste un bout de un bras et elle a un tatouage d'oeil entre les seins. Mais on se rend vite compte qu'elle est possédée par une force obscure et malfaisante, qui a soif de sang, et qu'elle a du mal à la contrôler. Cependant, elle décide tout de même de s'infiltrer chez les Cumaea pour essayer de trouver des informations sur son passé et surtout sur sa mère qui menait de mystérieuses recherches. Sauf que ce n'est pas sans danger puisque cet ordre est connu pour se servir du sang et de parties de corps pour avoir des visions qui leur donnent un pouvoir et une influence importante dans le royaume.

Ce premier tome n'est que l'amorce de tout ça et cela reste encore bien obscur pour nous, les informations ne nous étant données qu'au compte-goutte. Au début, on ne comprend pas bien où on est, qui sont les différents clans, ce qu'ils veulent. L'héroïne est longtemps un mystère et on n'en sait au final pas énormément plus sur elle à la fin de ce tome, il reste énormément de questions en suspens, mais après tout c'est normal vu la longueur de la série. J'ai aimé ce côté un peu opaque avec le voile qui ne se lève qui très progressivement. le mystère est entier et on s'interroge sur tout, fouillant les cases du regard ou interrogeant chaque dialogue et bout de texte. Je suis ainsi aussi bien intriguée par le passé de l'héroïne, les recherches de sa mère, les motivations des Cumaea, la place des Arcaniques etc.

L'ambiance est donc mystérieuse mais sombre également. Les Cumaea ne s'encombrent pas de sentiments quand ils torturent ou charcutent leurs prisonniers. L'héroïne est elle-même emplie de violence à cause de la créature qui l'habite. Elle m'a fait penser à celle de la Crécerelle que j'ai lu juste avant. Dans cette histoire, on n'épargne ni les femmes, ni les enfants, ni les forts, ni les faibles. C'est ça qui est chouette, on ne sait jamais qui va vraiment succomber et/ou souffrir.

En plus, c'est un titre très féminin, comme La Crécerelle justement, voire plus. On ne voit presque pas d'homme. Les personnages de pouvoir dans tous les sens du terme sont des femmes ici, de l'héroïne à ses bourreaux, en passant par ses poursuivantes ou ceux qu'elle-même cherche. Et c'est fait de telle sorte que ça ne choque pas, ça semble tout à fait normal de se retrouver dans cette société exclusivement féminine. Surprenant après coup mais très chouette.

Je vais m'arrêter là mais il y aurait encore beaucoup de choses à dire. J'ai vraiment été séduite par ce titre à la mythologie complexe et prometteuse encore plein de mystères. Son ambiance asiatique et arcanepunk illustrée de manière sublime m'a conquise. La noirceur du récit et de l'héroïne ont achevé de me convaincre. C'est une excellente surprise et encore plus quand on connait ma réticence envers les comics !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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critiques presse (2)
ActuaBD
13 février 2017
Un comics réussi, qui impressionne par sa qualité graphique et sa réflexion sur les Dieux, les mythes et la philosophie, par-delà les âges.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
06 février 2017
Cette entrée en matière est un coup de maître. Elle apporte un souffle de fraîcheur à un genre parfois sclérosé, plombé par le poids des références et l'héritage de ses œuvres fondatrices.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La guerre détruit tant de choses. Certaines cités se reconstruisent comme si rien ce s’était passé. Mais pour les gens, c’est moins facile.
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« La faim est plus répandue en ce monde que l’amour. »
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L’immortalité obère l’urgence. Et d’autres valeurs importantes.
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Le fait d’être immortel ne rend pas plus intelligent.
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Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour.
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