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Critique de Tachan


Sailor Moon fut vraiment l'un des titres phares de mon enfance comme toute une génération d'amateurs et amatrices du Club Dorothée. J'avais autrefois acquis la toute première édition parue chez Glénat, que j'ai lue et relue enfant, puis je m'en suis séparée et la nostalgie jouant, j'ai à nouveau acquis la série lors de sa réédition chez Pika il y a 8 ans. Mais comme je suis faible, j'ai une nouvelle fois craquée devant cette superbe réédition dans un format vraiment plus qualitatif.

Revenons d'ailleurs dans un premier temps sur l'objet livre et comparons un peu les deux éditions Pika disponibles. Avec cette ressortie, Pika propose dans un format plus grand et avec une reliure cartonnée dure, un tome 1 plus volumineux que celui de l'édition précédente, car comportant un chapitre de plus. La couverture a également été remaniée avec une héroïne qui fait plus mature. On sent qu'on ne s'adresse pas forcément à la même catégorie d'acheteurs qu'alors. Nous avons droit cette fois à l'ensemble des pages couleur de l'oeuvre, ce qui n'était pas le cas avant où nous n'en avions qu'au tout début, là chaque ouverture de chapitre est en couleur. Quelques légères retouches ont été faites sur les dessins, comme l'ajout d'un bout de jupon ou le changement de quelques couleurs sur les costumes. Avec le papier glacé proposé, dont j'espère une plus grande résistance au temps que le précédent, les noirs et gris sont moins profonds. La traduction, elle, en revanche est la même pour ce que j'ai pu constater en comparant plusieurs pages du premier tome.

Évoquons maintenant un peu le contenu de ce premier tome d'une saga culte pour bien des fans de mangas trentenaires (et autres), mais je vous en épargne le résumé que vous pouvez lire plus haut.

Naoko Takeuchi, dont c'est l'une des toutes premières oeuvres, en s'inspirant fortement des shojo des femmes du groupe de l'an 24, offre un début assez classique mais très dynamique pour un shojo des années 90. On y sent vraiment énormément l'influence de ces années-là, que ce soit dans ces arcades de jeux vidéos ultra présentes, ce goût pour les magical girls un peu passé de mode depuis, la représentation désormais kitch des différentes créatures, l'humour potache qui n'a rien à envier à Rumiko Takahashi, ou encore son goût pour la mode de l'époque très prononcé dans les tenues dont elle affuble ses personnages, etc.

Le format en épisodes courts mais dynamiques permet de vite faire avancer le récit. Ainsi, le premier chapitre est fort riche. Il pose les différents personnages clés, gentils comme méchants, les missions qui vont avoir lieu, les dynamiques entre les personnages, les différents pouvoirs utilisés et il y en a, ainsi que la romance et les mystères qui englobent le tout. La suite des chapitres de ce premier tome n'est pas en reste puisqu'à la fin, toute l'équipe autour de Sailor Moon est déjà constituée et qu'elles ont vaincu plusieurs ennemis. Ça ne mollit pas. Et alors que lors de ma relecture de 2012 cela m'avait vraiment gênée, j'ai apprécié ce rythme cette fois, peut-être aussi parce que je me suis remise à lire des shonen entre temps et que je retrouve ici le rythme rapide de certains d'entre eux.

Mais nous sommes bel et bien dans un shojo et plus particulièrement dans un magical girl. L'autrice s'est vraiment amusée à en reprendre tous les codes entre sérieux et humour. On retrouve ainsi un acolyte animalier, des coéquipières aux caractères bien variées, associées ici à un élément naturel, un homme mystérieux, ami ou ennemi, c'est à voir, des pouvoirs qui évoluent, des attaques avec de drôles de nom, des ennemis très très méchant façon série B 😂, beaucoup de gadgets, une cachette secrète, et des buts encore bien mystérieux de part et d'autres. C'est extrêmement bien ficelé.

Mais Sailor Moon, ce n'est pas que l'histoire d'un groupe de fille qui tuent des méchants en voulant les empêcher de faire du mal aux gens et en protégeant leur princesse et son cristal d'argent aux terribles pouvoirs. La mangaka s'est également amusée à glisser dans chacune de ses histoires un message sur notre société. Elle évoque ainsi tour à tour la folie des soldes, les ravages des cours du soir, la fascination pour les mythes urbains, la perte d'attractivité des temples pour les japonais, la mode des fantômes, ce goût prononcé pour les apparences trompeuses, les jeunes filles fascinées par le mariage, la puissance des médias, ou encore l'addiction aux écrans. C'est donc à la fois un titre d'aventure fantastique et un titre qui parle de notre société moderne.

Dans ce premier tome, on sent que l'autrice s'amuse énormément tout de même avec ce mélange des genres. Elle fait preuve d'énormément d'humour, notamment avec une héroïne totalement stupide qui commet bourde sur bourde et est nulle en classe. Elle propose également des aventures enlevées où nos justicières combattent des méchants différents à chaque chapitre. Pour autant, ce n'est absolument pas décousu. Chaque chapitre est en lien avec le suivant tissant peu à peu une vaste toile dont les mystères se révèlent peu à peu grâce au fidèle personnage de Luna, le chat accompagnant Usagi. Et pour pimenter le tout, elle n'oublie pas les amatrices de belles histoires d'amour avec l'écriture progressive d'une belle romance contrariée avec tous les codes du genre, qui fait battre notre petit coeur de fleur bleue.

C'est d'ailleurs une réussite graphiquement de ce côté-là avec des planches extrêmement romantiques, pleines de douceur et avec de jolis jeux de cadrages et de mises en scène. On est a fond dans un beau drame shakespearien, ma référence en la matière. Mais il est dommage de voir que son dessin est inégal. Les personnages de passage sont dessinés de façon extrêmement grossières. Il y a des problèmes de proportion même chez les héroïnes notamment lors des phases plus légères. Elle soigne ses dessins uniquement lors des phases clés, comme lors des premières transformation, des rencontres amoureuses ou des combats fatidiques et c'est alors vraiment très beaux, doux et poétiques, comme le montre également l'ensemble des pages couleurs ouvrant les chapitres. En cela, cette nouvelle édition, en grand format et sur un papier de qualité, est un régal pour les yeux !

Je me suis donc délectée de cette énième relecture d'un titre culte de mon enfance grâce à cette nouvelle superbe édition de Pika, que je remercie vraiment. J'ai retrouvé toute la fraîcheur et l'émotion de celle-ci, ainsi que le bonheur de me replonger dans un univers fantastique familier mais qui propose à chaque relecture de nouvelle découverte. Un vrai plaisir !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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