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EAN : 9782072709999
252 pages
Gallimard (25/10/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Tarots enluminés et as nas persans, jeux de coucou italiens et jeux révolutionnaires français, ganjifa mogholes et jeux divinatoires, hanafuda japonais et cartes rondes allemandes... Protéiformes, exotiques et familières, les cartes à jouer accompagnent les joueurs de sept à soixante-dix-sept ans depuis bientôt sept siècles. Mais connaît-on réellement leur histoire ? A travers une sélection de 120 jeux parmi les plus somptueux et les plus emblématiques de la très ri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En forme de carte à jouer géante, digne de la fameuse reine de coeur d'Alice au Pays des Merveilles, ce livre annonce d'emblée la couleur : les jeux de cartes de toutes les périodes y sont à l'honneur. S'il est parfaitement conçu et richement illustré, il est de plus exemplaire puisqu'il est le fruit d'un récolement de la collection de la Bibliothèque nationale de France. Dépositaire de fonds méconnus (plus de trois mille suites de cartes !), cette institution est une des mieux pourvues dans ce domaine. À la fois savant et amusant, servi par une maquette ludique, cet ouvrage dispose donc d'atouts maîtres pour devenir un vrai livre de chevet, et non pas seulement un énième cadeau de courtoisie. le plan chronologique favorise l'approche historique ; mais chaque partie étant constituée d'une introduction générale et de notices, le lecteur bénéficie de commentaires iconographiques approfondis, rédigés par les auteurs les plus qualifiés (leurs noms, qu'on doit rechercher en annexe, mériteraient du reste d'être plus apparents). On apprend ainsi que les cartes à jouer naquirent en Orient au XIIe siècle, qu'elles apparurent au XIVe siècle en Europe, puis qu'elles se développèrent à partir de la Renaissance, au moment de l'émergence de l'imprimerie et de la diffusion du papier. L'essor de la gravure leur doit presque tout : l'estampe prit son envol grâce au goût immodéré, bientôt condamné par l'Église, pour les jeux de hasard. L'image de piété fut certes la grande concurrente de la carte à jouer : dévotion et culte du jeu favorisèrent de concert l'invention des artistes. Les chapitres montrent la grande variété des premiers jeux : jusqu'au XVIIIe siècle, les figures des cartes, leur noms, leur tarotage (l'ornement du revers), comme leurs enseignes n'étaient pas fixés ; coupes, bâtons, grelots, glands ou roses pouvaient remplacer nos actuels coeurs, carreaux, piques et trèfles. Les règles elles-mêmes n'étaient pas parfaitement établies. On ne s'adonnait pas aux mêmes jeux dans l'aristocratie et dans la paysannerie, ni dans tous les pays. À l'hispanique hombre qui passionna Versailles pendant le Grand Siècle, répondait le tarot, issu des cours italiennes et devenu divinatoire seulement à la fin du XVIIIe siècle. Les cartes eurent bientôt des ambitions pédagogiques : en témoignent un très beau jeu astronomique publié à Nuremberg en 1719, et le jeu géographique, historique et mythologique conçu par Mazarin en 1644 pour le futur Louis XIV. Ce dernier n'est pas moins spectaculaire que celui dessiné par Jacques-Louis David pendant le Premier Empire, dans lequel César a les traits de Napoléon. On peut aussi relever la permanence des décors animaliers : le « coucou » ou « cúcú » mentionné par Rabelais dans Gargantua sous le nom de « cocu », est dans ce genre un des jeux les plus imaginatifs et comiques.


Mais ce livre est également passionnant parce qu'il touche à la sociologie. du Moyen Âge au XXe siècle, les cartes à jouer sont le reflet des modes de vie, des goûts et des coutumes de nos ancêtres, parfois les plus proches. Elles agissent comme un puissant miroir, d'où la nostalgie n'est pas absente car elles nous ramènent à l'enfance, aux loisirs des vacances ou même de Noël...

Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 551, décembre 2018
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C'est incontestablement l'un des livres d'art les plus inattendus et les plus réjouissants de cette fin d'année ! Coédité par la Bibliothèque nationale de France et les éditions Gallimard, cet ouvrage richement illustré plonge le lecteur dans l'univers ludique, graphique et coloré de la carte à jouer, depuis ses origines, en Chine, au XIIe siècle, jusqu'en Europe au XXe siècle où ce petit morceau de carton rectangulaire est devenu le terrain de jeu des artistes les plus avant-gardistes, de Sonia Delaunay à Salvador Dali, en passant par Jean Dubuffet. Car la carte à jouer a bel et bien envahi tous les univers et toutes les époques ! « Aux terrasses des cafés, sous les tentes militaires, sur le feutre vert des casinos et dans les trains, des cartes à jouer. Sous le pinceau des peintres classiques, sur les collages des peintres cubistes, sur les écrans de cinéma ou dans les pages d'Alice au pays des merveilles, des cartes à jouer », énumère ainsi Jude Talbot, qui a dirigé ce savoureux traité. Au fil des pages et des illustrations, on voit ainsi voyager sous nos yeux éblouis de somptueux tarots enluminés, des jeux révolutionnaires français, de précieuses cartes e l'Inde moghole (ganjifa), des cartes rondes allemandes, des jeux divinatoires japonais (hanafuda), mais aussi des jeux de cartes galants, des jeux de sept familles, des cartes de propagande, et même des cartes ornées de stars de cinéma ou de pin-up américaines ! A l'heure des jeux numériques et virtuels, ces morceaux de mémoire distillent un irrésistible parfum d'enfance et nostalgie…
(Artpassions n°56 déc.2018)
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