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EAN : 9782493428240
112 pages
DELIRIUM 77 (08/09/2023)
4.25/5   6 notes
Résumé :
Le peintre Gustave Corbeau vient d'être assassiné en plein cœur de Grandville et la police fait appel à Lebrock pour résoudre l'affaire. A peine lancé dans l'enquête c'est au tour d'Auguste Rodent, grand rival de Corbeau, de se faire occire! Mais qui peut bien en vouloir ainsi aux grandes figures de la peinture figurative? Y aurait-il un intérêt politique à bouleverser ainsi le monde de l'art? Est-ce que cela rentrerait dans un complot bien plus vaste? Toute ressemb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il s'agit du troisième tome dans la série Grandville réalisée par Bryan Talbot (scénario, dessins, couleurs), paru en 2012. Il contient une histoire complète ; la lecture des 2 premiers tomes est conseillée même si elle n'est pas indispensable : (1) Grandville paru en octobre 2009, et (2) Grandville: Mon Amour paru en décembre 2010. Pour mémoire, en 2011, Bryan Talbot a réalisé une autre bande dessinée avec sa femme : Dotter of her father's eyes.

Le prologue montre une assemblée de barons de l'industrie réunis par un certain Artistotle Krapaud qui fomentent un coup d'état pour éviter que le Concile Révolutionnaire (ayant succédé à Napoléon XII dans cette uchronie) ne redistribue les richesses au profit du peuple. Un humain fait une brève apparition ; il s'appelle Angus Mortimire (un hommage à Philip Mortimer de Blake et Mortimer d'Edgar P. Jacobs). Puis l'histoire commence dans le bâtiment abritant la Cour d'Écosse et les services de police britanniques à Londres. le détective inspecteur Archie Lebrock voit une promotion lui passer sous le nez, il est réconforté par son assistant Roderick Ratiz, Quimby lui remet une pipe explosive. Enfin il reçoit la visite de Jules Rocher, le préfet de police de Paris qui vient requérir son aide pour élucider le meurtre très mystérieux du peintre Gustave Corbeau. Lebrock et Ratiz l'accompagnent à Paris pour enquêter.

Dans la postface, Bryan Talbot indique clairement ses principales sources d'inspiration pour cette histoire : Jean-Ignace Isidoré Gérard, dit J.J. Grandville pour l'idée des animaux anthropomorphes, James Bond pour le coté aventure (avec un gadget remis par un inventeur qui évoque Q). Il indique également qu'il a été pioché dans le Vent dans les saules pour l'image du principal ennemi. Au fil des pages, le lecteur pourra détecter d'autres sources d'inspiration à commencer par la ville lumière Paris. Si vous connaissez un peu Paris, vous serez satisfait de constater que Talbot a effectué ses recherches avec sérieux qu'il s'agisse des bâtisses prestigieuses comme le Musée du Louvre ou l'Hôtel de Ville, ou de lieu comme les bords de Seine ou le quartier de Montmartre.

Comme dans les tomes précédents, il peut être amusant de reconnaître Philip Mortimer, Nestor (le majordome de Moulinsart), un individu déguisé en Marsupilami, l'Ours Paddington, Spirou, etc. Toutefois, en tant que dessinateur, Talbot ne se limite pas à une connaissance de touriste des grands sites de la capitale, et à insérer des références culturelles issues du patrimoine de la bande dessinée. Au fur et à mesure des pages, le lecteur découvre l'équilibre harmonieux entre Talbot le scénariste et Talbot le dessinateur. Les images véhiculent encore d'autres références plus discrètes, plus immersives, plus importantes pour le récit. Cela commence par les colonnes Morris avec une affiche de spectacle de pétomane, ça s'étend aux reproductions exposées dans les salles du Louvre, et ça culmine avec l'ambiance bien retranscrite de Montmartre à la Belle Époque, jusque dans l'atmosphère du Lapin Agile, célèbre cabaret de la Butte Montmartre (22 rue des Saules 75018 Paris). Talbot le scénariste reprend alors le dessus pour évoquer la bohème artistique et le début de l'art abstrait. Il évoque également le tableau de René Magritte intitulé "La trahison des images" (avec sa légende "Ceci n'est pas une pipe"). Il transpose également l'esclandre que généra l'interprétation de la musique de George Antheil (1900-1959, compositeur) jouée lors des Ballets Suédois à Paris.

Avec ce récit, Bryan Talbot a élevé le niveau de ses ambitions pour raconter une histoire d'aventure avec enquête, meurtre en chambre close, steampunk, course-poursuite spectaculaire, un peu de romance, et une composante culturelle, historique et politique qui n'a rien de superficielle. L'histoire est à la fois dense et haletante, sans sacrifier les personnages. Et les illustrations sont toujours aussi séduisantes. le choix des animaux anthropomorphes s'avère toujours aussi efficace, en introduisant un commentaire sur l'oppression ordinaire des humains relégués au statut de citoyen de seconde zone, et avec des images superbes tel ce sphinx (chat sans poil), ou encore la peau de ce triton légèrement iridescente. Il est difficile de savoir si Talbot dessine ses personnages avec des moyens traditionnels (crayon et encre), par contre il est sûr qu'il utilise l'infographie pour donner plus substance à ses décors. Au fil des pages le lecteur aura donc avoir l'impression de pouvoir toucher une surface en marbre, de contempler des tableaux de maître accrochés dans les salles du Louvre, de toucher les carreaux blancs des couloirs du métro, de ressentir le moelleux d'un tapis au motif complexe, d'entendre le parquet doucement craquer à l'intérieur du Louvre, etc. Talbot se sert aussi parcimonieusement de la fonction floutage pour rendre compte de l'impression donnée par un mouvement très rapide.

Bryan Talbot ne se repose pas sur les facilités de l'infographie pour masquer un manque de travail de fond. Il est aussi exigeant scénariste que dessinateur : cela va du travail de conception graphique pour tous les éléments mécaniques à vapeur de type steampunk, à l'apparence des personnages, en passant par les tenues vestimentaires (la deuxième tenue de "travail" de Billie, les tenues des artistes du Lapin Agile, la robe de Cherie Rocher), par la décoration intérieur de l'appartement de Jules Rocher, jusqu'à la magnifique ballade au dessus des toits de Paris en hélicoptère monoplace.

Avec ce troisième tome, Bryan Talbot augmente la densité de son récit, tout en conservant la forme d'aventures policières. Il développe son uchronie en la nourrissant de mouvements politiques et artistiques, pour aborder des questions de fond, sans oublier de faire passer des émotions par l'entremise de ses personnages. le lecteur plonge dans un récit complet à tout point de vue, au milieu d'images formidables pour un voyage inoubliable.
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Un troisième volume absolument fantastique !

Pour la suite des aventures de LeBrock à Grandville, Bryan Talbot continue de nous régaler. Cette série est un bijou qui mérite d'être connue et le travail très qualitatif des éditions Delirium (comme d'habitude) est aussi à souligner.

L'inspecteur détective et son acolyte sont de nouveau appelés à Grandville pour un meurtre hommage au Mystère de la chambre jaune : un peintre assassiné chez lui, dans une pièce totalement fermée.
En plus d'être un mystère difficile à résoudre, cette affaire n'est évidemment que la première étape d'une folle succession d'événements, liés encore une fois à la pression sociale et politique qui se joue à Grandville.

Bryan Talbot a su garder toutes les qualités des deux premiers tomes et a encore élevé la qualité de cet opus : il est parfait.
On retrouve les éléments connus que nous aimons, auxquels il ajoute désormais d'autres paramètres, j'imagine pour faire monter l'intrigue dans les deux prochains tomes. Nous assistons ainsi à la récolte sociale des "pâtes à pain" (c'est-à-dire : les humains) qui revendiquent leurs droits, un nouveau gang qui gangrène la capitale apparaît, et les révélations sur le passé de notre cher inspecteur devraient s'avérer très utiles pour la suite.

L'auteur réussit à la fois à construire brillamment un récit propre à ce volume et à avancer son intrigue générale de façon naturelle et équilibrée. Vraiment le meilleur tome, et je ne doute pas que je dirai ensuite que le quatrième tome sera le meilleur, et idem pour le cinquième et dernier tome. C'est intelligent, il y a tout, c'est impeccable !

Et bien sûr, les commentaires et le cahier iconographique en postface permettent de repérer tous les clins d'oeil que nous aurions loupés à la lecture (et croyez-moi, il y a énormément de références à la BD mais aussi à la peinture et au monde de l'art en général) et personnellement, j'adore pouvoir comprendre toutes ces références que je ne connais pas forcément, je trouve que ça peut parfois manquer ou laisser un sentiment de frustration dans certains ouvrages, donc merci pour ça !
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critiques presse (5)
ActuaBD
07 novembre 2023
Nous sommes constamment en quête de ce type de bande dessinée qui nous procure de si bons moments de lecture. De plus, cette plausible uchronie se révèle également être le reflet, voire une satire, de nos sociétés.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
10 octobre 2023
Plaçant la lutte des classes au cœur de l’intrigue, "Bête Noire" est une enquête réussie de plus à mettre au crédit de Lebrock le blaireau et son fidèle adjoint Ratzi … mais aussi et surtout de leur créateur britannique.
Lire la critique sur le site : BDGest
LesComics
14 septembre 2023
"Grandville : bête noire" est une BD qui vaut le détour. Bryan Talbot nous offre un polar animalier captivant, drôle et intelligent. Il nous fait aussi découvrir un univers fascinant.
Lire la critique sur le site : LesComics
LigneClaire
11 septembre 2023
Cette uchronie policière chez Delirium est un vrai plaisir, inventif, efficace, à l’humour délicatement noir.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
LesInrocks
28 août 2023
Un propos subversif.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Nous allons nous assurer que l'art représentatif soit universellement discrédité et irrémédiablement démodé. Nous allons le remplacer par l'art abstrait pur, une forme qui, par sa nature même, ne pourra jamais être retournée contre nous. Imagine un peu ! Une marchandise lucrative, dénuée de sens et de fonction. Elle pourra dégager de substantiels bénéfices, sans avoir le moindre impact idéologique ou politique. La perfection.
- Mais... ça ne prendra pas ! Les gens ne vont pas avaler ça. On ne les manipule pas si facilement.
- Oh, mais si. Les critiques, les experts, les grands prêtres de l'art diront quoi penser. Nous possédons les réseaux de presse et de diffusion des images où le public puise ses opinions. Nous avons déjà commandé la première vague d'ouvrages réalisés par les autorités compétentes, et financé des expositions majeures dans les grandes villes. Nous allons corrompre ou pousser de force à la retraite els professeurs d'art de tout l'Empire de France. Et, très bientôt...
- Monsieur ! Les blindés sont prêt à passer à l'attaque ! Nous attendons votre ordre.
- Enfin. Nous allons pouvoir... hein ? (p. 93)
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Imagine un peu ! Une marchandise lucrative, dénuée de sens et de fonction. Elle pourra dégager de substanciels bénéfices, sans avoir le moindre impact idéologique ou politique. La perfection.
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Ce gros lourdaud de Stoatson ? Stoaty "la godiche", incapable d'attraper ne serait-ce qu'un rhume ? C'est un abruti fini !
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