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Grandville tome 2 sur 2
EAN : 9782811205317
104 pages
Milady (20/05/2011)
4.39/5   28 notes
Résumé :
Paris tremble. Le serial killer Mad Dog s'est échappé le jour même de son exécution. Et il n'a qu'une idée en tête : se venger de son ennemi juré, l'inspecteur LeBrock ! Épaulé par son ami le détective Ratzi, le fameux inspecteur de Scotland Yard va suivre la trace sanglante du tueur fanatique dans les rues sombres du Paris de la Belle Époque.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Grandville qu'il vaut mieux avoir lu avant.

L'histoire commence avec l'évasion d'Edward Mastock de la prison dans laquelle il était détenu, le jour de son exécution. À Londres, Roderick Ratiz rend visite à Archie Lebrock qui est en arrêt maladie depuis 3 semaines. Il le retrouve dans son salon sous l'emprise de l'alcool, dans un capharnaüm généré lors d'un accès de colère. En bon second, Ratiz entreprend de secouer les puces de son patron, il fait le ménage et il le provoque aux échecs pour le ramener à un semblant de réalité. Puis il lui annonce la nouvelle de l'évasion de Mastock que Lebrock avait arrêté dans le tome précédent. Ce dernier se rend dans le bureau du brigadier Bélier (son supérieur) où il apprend que l'enquête a été confiée à un autre que lui en son absence et que d'autres tâches l'attendent. Il décide donc d'agir officieusement pour retrouver ce dangereux terroriste et le capturer à nouveau.

Son enquête l'emmène à Grandville où il se rend sur les lieux de meurtres de prostituées perpétrés par Mastock. Rapidement, ses découvertes l'entraînent dans le monde de la politique, le ramène à la mort de son propre père et la prise d'indépendance de l'Angleterre vis-à-vis de l'empire français.

Après la lecture de Grandville, je n'avais qu'une seule envie : c'est pouvoir retourner dans ce monde. Mais après une telle réussite, tenter un retour est toujours risqué pour l'auteur. Pour le créateur, 2 possibilités existent : refaire la même chose en plus fort, ou développer sa série dans une nouvelle direction. Bryan Talbot reprend le même mélange d'ingrédients en affinant leur distillation.

Le détective inspecteur Lebrock reste un blaireau d'action (l'animal anthropomorphe, pas le trait de caractère), mais il a gagné en psychologie. Il utilise à niveau égal sa force et son intelligence. Talbot rend hommage aux suites logiques d'analyse et de déduction qui permettent de trouver le fil conducteur au milieu d'événements atroces. Il dose savamment les intuitions intelligentes et les erreurs de logique pour que Lebrock et Ratiz méritent leur grade de détective, sans que leur sagacité relève du surnaturel.

Talbot ne se contente pas de rendre hommage au chevalier Dupin d'Edgar Allan Poe, à Sherlock Holmes et à leurs descendants, il insère également des composantes politiques crédibles. En fait, il réussit à jouer à la fois sur le tableau de l'uchronie (il faut avoir lu le premier tome pour comprendre car il ne réexplique pas la situation), et à la fois sur le tableau de notre actualité telle que la gestation des terroristes et le cercle sans fin de la violence qui engendre la violence (page 51).

Côté action, Talbot joue également sur 2 tableaux. Il construit des scènes très premier degré évoquant l'innocence relative des romans d'action pour jeunes mâles du dix-neuvième siècle : tout est dans le plaisir de l'action, du mouvement, de la testostérone. le méchant tombe sous les coups du héros, puis il revient frapper par derrière comme le sale traître qu'il est. le héros doit son salut grâce à des artifices de romans pour jeunes adultes tels qu'une cotte de maille portée sous les vêtements.

D'un autre côté, le héros utilise la même violence sadique, avec un code moral assez élastique. Lebrock n'est pas Tintin : il dispose d'une musculature impressionnante, d'une grande maîtrise des armes et il est décidé à exterminer Mastock. Il souhaite la mort du criminel. Talbot inscrit son récit également dans les polars noirs et politisés. La relation entre Lebrock et Billie oscille, elle aussi, entre l'amour platonique des héros de la jeune adolescence et l'amour tarifé des romans policiers pour adultes.

Cette fois encore, Bryan Talbot a tout fait tout seul (à part la mise en couleurs de 3 pages). Premier moment de plaisir : la prise en main de cette bande dessinée qui est de format européen (et non comics), avec une couverture cartonnée rigide toilée. Ensuite vient un motif qui s'étale sur 2 pages reposant sur un croisement improbable de roue dentelée et de papier peint du début du siècle. du coup quand le lecteur arrive à la première page de l'histoire, il est déjà dans l'atmosphère steampunk du récit.

Talbot reprend donc le dispositif d'animaux anthropomorphiques qui donnent une identité visuelle très forte aux personnages. Non seulement les personnages principaux deviennent inoubliables, mais en plus il glisse quelques trouvailles telle la mère maquerelle sur la base d'un hippopotame (évident après coup), ou le chien avec les babines retroussées qui conduit l'interrogatoire d'un suspect. En plus il continue d'insérer quelques références sympathiques telles que le Gaston de Franquin et le Lucien de Margerin en hommes de main. Mais le lecteur croise aussi au fil des pages Donald Duck ou un humain en costume de Marsupilami (page 33).

Talbot accorde une grande attention à l'exactitude de ses décors en insérant quelques éléments d'époque (la réclame pour la "Vache qui rit" page 24), sans être ostentatoire. Talbot gère son récit de manière à ce que les scènes d'action laissent la plus grande place possible à l'image. Il a recours à l'infographie pour insérer un motif de papier peint ici ou là, toujours en prenant soin que ces petits plus augmentent la richesse de l'illustration, sans prendre le premier plan.

L'utilisation d'animaux anthropomorphes ne se limite pas à donner des têtes bizarres aux personnages, il met à profit ces caractéristiques pour intensifier les expressions des visages et augmenter l'effet de certains accessoires (Billie qui est muselée au lieu d'être bâillonnée).

J'ai trouvé cette suite encore meilleure que le premier tome (alors qu'il n'y a plus l'effet de surprise). le scénario est plus dense, les personnages sont mieux développés sur le plan psychologique (Ratiz dépasse largement la caricature de faire valoir du héros), les situations sont plus complexes. Les illustrations emmènent le lecteur dans ce monde étrange d'animaux parlant et marchant comme des hommes et de science rétro-futuriste, en rendant le tout plausible à défaut d'être réel. Ce récit constitue un divertissement raffiné et de choix, avec quelques moments plus profonds.
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Après avoir fondu d'amour avec le tome 1, j'ai réservé presque dans la foulée le tome 2 à ma médiathèque, tant il me tardait de découvrir une autre aventure de LeBrock.
Et quelle aventure !! On est immédiatement mis dans le bain avec l'évasion d'un des pires salopards de la révolution Anglaise et par toutes les intrigues qui en découlent. On retrouve notre héros et son acolyte dans une aventure dangereuse, violente et rocambolesque, teintée d'un soupçon de culpabilité. C'est brillamment écrit une nouvelle fois et on est happé dès les premières pages dans cette aventure pour un excellent moment de lecture. Côté univers graphique, c'est toujours aussi beau, aussi maîtrisé et je suis toujours aussi fan de l'anthropomorphisme et du chara-design. Les planches sont plus belles les unes que les autres et les scènes d'action sont époustouflantes. Notre immersion en n'est que plus intense et jouissive.
C'est donc un grand grand oui pour moi avec ce deuxième tome qui confirme la grand qualité de cette série. A découvrir absolument.

Note T.2 : 5/5.
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Je n'ai pas chroniqué le tome précédent, mais je vous avoue que j'avais adoré. J'aime tout autant le style choisi par l'auteur, que le soin qu'il apporte à ses planches et à ses personnages.
L'inspecteur LeBrock est un Sherlock Holmes like. Avec son fidèle inspecteur, il résoud des crimes sur lesquels des policiers normaux échouent. On retrouve également une ressemblance de caractère et de comportement. Ici en particulier avec le comportement de LeBrock au début, lorsqu'il est enfermé chez lui.

L'histoire est simple : LeBrock poursuit son ennemi juré dans les rues de Paris en suivant les cadavres sanglants qu'il laisse derrière lui. Mais rapidement, LeBrock comprend qu'il y a plus derrière cette histoire qu'un simple massacre de prostituées...
L'auteur s'inspire librement donc de Sherlock Holmes et un peu de Jack l'Éventreur dans cette affaire, mais contrairement au célèbre détective, LeBrock n'est pas "observateur". Il a d'excellentes intuitions qui se révèlent toujours justes, mais pas vraiment de preuves sur lesquelles appuyer une réflexion - contrairement à son collègue Ratzi. On pourrait d'ailleurs reprocher à l'auteur d'être un peu linéaire dans son enquête : LeBrock remonte les pistes les unes après les autres et ne se trompe jamais, sauf lorsqu'il confond son grand amour décédé avec une prostituée. Cette facilité est un peu dommage, mais n'entame pas le plaisir que l'on a à parcourir cet ouvrage.

L'univers est une sorte d'uchronie steampunk où les personnages sont tous des animaux. On peut en déduire un trait de caractère dominant, mais l'auteur n'oublie pas de leur donner plus de nuances que leur espèce ne le laisse penser au premier abord.
Un vrai soin est apporter à chaque planche, et ce travail est d'ailleurs détaillé à la fin de l'ouvrage avec l'exemple d'une case et de ses différentes étapes.

En bref, c'est une excellente BD que nous avons ici et comme Milady Graphics ne publiera pas la suite, je songe à me tourner vers la VO.
Lien : http://www.nyx-shadow.com/20..
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EXTRAIT "Il y a d'une part un scénario excellent, passionnant, plein de rebondissements. On sent l'influence évidente de Conan Doyle, mais avec un style très personnel, un brin plus branquignole que l'estimé et très logique Sherlock Holmes. L'inspecteur Lebrock ne maîtrise pas grand-chose des conséquences de ses actes, agit à l'instinct et au bagou. Mais cela crée un rythme indéniable, une ambiance très fin 19e siècle, que je retrouve pour ma part avec plaisir. "
Lien : http://chroniquesdelinvisibl..
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critiques presse (4)
ActuaBD
09 mai 2023
Si vous avez lu le premier tome chroniqué récemment dans cette rubrique, l’inspecteur Lebrock de Scotland Yard et son associé Roderick Ratzi vous sont déjà familiers et vous serez heureux de les retrouver dans cette nouvelle enquête aussi mouvementée que palpitante.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
LesComics
05 mai 2023
Grandville Mon Amour est une BD incontournable pour les amateurs du genre. Bryan Talbot nous offre une œuvre originale et passionnante, qui allie le polar, le steampunk et la romance. Il nous fait découvrir un univers uchronique où les animaux font l’histoire.
Lire la critique sur le site : LesComics
LigneClaire
24 avril 2023
Grandville de Bryan Talbot est une uchronie policière à mettre au crédit de Délirium. Des animaux qui ne font pas dans la dentelle, politique, coups fourrés sur fond d’anthropomorphisme.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
BoDoi
18 juillet 2011
De l’action magnifiquement mise en scène, des références amusantes et bien vues, une intrigue de longue haleine et un graphisme original et léché
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- J'ai été aveugle, Roderick. Je ne voyais pas ce qui me sautait aux yeux.
- L'adulation peut aisément occulter le fait que, parfois, les héros sont faillibles. (p. 91)
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