Nassim Taleb est surtout connu pour son précédent livre, Antifragile, et, peut-être plus encore, pour le second volume de sa série littéraire Incerto, le cygne Noir, dont Jouer sa peau est le cinquième et dernier opus. Ça fait longtemps que je me dis que je devrais lire ces deux bouquins, surtout que j'en ai entendu pas mal de bien. Mais bon, il y a toujours autre chose à lire, autre chose à faire… Tu connais ça aussi. du coup, quand j'ai vu apparaitre ce titre lors du dernier Masse Critique, je n'ai pas hésité longtemps, et je l'ai coché. Ça allait être l'occasion d'enfin faire connaissance avec ce trader à la retraite.
Bon, déjà, première impression après quelques dizaines de pages tournées seulement : Ah, ce que l'excès de Storytelling à l'américaine me broute. L'auteur illustre chacun de ses propos par plusieurs exemples, (au cas où son public ne pourrait pas comprendre avec un seul ?) et ça devient vite redondant.
Car oui, si les idées développées ici sont en grande partie intéressantes, bien que je ne les partage pas toutes, elles sont à ce point répétées, mixées, allongées, étirées et grossies encore et encore, que le tout en devient rapidement un poil indigeste. Si bien qu'il m'est arrivé de sauter quelques pages quand je voyais qu'un sujet pourtant déjà bien documenté, allait être encore développé jusqu'à plus soif.
Et c'est dommage.
Parce qu'en étant un tant soi peu honnête, il est difficile de ne pas être d'accord avec les grandes lignes de cet ouvrage. Ceux et celles qui prennent les décisions devraient être ceux et celles qui ont quelques choses à perdre dans l'affaire.
De la pure logique, non ?
Heeem, quand on regarde comment fonctionne notre société, non, pas tellement. D'après l'auteur, c'est d'ailleurs pour cela que bien des choses vont mal. Et je ne peux pas vraiment lui donner tord. Même si on va quand même éviter les explications mono-causales un peu trop simplistes.
Mais du coup, donne t-il une solution à ce problème ?
Autant être clair tout de suite : non.
Mais ce n'est pas forcément un mal. Tu ferais confiance, toi, à un mec qui te dit qu'il a LA solution pour que le monde tourne plus rond ? Une solution qu'il a trouvé tout seul au prix de nombreuses nuits d'insomnies ? Non, pas vrai ? Ben, moi non plus.
Du coup, que ce livre ne se termine pas sur un DIY en 5 étapes pour rendre le monde plus juste en mettant sa peau en jeu, ça me rassure.
Au lieu de ça, Taleb nous invite plutôt à réfléchir avec lui sur toutes les problématiques soulevées dans son livre et illustrées pas ses trèèèès nombreux exemples, et ça, c'est beau.
Donc, est-ce que ce livre est intéressant et abordable même quand on n'a pas lu les 4 premiers ? Oui, vraiment. Ça ne peut faire de mal à personne d'en lire un morceau ou même l'entièreté. Il y a des choses à apprendre, même si pour beaucoup, ce sont des sujets que l'on a déjà toutes et tous abordés avec soi-même ou avec des potes autour d'un verre.
En revanche, est-ce qu'il est trop long pour ce qu'il à dire ? Oui, hélas. Se calmer un peu sur les exemples, parfois vachement éloignés du sujet d'origine en plus, ne pourrait clairement pas faire de mal.
Et enfin, est-ce que je lirai les autres tomes d'Incerto ? Peut-être, oui. Mais pas tout de suite.
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