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EAN : 9782251447599
384 pages
Les Belles Lettres (28/12/2017)
3.9/5   36 notes
Résumé :
Êtes-vous prêt à mettre votre peau en jeu ?

Pourquoi devrait-on cesser d’écouter ceux qui parlent au lieu d’agir ? Pourquoi les entreprises font-elles faillite ? Comment se fait-il que nous avons plus d’esclaves aujourd’hui qu’au temps des Romains ? Pourquoi imposer la démocratie aux autres pays ne marche jamais ?
Réponse : trop nombreux sont ceux qui dirigent le monde sans mettre leur peau en jeu.
Dans son livre le plus provocateur à c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il est toujours agréable d'ouvrir un livre qui vous explique ce que vous savez déjà, sans jamais avoir réussi à le formuler correctement. Pour ma part, j'ai eu la première intuition en m'intéressant au sujet de l'avortement. J'ai d'abord pu découvrir nombre d'arguments, très bien formulés, et maniant les concepts philosophiques les plus nobles, d'auteurs très en vue. Et puis, une fois mon avis formé, j'ai eu l'idée loufoque d'aller lire des témoignages de femmes. Et là, belle claque ! Les arguments que j'avais lus étaient toujours aussi bien formulés, et les concepts philosophiques toujours aussi nobles, mais ça restait des arguments tirés du papier, et qui y resteront, puisqu'ils sont totalement déconnectés de la réalité. Et surtout, ceux qui les professent (quel que soit leur camp d'ailleurs) se gardent bien de faire le moindre petit tour dans une clinique.

C'est globalement le thème principal du livre : les gens qui prennent des décisions doivent en supporter toutes les conséquences. Ce n'est pas seulement important pour les personnes qui subissent des décisions absurdes, mais pour la société dans son ensemble : quand on est sur le terrain, on est déjà beaucoup plus prudent, et surtout, on peut apprendre de ses erreurs. Confier la direction des opérations à des personnes qui vivent dans une tour d'ivoire, c'est priver la société d'un mécanisme de suppression (souvent au sens figuré, mais parfois aussi au sens propre) de l'incompétence. Un ministre de l'éducation peut enchaîner les réformes absurdes et s'en tirer avec les honneurs. Un professeur qui tente d'innover dans le domaine pédagogique face à des classes difficiles n'a pas franchement intérêt à se louper.

Bref, pour le dire selon le dicton populaire, « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ». Et pour notre plus grand malheur, des conseilleurs non payeurs, on en a plein : que ce soit au niveau politique (des réformes audacieuses et modernes, des guerres qui apportent démocraties et prospérité), au niveau économique, dans les médias, dans votre propre travail, … La liste paraît sans fin.

L'auteur va parfois un peu trop loin à mon goût, en proclamant que n'importe quel remède de grand-mère vaut mieux que le discours d'un universitaire (la grand-mère ayant au moins le mérite d'avoir survécu à ses propres remèdes, ce qui lui accorde un peu de crédit, tandis que l'universitaire ne fait globalement que brasser du papier). Je prêche peut-être pour ma chapelle, mais il me semble que les connaissances théoriques servent beaucoup, tant qu'on les considère comme des outils, et pas comme des solutions clés en main à appliquer partout (« Tout ressemble à un clou pour qui ne possède qu'un marteau. »). Ne serait-ce que dans le domaine médical, je fais nettement plus confiance aux techniques modernes qu'aux anciennes.

L'essai est assez touffu, et aborde beaucoup de domaines (sociologie, philosophie, management, économie, …) sans qu'il soit toujours évident pour moi de faire le lien entre ce dont parle l'auteur et le thème principal du livre. J'ai aussi eu l'impression de temps en temps de me retrouver au milieu de règlements de compte personnels qui n'apportaient pas grand-chose au propos. Même si ça peut être paradoxal d'apprécier uniquement les parties théoriques d'un livre qui nous conseille d'abandonner la théorie et de tout miser sur la pratique.

Lecture très salutaire en tout cas, qui attaque de plein front des « évidences » qu'on ne conteste généralement jamais. Parfois ça agace, ça énerve, mais ça permet surtout de se remettre en question, et une fois le premier réflexe de rejet passé, de voir si on a les arguments nécessaires pour défendre ses positions. L'essai fait partie de ces livres qui pourraient modifier ma vision du monde.
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Comment dissocier l'éthique de la compétence, comment identifier les personnes qui s'investissent de celles qui ne jouent pas leur peau ? C'est le beau projet de cet essai passionnant, dans lequel l'auteur confronte sa théorie pas encore vulgarisée à l'épreuve d'anecdotes tirées de la mythologie, de la littérature mais aussi et surtout de la vraie vie. Car la connaissance est indissociable du contact avec le réel, elle ne peut se désincarner de l'expérience et de l'engagement à moins de devenir cosmétique, un simple outil marketing...

Cet écueil se vérifie souvent en politique, dans lequel certains projets, vertueux sur le papier, créent plus de misères sociales que d'évolutions démocratique. Certains sont habiles pour s'exprimer mais n'ont aucune suite dans les idées, la connerie passant souvent par cette forme d'investissement en roue libre et sans lien avec le contexte. D'autres sont incapables de considérer les conséquences et répercutions que leurs actes ou positions vont créer, par paresse, égoïsme ou incompétence, et ce alors mêmes que celles-ci sont prévisibles pour le commun des mortels. Car l'apanage de ceux qui dirigent sans mettre leur peau en jeu est d'ignorer tout ce qui ne correspond pas à leur vision. Leur réflexion n'ira donc pas au delà de leur propre ici et maintenant, avec les effets désastreux qu'on imagine. Toutes ces personnes qui ont des responsabilités mais qui ne répondent pas de leurs actes sont à la fois maîtres et parasites de ceux qui font avancer le monde. Un texte édifiant et terrifiant tant il est juste qui démontre le mécanisme pernicieux de transfert de risque, qui occasionne une rupture de symétrie et une injustice latente. La connaissance et la pratique des mathématiques permettent ainsi à l'auteur d'être doté d'un détecteur de gros cons fort sympathique.
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Nassim Taleb est surtout connu pour son précédent livre, Antifragile, et, peut-être plus encore, pour le second volume de sa série littéraire Incerto, le cygne Noir, dont Jouer sa peau est le cinquième et dernier opus. Ça fait longtemps que je me dis que je devrais lire ces deux bouquins, surtout que j'en ai entendu pas mal de bien. Mais bon, il y a toujours autre chose à lire, autre chose à faire… Tu connais ça aussi. du coup, quand j'ai vu apparaitre ce titre lors du dernier Masse Critique, je n'ai pas hésité longtemps, et je l'ai coché. Ça allait être l'occasion d'enfin faire connaissance avec ce trader à la retraite.

Bon, déjà, première impression après quelques dizaines de pages tournées seulement : Ah, ce que l'excès de Storytelling à l'américaine me broute. L'auteur illustre chacun de ses propos par plusieurs exemples, (au cas où son public ne pourrait pas comprendre avec un seul ?) et ça devient vite redondant.
Car oui, si les idées développées ici sont en grande partie intéressantes, bien que je ne les partage pas toutes, elles sont à ce point répétées, mixées, allongées, étirées et grossies encore et encore, que le tout en devient rapidement un poil indigeste. Si bien qu'il m'est arrivé de sauter quelques pages quand je voyais qu'un sujet pourtant déjà bien documenté, allait être encore développé jusqu'à plus soif.
Et c'est dommage.
Parce qu'en étant un tant soi peu honnête, il est difficile de ne pas être d'accord avec les grandes lignes de cet ouvrage. Ceux et celles qui prennent les décisions devraient être ceux et celles qui ont quelques choses à perdre dans l'affaire.
De la pure logique, non ?
Heeem, quand on regarde comment fonctionne notre société, non, pas tellement. D'après l'auteur, c'est d'ailleurs pour cela que bien des choses vont mal. Et je ne peux pas vraiment lui donner tord. Même si on va quand même éviter les explications mono-causales un peu trop simplistes.

Mais du coup, donne t-il une solution à ce problème ?

Autant être clair tout de suite : non.
Mais ce n'est pas forcément un mal. Tu ferais confiance, toi, à un mec qui te dit qu'il a LA solution pour que le monde tourne plus rond ? Une solution qu'il a trouvé tout seul au prix de nombreuses nuits d'insomnies ? Non, pas vrai ? Ben, moi non plus.
Du coup, que ce livre ne se termine pas sur un DIY en 5 étapes pour rendre le monde plus juste en mettant sa peau en jeu, ça me rassure.
Au lieu de ça, Taleb nous invite plutôt à réfléchir avec lui sur toutes les problématiques soulevées dans son livre et illustrées pas ses trèèèès nombreux exemples, et ça, c'est beau.

Donc, est-ce que ce livre est intéressant et abordable même quand on n'a pas lu les 4 premiers ? Oui, vraiment. Ça ne peut faire de mal à personne d'en lire un morceau ou même l'entièreté. Il y a des choses à apprendre, même si pour beaucoup, ce sont des sujets que l'on a déjà toutes et tous abordés avec soi-même ou avec des potes autour d'un verre.
En revanche, est-ce qu'il est trop long pour ce qu'il à dire ? Oui, hélas. Se calmer un peu sur les exemples, parfois vachement éloignés du sujet d'origine en plus, ne pourrait clairement pas faire de mal.
Et enfin, est-ce que je lirai les autres tomes d'Incerto ? Peut-être, oui. Mais pas tout de suite.
Lien : http://kobaitchi.com/jouer-s..
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On le sait tous plus ou moins inconsciemment : il y a un souci lorsque les personnes qui prennent des décisions ne sont pas impactées par les conséquences de ces décisions.
Et bien Nassim Nicholas Taleb nous démontre en 350 pages que quel que soit le domaine de notre vie, il faut se fier à ceux qui "jouent leur peau". Avec de nombreuses anecdotes, des exemples tirés de la vie quotidienne il nous fait une démonstration qui permet de mettre des mots sur ce que l'on savait inconsciemment.
Un livre intéressant, parfois quelques longueur ou répétitions mais j'ai eu l'impression d'apprendre et de comprendre un peu plus de choses sans que ce soit douloureux, ce qui est parfois le cas, n'étant pas une grande habituée des essais !
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Certaines idées sont intéressantes à prolonger (l'effet Lindy, le chapitre sur la tyrannie de la minorité) mais répéter une seule idée avec des exemples idiots sur 300 pages, c'est lassant, surtout que Taleb en profite pour faire des attaques personnelles infondées (contre Dawkins ou Thaler) qui ne font que mettre en avant son ego surdimensionné. Bonne destruction de Piketty cela dit.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi interdit-on des livres ? Certainement pas parce qu'ils offusquent l'individu moyen – la plupart des individus sont passifs et n'en ont pas grand-chose à faire, ou pas assez pour demander son interdiction. Si l'on regarde certaines situations passées, il a suffi de quelques activistes (motivés) pour que certains livres soient interdits, ou que certains auteurs soient mis sur liste noire. Le grand philosophe Bertrand Russell perdit son poste à l'Université de la ville de New York à cause d'une lettre ; celle d'une mère en colère – et têtue – qui ne voulait pas que sa fille se tienne dans la même pièce que le type qui menait une vie dissolue et professait des idées dérangeantes.
[...]
Formulons l'hypothèse que la formation des valeurs morales dans la société n'est pas liée à l'évolution du consensus. Non, c'est le plus intolérant qui impose la vertu aux autres précisément à cause de son intolérance.
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Ainsi exerçons-nous nos règles de morale, mais il y a – à partir d'un certain ordre de grandeur – une limite au-delà de laquelle ces règles ne s'appliquent plus. C'est malheureux, mais le général tue le particulier. [... E]st-il possible d'être à la fois moral et universaliste ? Oui, en théorie, mais malheureusement pas dans la pratique. Car à chaque fois que le « nous » devient un club trop important, les choses se dégradent, et chacun commence à défendre ses propres intérêts. L'abstrait est bien trop abstrait pour nous.
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Dans le monde universitaire, il n'existe pas de différence entre le monde universitaire et le monde réel ; dans le monde réel, si.
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Pour que la moralité finisse par triompher pendant de longues périodes de l'histoire, il a fallu qu'un pouvoir de la minorité à rebours soit à l’œuvre ; la probabilité conditionnelle est que les gens odieux doivent généralement être bêtes, et les gens moraux plus intelligents. C'est vrai ; il apparait que les personnes qui se lancent dans des campagnes de diffamation sont foncièrement incompétentes dans tous les autres domaines - et dans celui-là aussi, si bien que l'industrie a tendance à accumuler les ratés qui n'ont pu faire carrière ailleurs, surtout dans les périodes où l'éthique prévaut. Au lycée, un de vos pairs qui avait le sens du commerce, était débrouillard ou doué pour les études supérieures affirmait-il rêver de travailler pour une société de relations publiques et de devenir expert mondial en diffamation de lanceurs d'alerte ? Ou même lobbyiste ? Ces emplois sont nécessairement un indice d'échec dans d'autres domaines. (p. 161)
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Le savoir obtenu en bricolant, par essai et erreur, par l’expérience, et le travail du temps (en d’autres termes, le contact avec la terre), est largement supérieur à celui obtenu par le raisonnement, ce que les institutions ne servant qu’elles-mêmes ont été bien occupées à nous cacher.

(p.18)
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Vidéo de Nassim Nicholas Taleb
Extrait du livre audio "Antifragile" de Nassim Nicholas Taleb lu par Tristan Harvey. Parution numérique le 23 février 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/antifragile-les-bienfaits-du-desordre-9791035407926/
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