AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,34

sur 88 notes
5
0 avis
4
2 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
2 avis
Lecteur, es-tu voyeur ?
Si tu es fan de téléréalité et/ou, si tu as plus de 20 ans et que tu soupirais d'aise en t'installant devant l'émission Strip-tease*, si tu ressens un mélange de fascination-identification-répulsion, de pitié et de moquerie envers les protagonistes de ces racolages télévisuels, alors tu seras conquis par ce « Motel du voyeur », récit de la vie trépidante de l'authentique Gerald Foos, qui se donnera en spectacle sous tes yeux ébahis.
Authentique, car ceci n'est pas un roman, c'est une enquête. Et pas menée par n'importe qui (même si personnellement je n'en avais jamais entendu parler), puisqu'elle est commise par Gay Talese, célèbre journaliste new-yorkais, l'un des fondateurs, dans les années 60, du « nouveau journalisme » (càd un journalisme empruntant certaines techniques de narration à la littérature).
Or donc, par un froid matin de janvier 1980, Gay Talese reçoit une lettre anonyme d'un obscur propriétaire de motel dans le Colorado. Ledit propriétaire lui révèle être un voyeur obsessionnel et avoir aménagé son motel de façon à pouvoir observer, à leur insu, les ébats (amoureux ou non, en tout cas sexuels) de certains de ses clients. Et Mister Glauque de se considérer, sans prétention aucune, comme un (pseudo) sexo-sociologue analysant et transcrivant avec une méthode tout ce qu'il y a de plus empirique, les pratiques sexuelles des gens ordinaires, et leur évolution. Oui, évolution, parce que Monsieur observe déjà depuis plus de 10 ans, sans jamais s'être fait prendre. Tout ceci attise bien sûr l'intérêt de Gay Talese, qui décide de rencontrer son interlocuteur, Gerald Foos, donc. Celui-ci refuse que son nom ou celui de ses clients soient révélés (rapport à la réputation de son motel, hein, quand même), Talese, fidèle à ses principes, refusant alors de publier quoi que ce soit s'il ne peut citer aucun nom. Fin de l'histoire ? Non, le journaliste reste en contact avec Foos pendant plus de 30 ans, au fil desquels celui-ci lui révélera avoir assisté, depuis sa cachette, à un meurtre dans l'une des chambres du motel, mais n'avoir rien dit à la police par crainte de voir son « hobby » dévoilé. Il lui expliquera également que ses deux épouses successives ont accepté son vice le plus naturellement du monde, y participant même à l'occasion. Et puis un jour (sans quoi vous n'auriez pas cette chronique sous les yeux), Foos autorise Talese à rendre son histoire publique.

En dehors de l'écoeurement causé par ce procédé infect et malsain qui consiste à se repaître de l'intimité des autres sans leur consentement, je m'interroge encore sur les motivations respectives de Foos et de Talese. Foos d'abord : en admettant qu'il souffre de ce vice obsessionnel, qui d'après lui remonte à l'adolescence, pourquoi décide-t-il de se confier à un journaliste ? Besoin de reconnaissance ? Génie incompris de l'observation de ses contemporains ? Dans ce cas, pourquoi exige-t-il l'anonymat pendant si longtemps ? La prescription du meurtre ? Mais aucun cadavre ni même aucune disparition n'ont jamais été signalés. Une démarche scientifique ? Là c'est carrément risible : l'énumération de « cas » n'a guère d'intérêt, en plus d'être ennuyeuse à mourir. J'en conclus que Foos est un pauvre type qui, bien qu'heureux en ménage, a besoin de prendre son pied en zyeutant les galipettes des autres et qui se fait mousser en invoquant une étude de moeurs. Quant à Talese : s'estimant lié à Foos par un accord de confidentialité pendant 35 ans, il en devient le complice, à tout le moins le « voyeur du voyeur ». Au point qu'il se sent obligé de se justifier en long et en large au fil du bouquin, et se permet même le luxe de jeter un écran de fumée, se demandant si après tout, tout ça est bien vrai, vu quelques approximations de dates dans le récit de Foos. Son intérêt à lui ? le scoop du siècle ? Était-il certain dès le départ de convaincre Foos de publier son histoire ? Ou bien est-elle inventée de toutes pièces ?
Parce que c'est ça, le résultat : tout cela m'a paru tellement invraisemblable que, malgré les photos et les lettres reproduites dans le livre et quelques traces dans les moteurs de recherche, j'ai la sensation d'une mystification, et j'ai toujours du mal à croire à l'existence de ce voyeur de Gerald Foos.
Lecteur, seras-tu le voyeur du voyeur du voyeur ?

*https://fr.wikipedia.org/wiki/Strip-tease_(émission_de_télévision)
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          498
Je viens de terminer ce livre et comment vous dire 🤔....
Je l'ai trouvé au rayon thriller et je me demande bien pourquoi 😳.
Un résumé qui évoque le film "Psychose", un thème sur le voyeurisme et une couverture plus qu'originale, waouu je l'achète direct.
Sauf que pour moi, je n'ai rien trouvé qui se rapportait à un thriller. Alors oui il y a un meurtre mais rien de spectaculaire.
Gérald Foos achète un hôtel et durant une quinzaine d'année va espionner via un système dans le plafond, la vie de ses clients, enfin surtout la vie sexuelle de ses clients. Il note et analyse tout dans des carnets et se sont certaines de ses notes que nous retrouvons dans ce livre. Nous sommes clairement dans la tête d'un voyeur pervers bien conscient de son obsession, qui aime comprendre comment fonctionne la nature humaine à travers sa sexualité.
Pour moi il s'agit plus d'un témoignage et d'une confession, on essaie de comprendre ce qu'il peut pousser un homme à faire ce genre de chose. Je ne dirais pas que je n'ai pas aimé mais c'est quand même assez spécial comme lecture 😜
Commenter  J’apprécie          40

Contrairement à certaines librairies où on peut trouver cet ouvrage côtoyant les romans noirs, et malgré la couverture sombre sur laquelle on peut lire mot "enquête" , "Le motel du voyeur" n'est pas un polar. Cela peut en avoir le parfum, mais c'est surtout un livre un peu hors norme, genre d'enquête journalistique au long cours, qu'a mené sur des décennies Gay Talese, grand reporter américain.
Après la sortie d'un ouvrage ayant fait couler pas mal d'encre au USA autour du milieu échangiste américain dans les années 70, l'auteur reçoit un courrier d'un dénommé Gérald Toos, gérant d'un motel dans le Colorado. Ce monsieur tient à partager avec lui un secret inavouable : il a installé au-dessus de six chambres de son établissement, un système lui permettant de scruter sa clientèle. Voyeur dans l'âme mais se sentant aussi sociologue spécialisé en sexualité, il consigne depuis des années dans des carnets, ses observations sur les pratiques sexuelles des américains. Plus fort que Kinsey qui n'a que des données de seconde main, ses constatations, prises sur le vif comme un anthropologue, méritent, selon lui, une publication. Mais légalement, le procédé est condamnable et il a fallu attendre la grande vieillesse du voyeur pour que soit publiée cette enquête, fruit d'un travail de plusieurs décennies.
Une pratique aux relents sulfureux, une promesse de sexe, voilà des ingrédients qui, sous couvert d'enquête journalistique, risquent d'attirer le chaland. Sauf que ces 254 pages ont une tout autre portée que la seule envie de lire quelques récits croustillants. Quand on aborde le sujet du voyeurisme, un jeu subtil se noue entre le lecteur et les protagonistes. Nous avons déjà la presque culpabilité du journaliste, complice plus ou moins volontaire de faits illégaux qui lui sont révélés mais qu'il ne dénoncera pas ( voyeur par procuration ? ) mais aussi l'ambivalence d'une lecture où l'on ne sait très bien où se situe la vérité. Les questions affleurent au cours du récit, où quelques détails nous troublent par leur véracité que l'on perçoit comme vaguement défaillante. Qu'est-ce qui est vrai dans tout cela ? Tout ? Rien ? La réponse n'existe pas et le livre ne nous en dira pas plus, laissant très justement l'ombre du doute hanter les lignes.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          40
La curiosité appelle parfois la curiosité : j'avais croisé plusieurs fois le nom de Gay Talese sur des étalages de librairie, et me laissait tenter dernièrement par ce tout récent 'Motel du voyeur', dans lequel le journaliste et écrivain américain nous livre le témoignage d'un propriétaire de motel à Aurora ayant espionné sa clientèle durant une trentaine d'années. Un voyeur, un vrai, qui ne s'est jamais fait attraper qui plus est !

Si les scènes rapportées sont tour à tour choquantes, excitantes ou surprenantes, il est ici essentiellement question d'une étude sur la sexualité des américains de la fin des années 1960 jusqu'aux années 1990, à travers les yeux du gérant du motel, Gerald Foos. Durant tout ce temps, il observe depuis le grenier et à travers de fausses grilles d'aération les comportements humains intimes, prend une grande quantité de notes et en vient à la conclusion qu'on ne peut se fier à personne, que chacun joue un rôle en société, mais est finalement quelqu'un d'autre le reste du temps.

Mise à part cette constatation un brin simpliste et attendue, j'ai particulièrement apprécié le récit des anecdotes, longuement citées par Gay Talese. J'ai pourtant regretté le peu d'implication du journaliste américain dans son livre, qui reste trop en retrait et ne construit pas vraiment de trame pour servir ce témoignage - dommage, vu les implications morales et légales que tout cela implique.

Mais si vous vous sentez l'envie de rentrer dans l'intimité d'un voyeur, alors ce livre reste tout à fait recommandable.
Commenter  J’apprécie          30
Contrairement à ce que je pensais, ce livre n'est pas une enquête sur le voyeurisme aux Etats Unis mais une analyse journalistique du voyeur que fût Gerald Foos - et qui fournit la matière à Gay Talese. de mon point de vue, l'analyse est intéressante mais pas suffisante pour comprendre les bouleversements sexuels aux États Unis entre les années 1966 et 1980. Une rapide analyse est faite par le voyeur, mais cela reste anecdotique.
Les faits relatés sont dérangeants et crus, peu remis dans leurs contextes d'époque - si ce n'est la diffusion de Gorge Profonde en 1972 et qui influença de nouvelles pratiques sexuelles.

Je recommande ce livre pour ceux qui s'intéressent au Nouveau Journalisme et qui souhaitent en apprendre plus sur ce style journalistique.
Commenter  J’apprécie          20
Comment perdre son temps : lire le motel du voyeur. Morne description de la vie d'un tenancier de motel qui épie les ébats de ses clients, longue litanie de scènes plus ou moins chaudes avec une ambition de sociologie de la sexualité américain. Bref c'est nul.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai créé ce compte uniquement pour prévenir. J'ai arrêté ma lecture lors de la description du viol d'une jeune fille de 14 ans par son frère, cette même fille décrite quelques lignes avant comme « bien proportionnée pour son âge » (???).
J'ai forcé ma lecture mais jamais je n'aurais dû, j'en ressors déçue et choquée, on sent bien là la patte d'un homme blanc d'âge mur totalement décomplexé et jouissant de ses privilèges. (On passe aussi outre le fait qu'on parle d'homme blanc mais d'homme de RACE noire. Ainsi que sur l'hypersexualisation constante de la femme peut importe son âge)

J'aurais sincèrement aimé voir un commentaire comme celui ci avant l'achat, j'aurais pu dépenser dans un meilleur ouvrage.

Évidemment mon commentaire n'est pas ouvert au débat. Mon avis ne changera pas et le vôtre ne m'intéresse pas.
Commenter  J’apprécie          10
Au début des années 1980, alors qu'il écrit La femme du voisin, chronique de la libération sexuelle en Amérique, Gay Talese reçoit un courrier de Gerald Foos : “Je crois être en possession d'informations importantes qui pourraient vous être utiles”. Celui qui se proclame “plus grand voyeur au monde” possède en effet un motel de vingt et une chambres sur une route du Colorado. Ce qui distingue le Manor House, ce sont des trappes installées par le propriétaire pour épier ses clients à tout moment. Avec le Motel du voyeur, Gay Talese nous dévoile les obsessions de Foos en nous faisant regarder à notre tour à travers les grilles d'aération. Fascinant et troublant, le livre de Talese joue avec notre propre tendance coupable au voyeurisme en dévoilant avec malice mais sans jugement les confidences de Foos.
Commenter  J’apprécie          10
Si la couverture et le résumé vous font de l'oeil, passez votre chemin.. Que de description, plat.. Sans but.
Je ne suis pas du genre à abandonner mes lectures mais ce fût une grande perte de temps..
J'ai espéré en avançant mais il faut se rendre à l'évidence, rien ne vient.
Commenter  J’apprécie          00
L'aspect non conventionnel d'un livre, sa bizarrerie, motive souvent mon choix d'en lire un plutôt qu'un autre. le repérage de nouvelles lectures, qui constitue une activité occupant possiblement plus de temps que le temps où je lis le résultat de mon repérage, est donc fortement influencé par la singularité d'une oeuvre. J'accroche particulièrement sur le titre ou le graphisme de la couverture, mais mon regard se posera également sur un récit qui diverge de la norme. C'est le cas du Motel du voyeur, une enquête journalistique (partageant des similitudes avec le genre true crime) sur l'histoire d'un homme ayant épié les clients de son motel sur plusieurs décennies à l'aide d'une fente située au plafond des chambres.

Nonobstant les considérations légales et morales de la chose (d'ailleurs, sommes-nous en tant que lecteur des complices du voyeur, des voyeurs au même titre que lui ?), cette enquête offre une immersion privilégiée (puisqu'à leur insu…) dans la vie privée des Américains au moment de la Révolution sexuelle. C'est non seulement des changements dans les pratiques sexuelles de ses clients que Gerald Foos observe, mais aussi des changements démographiques et sociaux, les conséquences de la Guerre du Viêt Nam et la misère humaine (une misère autant sur un plan sexuel et affectif que sur un plan plus général). C'est notre « moi », dans sa forme la plus authentique, ce moi que nous ne voulons pas que les autres sachent qui est ainsi dévoilé une première fois au voyeur pour son plaisir personnel et une seconde à tous lors de la publication initiale de ce livre sous la forme d'articles par l'auteur Gay Talese dans le New Yorker. Cette « expérience », celle de Foos le voyeur, atteindra son paroxysme avec l'observation d'un événement précis que la quatrième de couverture divulgâche.

Concernant les mérites littéraires du livre : avec ces courts « articles », le style est rapide et rythmé. S'enchaînent ainsi la narration de Gay Talese et les observations de Gerald Foos provenant de son journal où cependant nous en arrivons rapidement à une certaine monotonie à partir du milieu du livre. Aussi, si Gay Talese considérait que les erreurs factuelles présentes dans le récit (qu'il découvrit une fois la publication) portaient un tort trop important à son ouvrage pour qu'elle conserve son caractère journalistique, je considère inversement que ses imprécisions sont inhérentes au récit, qu'elles participent au flou entre fantasme et réalité, et ce, autant pour les observations proprement dites que pour la façon pour laquelle le voyeur se perçoit lui-même. Mentionnons qu'en amont de son désir de notoriété, Gerald Foos qualifiait sa démarche de scientifique et innovante, à l'instar des études d'Alfred Kinsey et de Masters et Johnson.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (216) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}