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Critique de temps-de-livres


Alors que Shaun se balade pour continuer sa collection de capsules, il remarque « une chose ». Elle est là, mais personne ne semble la remarquer, alors qu'elle est différente. Intrigué, Shaun va la rencontrer. Personne ne la demande ou ne fait remarquer sa disparition. Shaun va tenter de l'aider.

Découvert en France en 2007 avec Là où vont nos pères, Shaun Tan suscita la curiosité puisque sa bande dessinée ne comportait pas de texte. Depuis quelques temps, Gallimard jeunesse nous fait le plaisir d'éditer et de traduire les oeuvres de cet artiste unique. Avec La Chose Perdue, nous découvrons le livre illustré (datant de 2000), mais aussi le film d'animation qui remporta l'Oscar du meilleur court-métrage 2011.

L'univers de la Chose Perdue se déroule dans une grande ville industrielle. Tout y est organisé, formaté, numéroté. Partout des signalisations pour indiquer où vous êtes, quoi faire. Les tuyaux, câbles de différents diamètres sont omniprésents. Chaque personne à une tâche à accomplir. Les adultes/travailleurs n'ont pas le temps de rêvasser, « trop occupés à autre chose ».

L'auteur joue sur la bizarrerie à plusieurs niveaux :

-Un monde ultra-industrialisé, croulant sous l'administration (tout est étiqueté : Bureau Fédéral de...).

-Une chose rouge, moitié organique (tentacules), moitié mécanique, qui ne s'exprime que par des sifflements et des tintements de clochettes.

-Shaun, un adolescent qui collectionne les capsules.

Avec ce mélange, Shaun Tan nous entraîne dans son monde fait de bizarreries, de créatures fantasmagoriques. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Certes, mais le trait doux et les couleurs apaisent ce sentiment. A la fin de l'histoire, le lecteur est ému. Touchant et plein de poésie, La Chose Perdue permet, sans morale aucune, de se demander : « Et si j'allais flâner aujourd'hui ? ». Prendre du temps, laisser agir l'imagination, avant que le réel ne nous accapare.

On se doit de saluer la traduction et le travail de maquettage du livre. Sur les pages de garde, des croquis préparatoires de l'histoire servent de fond. Au-dessus, 77 capsules avec pour chacune, une illustration différente de la science (mathématique, physique, mécanique). A l'intérieur, chaque fond de page est un ensemble « bordélique » de cours de mécanique. Un travail titanesque pour l'auteur, mais aussi pour les équipes de Gallimard. Pour le lecteur curieux, il prendra plaisir à tourner le livre dans tous les sens.



Livré avec le livre, le DVD salué aux derniers Oscars. le court-métrage vient de commencer que déjà nous sommes subjugués. La précision des traits, le contraste, l'animation sont magnifiques. La musique et les bruitages sont particulièrement efficaces. Je vous recommande de monter le son pour vous en rendre compte. L'adaptation est très fidèle, les auteurs ont trouvé quelques trouvailles du plus bel effet (le générique de présentation, les oiseaux sur la plage). Pour les plus curieux, ils pourront voir une partie du travail réalisé sur ordinateur, ainsi que la version commentée du court-métrage par Shaun Tan. C'est là le seul reproche de ce sublime objet : la narration est en anglais. Si le film est sous-titré, les bonus en sont dépourvus. Même si ça reste compréhensible pour la moyenne, certaines subtilités échapperont à la plupart.

La Chose Perdue est un magnifique livre. Il n'est pas étonnant que Shaun Tan soit récompensé du prix commémoratif Astrid Lindgren. Encore mal connu en France, il est indispensable de la découvrir. Merci encore à Gallimard pour ces éditions.
Lien : http://temps-de-livres.over-..
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