La souffrance de ce père que j'avais méconnu... Et sa gentillesse.
Sa trop grande gentillesse...
Je me mis à pleurer. Les larmes roulaient sur mes joues.
La course de fond.
En malmenant mon corps, j'essayais probablement d'échapper à ma mélancolie.
Je ne savais pas... Je n'ai rien su. Je ne savais rien ni de mon père...ni de ma mère...ni de ma famille. Si je pouvais...aujourd'hui, j'aimerais parler avec mon père.
- Holà, tu entends. On dirait qu'il ronchonne. C'est parce que le saké est vivant. Le saké, c'est comme l'homme. Il faut bien s'en occuper pour avoir de bons résultats.
Les mots que m'avaient dits ce jour-là mon oncle sont restés gravés dans ma mémoire.
La saké [•••] c’est comme un homme… il faut donner de son temps et de son attention pour le faire grandir, sinon ça ne donne rien de bon.
Bien sûr ! Mourir dans son sommeil… c’est ça le bonheur !
- Tu n’as pas besoin de comprendre. Il y a des tas de choses que les enfants ne peuvent pas encore comprendre….
Il ne sait rien mais…dans ce genre de situation, ce sont toujours les enfants qui souffrent le plus..quand ils ne comprennent rien.
- Personne ne peut comprendre à quel moment la vie arrive à sa fin, hélas...
Mes résolutions en étaient ébranlées. J'avais pris conscience du fait que j'étais encore incapable de vivre... Sans le soutien de ma famille.
Moi qui n’étais pas revenu dans ma ville natale depuis plus de dix ans, je découvrais peu à peu des facettes de mon père qui m’étaient inconnues. Je prenais conscience du fossé que j’avais creusé pour échapper à tout dialogue avec lui.