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Jean-Jacques Tschudin (Traducteur)
EAN : 9782073013415
128 pages
Gallimard (02/03/2023)
3.55/5   153 notes
Résumé :
Femme-enfant ingénue, la belle O Tsuya apprend vite à user de ses charmes et devient une courtisane accomplie qui excelle à corrompre et manipuler les hommes.

Jeune et naïf, Shinsuke est une proie facile. Mais qui sait jusqu'à quelles folies peut conduire la passion ?

Avec un talent incomparable, Tanizaki met en scène une dramatique histoire d'amour dans le japon du XIXe siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Comment ne pas être séduit par le raffinement avec lequel cet auteur japonais met en scène une dramatique histoire d'amour dans le Japon d'hier ?
Shinsuke est un humble commis, sage, un beau gaillard un brin naïf, complétement influençable.
O-Tsuya, belle, éclatante de santé, enjouée et téméraire est la fille unique du patron de Shinsuke..
Ils s'aiment d'un amour impossible , fuguent, se réfugient à l'auberge de Seiji, un commerçant plus ou moins honnête , un peu truand......
Là- bas, enivrés par une succession de coupes de saké chaud lampées à petites gorgées, ils se sentent irrésistiblement précipités vers des plaisirs si intenses qu'ils croient y consumer leurs derniers jours......
En cinq chapitres lus d'une traite, l'auteur nous immerge avec talent dans une histoire commencée dans une feinte innocence terminée dans le crime et le sang......
Au fil des pages nous sommes plongés dans les affres de la passion et les extrémités où celle - ci peut nous entraîner .

Comment un commis humble et droit, naïf et intégre sombre dans le crime par amour, y prend goût et descend aux enfers ?

Leur relation intense et étouffante est traversée de passions si exacerbées par l'ivresse qu'ils sont incapables de se dominer.
O -Tsuya, une fiancée diabolique, perfide, cynique,manipule les hommes avec un art consommé, une rouerie, une cupidité raffinées.
Un basculement progressif et insidieux, l'on reste confondu devant tant de naïveté transformée
en vengeance, violence et crimes .......

Un petit ouvrage sans concession à l'écriture simple et belle traversé par une passion fulgurante menant à une folie destructrice , une perte de repères et de volonté , ou comment un amour irréfléchi pour une manipulatrice née, corrompue, peut rendre fou un individu et lui faire prendre moralité , convictions et humanité !
L'auteur Explore l'âme humaine dans sa version maléfique avec talent , naïveté et innocence, abjection et cynisme mêlés !
Du Grand Art !
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Shinsuke et O-Tsuya s'aiment d'un amour impossible. Il n'est qu'un simple commis, elle est la fille unique du patron. Convaincus qu'ils n'obtiendront jamais l'accord de leurs parents, les jeunes amoureux décident de fuguer. Si Shinsuke est d'abord réticent à l'idée d'abuser son employeur, la belle O-Tsuya réussit à le convaincre grâce à quelques minauderies, un zeste de chantage et la promesse d'un avenir radieux. Ils trouvent refuge chez Seiji, un habitué de la boutique, tout prêt à leur venir en aide et à négocier leur mariage auprès de leurs parents respectifs. Mais derrière l'ami bienveillant se cache un être fourbe. le choses traînent et, bientôt, les amants sont séparés.


Passion, manipulation, trahison et vengeance dans le Japon d'antan, tels sont les ingrédients de l'histoire d'amour de Shin et O-Tsuya, qui commence dans l'innocence de la jeunesse pour finir dans le sang. Un jeune homme intègre et une belle ingénue manipulatrice unis par une passion dévastatrice qui va les mener à leur perte...La tension qui monte en puissance...La femme perfide qui use de ses charmes pour arriver à ses fins...L'homme droit qui sombre dans le crime par amour, y prend goût et entame sa descente aux enfers...Des personnages ambivalents qu'on aime, qu'on prend en pitié pour finalement les rejeter en bloc...Des thèmes souvent abordés mais traités ici avec subtilité et poésie...
On ne crie pas au chef-d'oeuvre en terminant la lecture de cette nouvelle de Junichirô TANIZAKI mais on se dit que le voyage dans la culture nippone du temps où Tokyo était encore Edo valait le détour.
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Ce livre est un vrai coup de coeur ! Je tiens à prévenir ceux qui vont lire cette critique qu'elle sera partisane. En effet, Tanizaki est un de mes auteurs préférés !

O-Tsuya est la fille unique d'artisans, fiers de la grande beauté de leur fille et de son potentiel de séduction. Celle-ci entretient secrètement une romance avec apprenti de la boutique, le gentil et brave Shinsuke (Shin). Les deux amoureux décident de fuguer pour pouvoir vivre leurs amours, signant le début d'une vie de couple intense, corrompue et destructrice...

Le meurtre d'O-Tsuya est un petit livre qu'on lit d'une traite; la force de Tanizaki est de parvenir à mettre en place une atmosphère qui confine les deux amants dans une relation intense et étouffante, traversée de passions qu'ils ne semblent pas en mesure de dominer. Tanizaki nous fait le récit d'un amour qui emporte tout chez les personnages, leurs convictions morales et leur raison. Cet amour, après avoir fait traverser avec fulgurance aux deux amoureux les affres de la passion, ne laisse qu'un irrémédiable sentiment d'amertume et de jalousie, qui amène les personnages dans les dernières limites de leur raison, la folie destructrice prenant le pas.

Tanizaki construit avec finesse deux personnages personnages. O-Tsuya incarne, comme souvent chez l'auteur, une femme manipulatrice qui utilise sans gène ses charmes pour parvenir à ses fins. O-Tsuya est le symbole de cette femme enfant ingénue, qui par ses minauderies et ses caprices parvient à mener son monde par le bout du nez...Toutefois, O-Tsuya conserve aux yeux du lecteur une part de mystère : on ne sait pas si son abandon de Shinsuké à la fin du récit est réellement du au fait qu'elle est tombée amoureuse du seigneur ou si cette décision est dictée par un calcul de son propre intérêt...
Shinsuké est le personnage principal du récit et se révèle à ce titre encore plus complexe d'O-Tsuya. D'aucuns considéreront que Shinsuké est juste un benêt dont l'amour sans limites pour O-Tsuya le conduit à commettre des folies. Toutefois, s'il semble de prime abord qu'à aucun moment il n'a la maîtrise des événements qu'il subit, on ne peut qu'être ému de la force de son amour pour O-Tsuya et de sa volonté de préserver à tout prix cet amour. Animé par des sentiments purs, il le défend en ayant recours à l'acte le plus noir que l'homme puisse commettre : le meurtre. Cet amour va entrainer Shin à noircir irrémédiablement son âme. Tanizaki brosse un portrait de son personnage d'une grande finesse, le maintenant constamment entre ombre et lumière.

J'ai aussi apprécié la description de divers milieux de la société dans ses dernières années de l'ère Tokugawa que ce livre offre.
De plus le style de Tanizaki est tout simplement magnifique !

Tanizaki livre de sa magnifique écriture ici un livre d'une grande qualité, passionnant sur un thème pourtant maintes fois abordé : les folies de l'amour. L'auteur nous livre la vision de personnages possédés par leurs sentiments et qui semblent entrainés malgré eux dans les bas fonds de l'existence humaine.
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Tanizaki Junichirô possède de multiples facettes littéraires: fresque familiale avec Quatre soeurs, quasi vaudeville avec le chat, son maître et ses deux maîtresses, mélancolie contemplative dans le coupeur de roseaux, etc.

Le meurtre d'O-Tsuya débute par la passion amoureuse de Shinsuke, vingt ans, issu d'une famille pauvre, apprenti chez un prêteur sur gages de bonne renommée, pour la belle O-Tsuya, la fille unique de son maître. Celle-ci répond à ses sentiments. Les jeunes gens fuguent, aidés en cela par Seiji, un aubergiste ami de la famille Suruga. Promettant d'arranger les choses avec leurs familles respectives, celui-ci garde les amoureux chez lui en leur conseillant d'attendre. Si Shinsuke vit cette période pris de remords pour avoir trahi ses parents et son maître, O-Tsuya, elle, se montre d'une insouciance frisant l'impudence.

Ce qui commence sous des auspices romantiques à souhait prend un virage qui, à défaut d'être imprévisible, réserve des surprises de taille au lecteur. Point de contemplation ici, Tanizaki s'inscrit presque dans le roman noir. Il détaille avec minutie et profondeur la mentalité de ses personnages. Il ne recule pas devant la crudité des paroles et des actes.

Dès le titre, l'auteur nous renseigne sur la présence d'un meurtre. Il intrigue et ménage le suspense pour en amener le dénouement. Ce, avec un art consommé du récit. A la lecture de son livre, on ne peut qu'imaginer à quel point il dut provoquer lors de sa parution, mettant en scène manipulations, débauches et tuerie.

Le meurtre d'O-Tsuya m'a offert un grand moment de lecture. Lui aussi aurait pu s'intituler Éloge de l'ombre. Tanizaki Junichirô est définitivement un écrivain qui me plaît et dont je compte bien poursuivre la découverte.
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Mélodrame
Shinsuke est un jeune homme en apprentissage chez un prêteur sur gages. C'est un beau jeune homme bien élevé, vertueux. Mais il est tombé amoureux de la fille du patron, O Tsuya, une jeune fille très coquette, pressée de s'enfuir avec lui. Shinsuke hésite. La condition sociale subalterne de ses parents ne lui permet pas d'envisager un mariage. Alors, Il se laisse finalement convaincre par un ami de la famille, un commerçant des plus douteux...
Cette nouvelle tient du mélodrame. Une femme fatale et un jeune homme naïf qui se laisse entraîner. Il est tourmenté mais ce n'est pas Raskolnikov non plus, rassurez-vous. La jeune fille, quant à elle, n'est pas du tout, du tout tourmentée, la petite coquine. Beaucoup de dialogues, de rebondissements. Cela se lit sans ennui mais ce n'est pas le meilleur récit de Tanizaki, loin s'en faut.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Rassemblant toutes ses forces, Shinsuke avait saisi dans ses mains le bras droit de son adversaire, et s'acharnait à le tordre de plus belle, cherchant furieusement à s'emparer de son arme. Tandis qu'il résistait, emporté dans le maelström de cette lutte à mort, il fut soudain envahi d'une force terrifiante, dont il ne se savait pas capable. Plus soûl que lui, Santa ne parvenait pas à utiliser pleinement sa force brutale et finit par perdre son poignard. Malgré tout, il lui fit vaillamment face, sans fléchir, mais Shinsuke le projeta immédiatement au sol, et se jetant à califourchon sur son adversaire, lui enfonça sa propre lame dans la nuque. Il y eut un bruit sec, comme un grignotement de souris : sans résister davantage, Santa avait trépassé.
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Depuis qu'à l'âge de quatorze ans, il avait été placé en apprentissage chez Suruga-ya, il y avait travaillé sans le moindre problème, jouissant de la pleine confiance du patron qui le considérait comme une perle. Pour peu qu'il patientât encore une année deux, même s'il ne pouvait prétendre à la main de la belle - oh! de la si belle - O-Tsuya, il obtiendrait aisément le droit de se mettre à son compte, et, devant l'accomplissement de ses vœux de réussite sociale, quelle ne serait pas alors la joie de ses parents qui attendaient impatiemment ce moment dans leur quartier de Kiyoshima à Asakusa! Aussi, séduire la fille du patron et l'enlever, ça, c'était vraiment, mais vraiment la bêtise à ne pas faire, se répétait-il au fond de son cœur.
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Observant attentivement les geishas, O-Tsuya s'était vite pénétrée de leurs manières, et quelques jours après son arrivée, elle avait remplacé le joli chignon relevé à la shimada qu'elle portait en quittant la maison, par le style plein d'abandon de Hyôgo, ornant son abondante chevelure de peignes de buis ostensiblement plantés au-dessus des tempes ; elle portait comme l'eût fait un homme le dotera de plongé rayé que la patronne de l'auberge lui avait prêté contre le froid et fumait sans retenue un tabac qu'elle ne savait pas encore apprécier.
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Pourquoi l'avait-il tué ? Pourquoi en était-il arrivé à une si cruelle extrémité ?Lui même ne le comprenait pas bien. Il se rappelait simplement deux choses : d'une part la conviction que, s'il ne le tuait pas, il n'aurait aucune chance de s'en sortir ; et d'autre part que tout cela s'était passé dans un état de demi-conscience. Bien que, en plus du choc psychologique, il eut subi un certain nombre de blessures assez profondes, ses forces vives étaient si peu entamées qu'il s’émerveillait de la facilité avec laquelle il était possible de tuer quelqu'un.
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Tu es devenue très experte dans l'art de t'exprimer, mais je suis sûr qu'au fond de ton coeur, tu es loin de m'aimer autant qu'avant. Et puis, ce doit être le jour et la nuit, entre ton pauvre Shinsuke et ce Tokubei qui a tellement d'argent et qui comprend si bien les choses !
En fin de compte, je ferais mieux d'aller tout de suite me constituer prisonnier, tu seras plus heureuse comme ça !

- Zut et zut ! Conduis-toi donc comme un homme ! Tu crois me flatter en me faisant des scènes de jalousie ? C'est trop stupide pour mériter une réponse, alors cesse, veux-tu !
De toute façon, je n'ai encore jamais connu d'autre homme que toi, alors...

- Dans ce cas, ton Tokubei, il est bien généreux !

- C'est précisément là où je sais y faire ! Je n'ai encore jamais tué personne, mais sinon je suis bien plus douée que toi pour le crime ! p.85
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Videos de Junichirô Tanizaki (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Junichirô Tanizaki
« […] Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) tenait cette nouvelle pour l'une des oeuvres les plus fortes de Shiga Naoya (1883-1971). […] Tout en usant de mots familiers réussir à donner une pareille sensation de transparence, voilà ce qui dans tout texte, à quelque genre qu'il appartienne, importe au plus haut point. […] Une telle forme d'écriture dédaigne la fleur pour obtenir le fruit : par la simplicité même, elle accède à l'essentiel comme aucun mode d'expression de la vie quotidienne ne le pourrait. […] » (Junichiro Tanizaki [1886-1965])
« […] Sa légèreté n'est qu'apparente. Elle recèle une puissance insoupçonnée. Ainsi de ces variations de Chopin, subtiles, presque imperceptibles, qui résonnent en nous, se propagent jusqu'au fond de nos entrailles comme la douleur d'une dent. […] » (Hideo Kobayashi [1902-1983])
« […] l'originalité de Shiga Naoya tient au fait que jamais dans aucune de ses nouvelles il ne se laisse aller à l'analyse psychologique de son personnage principal. Il le présente seulement comme un homme qui lutte pour essayer d'établir des relations humaines rationnelles dans le monde qui l'entoure. le personnage apparaît si profondément hanté par cette quête que Shiga Naoya ne s'attarde pas à une étude de son caractère. […] » (Sei Ito [1905-1969])
« […] En janvier 1913 paraît un premier recueil de nouvelles, dédié à sa grand-mère. le 5 août de cette même année, Shiga Naoya est renversé par un train de la ligne Yamanote. Il est grièvement blessé et doit se faire hospitaliser. Il écrit en septembre la nouvelle Han no hanzaï (Le crime de Han) puis, en octobre, part en convalescence à Kinosaki. […] L'une de ses plus belles nouvelles, Wakaï (Réconciliation) […] est publiée en 1917, peu de temps après Kinosaki nite (Le séjour à Kinosaki). […] »
17:55 - Générique
Référence bibliographique : Naoya Shiga, le séjour à Kinosaki suivi de le crime de Han, traduit par Pascal Hervieu et Alain Gouvret, Éditions Arfuyen, 1986
Image d'illustration : Autoportrait de Shiga Naoya daté de septembre 1912.
Bande sonore originale : P C III - O UT O UT by P C III is licensed under an Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/P_C_III/O_UT_1733/O_UT
#NaoyaShiga #LeSéjourÀKinosaki #LittératureJaponaise
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