Le meurtre d'O-Tsuya, par
Junichirô Tanizaki. Il va être difficile de résumer ce livre sans tout dévoiler. Je dirais d'abord qu'il s'agit d'une histoire d'amour passionnel entre Shinsuke, apprenti chez un prêteur sur gages et O-Tsuya, la fille du patron, donc d'une alliance non conforme, qui débouche sur la fugue des deux amants et sur une cascade d'évènements sanglants, dominés par la beauté et le cynisme d'O-Tsuya et la convoitise d'hommes du Milieu (un petit Milieu tout de même, provincial !) pour avoir les faveurs de la belle. Je dirais ensuite que la prédiction qu'un premier meurtre en engendre d'autres (« Quand on y a goûté, il est difficile de s'arrêter en chemin » dit un ami de Shinsuke) se réalise jusqu'à un terme tragique, qu'on ne dévoilera pas.
Petit livre de 125 pages, qui confronte un meurtrier en série mais de circonstance, à sa conscience, sans que l'on ne retrouve chez lui la profondeur du remords d'un Razkolnikov, même si Shinsuke suit la même trajectoire d'assassin rongé par la culpabilité. Lui ira cependant au bout de son chemin infernal, révélé par sa fiancée diabolique.
Tanizaki, écrivain sulfureux de la perversité, chantre de la cruauté, spécialement féminine, explorateur raffiné de l'âme humaine dans son versant maléfique ou tout simplement possédé par ses obsessions, mêle ici, comme dans nombre de ses oeuvres, la naïveté et l'innocence avec l'abjection et le cynisme, sans nous convaincre par ce petit opus qu'il est cet écrivain japonais majeur du début du XXe siècle.