Groenland Vertigo

Nantes, novembre 2010. Devant sa table de dessin, Georges se lamente tant il peine à trouver un sujet pour son nouvel album. Il jette alors un oeil sur sa messagerie et tombe sur le courriel d'un certain Magnus Kuller, capitaine de son état. Ce dernier lui écrit de la part de Jørn Freucher avec qui Georges a déjà collaboré sur l'adaptation en bande dessinée de ses nouvelles arctiques. Étant donné qu'il organise une expédition au Groenland à laquelle Jørn est convié, il lui propose d'être du voyage. Un voyage de trois semaines, à bord de la goélette Aurora, qui réunit artistes et scientifiques de renom. Bien qu'il déteste les voyages, Georges ne peut refuser, une occasion comme celle-ci ne se représentera certainement pas. Huit mois plus tard, le voilà en Islande où il fait la connaissance de tout l'équipage...

Hervé Tanquerelle nous emmène dans des contrées lointaines et glaciales à bord de l'Aurora. L'on suit les (més)aventures de Georges qui, pour pimenter sa vie et pensant trouver là une bonne idée de bande dessinée, va faire une bien curieuse expédition. Autour de lui, un sculpteur allemand râleur et paranoïaque et son assistant, un géologue, un ornithologue, un écrivain-voyageur, un capitaine débordé. Des personnages insolites, excentriques et imprévisibles. Hervé Tanquerelle nous offre un album qui navigue entre le récit de voyage et la fiction, l'auteur ayant réellement participé à une expédition au Groenland avec un écrivain et un artiste. Un voyage plaisant, dépaysant, pimenté et ayant des faux airs de Tintin. Graphiquement, le trait encré, le style semi-réaliste, les couleurs séduisantes et les paysages épurés siéent parfaitement à ce voyage singulier.

Un dessinateur de BD se voit proposer de rejoindre d'autres artistes et des scientifiques pour une expédition au Groenland.
En panne d'inspiration, il accepte, et lui qui angoisse rien qu'à l'idée de prendre le train pour Paris, se voit embarqué dans une aventure qui va se révéler picaresque.
J'ai beaucoup aimé l'ambiance de cette expédition polaire, entre la découverte des paysages fantastiques et les péripéties qui arrivent à notre héros malgré lui.
Les personnages secondaires, notamment un écrivain célèbre et un artiste un peu paranoïaque sont particulièrement savoureux.
J'ai été sensible à l'humour qui se dégage de ces pages, aux couleurs vives de l'album et aux descriptions de la vie à bord d'un bateau.

Le récit commence comme un mix entre un album de Tintin et un récit de voyage d'Emmanuel Lepage. J'ai au départ été un peu sur la réserve, préférant une fiction pure plutôt qu'un énième récit de voyage dessiné.
Heureusement Hervé Tanquerelle, au contraire de son jeune héros, à plus d'un tour dans son sac ! Il y a dans les pages de cet album un vrai récit d'aventure, rempli de carnets secrets, de probables ou improbables complots, de tirs au fusils et de trésors enfouis. Pour ne rien gâter, les paysages sont superbes .

Alors oui, tout cela est sans grandes conséquences et s'il manque un grand souffle froid qui balayerait les pages de ce récit, le dépaysement est garanti.

Quand l'invitation à une expédition danoise dans le Nord-Est du Groenland tourne à la tragicomédie, Georges Benoît-Jean, un dessinateur aussi angoissé que pantouflard, devient à son corps défendant le héros d'une folle aventure qui l'amènera bien loin de son studio nantais. de maladresses en malentendus, le voilà embarqué dans une navigation au milieu des icebergs, partenaire des escapades de Jorn Freuchen, écrivain voyageur sur le retour, ou encore le souffre-douleur de l'irascible Ulrich Kloster, artiste sculpteur mais aussi pourvoyeur de l'équipée.
Tanquerelle louche un temps du côté de Jorn Riel et emprunte faussement les codes d'Hergé et pour mieux les dynamiter. le résultat est réjouissant et parfaitement transgressif.

Une histoire mêlant les univers de Jorn Riel et d'Hergé ? Une très belle couverture, synonyme d'aventures et de dépaysement ? Que de promesses ! Malheureusement en partie déçues… L'histoire de cette expédition au Groenland, réunissant artistes et scientifiques, est certes légère, fraîche, à l'image du climat régnant dans les contrées visitées. le personnage central, le dessinateur Georges Benoît-Jean, gaffeur et angoissé, est assez attachant. Et les paysages sont superbes ! Mais point de vue aventures, c'est très light, carrément monotone même. Pas de péripéties et de rebondissements comme dans un album de Tintin ! le lecteur s'ennuie un peu. Dommage… petite observation pour finir : j'ai été gêné par le renvoi de la traduction de certaines bulles en fin d'ouvrage. Pas très pertinent comme choix à mon sens.