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Patricia Moncorgé (Traducteur)
EAN : 9782742731893
245 pages
Actes Sud (03/04/2001)
3.75/5   6 notes
Résumé :
"Ceux-là? Des créatures de Dieu ? A son image ?" - Voilà la question qui torture quotidiennement le pasteur quand il parcourt le village en considérant ses ouailles. Il lui a fallu quelque temps pour comprendre que presque tout le monde ici est presque toujours ivre. Seule façon de conjurer l'absolue misère.
C'est une rue où l'on naît, où l'on meurt - il est plus difficile d'y vivre. C'est une rue dans laquelle les débits de boissons concentrent toute la chal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une rue, Radnoti, pas très loin de la grande ville, probablement Debrecen en Hongrie. Figée dans le temps, quelques années après l'instauration du communisme au pays. Pour ses habitants, c'est tout simplement « Notre rue ». Pour le lecteur, c'est un voyage dans le temps intéressant, parfois comique, parfois touchant. En effet, l'auteur hongrois Sandor Tar pige dans ses souvenirs d'enfance pour la reconstituer, pour en dresser le portrait, un peu comme certains regarderaient une photographie. Il ne s'agit pas d'une de ces artères importantes pour le monde, où il se passe des événements cruciaux, même pas une de ces rues commerçantes ou passantes, non. C'est un bout de nulle part, presque anodin, mais qui vaut tout aux yeux de ses habitants.

« [Cette rue], elle est pauvre, aride, les cours sont vides, sales, négligées, des mouches partout, des tas de fumier nauséabonds, des toilettes sans porte, même les nouvelles maisons se pavanent sur un ramassis d'immondices, la plupart n'ont pas de crépi, les fenêtres sont bouchées avec des briques, et personne ne va au temple. » (p. 85) Certes, ce n'est pas une description des plus objectives, elle est faite par le pasteur qui ne l'aime pas. Mais ses habitants, eux, ils l'aiment. Ils y sont nés, y ont grandi. C'est tout ce qu'ils connaissent. Ils s'en foutent que la rue ne soit pas pavée où qu'il n'y ait pas l'eau courante. Tout ce qui compte, c'est « chez Michi, où les habitués se retrouvent par temps de pluie, et également quand il ne pleut pas. » (p. 91) le débit de boisson a un vrai nom nom mais tout le monde dit chez Michi, à cause du patron.

« Notre rue » est un recueil de nouvelles mais chaque courte hsitoire complète la précédente et annonce la suivante. C'est que les personnages de cette même rue – on ne se fait pas d'idée, c'est eux qui sont important et moins cette artère qui les réunit – reviennent d'une nouvelle à l'autre.
Sandor Tar jette sur « sa » rue un regard nostalgique mais surtout lucide. Il n'enjolive pas. Il montre, c'est tout. C'est qu'il ne se passe pas grand chose sur cette rue. Ses habitants mènent leur petite existence qui n'a d'importance que pour eux. Ils ne sont pas parfaits, oh non, mais ils sont humains. Et attachants malgré leurs faiblesses. Par exemple, ces ivrognes invétérés, ces pauvres diables, ces proftiteurs de toutes sortes, mais aussi ces amoureux et ces travailleurs. Il y a le vieux Vida, sage, qui a construit une des premières maisons de la rue. Jancsi Hesz qui gagne toujours aux cartes. Mme Piroska, Jozsef Sudak, Attila le plus beau garçon de la rue, Dorogi et son épouse Mancika, le pasteur Marton Vegso, c'est un passionné d'histoire mais il est peu compréhensif et conduit mal. Et tous ces autres. Des portraits colorés mais, en même temps, ordinaires et criant de vérité. On pourrait presque y reconnaitre nos voisins et amis d'enfance...

Tous ces familliers sont une partie intégrante de « Notre rue ». À vous de découvrir ce monde qui n'existe plus que dans la mémoire de quelques aînés, puis chez les lecteur de ce petit ouvrage.
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Des courts chapitres décrivent la vie de quelques habitants d'une rue d'un village ou bourg quelque part en Hongrie. Une rue misérable, aux maisons inachevées ou délabrées, dont les occupants n'ont plus de travail. Licenciés après les privatisations du régime post-communiste, ils vivotent de pensions ou indemnités, ou vivent à crédit. La boisson devient inéluctable, la seule façon de supporter le quotidien. Les vieux attendent la mort, les jeunes ne voient aucune perspective.

Cela pourrait sembler très noir, cela l'est incontestablement, mais en même temps Sándor Tar pose un regard tendre sur ses personnages, dont il semble comprendre les faiblesses et les souffrances mieux qu'ils ne le font eux-même. Et il y a une sorte d'humour, certes un peu désespéré, mais très présent, qui donne à toute cette misère et à toute cette tristesse, une dose d'humanité, de fraternité, qui fait qu'on s'attache à ces être humains, aussi abîmés soient-ils. Qui au final ont, ou ont eu, les mêmes joies, espérances et soucis et souffrances que tous les autres êtres humains de la terre, mais qui sont nés à un moment et à un endroit qui ne leur a pas laissé une trop grosse part du bonheur.

Il y a ton original, une façon d'agencer le récit, qui m'ont embarqué dans cette histoire, dans ces histoires plutôt, parce que les différents personnages et leurs vies se bousculent, chacun pour quelques pages, avant de laisser la place à une autre maison, à une autre histoire, quitte à revenir un peu quelque chapitres plus loin dans le vie de tel ou tel personnage.

Une très bonne lecture.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Notre rue à une époque était sur la frontière roumaine, quand exactement, le pasteur pourrait certainement le dire, quelques vieux du coin se rappellent encore sur quelles maisons il fallait mettre les drapeaux. C'est à ça qu'on savait si on était roumain ou hongrois, a raconté le vieux Kocsis devant le magnétophone du pasteur, mais sinon il ne se souvenait de rien. Ah si, il y avait un type qui ressemblait à ce Tarcsai, lui est-il revenu plus tard, mais si c'était un Roumain ou un Hongrois, il l'ignore. D'ailleurs c'était peut-être un Russe, a-t-il ajouté, ou un Allemand, par ici ils sont tous venus.
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On a tendance à croire que la mort est une chose terrible, puis on se rend compte, quand le docteur au regard fatigué ausculte et retourne le corps, qu'elle ne l'est pas beaucoup plus que quoi que ce soit d'autre [...].
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Dans son journal intime, il a écrit depuis longtemps qu'il régnait dans la rue une atmosphère de perversion paresseuse. Ils n'ont même pas assez d'énergie pour commettre une impiété telle qu'elle les conduirait direct en enfer. Mais pour boire, pas de problème, tromper l'autre, jurer, brandir un couteau, corrompre les enfants, se disputer, puis ça les fatigue, ils se réconcilient. Ils volent aussi. Et si un étranger débarque, ils le pervertissent, il suffit de voir Tarcsai.
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Le pasteur venait tous les jours, une occasion unique, on ouvrait une tranchée pour les canalisations d'un bout à l'autre de la rue, le pasteur à vrai dire est partout où l'on remue la terre, si on perce une cave, si on creuse des fondations, et même au moment des labours, il déambule dans les sillons en quête de vestiges. En même temps, il lie conversation avec les uns et les autres, au début il emportait avec lui des livres de prière, des bibles, mais il y a vite renoncé, du jour où la pelleteuse a déterré un recueil de psaumes, identique en tout point à celui qu'il avait offert la veille à quelqu'un.
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