La véritable histoire du soldat inconnu

On imagine que le héros de l'histoire est le soldat inconnu enterré sous l'Arc de Triomphe, le titre n'est absolument pas équivoque, pourtant l'histoire dérive dans un délire surréaliste baroque complètement déjanté. Notre héros s'avère être un écrivain contrarié, obligé de faire des concessions pour vendre sa prose. Il évolue au milieu des personnages de ses romans dans des décors étranges. La fin est attendue mais on va de surprises en surprises, ou plutôt de folie en folie, le graphisme en noir et blanc, totalement rococo et morbide, nous embarque dans cette aventure loufoque et noire. C'est court, ça fuse et ça claque comme une balle de fusil, cruel et inéluctable… puissant et fulgurant.

Je poursuis ma découverte de l'univers de Jacques Tardi par un album particulièrement déroutant : La véritable Histoire du soldat inconnu… L'auteur revisite à sa manière la symbolique de cette institution dans un récit onirique et des dessins monochromes et hallucinés.

La tradition de la tombe du Soldat inconnu, contenant les restes d'un soldat tué au combat et dont on ignore le nom et parfois même la nationalité, date de la guerre de 1914-1918 ; en tant que mort inconnu, il commémore tous les morts du conflit.
Jacques Tardi le représente sous les traits d'un « mauvais feuilletoniste », un auteur maudit, surmené par l'écriture d'un roman sur la guerre des tranchées, en proie à une sorte de cauchemar où il est poursuivi par les personnages monstrueux qu'il a créés : d'étranges dandy, des tueurs, des demi-mondaines, des prostituées plus que sur le retour, une « éventreuse », un tyrannosaure, la mort elle-même… L'écrivain raté apparaît sous des traits caricaturaux, sorte de Charlot efflanqué, perdu, stylisé par ses lunettes rondes et son chapeau melon ; c'est une sorte d'anti-héros littéraire, « un pitoyable tâcheron du roman populaire » qui regrette d'avoir publié « des niaiseries grotesques » alors qu'il était sous l'emprise d'un éditeur peu scrupuleux.
C'est violent, pornographique, grossier… Je sors totalement de ma zone de confort en lisant cet album… Et en même temps, le soldat inconnu vu par Tardi rejoint la figure universelle des soldats que j'ai déjà croisés dans d'autres BD de cet auteur : des pauvres types, massacrées dans une terrible guerre… le soldat mort dans la boue le 10 novembre 1918, qui va pourrir dans un fossé avant d'être inhumé à l'Arc de triomphe, n'a pas eu le temps d'écrire la sombre histoire qu'il a rêvée mais celle qui lui coûte la vie, même si elle porte un grand H est bien pire que toutes celles qu'il auraient pu inventer « à grand renfort d'imagination »… C'est juste « un gus qui disait qu'il était écrivain […] une sacrée tête de con ».
Donc, malgré l'outrance, je salue l'humour noir, la dérision, une certaine vision douloureuse et hallucinée. Je m'interroge sur les projections mentales de Tardi, sur ses liens avec son personnage.

Un choc.
Un album à lire par curiosité.
Je n'ai pas toutes les clés pour analyser cet album et aimerai avoir vos avis, si vous l'avez eu entre les mains…

Tardy qui est un dessinateur très imprégné par le premier conflit mondial ne déroge pas à sa règle mais y fait allusion mais presque discrètement en conclusion pour le reste il navigue plutôt dans le cauchemar peut-être celui du soldat inconnu :là on est toujours dans l'inconnu
On peut noter au niveau graphique page 9 une fresque qui serait presque du Botticelli « la naissance de Venus » excepté pour le personnage qui se cache le sexe avec les deux mains, se tient très droit alors que la Venus est dans un déséquilibre perturbant et évidemment le chapeau melon
Il y a quelque chose de très vénitien dans ces cases, ne serait-ce que les statues du lion mais il y a aussi de l'égyptien
On retrouve un éclair en fourche du diable Tardy aime donner à ses éclairs un sens. Dans
«120, rue de la Gare» sous l'occupation nazie c'est un éclair presque en croix gammée
steampunk
On voit un aérostat digne de diabolo et satanas, un louis joseph Bonnot, éditeur, en Frankenstein ou Max, le majordome de la famille Addams
Un vrai cauchemar avec des maux de tête pour le personnage
Personnage, dessinateur de Bd à bas prix qui blessé sur le champ de bataille, cauchemarde et se retrouve confronté à ses personnages, ses créatures rancunières et revanchardes qui n'ont pas oublié les sévices qu'il leur a fait subir.
le « soldat inconnu » grâce à Tardy a gagné à être reconnu et l'est un peu moins...inconnu. On sait maintenant pour qui brille la flamme.

J'ai adoré ce livre. La langue est riche et savoureuse, les personnages attachants... C'est une histoire qui s'appuie sur L Histoire, elle aurait pu être vraie. Un roman drôle également qui sait être subtilement touchant.