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Critique de LVI


Le temps d'alors !


En 1977 parait ‘Griffu', la première intromission de l'anar Tardi dans l'univers déjanté de l'agoraphobe et grand fumeur, mais surtout ancien militant d'extrême gauche JP Manchette (1942-1995) ; et ce n'est pas une adaptation, mais bien un scénario original que celui-ci a livré au rebelle Tardi, qui, longtemps après, reviendra aux déclinaisons policières de Manchette, en 2005 avec ‘Le petit bleu de la côte ouest', en 2010 avec ‘La position du tireur couché' et en 2011 avec ‘O dinguos, ô châteaux' .


Le roman ‘Le petit bleu de la côte ouest' date de 1976 et avait déjà été adapté au cinéma dès 80 par Jacques Deray sous le titre de ‘Trois hommes à abattre' avec Alain Delon (qui a trois Manchettes à son actif).


En 74 pages en N&B, le libertaire Tardi adapte le gaucho Manchette et nous raconte l'histoire d'un cadre commercial, mal marié, deux enfants, mal à l'aise en général et dans l'ensemble dans sa vie, qui sauve un inconnu victime d'un accident de voiture et se retrouve après cela et à cause de cela traqué par de mystérieux tueurs qui comptent bien lui faire la peau, ce qui l'amène à tirer un trait sur tout ce que sa vie a été jusqu'alors…


Rien d'étonnant à ce que le révolutionnaire Jacques Tardi se sente si à l'aise dans l'univers désillusionné de JPM : nous avons tous eu beaucoup d'espoir à l'époque (dans les années 70 donc) et nous avons tous dû laisser cet espoir au vestiaire ensuite, d'où un minimum de colère et d'amertume. ‘Le petit bleu' est un roman graphique sur la crise profonde d'un homme, reflet de celle d'un monde perdu. A la rencontre d'une inévitable violence et dans une ambiance extrêmement tendue, des tueurs qui rêvent à des châteaux (déjà !) et un héros qui n'en pas un (comme toujours chez Tardi) se croisent au rythme du jazz, du bourbon et de quelques bons films, jusqu'à l'issue sanglante, malheureuse et déterminante de cette histoire noire sans temps morts avec pas de mal de corps déliquescents de laquelle émane avant tout une certaine odeur de putréfaction. le trait réaliste et précis de Tardi sert parfaitement le récit de Manchette et donne à cette histoire sur le désarroi un triste parfum de fin d'un temps, celui de l'espoir !
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