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"Et la guerre continuait...", derniers mots de cette bande-dessinée de Tardi que l'on retrouve à de nombreuses reprises, tout comme dans le documentaire qui s'ensuit rédigé par Jean-Pierre Verney, richement illustré lui aussi et extrêmement bien détaillé. Certes, vous me direz que c'est loin d'être une lecture des plus réjouissantes dans la période de crise sanitaire que nous vivons actuellement mais en empruntant cet ouvrage à la médiathèque, je me suis dit que cela me permettrait probablement de relativiser en cette période de crise et j'ai bien fait car effectivement, l'on ne peut pas ressortir indemne après une telle lecture ! Nous suivons le parcours d'un jaune français, enrôlé comme les autres malgré son absence d'expérience dans ce qu'il considère être une très grosse absurdité- à savoir la Première Guerre mondiale, comme probablement tant d'autres à l'époque (mot qu'il n'énonça cependant jamais sous peine de se voir offrir en guise de récompense le peloton d'exécution pour trahison envers sa patrie. Au cours de ces trois premières années de guerre, malgré la promesse de certains que cette guerre serait courte et qu'ils seraient de retour chez eux pour les fêtes de Noël, tous comprennent bien vite qu'il n'en sera rien et n'ont d'autre choix que de tuer pour ne pas être tué !
Cependant, il y a quelques passages très fort dans cet ouvrage où notre jeune fantassin débutant se retrouve nez à nez avec un allemand, jeune lui aussi et où il se rend compte que l'ennemi, ce n'est pas lui, pas ce pauvre bougre qui ne comprend rien non plus à ce qu'ils sont en train de faire, qui n'a lui non plus pas demandé à être là, mais que les véritables bourreaux sont ceux qui tirent les ficelles et tout cela pour quoi ? Pour conquérir peu à peu un peu plus de territoire !

Des dessins qui commencent sur des couleurs très vivent et qui, au fur et à mesure des pages comme des années, vient de plus en plus sur le gris, tout comme le moral de notre protagoniste et de tant d'autre jeunes "soldats" comme lui. Un ouvrage extrêmement fort, avec quelques mots d'argot afin d'être au plus proche de ses personnages et des dessins extrêmement durs parfois. Enfin, si la bande-dessinée en elle(même n'a pas réussi à vous casser le moral, l'étude, année après année, composée comme je l'ai dit plus haut par Jean-Pierre Verney, se chargera du reste ! Une triste réalité que nous nous devons de ne pas oublier et continuer de transmettre et cette lecture a eu sur moi l'effet escompté : relativiser dans cette nouvelle période trouble de notre Histoire avec un grand h ! A découvrir !
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Je ne suis pas fan des BD, mais je suis intéressée par la Guerre 14-18 que mon père et mes oncles ont faite.
Cette BD, c'est une claque. Racontée par un poilu désabusé dans le langage des tranchées, elle ne nous épargne rien et c'est douloureux de voir toute ces vies fauchées pour rien.
L'album est parfois en noir et blanc, parfois en couleur, suivant les circonstances.
Il est complété par un dossier très intéressant signé
Jean-Pierre Verney et illustré de photos d'époque.
Je le recommande à tous ceux que cette guerre intéresse.
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Les premières années de la grande guerre, du point de vue d'un fantassin français conscient de l'absurdité des combats.

Outre les informations nombreuses (complétées par un dossier documentaire très fourni), on retiendra de cette BD (et de l'oeuvre de Tardi en ce qui concerne cette période) le réalisme froid et dur avec lequel la « putain » de guerre est décrite.

Loin des manuels d'histoire, des macro-évènements et des stratagèmes politiques, c'est la (sur)vie quotidienne des hommes envoyés à la boucherie qui est montrées là. Avec tout ce qu'elle peut avoir de plus crade ou perturbant, qu'il s'agisse de manger de la boue ou de retrouver un ami s'étant fait sauter la cervelle, ou de (moyennement) rassurant, pour une trêve de Noël ou dans le refus d'assassiner ses semblables…

L'emploi du vocabulaire des tranchées est très immersif (et comme les choses sont bien faites, on a même le droit à un lexique en fin de tome) ; certains dessins font froid dans le dos.
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Superbes albums de Tardi qui décrit sans fard l'horreur vécue par des générations entières de jeunes hommes envoyés à une mort certaine pour arracher une victoire qui n'est venue que bien tardivement avec l'aide des Alliés.
Des images très réalistes dont certaines sont inspirées de photos réelles ou des films réalisés par l'armée dans les tranchées.
On vit, par l'intermédiaire d'un soldat, toute la souffrance d'hommes confrontés chaque jour à une indicible horreur et aux mitrailleuses ennemies.
Témoignage implacable qui permet à ces malheureux poilus, dont les tombes jonchent certaines de nos régions, de ne pas être oubliés.
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Publié à l'occasion du 90ème anniversaire de la fin de la Grande Guerre, Putain de guerre s'intéresse aux années 1914-1916 et offre un récit mémoriel assez déconcertant.

Jacques Tardi s'est associé à Jean-Pierre Verney pour produire un album atypique. Nous touchons ici aux limites de la bande dessinée. La mise en page est particulière : il faut compter trois panoramas par planche avec un texte assez abondant. Il y a une certaine articulation entre les deux, mais le plus souvent cette présentation donne l'impression de faire défiler des petits tableaux commentés.

Ce manque de dynamisme est assez déroutant, il donne l'impression d'être une synthèse malheureuse entre explications et images. Par ailleurs, en fin d'ouvrage du texte attend encore le texte. le seul mérite de ce discours se limite à la mise en page façon journal et les photographies. Tout ce qui est développé dans l'album ne brille pas par son originalité sinon par la volonté assumée de contester tout ce qui s'est fait pendant cette période douloureuse. L'orientation pacifiste rend impossible toute démarche historique… pourtant les auteurs tentent de jouer cette carte là.

Il est difficile d'entrer dans le récit. le protagoniste que l'on nous propose de suivre est trop formaté. Il s'agit d'un jeune homme mais dont les réflexions trahissent la main et les réflexions de quelqu'un qui comprend les événements avec une vision politique très orientée.. Autant dire qu'il n'est pas ici question d'histoire mais de contestation et de revendication.

Certaines pistes sont intéressantes mais elles finissent invariablement par se heurter à cette approche trop partisane. Ainsi, l'insertion de l'argot est une idée riche mais contrebalancée par le recours trop fréquent aux insultes, certaines sont banalisées (boche) alors qu'elle comporte une violence plus grande que d'autres. Amalgames et approximations historiques sont trop nombreux pour faire de cet album quelque chose de sérieux. Pour enfoncer le clou, l'on nous offre même une référence en verlan !

Il faudra également adhérer au style graphique. Les dessins sont assez particuliers. Très honnêtement, certains donnent l'impression d'avoir été composés par un enfant talentueux, mais certainement pas par un professionnel du crayon. Les proportions, notamment posent question. Plusieurs scènes sont à la limite du soutenable et il est évident que Tardi a lourdement insisté sur certains détails scabreux. le pas du glauque et du gore est franchi nous laissant avec un profond sentiment de malaise. Assurément l'on ne sort pas indemne de cette lecture…

La démarche peut plaire ou déplaire et susciter des positions bien campées. Ce premier album a donc le mérite de permettre un débat. Il est toutefois fortement recommandé aux moins informés sur la période de passer leur chemin et de revenir un peu plus tard, tant l'approche est partisane et orientée.
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L'horreur de la première guerre mondiale racontée année par année par Jacques Tardi et complétée brillamment par l'historien Jean-Pierre Verney.

« La mobilisation n'est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparaît, au contraire, comme le meilleur moyen d'assurer la paix dans l'honneur. »
Ainsi parlait le 2 août 1914, le président de la République, Raymond Poincaré.

Quelques jours plus tard, les « petits soldats français » étaient sur les routes, « sous un soleil de plomb », pour défendre la mère patrie. Dans leurs pantalons rouges, ils partaient la fleur au fusil avec un esprit revanchard ; mais « cette fois ils étaient prêts » et ils « avaient confiance ». « Puisque les si lourds Teutons recommençaient leurs bêtises (comme en 1870), on allait leur faire bouffer leurs casques à pointe en cuir bouilli. »
Les malheureux allaient rapidement déchanter et côtoyer la mort de très près. Ce conflit, qui devait être de courte durée, quelques semaines seulement, juste une formalité (tous les combattants seraient de retour dans leurs familles pour les fêtes de Noël, on en était certain) allait s'éterniser et faire des millions de morts.

Avec un ton acide, mais sans dialogue ni véritable scénario, Tardi s'emploie à recréer l'effroyable quotidien des soldats de toutes origines, bringuebalés, manipulés, bernés par des officiers qui les mènent à une incroyable boucherie. Il dénonce l'absurdité de ce conflit meurtrier et le summum de la bêtise humaine. Cette bd est conçue comme un journal de marche écrit dans un langage familier voire argotique par un simple fantassin parisien. (Pour une meilleure compréhension de ce langage de troupe cocasse et imagé, on peut trouver un lexique en fin d'ouvrage…) Tardi énonce des faits historiques et des situations effroyables avec réalisme, et de surcroît il joue avec les couleurs et les contrastes pour mieux nous intégrer dans le conflit. Alors que le récit commence et que tout espoir est permis, les images sont colorées, jaunes comme les blés, vertes comme les champs et les forêts, bleues et rouges pour les uniformes militaires… Au fur et à mesure de la progression de la guerre et des combats sanguinaires, on migre dans des nuances de gris, de noir et de bistre puis brusquement une explosion de rouge, comme le sang qui gicle des corps. Des illustrations impressionnantes qui mettent mal à l'aise mais traduisent parfaitement l'atrocité des conditions de vie et des champs de bataille.

Tardi a fait paraître cette bd en 2008 pour la commémoration du 90ème anniversaire de la Grande Guerre (la « der des der » espérait-on); elle est maintenant considérée comme un classique du genre et devrait être étudiée dans les collèges et lycées en complément des traditionnels manuels d'histoire, car elle illustre de manière efficace les causes et le déroulement de ce conflit meurtrier, cette « Putain de guerre. »

#Challenge illimité des Départements français en lectures (26 - Drôme)
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Tardi nous livre encore, telle une véritable obsession, un récit sur la Première Guerre Mondiale d'une très grande qualité graphique et narrative. On voit qu'il maîtrise le sujet d'autant qu'il s'est adjoint au scénario les services d'un écrivain historien Jean-Pierre Verney. L'absurdité d'un tel carnage entraîne une réflexion sur les causes...

On ne peut pas parler véritablement d'un scénario avec une histoire comme par exemple celle d'un Mattéo. On suit surtout les faits marquants du début de ce conflit c'est à dire d'Août 1914 à la fin de l'année 1916 avec un souci constant de la réalité. La démonstration est particulièrement pertinente avec son aspect social et économique, voire géopolitique.

Nous commençons donc le récit avec ces hommes qui partent à la guerre avec l'esprit revanchard de la cuisante défaite de 1870. Ces jeunes soldats vont vite déchanter devant l'enlisement du conflit et deviendront des poilus...

Parallèlement, les couleurs s'affadissent progressivement à mesure que la guerre se transforme en ligne de tranchées. Tardi parvient au sommet de sa maîtrise graphique. le choix a été fait également de dépeindre l'horreur de cette boucherie dans les moindres détails. C'est à la fois bouleversant et instructif.

Par la narration, on suit le parcours d'un jeune soldat qui a quitté sa dulcinée. Il n'y a point de dialogues. Seulement des faits. Cela peut paraître glacial entre cruauté et bêtise humaine; cependant l'effet escompté est bien là. On ressent un véritable malaise salutaire. J'aime cette non-complaisance qui restitue la pure vérité historique. Ces hommes qui se sont battus pour notre liberté méritent bien un tel hommage. C'est bel et bien une putain de guerre !
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« Putain de guerre, 1914-1915-1916 » est un puissant témoignage d'une guerre « vue d'en bas » par un modeste soldat tentant de survivre dans l'enfer d'un conflit inhumain.

Le ton est à la colère, au dégout, à la haine sourde contre les politiciens et les généraux qui ont envoyé une génération entière « sacrifiée » se faire tuer.

On peut regretter cette approche monolithique et l'absence de trame romanesque si ce n'est de vagues rencontres avec un soldat allemand pour lequel le personnage principal a quelque sympathie.

Le style graphique de Tardi n'est pas le plus élégant, mais il est unique et très adapté au récit.

Bien sur, certaines planches de corps déchiquetés sont horribles mais elles restent pour moi en deçà de la réalité.

Une oeuvre néanmoins forte ne serait-ce que pour son aspect historique « animé » !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Cette BD est une sorte de journal de la guerre, raconté du point de vue d'un soldat, englué dans le combat qui ne sait pas trop où il est ni où il va. Et donc la principal préoccupation est de rester en vie. Il perçoit de loin des soubresauts d'offensives décidées par des généraux bien éloignés des réalités des tranchées, sans qu'elles ne soient des démonstrations de forces suffisantes à faire reculer l'ennemi.
La BD seule n'apporte pas beaucoup d'informations. C'est le dossier très complet en fin de volume qui replace les événements racontés par le soldat, dans une situation plus globale.
Un livre édité à l'occasion des 90 ans de la fin de la guerre, bien loin de ce que je me souviens avoir appris sur les bancs de l'école, où les cours d'histoire était encore très patriotique (qu'en est il aujourd'hui). Ce récit m'a donc touchée, troublée : comment une telle boucherie est possible ?
A méditer donc.
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Au départ, j'ai eu un stress. Tardi en couleur? J'aime Tardi, en duo avec Verney. C'est puissant, dur, sans concession, mais généralement sans (trop de) parti pris. Alors, le voir "colorisé", même si c'est Tardi qui est à la manoeuvre, cela m'a surpris. Et puis, j'ai été saisi, transporté, cueilli, bombardé, explosé... Car Tardi joue avec les couleurs pour mieux renforcer l'horreur. Ah oui, le beau pantalon rouge garance... et les sombres nuances de brun, les gris et les bleus... C'est impeccable, en fait.

Ici, les deux auteurs proposent de suivre un poilu comme tant d'autres. Il est projeté, balancé. Son amie est à Paris, elle participe à l'effort de guerre.

Il est de tous les coups durs. Il est à la Butte du Vauquois, puis à Verdun. Il voit les désertions, les exécutions, les Tommies qui entrent en guerre. Les Sénégalais, les Indiens et les Russes. Il se fait même un "kamarad" à un moment.

Les 10 pages d'explications historiques de Verney sont impeccables à nouveau. Documentées, sans pathos, avec des photos et des chiffres. Tout cela glace le sang.
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