Initialement parue sous forme de journal, un par année de guerre, cette histoire consacrée à cette « der des Ders » qui ne cesse de fasciner
Tardi, se retrouve publiée en deux tomes cartonnés. Ce deuxième volet, qui regroupe les années 1917 à 1919 relate donc la suite et fin de cette première guerre mondiale et est également disponible dans une édition DVD bonus, qui propose un reportage de 52 minutes sur le travail de recherche des auteurs. Au scénario,
Tardi se fait à nouveau assister par
Jean-Pierre Verney, historien dont les textes viennent d'ailleurs compléter le récit en fin d'album.
L'album est composée de cases dépourvues de bulles, montrant toute l'horreur et la bêtise de cette guerre. La narration en voix-off de cet ouvrier tourneur en métaux mobilisé dès 1914 accompagne ces cases avec un mélange de dégout, d'ironie et de désillusion. Une narration qui dénonce tour à tour l'injustice, l'absurdité, la bêtise, l'incompétence, la violence et l'horreur qui accompagnent cette putain de guerre. Alors que le début du premier tome était encore assez coloré, ce deuxième tome débute directement dans la noirceur et l'horreur de cette guerre qui s'enlise dans des tranchées parsemées de morts baignant dans le sang.
Si au niveau didactique ce documentaire/témoignage parvient à illustrer cette guerre des tranchées dans toute son horreur, je n'ai pourtant pas accroché tant que ça au récit. Cette accumulation de faits et de dénonciations ne laisse malheureusement pas de place aux développement des personnages. Certes, une sorte de lien se crée avec le narrateur, mais qu'en est-il de tous ces autres soldats que l'on croise au détour d'une case, dont on n'apprend quasi rien et auxquels on a du mal à se lier ? Pas de héros dans ce récit, pas de personnages pour lesquels on éprouve de l'empathie, juste une guerre abjecte et certes parfaitement décrite, mais en ce qui me concerne, ce n'est pas assez. L'année 1919 est à ce titre un peu différente car elle revient sur l'après-guerre, mais également sur certaines destinées brisées par la guerre. Ces passages qui créent des liens avec différents protagonistes, m'ont donc plus plu que ceux dédiés principalement à la guerre en général.
L'autre reproche que je fais à ce reportage, ce sont ces cases qui se suivent souvent sans véritable lien, abandonnant ces dénonciations sans véritable fil rouge, si ce n'est l'absurdité et l'horreur des faits décrits.
Au niveau du graphisme, on retrouve le trait typique d'un
Tardi qui n'hésite à nouveau pas à montrer toutes les horreurs de cette guerre et une colorisation plus sombre que lors du tome précédent, qui s'assombrissait au fil des pages alors que celui-ci baigne dans le noir et blanc.