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Critique de jg69


Le 7 avril 2017, Hannah aperçoit sa fille Lorette sur le trottoir de l'autre côté de la rue. Sept ans plus tôt, Lorette a quitté la maison sans un mot d'explication et n'a plus donné signe de vie depuis, la jeune fille avait alors dix-neuf ans.

Depuis ce départ volontaire de sa fille, Hannah réussit à tenir debout et à continuer en vivre en ne parlant jamais de Lorette. Hannah vit un chagrin sans limite depuis sept ans, accablée de voir son enfant la fuir, coupable de ne pas savoir pourquoi elle est partie et angoissée de ne pas savoir ce qu'elle est devenue. Lorette est un fantôme qui poursuit sa mère mais aussi son entourage. Simon, le frère d'Hannah et Paul et Lydie ses amis ne peuvent pas non plus échapper au sentiment de culpabilité "Nous sommes tous, depuis sa fuite, dans une forme d'errance à laquelle nous ne pouvons pas mettre un terme."

Pour Hannah cette apparition fait resurgir son passé qu'elle a tant cherché à enfouir, un passé où elle était une peintre passionnée et reconnue. Hannah revoit son enfance de petite fille minée par une angoisse de mort qui la submergeait, accablée par le silence qui a toujours entouré l'histoire familiale de son père. Elle revit la naissance de Lorette peu après la chute du mur de Berlin, la difficulté qu'elle a eue à devenir mère, envahie de doutes face à son bébé qui hurlait toute la journée. Elle repense à cette fonction maternelle qui rentrait en rivalité avec son travail d'artiste et à la difficile émergence de son amour maternel "Est-ce que l'amour s'apprend?" jusqu'à ce que l'amour grandisse peu à peu et que s'établisse entre elle et la fille une relation fusionnelle.

Laurence Tardieu explore ici le thème de la disparition volontaire, plus difficile à vivre pour l'entourage qu'une disparition par décès. Elle nous livre une réflexion profonde sur le temps qui passe, le temps devant soi qui se réduit, sur les cycles et ruptures qui jalonnent une vie, sur les secondes chances qui surgissent quand on ne s'y attend pas. J'ai adoré l'écriture faite parfois de phrases très longues, parfaitement rythmées. J'ai apprécié l'habilité de la construction du roman avec un récit centré sur la journée du 7 avril 2017 qui occupe la première et dernière partie du roman encadrant la résurgence du passé de Hannah au travers de quelques dates clés. L'ensemble est sensible, délicat, lumineux, profond en terme de réflexion sur la vie et optimiste contrairement à ce que le thème pourrait laisser imaginer.
Ma rencontre avec cette auteure généralement très appréciée ne s'était pas faite avec son précédent roman dont certains aspects m'avaient déplu et je suis ravie de lui avoir donné une nouvelle chance car j'ai trouvé ce roman très très beau. Voilà un roman qui devrait compter dans la rentrée littéraire d'hiver.
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