Tout autre fut ma deuxième expérience théâtrale. Celle- là devait laisser dans ma mémoire une trace ineffaçable et qui, en un sens, allait marquer profondément mes goûts et mon esprit. Ce fut peu de temps plus tard (...) lorsque mon père m'emmena à la Comédie-Française voir -Le Malade imaginaire- Là, résonna, pour la première fois, à mes oreilles, cette grande voix de Molière qui charriait un passé déjà considérable de fantasmagorie verbale (...)
Certes, le petit enfant que j'étais n'aurait pas été capable d'analyser ce phénomène linguistique. Cependant, sans que j'en eusse conscience,le fait me frappa, comme si j'accédais, par la magie du langage, à une plénitude de joie et de vie. (p. 30-31)
Je suis, tu es, je suis tu-é
Parmi ces piliers du langage, ceux qui me fascinent le plus sont très souvent les -verbes- en apparence les plus simples, tels que le verbe "avoir" ou le verbe "être", mais qui en vérité, depuis Parménide jusqu'à Sartre, ont fourni quelques-unes des clés ou, tout au moins, des nominations essentielles de la pensée occidentale. (p. 22)
Rencontres avec Jean Tardieu par Christian Cottet-Emard juillet 1988 et juin 1991
(LE BLOG LITTÉRAIRE de Christian Cottet-Emard)