Voilà peut-être ce qu’il faudrait accepter : on ne fait que passer. Et quand bien même l’amour, le combat, la souffrance à en devenir fou… De tout ça un jour il ne reste rien.
Je ne savais pas que la douleur éloignait tant des autres.
L'angoisse me fait déraisonner : nous n'avons rien fait pour mériter ça, bien sûr, le mal vient de nulle part, il peut frapper n'importe qui, pour ça nous sommes tous égaux, aussi fragiles les uns que les autres : un jour nous sommes heureux, le lendemain notre vie vole en éclats. On avait pourtant vu les autres tomber autour de soi mais on se croyait épargné, protégé, jusqu'au jour où c'est notre tour : le sol soudain s'effondre. C'est alors qu'on comprend : on est aussi vulnérable, aussi éphémère que les autres. Notre vie n'a pas davantage de valeur.
J'écrivais le soir, lorsque j'en avais le courage.Je me raccrochais à ce temps d'écriture comme d'autres se seraient raccrochés à une mère, à un frère...
Ce n'était pas pour adoucir ma peine : c'était pour ne pas me laisser submerger par elle. Pour que la douleur ne m'emporte pas.
Quand bien même on s'est efforcé du contraire: le passé vit en nous. Masse informe tapie au plus profond de soi, qu'on pourrait croire endormie mais qui veille..
Si je décidais de rester en vie, il fallait en assumer les conséquences, c’est-à-dire rester digne, rester debout. Debout ou couché il fallait choisir, mais, pour moi, l’alternative était claire : j’étais soit couchée dans une tombe, soit debout dans la vie. Une autre vie, sans doute, mais la vie.
Mais moi je n'ai pas mené de combat. Je n'ai pas eu ce courage.
Je me suis simplement efforcé de vivre avecma douleur, comme une compagne indésirable avec laquelle on est obligé de cohabiter.
Je n'ai jamais accepté, jamais.
on peut vivre au côté de quelqu'un et ne rien connaître de ses abîmes, que connaissons-nous l'un de l'autre (...) tu ne connais pas mon passé et je ne sais rien du tien, que faisons-nous l'un à côté de l'autre, à nous frôler, à nous manquer ?
[...] Je ne savais pas que les mots peuvent sauver. Aujourd'hui je le sais : ils maintiennent le lien à soi. Ils permettent de ne pas s'égarer dans la nuit profonde de la folie. [...] Ecrire ce soir m'a permis de finir la journée dignement : sans tomber, sans céder à la tentation d'en finir. Cete fois encore, l'écriture m'a sauvée. [...] Si je m'arrêtais d'écrire je crois que je mourrais. Seuls les mots me maintiennent en vie.
On est aussi vulnérable, aussi éphémère que les autres. Notre vie n'a pas davantage de valeur.