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EAN : 9782081330559
192 pages
Flammarion (20/08/2014)
3.24/5   52 notes
Résumé :
À quoi cela a-t-il tenu ? À la solitude d’un jour d’automne, à la tristesse tenace de ces derniers mois, au souvenir inattendu du Jeu de paume où elle se rendait parfois enfant ? Peu de choses, en somme, qui conduisent Laurence T. à pousser la porte de l’exposition consacrée à la photographe Diane Arbus. Le choc, d’abord esthétique, devient peu à peu existentiel. La narratrice va revisiter son histoire personnelle et familiale à la lumière de celle de Diane Arbus, j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Samedi 13 mai 2023 - Square des Poètes- livres - voyageurs

Déjà plus de 2 semaines que j'ai trouvé sur mon chemin ce texte, en venant déposer moi- même des ouvrages dans ce charmant kiosque de "livres- voyageurs ", qui m'a réservé ces derniers mois de fort belles surprises, connus ou pas.C'est l' Imprévu total et j'adore !

Là, il s'agissait d'une auteure que j'apprécie tout particulièrement...et cet écrit avait tout pour me séduire, étant passionnée de " Photographie" ...

Toutefois, le sujet ne s'arrête pas à cela...loin de là !...

Je débute par une citation décrivant fort bien le point de départ de la naissance de ce texte, le noyau central de ce livre singulier ...

"À quoi ma rencontre avec Diane Arbus a-t-elle tenu? À rien, à la lumière et à la solitude de ce jour d'automne, au souvenir du Musée du Jeu de Paume avec mes parents. À rien.J'en ai, rétrospectivement, le vertige. Car il y a des rencontres qui sauvent. Elles vous saisissent au corps, elles vous soulèvent du sol auquel vous êtes englué, elles vous font passer de la nuit à la lumière."

c'est l'incroyable rencontre, rencontre - sauvetage" imprévue, " miracle " comme coup de foudre pour le travail de Diane Arbus, lors d'une exposition au Jeu de Paume (où elle se rendait, enfant, avec ses parents ), à un moment de profond mal-être de l'auteure...

Le récit de Laurence Tardieu va nous relater la rencontre de deux sensibilités, de deux histoires qui, de façon très troublante , possèdent de nombreux points d'intersection entre les environnements, la classe sociale, une enfance peu sereine : milieu très riche, lisse, policé, normatif à outrance, la solitude intense d'enfants livrés aux mains de gouvernantes, dans des grandes maisons vides...
(** Cela m'a fait songer en lisant ces ambiances trop bourgeoises, trop parfaites...et mortifères dans un même temps au récit de Fritz Zorn " Mars"...)

Il est tout aussi "troublant" d'observer combien on se construit fréquemment " CONTRE ".Les Excès de normes du milieu de Diane Arbus l'amènent à aller débusquer l'autre face des choses, des êtres, l'envers du décor dans les milieux les plus marginaux qui soient , tout au long de sa carrière..!

"Ce qui l'obsédait : faire tomber les masques, saisir ce que chacun est de l'autre côté du rideau des apparences. Elle cherchait l'autre. Elle disait de son appareil photo qu'il était son passeport. Celui qui lui permettait de franchir les frontières, d'aller vers ceux qu'elle voulait connaître, connaître intimement : ceux dont elle voulait atteindre " la vie intérieure "

En nous décrivant son enthousiasme pour les clichés de Diane Arbus en ajoutant la description de ses émotions au fil de ses recherches sur sa vie personnelle, Laurence Tardieu va découvrir une sorte de " Double", de " miroir", de révélateur , qui va lui permettre de sortir d'une affreuse période de dépression et d'idées très noires !

Diane Arbus va être comme un modèle, un " absolu singulier" dans son art...qui va l'inspirer et lui ré-insuffler l'élan de vivre , de " faire"; ce qui veut dire reprendre goût à son travail d'écrivain...à son art à elle: celui d' ÉCRIRE....

J'ai omis de préciser qu'en parallèle de ce texte très personnel...on apprend d'abondantes " choses" sur le parcours exceptionnel de cette artiste- photographe

"Ton appareil photo en main, tu posais ton regard sur les frontières. La frontière du féminin-masculin, la frontière entre le monde de l'enfance et celui des adultes, la frontière entre la folie et l'équilibre mental, la frontière entre les pauvres et les riches.Tu les sondais, tu les faisais ployer.Tu voulais voir ce qui tenait. Ce qui, à la fin, tenait."

Même si j'ai été enthousiaste de cette lecture et que j'ai été quelque peu tentée de garder ce livre,je me suis décidée à le rapporter afin qu'il puisse être partagé avec de nouveaux lecteurs, car c'est un livre tout à fait captivant et emotionnant...!



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Depuis l'enfance Laurence traine son mal être, son ennui. Issue d'une famille aisée, elle erre dans ce trop grand appartement où la solitude fait parti des meubleset la communication inéxistante.
Laurence à envie de crier son désespoir, seul refuge à la folie, sa chambre.
les années passent, un dimanche d'octobre 2011 les pieds de Laurence vont l'entrainer dans le musée du jeu de paume où une retospectivede la photographe américaine Diane Arbus à lieu.
A partir de ce moment Laurence et Diane ne feront plus qu'une.
La similitude de leurs enfances, le désir de quitter ce cocon familial étouffant, de voler de leurs propres ailes. Même leurs vies amoureuses ont le même reflet.
Comme deux papillons elles quittent leurs chrysalides, l'une deviendra écrivain et l'autre photographe.
Laurence Tardieu décrit avec une maitrise parfaite la solitude, l'ennui, la détresse psychologique, l'analogie entre la vie de Diane et la sienne.
Dans ce récit où la plume et l'appareil photo, prolongement de deux artistes vont être le fil rouge de deux éxistences.
On s'abandonne à l'écriture poétique de Laurence Tardieu, à son univers métaphorique.
Mefiez vous du spleen il est caché en chacun de nous et n'attend qu'une chose un instant de faiblesse.
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Laurence, Diane.
Diane, Laurence.
Deux destins, deux vies tellement différents et tellement proches, c'est ce que nous raconte Laurence Tardieu dans ce texte magnifique et bouleversant.
Laurence Tardieu, va mal depuis quelques mois avec l'impression que sa vie lui échappe.
« Depuis des mois, je me sentais enserrée dans un effroi et une souffrance intenses que je ne parvenais à dire à personne. J'essayais de me tenir à tout ce qui tenait, mais rien ne tenait, plus rien ne tenait. Tout s'effritait sous mes doigts »
Pour tromper son ennui et son mal-être, un dimanche après-midi, Laurence va marcher dans le Jardin des Tuileries. Ses pas la mènent au Musée du Jeu de Paume où se tient une exposition des clichés de la célèbre photographe américaine, Diane Airbus.
Dans la première salle du musée, Laurence est interpellée par le réalisme des photos, mais c'est en lisant la biographie de l'artiste, qu'elle a la certitude d'avoir fait une rencontre exceptionnelle, mieux qu'une amie, elle vient de trouver son double. En parcourant les allées du musée, elle ressent une sensation inconnue, comme une présence invisible qui allait la tirer du gouffre et la hisser vers la lumière.
« J'ai voulu tout savoir d'elle. Elle, morte, qui m'avait empoignée, moi, vivante.
Elle, si vivante qu'elle m'avait empoignée, alors que je sombrais. »
Cette présence à ses côté ne quittera plus Laurence qui n'aura de cesse de tout savoir sur Diane, sa vie, son enfance, ses amours, ses enfants, jusqu'aux circonstances de sa mort.
Je referme ce livre profondément émue. Chacun des livres de Laurence Tardieu fait naître en moi un profond sentiment de sérénité et d'apaisement même si elle évoque des évènements dramatiques. Je crois que cela est dû à la luminosité de son écriture.
J'ai eu la chance de la croiser il y a quelques années lors d'une séance de dédicaces et à ce moment-là, son sourire et l'attention qu'elle m'a prêtée m'ont donné l'impression d'avoir rencontré une femme exceptionnelle sensible et délicate à l'image de ses livres.
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L'auteure est perdue dans sa vie, perdue dans son métier par lequel elle vit tant financièrement que moralement. Elle ne parvient plus à écrire. Un après-midi errant sans but dans les rues de Paris, elle rentre au musée du Jeu de Paume où elle a des souvenirs de petite fille avec ses parents. Dans ce musée se tient une exposition des photographies de Diane Arbus, photographe décédée une il y a une quarantaine d'année. C'et LA rencontre. Une rencontre qui n'aurait pu jamais se faire mais qui va changer sa vie. Lui rendre sa vie.

"A quoi ma rencontre avec Diane Arbus a-t-elle tenu? A rien, à la lumière et à la solitude de ce jour d'automne, au souvenir du musée du Jeu de Paume avec mes parents. A rien. J'en ai rétrospectivement le vertige. Car il y a des rencontres qui sauvent, elles vous saisissent au corps, elles vous soulèvent du sol auquel vous êtes englué, elles vous font passer de la nuit à la lumière."


Bouleversée par cette exposition, par l'émotion ressentie à la vue des photos de l'artiste, Laurence Tardieu va faire des recherches sur cette photographe, va devenir obsédée, hantée par cette femme et par les parallèles entre leur deux vies à quarante ans d'écart. En se plongeant dans la vie de Diane Arbus c'est dans sa propre vie que l'auteure s'immerge. Des souvenirs enfouis lui reviennent. Comme Diane Arbus, Laurence Tardieu se construit grâce à l'écriture, apprend à se connaître grâce à l'écriture, cette écriture qui la fuit.


" Les mots s'écrivaient, je les découvrais. C'était celle que j'étais qui commençait à s'écrire, et que je reconnaissais enfin. C'était celle que j'étais qui commençait à exister. J'avançais vers des territoires interdits : ceux situés de l'autre côté des convenances, des masques, des décors parfaits. J'avançais mot après mot vers le vivant."

Cette écriture vitale, nécessaire à son équilibre mental :

"A chaque livre je retrouvais sans le savoir la chambre de mon enfance. Je descendais en moi, j'allais à la rencontre de tout ce que je ne savais pas nommer. Aujourd'hui, je descends encore, je descends, je rencontre ma douleur, ma folie, ma peur, ma violence, ma joie, ma petitesse, ma force, ma précarité, ma difformité, mon enfance, ma vieillesse, mon langage, mon impudeur, mon envie de vivre, mon envie d'en finir, je rencontre celle que je suis en mille morceaux et j'essaie chaque fois de nommer, pour ne pas demeurer engloutie dans mes propres fonds."

Cette rencontre par delà, le temps, par delà l'espace avec Diane Arbus, une rencontre presque physique va rendre à l'auteure ce qui manquait à sa vie, ce qui faisait sa vie : l'écriture.


Une vie à soi est de ces livres dont plus on arrive vers la fin plus on ralentit le rythme de lecture pour ne pas le refermer. Ce livre sur l'écriture et la vie, sur la vie par l'écriture, la vie pour l'écriture, sur ces rapports vitaux, entre l'artiste est son oeuvre m'accompagnera longtemps. Laurence Tardieu votre livre est de ceux vers lesquels on revient pour s'y replonger régulièrement tant ils est riche en vie et en émotions. Un livre au style à fleur de peau bien au delà d'un simple coup de coeur ce qui a rendu cette chronique bien difficile à écrire.
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Quel bonheur éprouve-on lorsqu'on rencontre une personne qui vous ressemble! On se rassure enfin, de ne pas faire tache d'huile dans la société. On se sent moins fou, moins anormal, moins déréglé. Ça, c'est propre aux écrivains, aux solidaires, aux personnes ayant une créativité débordante. Un attachement presque passionnel va naître de cette rencontre. Et c'est de cette rencontre que nous parle l'auteure dans Une vie à soi , une rencontre qui ramène à la surface de ces souvenirs son enfance solitaire. Une enfance, bien qu'heureuse sur le plan matériel, mais solitaire sur le plan personnel, si d'autres enfants se souviennent de leur enfance comme une période d'épanouissement pour avoir eu des parents riches mais pour Laurence Tardieu, ça a été une forme d'injustice, et de ''honte'', un mot qu'elle empruntera à Diane Arbus, une photographe avec laquelle, les similitudes dans la façon de penser et dans toutes choses vont marquer sa vie, quand bien même celle-ci soit déjà morte. C'est à partir juste d'une exposition de Diane Arbus que l'auteure va décider d'aller à la quête de l'histoire cette topographe illustre. J'ai aimé le livre,les mots, les courts chapitres qui dénotent une manière de souffler avec ce livre, son ton poétique m'a beaucoup remuée!
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critiques presse (1)
Culturebox
25 août 2014
Quel est le sens de ce livre-ci ? Un point d'étape, de milieu de vie. Une portrait de soi dans le miroir de Diane Arbus. Une introspection bercée par l'irremplaçable musique de Laurence Tardieu, cette façon de dire des choses très fortes, avec des mots très doux. Persuasive sans fracas. Question d'éducation. Et de style.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
J'ai souvent pensé, au cours de ces derniers mois, lorsque je me promenais dans Paris ou que j'étais dans le métro ou le bus, que tu m'avais donné des yeux pour voir : je regardais les visages de celles et ceux que je croisais, et je voyais et ressentais tant de choses dans leur regard, je percevais des lueurs, des grimaces, des ombres, je percevais l'enfance, la vieillesse, la solitude, je percevais des gouffres, je percevais l'espièglerie, je percevais l'innocence, je voyais ce qu'auparavant, peut-être, je n'aurais pas vu, je voyais surtout combien chacun est unique et cela m'irradiait tout le corps, je trouvais que la vie était belle et vaste, extraordinairement multiple, et je me disais que c'était toi qui m'avais ouvert les yeux, je voyais plus grand désormais , je voyais plus vrai.

( p.183)
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Et, très vite, comme si la photo avait brusquement été détrempée, laissant apparaître son négatif, l'envers du décor, derrière le sourire et le chapeau de la petite Diane j'ai vu le souci de perfection et l'effroi qui l'accompagne, j'ai vu la solitude.
(...)
Elle était là, je l'ai vue, la petite Diane, habillée par la gouvernante, tirée à quatre épingles, passant d'une pièce à l'autre dans l'appartement feutré et silencieux de Central Park Ouest, cherchant sans la trouver sa mère. Tu cours, petite Diane, tu cours dans le grand appartement. Tu vas voir dans la pièce d'à côté si ta mère y est
Si elle t'attend pour jouer avec toi, pour te lire une histoire. Elle n'y est pas. (..) Tout est si grand et vide. Tout est si impeccable. Partout, tout est si impeccable. Si parfaitement à sa place.Rien ne traîne. Rien ne dépasse
Aucun désordre.


( p.31)
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Car il y a des rencontres qui sauvent. Elles vous saisissent au corps, elles vous soulèvent du sol auquel vous êtes englué, elles vous font passer de la nuit à la lumière.
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Ce qui l'obsédait : faire tomber les masques, saisir ce que chacun est de l'autre côté du rideau des apparences. Elle cherchait l'autre. Elle disait de son appareil photo qu'il était son passeport. Celui qui lui permettait de franchir les frontières, d'aller vers ceux qu'elle voulait connaître, connaître intimement : ceux dont elle voulait atteindre " la vie intérieure "

( p.102)
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Les mots s'écrivaient, je les découvrais. C'était celle que j'étais qui commençait à s'écrire, et que je reconnaissais enfin. C'était celle que j'étais qui commençait à exister. J'avançais vers des territoires interdits : ceux situés de l'autre côté des convenances, des masques, des décors parfaits. J'avançais mot après mot vers le vivant.
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