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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Laurence, Diane.
Diane, Laurence.
Deux destins, deux vies tellement différents et tellement proches, c'est ce que nous raconte Laurence Tardieu dans ce texte magnifique et bouleversant.
Laurence Tardieu, va mal depuis quelques mois avec l'impression que sa vie lui échappe.
« Depuis des mois, je me sentais enserrée dans un effroi et une souffrance intenses que je ne parvenais à dire à personne. J'essayais de me tenir à tout ce qui tenait, mais rien ne tenait, plus rien ne tenait. Tout s'effritait sous mes doigts »
Pour tromper son ennui et son mal-être, un dimanche après-midi, Laurence va marcher dans le Jardin des Tuileries. Ses pas la mènent au Musée du Jeu de Paume où se tient une exposition des clichés de la célèbre photographe américaine, Diane Airbus.
Dans la première salle du musée, Laurence est interpellée par le réalisme des photos, mais c'est en lisant la biographie de l'artiste, qu'elle a la certitude d'avoir fait une rencontre exceptionnelle, mieux qu'une amie, elle vient de trouver son double. En parcourant les allées du musée, elle ressent une sensation inconnue, comme une présence invisible qui allait la tirer du gouffre et la hisser vers la lumière.
« J'ai voulu tout savoir d'elle. Elle, morte, qui m'avait empoignée, moi, vivante.
Elle, si vivante qu'elle m'avait empoignée, alors que je sombrais. »
Cette présence à ses côté ne quittera plus Laurence qui n'aura de cesse de tout savoir sur Diane, sa vie, son enfance, ses amours, ses enfants, jusqu'aux circonstances de sa mort.
Je referme ce livre profondément émue. Chacun des livres de Laurence Tardieu fait naître en moi un profond sentiment de sérénité et d'apaisement même si elle évoque des évènements dramatiques. Je crois que cela est dû à la luminosité de son écriture.
J'ai eu la chance de la croiser il y a quelques années lors d'une séance de dédicaces et à ce moment-là, son sourire et l'attention qu'elle m'a prêtée m'ont donné l'impression d'avoir rencontré une femme exceptionnelle sensible et délicate à l'image de ses livres.
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L'auteure est perdue dans sa vie, perdue dans son métier par lequel elle vit tant financièrement que moralement. Elle ne parvient plus à écrire. Un après-midi errant sans but dans les rues de Paris, elle rentre au musée du Jeu de Paume où elle a des souvenirs de petite fille avec ses parents. Dans ce musée se tient une exposition des photographies de Diane Arbus, photographe décédée une il y a une quarantaine d'année. C'et LA rencontre. Une rencontre qui n'aurait pu jamais se faire mais qui va changer sa vie. Lui rendre sa vie.

"A quoi ma rencontre avec Diane Arbus a-t-elle tenu? A rien, à la lumière et à la solitude de ce jour d'automne, au souvenir du musée du Jeu de Paume avec mes parents. A rien. J'en ai rétrospectivement le vertige. Car il y a des rencontres qui sauvent, elles vous saisissent au corps, elles vous soulèvent du sol auquel vous êtes englué, elles vous font passer de la nuit à la lumière."


Bouleversée par cette exposition, par l'émotion ressentie à la vue des photos de l'artiste, Laurence Tardieu va faire des recherches sur cette photographe, va devenir obsédée, hantée par cette femme et par les parallèles entre leur deux vies à quarante ans d'écart. En se plongeant dans la vie de Diane Arbus c'est dans sa propre vie que l'auteure s'immerge. Des souvenirs enfouis lui reviennent. Comme Diane Arbus, Laurence Tardieu se construit grâce à l'écriture, apprend à se connaître grâce à l'écriture, cette écriture qui la fuit.


" Les mots s'écrivaient, je les découvrais. C'était celle que j'étais qui commençait à s'écrire, et que je reconnaissais enfin. C'était celle que j'étais qui commençait à exister. J'avançais vers des territoires interdits : ceux situés de l'autre côté des convenances, des masques, des décors parfaits. J'avançais mot après mot vers le vivant."

Cette écriture vitale, nécessaire à son équilibre mental :

"A chaque livre je retrouvais sans le savoir la chambre de mon enfance. Je descendais en moi, j'allais à la rencontre de tout ce que je ne savais pas nommer. Aujourd'hui, je descends encore, je descends, je rencontre ma douleur, ma folie, ma peur, ma violence, ma joie, ma petitesse, ma force, ma précarité, ma difformité, mon enfance, ma vieillesse, mon langage, mon impudeur, mon envie de vivre, mon envie d'en finir, je rencontre celle que je suis en mille morceaux et j'essaie chaque fois de nommer, pour ne pas demeurer engloutie dans mes propres fonds."

Cette rencontre par delà, le temps, par delà l'espace avec Diane Arbus, une rencontre presque physique va rendre à l'auteure ce qui manquait à sa vie, ce qui faisait sa vie : l'écriture.


Une vie à soi est de ces livres dont plus on arrive vers la fin plus on ralentit le rythme de lecture pour ne pas le refermer. Ce livre sur l'écriture et la vie, sur la vie par l'écriture, la vie pour l'écriture, sur ces rapports vitaux, entre l'artiste est son oeuvre m'accompagnera longtemps. Laurence Tardieu votre livre est de ceux vers lesquels on revient pour s'y replonger régulièrement tant ils est riche en vie et en émotions. Un livre au style à fleur de peau bien au delà d'un simple coup de coeur ce qui a rendu cette chronique bien difficile à écrire.
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Je referme ce livre à l'instant, sans mots.
Je reprends mon souffle petit à petit. Je reprends ma vie, petit à petit.
La rencontre de Laurence et de Diane est d'une force sans nom, d'une violence désarmante, d'une évidence extrême. Des âmes, des corps, des coeurs qui se trouvent, enfin, pour s'apprendre, se conduire, s'aider, s'aimer.
Laurence Tardieu a su prendre possession de mes émotions, comme elle-même s'est laissée envahir par Diane Arbus. Mélange de trois vies qui se répondent, s'enlacent, se titillent, se cherchent, s'éloignent pour mieux se retrouver au fil des pages.
Diane Arbus, dont je ne connaissais rien, m'a révélé sa sensibilité extrême. Je suis allée découvrir son oeuvre, en images. Et j'ai aimée, passionnément. J'ai aimé son regard sur les gens, sur l'extraordinaire, sur la vie. Dérangeante, décapante, déshabillante… Si vraie !
Ma vie ne ressemble pas à celle de ces deux femmes, pourtant, Diane et Laurence m'ont rejointe, au plus profond, dans cet espace que je n'ose pas toujours explorer. Une porte s'est ouverte. Je ne vais plus la refermer. J'y ai pressenti quelque chose d'inconfortable mais de beau. Je vais m'y plonger encore, en douceur, petit à petit. Un chemin s'est ouvert…
J'ai relevé cinq pages de citations. Des perles à lire et à relire. Encore et encore…Comme Laurence Tardieu exprime bien mieux que moi les émotions, je lui laisse le dernier mot :
« Tes photos m'ont fait comprendre ce que je ressentais, et ne savais pas nommer : chaque fois qu'on comprend un autre, qu'on le comprend de l'intérieur, on grandit de ce qu'il est. On devient plus vaste. »
« Je sens ta présence encore, oui tu es là encore, tout près, tu me regardes immobile et tu me laisses m'éloigner de toi, reprendre ma route. »
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En proie au mal de vivre, Laurence Tardieu narre sa période de renaissance à la vie.
Seule, déprimée, avançant malgré tout sans véritable sens, ni espoir, elle va par hasard découvrir la photographe Diane Arbus. Après la vibration de la découverte, l'obligation de la connaître s'impose à l'auteure, à travers photos et lectures.
Une passion dévorante va alors la submerger, avec pour effet le réveil de souvenirs enfouis. Diane devient sa soeur, son double de 50 ans d'écart. le contexte privilégié des origines est similaire. Enfants dociles et discrètes, elles se ressemblent. Les parallèles apparaissent et le rapprochement devient saisissant, inéluctable.
Les chapitres sur l'une ou l'autre s'entrelacent, l'imaginaire se confond avec la réalité. Les rêves rejoignent les souvenirs tronqués, morcelés qui se reconstituent grâce à cette amitié virtuelle. Tout le processus de refoulement est désormais mis à mal pour faire place à multitudes de sentiments qui se bousculent et se chevauchent. Cette confusion de sensations s'articule autour de la vie passée, de la compréhension, de l'évidence.
Peu à peu, la photographe va sauver l'auteure de sa torpeur.

Bien qu'il règne une ambiance schizophrène dans ce récit, l'écriture est sensible, profonde. La richesse des sentiments est étourdissante. Tout est exacerbé, à fleur de peau, mais c'est beau et d'une sincérité rare, courageuse.

Merci à Masse Critique et à Flammarion de m'avoir permis de découvrir un ouvrage de qualité, d'une grande finesse avec pour auteur une femme que je perçois vulnérable, délicate mais qui, à mon sens, fait preuve d'une grande force en se livrant si nue en pâture.
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Un livre touchant, sensible, questionnant.

Comment se reconnaître, retrouver le fil de son enfance, de ses peurs, s'analyser en analysant la vie d'une autre.
Tant de points communs troublants dénichés entre les deux femmes.
Comment un parallèle tissé avec la vie d'une autre artiste va permettre de descendre au plus profond de soi pour pouvoir remonter peu à peu vers la lumière.
Bonheur d'écrire, bonheur de vivre... et bonheur de lire un tel récit. Merci Laurence Tardieu...
[...]
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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"J'ai découvert Diane Arbus un dimanche d'automne 2011. (...) Depuis des mois, je me sentais enserrée dans un effroi et une souffrance intenses que je ne parvenais à dire à personne. J'essayais de me retenir à tout ce qui tenait, mais rien ne tenait, plus rien ne tenait. Tout s'effritait sous mes doigts."
Un dimanche d'automne 2001, Laurence Tardieu qui depuis la parution la confusion des peines n'arrive plus à retrouver le chemin de l'écriture se rend par hasard à l'exposition consacrée à la photographe américaine Diane Arbus. Bouleversée par ses photos, elle veut tout savoir sur l'artiste et découvre des points communs entre leurs deux vies. Ce sont deux histoires en parallèle qui se répondent et la vie de Diane Arbus trouve une résonance chez l'auteure. Comme dans un miroir, ses propres souvenirs remontent et jaillissent. "Plus je découvrais qui elle avait été, plus des pans entiers de ma vie revenaient à moi, comme les images d'un film oublié qu'elle me faisait revoir. Qu'elle me faisait revivre."

La même enfance et "la même docilité, la même expression apeurée. La même sensation d'être là, et de ne pas y être", le même milieu social privilégié et bourgeois mais aussi la même solitude. Cette quête permet à Laurence Tardieu de se "rassembler, Diane Arbus a été un harnais pour Laurence Tardieu auquel elle s'est accrochée.

On plonge dans la sincérité de Laurence Tardieu, dans sa sensibilité mais aussi dans sa douleur et ce sont des rafales d'émotions qui nous transpercent ! Sans mettre le lecteur en position de voyeur et sans pathos, mais avec une pudeur si belle et une écriture lancinante, lumineuse et délicate, on assiste à sa renaissance et à celle d'une vie bien à elle.
Un livre qui m' a touchée-coulée et qui a trouvé écho en ma personne. Car chacun peut être amené à faire une rencontre fortuite qui lui donnera la force de se relever ou d'apercevoir enfin une lumière.

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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