La fin du journalisme ?

J'ai eu la chance de lire La fin du journalisme, le dernier ouvrage de Antoine de Tarlé suite à l'opération Masse Critique. Je remercie Babelio pour l'envoi de l'ouvrage.

La fin du journalisme est une étude essai sur les dérives numériques, la désinformation et la manipulation comme le mentionne parfaitement le sous-titre en couverture. Les réseaux sociaux ont profondément bouleversé le monde papier, causant fortes pertes de revenus et d'intérêt. Quel jeune aujourd'hui achète un journal? Prend la peine de comparer deux analyses de deux journalistes? A l'ère du tout image, de l'instantané, du gratuit et par conséquent quelque part de l'éphémère, quel avenir pour le journaliste traditionnel? Pour les médias traditionnels?
Antoine de Tarlé dépeint l'état actuel au travers de nombreuses citations de rapports. Cet ouvrage est en effet très documenté et majoritairement axé sur Facebook, Google et leurs satellite. Il démontre que les réseaux sociaux, s'ils offrent la possibilité de la vulgarisation de l'information et la possibilité d'expression, contribuent également voire renforcent les inégalités. Ils absorbent l'essentiel des recettes publicitaires et l'audimat, jadis les trésors de guerre des journaux papiers. Ces derniers pour ne pas mourir sont obligés de s'adapter, se réformer et proposer. Leur survie en dépend. L'enjeu des prochaines années est la! Maintenir le pluralisme des opinions et donner la possibilité de débattre avec de vrais arguments de fond (et non des fake news si fréquents sur les réseaux sociaux).

Clair, bien structuré et relativement complet, il apporte un bon début de réflexion. Néanmoins il ne va pas plus loin.. et c'est ce que j'ai un peu regretté. Je n'ai pas appris grand chose que je ne savais déjà. Peut etre fais je partie de cette "minorité qui a les moyens de s'informer et qui cherche à s'informer par divers canaux". Peut être suis je aussi trop dans ce domaine.

Court, ce livre est abordable et se lit très rapidement. Il incite surtout à creuser des pistes et à aller plus loin dans le raisonnement.
mais la encore, c'est à chacun de le vouloir…

J'ai apprécié même si j'aurais aimé que l'auteur s'engage davantage… Apres le constat, ou sont les pistes de solutions?

3,5/5

J'ai reçu ce court essai dans le cadre d'une Masse Critique. J'avais été attirée par le titre sans avoir été plus loin, c'était donc la surprise sur le contenu. L'auteur, Antoine de Tarlé, sait de quoi il parle. Ancien dirigeant de grands médias, c'est un spécialiste en la matière et il a participé à de nombreux ouvrages sur l'économie des médias. On sent d'ailleurs qu'il s'est documenté. Il s'est appuyé sur des résultats de recherches américaines pour une nouvelle analyse de la crise journalistique et apporter un regard nouveau l'avenir de la presse tel qu'on l'a connaît aujourd'hui.
L'essai est très court, l'auteur y aborde d'abord la commercialisation de nos données avant d'analyser la crise de l'information et les « fake news » puis sa destruction et enfin, il propose des pistes de solutions. le journaliste pointe évidemment du doigt l'arrivée d'internet pour expliquer la crise de journalisme. Aujourd'hui, l'information n'est plus uniquement véhiculée par la presse mais les réseaux sociaux ont pris le pas sur les journaux. Elle est partagée par les amis et nos cercles dont nous sommes proches et donc nous recevons des informations souvent biaisées qui nous confortent dans nos convictions. C'est encore plus vrai dans le cas des extrémismes divers malheureusement. Les politiques ont eux aussi bien compris ce virage numérique et les manipulations via les « fake news » ont fait leur apparition depuis quelques années. L'auteur nous explique le cas des élections américaines.
Il dresse un portrait très critique de la façon de s'informer aujourd'hui. Il y a d'un côté les « sous-informés » qui « scrollent » leur mur facebook et sont abreuvés de brèves informations souvent orientés puis il y a les « sur-informés » qui n'hésitent pas à payer pour avoir accès à la presse écrite sur internet. L'auteur met en évidence ce clivage qui se creuse de plus en plus. le tout est très bien documenté, l'auteur se base sur de nombreuses études et références. C'est clair et concis, cela se lit très facilement même pour les publics non-initiés.
Dans la dernière partie, il tente d'ébaucher des pistes de solutions pour éviter de se précipiter dans cette voie qui signe la fin du journalisme dans quelques années. J'ai été un peu frustrée par cette partie assez superficielle. Les pistes sont intéressantes mais l'auteur ne creuse pas vraiment la question. Je dirais que c'est un bon début de réflexion mais ce sera au lecteur d'aller plus loin s'il le désire avec d'autres lectures pour creuser ce sujet très intéressant et terriblement actuel !

En 2001 est lancé le premier site d'annonces gratuites en ligne aux USA. La même année, le 11 septembre, photos et vidéos prises par des témoins amateurs font naître le « journalisme citoyen ». La crise de la presse écrite date de là selon l'auteur. A ceci s'ajoute la naissance des réseaux sociaux, qui vont proposer une offre d'information immense, mais peu fiable. Ces réseaux s'appuient en outre sur « la collecte de l'exploitation du plus grand nombre possible de données sur les usagers » et sur un « capitalisme de surveillance ». Ces données, comme l'a démontré le scandale de Cambridge Analytica, peuvent être exploitées pour pousser à un vote ou une absention en apportant des informations inexactes qui feront réagir tels ou tels citoyens en fonction de leurs données.
Comment dès lors limiter fake news ou désinformation tout en préservant les libertés, et tout en tenant compte des désirs des citoyens qui se sont emparés des réseaux sociaux pour s'exprimer ? L'auteur propose, face à l'emprise des réseaux sociaux et à la crise de la presse, non seulement d'appliquer la loi française de 1881 mais aussi que les médias eux-mêmes prennent des positions tranchées pour s'adapter à des lecteurs devenus vraiment actifs.
Un essai intéressant qui associe historique, explication et tentative de solutions, sans doute un peu faibles.