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Critique de Fandol


Ouf ! Suis-je tenté d'écrire… Je viens de terminer le Chardonneret et ses 1100 pages en version Pocket. La lecture fut longue, passionnante parfois, lassante quelquefois mais je salue la performance de Dona Tartt, autrice étasunienne que je lis pour la première fois et j'ajoute aussi un coup de chapeau à Edith Soonckindt qui a brillamment assuré la traduction en français.
Le narrateur, Theodore Decker vit à New York avec sa mère, mannequin pour un catalogue de vente par correspondance qui étudie l'histoire de l'art et lui transmet sa passion pour les musées. Dès le début, Theo dit qu'il se trouve dans une chambre d'hôtel à Amsterdam, en 1943, sa mère étant morte quatorze ans auparavant. Cette date me gêne beaucoup car, tout au long du livre, donc pour ce qui s'est passé avant 1943, on utilise téléphones portables, internet… ce qui était encore loin d'exister. D'ailleurs, je me demande pourquoi l'autrice donne cette date car son roman peut très bien se passer à la fin du XXe siècle, sans problème.
D'autres anachronismes m'interpellent comme l'absence totale de référence à ce qui bouleverse le monde, en 1943 : la seconde guerre mondiale. Theo, Boris, son meilleur ami, voyagent sans aucune difficulté d'Amérique en Europe, se déplacent aux Pays-Bas, pays pourtant occupé par le Wehrmacht depuis 1940. Anne Frank écrit son journal à Amsterdam de 1941 à 1944, avant d'être déportée vers les camps de la mort comme beaucoup d'autres juifs de ce pays. Aucune allusion dans le livre à cette terrible période, aucune restriction dans l'hôtel où se trouve Theo qui peut commander tout ce qu'il veut à la réception. Il y a même un déplacement déterminant à Hambourg… sans problème.
Ces anomalies étonnantes signalées, je reviens à l'histoire de ce garçon déjà traumatisé par un père alcoolique ayant déserté l'appartement familial, qui perd sa mère à cause d'un attentat, l'explosion d'une bombe dans un grand musée newyorkais qu'ils visitaient. Par miracle, Theo qui avait repéré une jeune fille rousse accompagnée d'un vieil homme, est vivant et Dona Tartt m'a scotché avec une scène terrible qui montre Welty, ce vieil homme, prenant Theo pour un autre, lui confiant sa bague, une adresse et, juste avant de mourir, lui ordonne de prendre un petit tableau : le Chardonneret, du peintre hollandais Carel Fabritius (1622-1654). Or, Fabritius est mort l'année où il a peint ce petit oiseau enchaîné à son perchoir, en 1654, à cause de l'explosion d'une poudrerie, à Delft, aux Pays-Bas.
Repartie voir La leçon d'anatomie de Rembrandt, sa mère n'était pas dans la même salle que Theo qui en réchappe donc et réussit à sortir des décombres par ses propres moyens. Il ne reverra jamais sa mère et sera profondément traumatisé.
Ainsi, Theo raconte en détails, la fin de son enfance, la famille Barbour qui le recueille parce qu'il est le meilleur ami d'un des fils, Andy. Il aurait pu grandir tranquillement si son père et sa nouvelle femme, Xandra, n'avaient débarqué de Las Vegas et l'avait emmené sur la côte ouest. Là-bas, il se lie d'une profonde amitié avec Boris, pour le meilleur et pour le pire car la drogue fait son entrée et rien ne nous est épargné jusqu'au bout. Bien sûr, Theo a toujours ce fameux tableau qu'il garde jalousement, cache soigneusement mais, impossible d'en dire plus sans divulgâcher.
Dans cette histoire, il ne faut pas oublier Hobie, l'associé de Welty, un restaurateur de meubles anciens, antiquaire, chez qui Theo retrouve Pippa, la jeune fille rousse qui accompagnait Welty dans le musée et qui a aussi miraculeusement échappé à la mort. Hobie est un homme extraordinaire, d'une profonde humanité et j'ai beaucoup apprécié les passages le concernant.
Dans un tel livre, foisonnant d'informations, de détails pas toujours utiles, de descriptions redondantes, j'ai surtout aimé les réflexions sur la vie, les passages consacrés à l'art, la peinture, l'amour d'un fils pour sa mère et les moments forts d'amitié hélas gâchés par un usage immodéré et impressionnant de stupéfiants.
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