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sur 3234 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman culte, dit la rumeur. Cela pourrait être une séquelle un peu sombre du cercle des poètes disparus, vibrante jeunesse et heurt de classes sociales, Homère plutôt que Whitman, destin tragique and so on. Cela pourrait être un nième whodunnit, avec un pauvre hère en trench coat qui tenterait de retrouver le coupable à coup de judicieuses déductions et de citations de sa femme. Ou une petite vieille qui écrit des romans policiers pour maison de retraite.
Ce n'est pas du tout cela.
Ce n'est pas non plus un « roman d'aventure », comme l'affirme la 4e de couverture. Ou alors il faut entendre « aventure » au sens « il se passe des trucs ». Auquel cas il y a un sacré nombre de romans d'aventure en circulation.
À l'inverse, le Maître des illusions pourrait aussi se glisser dans la mouvance jeunesse d'élite dépravée, ambiance Les Lois de l'attraction – le roman est par ailleurs dédié à Bret Easton Ellis avec lequel l'auteur a batifolé pendant ses années de fac.
Mais ce n'est pas cela non plus.
De quoi s'agit-il au fond ? Cinq personnages, sûrs d'eux comme on peut l'être à vingt ans, pas forcément sympathiques, pas forcément originaux, s'avancent d'un pas volontaire vers des évènements catastrophiques. Épris (pétris) de culture classique, subjugués par un enseignant aussi charismatique que lisse et distant, quatre d'entre eux décident une nuit de se livrer à une bacchanale. D'expérimenter les limites de la conscience, plus par intérêt scientifique que par envie de s'envoyer en l'air dans les bosquets même si cela termine quand même en frénésie sexuelle et psychotropée. Un homme est tué. Brutalement battu à mort, le crâne explosé à mains nues. Personne n'a rien vu, ce pourrait être un accident, ils pourraient s'en tirer en gardant profil bas. Mais cet équilibre de paille s'effondre quand Bunny, le dilettante du groupe, le pique-assiette qui vit aux basques de ses richissimes amis tout en fustigeant les pauvres, celui précisément tenu à l'écart de la cérémonie, comprend ce qu'il s'est passé et commence à faire peser une pression insupportable sur le groupe. Et malgré l'aspect complètement convenu de l'intrigue, on adhère. Parce qu'il ne s'agit pas de raconter les conséquences d'un meurtre, puis de deux meurtres, mais de suivre la lente progression d'un groupe soudé par leur conscience d'être à part, au-dessus, plus éveillés que leurs congénères, vers l'éclatement, le soupçon, la déception pour certains, la mort pour d'autres, réelles ou métaphoriques. Ils cherchaient l'éveil de la conscience, ils ont trouvé un monde et des dieux enfuis.
Et cette progression est menée de main de maître, de façon subtile et cruelle. Sous l'oeil néophyte de Richard, les personnages apparaissent tout d'abord glacés dans leur perfection : Bunny, le bon vivant un peu idiot mais sympathique, Charles et Camilla (ce choix de prénoms...), les jumeaux à l'air angélique, Francis le dandy et surtout Henry, l'intellectuel autodidacte, aussi brillant qu'étrange. Chacun dans leur petite niche, difficile de les apprécier et donc de se passionner pour leur sort. Mais ils chutent du piédestal, quand sont révélés les travers – égoïsme, inceste, alcoolisme, lâcheté –, ils s'humanisent et on quitte l'exercice de style un peu froid pour entrer dans le tragique. Étrange processus par lequel un personnage devient aimable en se vautrant dans le sale et le pathétique. Sans pour autant faire du Maître des illusions un roman de Bukowski, s'entend. Non, les apparences restent sauves et tout le monde gentiment policé. Mais quelque chose a volé en éclat et c'est irréparable. Au fur et à mesure que les choses s'enveniment, l'univers et ses personnages qui semblaient coupés du monde, flottant dans une sorte d'intemporel romanesque (j'ai eu du mal à dater ces évènements, années 50, 60, 70 ?) s'actualisent, des références contemporaines à l'écriture (le début des années 90) affleurent et ancrent le récit de façon permanente, le dramatisent. J'ai bien conscience du caractère ultra classique/convenu/rebattu de ce que j'explique. Donna Tartt n'invente rien, elle se fond complètement dans des modèles hérités, dans une tradition littéraire, ayant bien appris que le véritable ressort du roman reste le personnage, ses vibrations intérieures, le puits sans fond de sa psyché dont procède l'action. Mais elle le fait bien. À noter la scène d'anthologie de l'enterrement de Bunny (non, ceci n'est pas un spoiler : on apprend la mort de Bunny à la deuxième ligne, d'où l'impression de tragédie même si c'est poussé un peu loin la définition), tout en malaise et dysfonctionnements familiaux, doublé d'une analyse sociologique féroce.
Le seul défaut de cette parfaite entreprise reste le rapport à l'Antique. La bacchanale n'est dionysiaque que de nom, par son attirail mais sans affronter le fond de la question. L'analogie Julian/Dionysos est surfaite et peu convaincante. Je suppose que l'auteur voulait sous-tendre son propos par un balancement (attendu) entre apollinien et dionysiaque, pas tant antique que nietzschéen, il me semble, et surtout réduit à l'opposition ordre/chaos. Je n'y connais pas grand-chose, en culture grecque comme en esthétique nietzschéenne, donc je ne vais pas pousser plus avant la réflexion et me contenter de dire que, même pour mon oeil barbare, tout cela fait un peu plâtre. Un peu décoratif. Sans doute qu'un véritable travail de fond sur ces notions classiques aurait calcifié la matière du roman, le rendant plus ardu, d'une part, et moins attrayant de façon générale.

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"Le maître des illusions" compte parmi ces romans qui, une fois achevés, laissent quelque peu perplexe et vous font penser que vous êtes peut-être passé à côté de l'essentiel. Fascinants par leur contexte et leurs personnages, ces romans questionnent longtemps, on y repense, ils continuent de hanter une partie infime de votre conscience, on y revient, on cherche à analyser après coup les réactions et les choix des différentes protagonistes.

"Le maître des illusions" est un best-seller qui a pour cadre une université sélect du Vermont, aux Etats-Unis. Richard, le narrateur, est un élève boursier californien brusquement plongé dans l'atmosphère et la mentalité de la côte Est, et rapidement intégré à un groupe de jeunes nantis férus des lettres grecques, mentoré par un professeur charismatique. de fil en aiguille, un climat élitiste et extravagant - proche de celui d'une secte - cimente l'amitié entre les six membres du groupe ; les personnalités se dévoilent mais moins cependant que les mystères, secrets et autres manipulations.

"Le maître des illusions" est un thriller psychologique (pléonasme ?) aux allures de huis-clos qu'on ne peut s'empêcher d'apparenter au "Cercle des poètes disparus", en plus noir et en beaucoup plus ésotérique. Chaque membre du groupe - ou pourrait même parler de groupuscule étant donnée la nature de ses agissements - est un original au profil très fouillé par Donna Tartt qui se plaît à instaurer une ambiance malsaine. Milieu estudiantin oblige, alcool et drogue envahissent quasi chaque page de ce pavé qui en compte plus de sept cent et qui accuse de réelles longueurs, notamment en raison d'une narration très descriptive relatant les moindres détails. Un peu lassant à la longue, de mon point de vue.

"Le maître des illusions" compte parmi ces romans qui, une fois achevés, vous font vous demander pendant longtemps si vous les avez appréciés ou non, mais que vous êtes indéniablement heureux d'avoir lus.


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Je ne suis, en général, pas une grande fan des actions lentes. le simple fait que j'ai pu terminer ce livre sans sombrer dans un ennui profond fait de lui un bon cru en la matière. Et pourtant, ce n'était pas gagné. Car je pense sincèrement que l'intrigue aurait pu être réduite à 300 pages, en gardant l'essentiel des personnages : quelques étudiants, vivant en une communauté quasi exclusive, se sentant supérieurs aux autres étudiants, entretiennent des relations malsaines. Ils cultivent le secret jusqu'à commettre l'irréparable. le lecteur va les voir se débattre avec leur culpabilité et personne n'en sortira indemne.
Ceci-dit, s'étaler sur autant de pages va permettre de décortiquer la psychologie de tous ces personnages torturés. J'ai retrouvé un peu la même ambiance de fond que quand j'ai lu le Chardonneret. Des vies sombres, peu d'espoir au bout du tunnel. On se rend compte assez rapidement que ça ne peut pas bien finir. La plume est très agréable, ce qui a permis de me garder accrochée tout du long malgré le peu d'action. Les personnages sont détestables, mais j'ai adoré les détester.
Mais on ne se refait pas. Même si j'ai apprécié ce pavé au-delà de toute attente, les longueurs sont présentes et je suis loin du coup de coeur. J'avais apprécié ma première découverte de cette auteure, j'ai apprécié cette lecture malgré ses côtés qui me correspondent moins, et j' retournerai probablement à l'occasion pour son troisième roman.
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J'avais lu le Maître des illusions il y a une vingtaine d'années, j'avais adoré. La semaine dernière, j'ai relu ce roman devenu culte et j'ai encore une fois adoré. Je pense même avoir pris encore plus de plaisir cette fois-ci car j'apprécie davantage les romans à l'action lente que lorsque j'étais ado.

Parce qu'on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup d'action, surtout dans le premier tiers. Pourtant, l'histoire est captivante. L'intrigue en elle-même n'a rien d'extraordinaire mais le style de l'auteur et l'ambiance rendent le bouquin addictif - du moins de mon point de vue.

L'intérêt vient aussi (surtout) des personnages dont la psychologie est hyper fouillée. Ces jeunes sont tout à la fois exécrables et touchants, brillants et stupides, arrogants et effrayés. J'avais autant envie de leur coller des baffes que de les voir s'en tirer (parfois, je n'ai aucune morale).

Au final, l'auteur signe un thriller psychologique très réussi qui vieillit bien.
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Me voilà bien peine pour rédiger ma critique de ce roman car je suis très partagée.
J'ai bien aimé l'atmosphère qui m'a fait pensé à celle du Cercle des Poètes Disparus : un groupe d'étudiants dans une université du Vermont, un professeur atypique, admiré de ses étudiants et un sujet d'études classique, le grec.
J'ai également apprécié la finesse des traits psychologiques des personnages, l'importance donnée par l'auteure à leurs pensées et personnalité.
En revanche, j'ai regretté la longueur des descriptions qui casse un peu le rythme du récit et je n'ai pas adhéré à l'égoïsme et au manque d'humanité, d'empathie de certains personnages.
Au final je n'ai pas détesté mais cela n'a pas été un coup de coeur.
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Bunny est mort. Henry, Francis, Charles, Camilla et Richard étaient présents. Que s'est-il passé dans la forêt derrière l'université de Hampden ? Pour le comprendre, Richard reprend l'histoire là où elle a commencé, quand il est arrivé à Hampden, qu'il a intégré la classe très sélective du professeur Julian Morrow et qu'il a rencontré les cinq élèves. « Je n'ai jamais rien eu de commun avec aucun d'entre eux, rien sinon ma connaissance du grec et l'année que j'ai passée en leur compagnie. Et si l'amour est quelque chose qu'on a en commun, je suppose que nous l'avions en commun, mais j'imagine que cela peut paraître bizarre au vu de l'histoire que je vais vous raconter. » (p. 14) Bien qu'il s'intègre au groupe, Richard sent que ses camarades lui cachent des choses et qu'ils se renferment à son contact. Un jour, Henry lui révèle le secret qu'il dissimule avec Francis et les jumeaux Charles et Camilla, secret que Bunny a découvert et qu'il menace de révéler. « Qui étaient ces gens ? À quel point les connaissais-je ? Pouvais-je leur faire vraiment confiance, au fond ? Pourquoi m'avaient-ils choisi, entre tous, pour tout me dire ? » (p. 189) Alors que l'hiver s'est abattu sur le Vermont et qu'il pétrifie tout par le froid et la neige, la situation devient intenable. Bunny va-t-il parler ? Henry et les autres ne peuvent pas le laisser faire. Et voilà donc, comme annoncé au début, que Bunny est mort. Comment, désormais, vivre avec ce fardeau et dissimuler l'atroce vérité ? Heureusement, ou peut-être pas, Henry semble avoir toujours la solution. « Tu sais ce qui m'étonne ? […] Pas qu'il nous dise ce qu'on doit faire. Mais qu'on fasse toujours ce qu'il nous dit. » (p. 406) Henry, comme un certain dieu grec, est le maître des illusions.

Je m'étais profondément ennuyée avec le chardonneret, mais le petit copain m'avait emballée. Pour le maître des illusions, c'est un entre-deux. La première partie est absolument fascinante. Tout est raconté du point de vue de Richard dans un récit a posteriori dont l'enchaînement logique se déploie lentement. Ce ne sont pas des aveux, ni une confession, mais on sent bien que Richard soulage son âme en reconstituant de vieux événements qui le hantent. La deuxième partie du roman m'a semblé un peu longue : les choses s'éternisent jusqu'au dénouement, mais cela permet toutefois de révéler les rapports malsains qui existent entre les personnages. Je retiens l'épisode des funérailles qui est un morceau sordide époustouflant. le maître des illusions est un bon roman à suspense, dans cette atmosphère universitaire qui me plaît tant. Nostalgie, quand tu nous tiens…
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Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi bien écrit. Ce roman est brillant, il arrive à nous transporter dans un univers entre la folie et le réel, entre perversité et maturité. Et on aime cela, on en redemande.

Plongé au coeur du milieu universitaire dans le Vemont, on se retrouve coincé dans ce cours de latin particulier puisqu'il n'ouvre ses portes qu'à cinq élèves. Comme dans une secte autour de leur gourou, ces jeunes personnes boivent ses paroles. C'est à travers Richard, le protagoniste, que nous allons rentrer dans cette classe et dans la psychologie de ses camarades si excentriques. Ce roman qui est à la limite du thriller nous entraîne dans un univers angoissant mais aussi excitant.

Le drame s'est produit, cela on nous le révèle dès le démarrage, mais l'auteur parvient à nous emmener à la rencontre de ces personnages et de leurs psychologies afin de comprendre « l'après ».
On oublie alors tout, ce n'est pas une secte. C'est bien pire, le leader n'est pas celui que l'on croit. Mais comment peut on échapper à son passé, à ses erreurs, et surtout regrettons nous vraiment la tragédie d'antan ?

Avec l'auteur on se promène le long de l'abomination et on se surprend à apprécier cette promiscuité. On s'étonne même nous aussi à rechercher « La beauté dans l'horreur ». Et de là tout s'enchaine, on se perd, on se met à vouloir que le héros continue sa quête de la vérité. Mais on ne peut s'empêcher de se demander « Et si le héros n'était pas celui qu'il semble être » ?

Avec Donna Tartt on va réfléchir aux conséquences de certaines actions et comment nos erreurs peuvent avoir des répercussions sur nos vies. Ce roman d'une réflexion psychologique poussée arrive à nous remettre en question. On va jusqu'à essayer de comprendre les actes de ces jeunes.

Lorsque la vie est morose, jusqu'où seriez vous prêt à aller pour vous sentir vivant ? C'est d'ailleurs dans cette multiple réflexion entre la vie, la mort et le meurtre que l'auteur arrive à nous emmener au plus profond de nous même.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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J'avais été enchantée par la plume de Donna Tartt dans le chardonneret, aussi j'ai commencé le maître des illusions avec une certaine confiance, si je puis dire, tant la promesse d'une thriller plein d'angoisse était forte.

On retrouve certains thèmes qui doivent être importants pour l'auteure, car déjà présents dans le chardonneret : l'art, la culture, et leurs mystères. La culpabilité. L'amitié, l'amour impossible. Un héros solitaire, sur un chemin de croix, balloté entre le destin et les choix, bons et mauvais.

Comment un individu "normal" peut-il être amené à tuer ? Vous toucherez la réponse du doigt, avec l'histoire de Richard et de ses amis étudiants en grec, dans une atmosphère lourde et oppressante qui doit certainement bien refléter la réalité (je dis ça, je suppose, car moi j'ai fait psycho, et le temps que tu analyses, l'envie de meurtre est passée). Il me semble surtout que réside là le point fort du roman, qui décortique les étapes qui mènent au passage à l'acte, et ses conséquences.

J'ai beaucoup aimé la première partie du roman, puis une grande longueur s'est installée, dont j'ai eu du mal à sortir, et qui suscite de l'ennui, même si le rythme reprend de la vitesse à la fin. Et surtout, ce personnage de Julian, si important, est finalement peu abordé, pas assez fouillé, ce qui nuit beaucoup à l'intrigue.

Une impression en demi-teinte donc, pour un trhiller qui se laisse lire, mais ne tient pas entièrement ses promesses, sauf celle d'une belle gueule de bois (ils passent leur temps à boire, ah ces étudiants !).
Lien : http://oxybeurresale.canalbl..
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LE MAÎTRE DES ILLUSIONS de DONNA TARTT
Richard Papen a 28 ans, il est le narrateur. Originaire de Plano en Californie, il ne supporte ni la région, ni ses études et assez peu sa famille. Par hasard il découvre une brochure sur l'université d'Hampden dans le Vermont et finit par y être accueilli. Il a derrière lui 2 années de grec et souhaite le reprendre mais Julian Morris le prof n'accepte que cinq élèves qui sont déjà avec lui, mais la chance lui sourit, un des élèves s'en va. Ce cours de grec et son prof ont une réputation étrange, ils vivent presque en marge de l'université et les cinq sont très isolés des autres étudiants. Il y a Charles et Camilla, jumeaux, Francis, Henry et Bunny. le week-end ils se réunissent tous les cinq dans une grande maison presque inhabitée, l'alcool coule à flots, les gueules de bois s'enchaînent. Richard participe avec eux mais ils semblent avoir quelques activités desquelles il est exclu. Et effectivement il va découvrir en parlant avec Henry qu'il y a eu une sorte de bacchanale, un culte à Dionysos, pendant laquelle un homme a été tué! Et Bunny semble paniqué. le groupe décide alors de régler définitivement le problème en éliminant Bunny qu'il ne croit pas capable de se taire. Ils le précipitent alors du haut d'une falaise. Une enquête va s'ouvrir et les parents de Bunny vont proposer une grosse prime pour le retrouver.
On connaît très vite le meurtre de Bunny et ce n'est point l'objet de ce livre étonnant, toute l'intrigue tourne autour des relations entre les cinq étudiants et Julian leur prof. Tout est dans les interactions entre les jumeaux eux mêmes, entre Camilla et Henry, entre Bunny et les autres, il ne se passe pas grand chose dans ce livre et pourtant les 700 pages défilent devant nos yeux ébahis, ce qu'ils ont fait ce qu'ils font et ce qu'ils vont faire. C'est simplement hallucinant le détachement qu'ils montrent envers les meurtres, l'absence totale de morale et d'empathie, avec leurs préoccupations qui sont plutôt orientées vers l'amour, le sexe ou l'argent.
Un brillant exercice par l'auteure du Chardonneret.
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Richard Papen, jeune étudiant boursier originaire de Californie, intègre la prestigieuse université Hampden, dans le Vermont. Ce jeune homme de famille modeste est prêt à gravir très vite les échelons dans la société et doit son entrée dans la classe élitiste du professeur de Grec ancien, Julian Morrow, plus à son opportunisme qu'à son talent véritable. Julian Morrow, professeur érudit et charismatique, sorte de gourou pour ses élèves qui cherchent en lui un guide, manie l'art de la parole et sait très bien manipuler l'esprit de ses jeunes adeptes. Ses cours sont une occasion pour lui d'initier ses élèves non seulement à la traduction ardue des textes anciens mais aussi à des rites païens antiques. C'est dans ce contexte que Richard fait connaissance des autres élèves du cours. Issus de la grande bourgeoisie, arrogants et secrets, ce petit groupe attire très vite Richard. Avec eux, le jeune homme va se trouver confronté à des situations inédites, à des sentiments complexes et à d'étranges pratiques qui vont très vite tous les dépasser…

L'auteur, dans ce thriller au style froid et distant, sait nous faire plonger dans un suspense où la manipulation psychologique et l'angoisse sont les maîtres mots. Roman initiatique également, le jeune narrateur perd toute son innocence en partageant les moeurs de ses nouveaux amis. Jusqu'où doit-on aller par amitié ? Jusqu'où la culpabilité nous ronge-t-elle ? Enfin, Donna Tartt, dans ce portrait de jeunes érudits qui se croient supérieurs aux autres de part leur façon de vivre, fustige cette jeunesse estudiantine bourgeoise. En effet, ces jeunes « bobos » américains, imbus des quelques textes antiques qu'ils ont lus, se révèlent être de piètres criminels, que l'alcool et la drogue désagrègent peu à peu.
Récit de la culpabilité et de l'arrogance intellectuelle, Donna Tartt guide d'une main de maître le cheminement du narrateur vers la fin de ses illusions.
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